mardi 9 mai 2017

La Chute de la Maison Morienus





Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 5

Avec


Finnlay Galindan, le demi-elfe aux étonnants talents druidiques

Ildur Main d’Airain, le ranger aux sens toujours en alerte
Kri Shanu, le jeune moine qui donne beaucoup mieux les coups qu’il ne les reçoit

Tengrim Copperplate, le guerrier nain béni de Clanggedin

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Échaudés par leur mésaventure arachnéenne, les aventuriers décident de remettre à plus tard leur examen des coffrets qu’ils ont trouvés. La lecture des carnets de Yarmuth les a plutôt convaincus que la clé de toute la magie noire qui hante le lieu doit se trouver entre les mains de Morienus qu’ils devinent tapi quelque part au fond du laboratoire de l’étage inférieur.

Kri et Finn décident de se présenter à lui comme des envoyés du précédent visiteur dont le capitaine des gardes leur a confirmé la venue récente, pendant que Tengrim et Ildur resteront en arrière en cas de problème.

Damian Morienus
Morienus accepte de les écouter, cramponnant cependant avec méfiance le grand livre marqué du sceau de la confrérie des arcanes que Thormund l’avait vu compulser avec fébrilité. Il leur révèle que l’homme dont ils prétendent être les associés s’appelait Frulam, qu’il appartenait à un mystérieux culte et que c’est lui qui lui a rendu son grimoire en échange du masque qui se trouvait dans la collection de sa femme.

Les piètres talents de menteurs des deux jeunes gens finissent toutefois par mettre la puce à l’oreille du nécromancien et quand ils lui disent qu’ils sont en fait venus pour en apprendre plus sur ses recherches, ses yeux s’écarquillent de panique alors qu’il les accuse soudain de n’être venus chez lui que pour lui voler le résultat du travail de toute sa vie. Il recule alors sur une passerelle et abat un levier qui emballe les machines de son laboratoire. Sans laisser aux héros le temps de se remettre de leur surprise, il fait pivoter l’une de ses bagues et s’évanouit dans les airs au moment même où des bolas barbelées sont projetés du mur d’en face et viennent entraver les deux aventuriers qui sont presque aussitôt propulsés vers une ouverture dans le mur créée par le basculement d’un énorme contrepoids à l’intérieur de la paroi. Au bout de leur vol plané, ils chutent lourdement dans une cellule étroite occupée par le squelette animé d’un barbare en haillons qui semble avoir plus peur d’eux que l’inverse. Alors que le mort-vivant commence à appeler à l’aide en un cri silencieux, Finn l’écrase sous l’énorme patte de sa forme d’ours qu’il vient d’adopter pour se briser ses liens. Il libère ensuite Kri pendant qu’Ildur qui s’est précipité à la rescousse en entendant les cris de détresse de ses compagnons leur lance une corde depuis le haut de la trappe. Le druide et le moine s’échappent de la cellule juste avant que leur monstrueux gardien n’arrive pour voir ce qui provoque ce remue-ménage dans ses geôles.

Le laboratoire de Morienus
Au-dessus, Tengrim qui couvrait les arrières du groupe pousse un cri d’alarme quand il voit une forme indistincte s’agiter dans l’une des cuves bouillonnantes qui se dressent au centre du laboratoire. Ses compagnons ont tout juste le temps de reprendre pied derrière lui avant qu’un gigantesque poing ne vienne s’abattre sur la paroi de verre qui se lézarde violemment avant de se briser tout à fait, déversant un flot de liquide visqueux et fumant d’où émerge une colossale créature à l’aspect grotesque, assemblage dément de chairs démoniaques animées de sinistres énergies nécromantiques. Le vaillant guerrier nain ne se laisse pas pour autant impressionner et se jette à l’assaut du monstre rugissant furieusement.  Jotunbane fait une fois de plus la preuve de sa redoutable efficacité en creusant des plaies béantes dans la chair du golem.

Mais comme la violence du combat se déchaîne, l’électricité ambiante continue de s’accumuler et bientôt de véritables éclairs viennent s’abattre autour des combattants. Finn est frappé en plein torse alors qu’il se précipite vers la porte de sortie. Plaqué au sol par la force de l’impact, il se relève difficilement avec une trace encore fumante au milieu de la poitrine. De son côté Tengrim constate avec consternation que le monstre voit au contraire ses blessures se refermer de plus en plus en plus vite alors que les arcs électriques viennent la frapper.

Le Golem de chair démoniaque
Le nain entame alors une retraite stratégique sans s’apercevoir que c’est justement le moment qu’a choisi Kri pour se jeter dans la mêlée. Malheureusement sa javeline ne bénéficie pas des enchantements de la puissante hache du nain et vient rebondir sur le dos de la créature sans autre conséquence que d’attirer son attention.  En réponse elle balaie le moine d’un revers de bras à travers les restes de la paroi de la cuve qui sont pulvérisés par l’impact et retombent en une pluie de verre acérée sur le corps inerte de Kri. Tengrim fait aussitôt demi-tour et se rue à travers la pièce pour le récupérer au péril de sa vie. Un dernier coup de poing du golem le cueille dans le dos et l’envoie rouler à terre en dehors du laboratoire juste avant que la tempête électrique qui règne dans la pièce ne vienne faire claquer derrière lui la lourde porte bardée de métal scellant les héros à l’extérieur.

Finn se porte aussitôt vers la forme inconsciente de Kri et déverse sur ses blessures un flot d’énergie salvatrice qui l’arrachent in extremis aux griffes de la mort tandis que de sinistres tremblements commencent à parcourir les couloirs de la tour. Tengrim en déduit que les énergies libérées dans le laboratoire vont continuer à s’accumuler dangereusement et que leur libération sera aussi inéluctable qu’explosive.

Les compagnons décident malgré tout de finir d’explorer le manoir mais une fois face au grand hall inondé, ils hésitent à en sortir pour explorer la caverne qui s’étend à l’extérieur.  Ildur tente finalement de trouver des traces dans la flaque de boue qui pourraient leur indiquer si Morienus ou un de ses sbires s’est enfui par là. Il pose un pied prudent dans la fange qui a sa grande surprise prend vie soudainement. Un pseudopode surgit de la boue pour venir se coller à l’armure du ranger qui commence aussitôt à fondre dans un grésillement en libérant une fumée âcre, obligeant Ildur à l’abandonner avant qu’il ne soit brûlé lui aussi.  L’obstacle refroidit les ardeurs de tout le groupe qui décide d’un commun accord qu’il leur faut se reposer un instant avant de poursuivre leur exploration.

Les aventuriers remontent donc dans la bibliothèque pour s’y barricader. Après un repos d’une heure, ils décident d’empiler les coffrets dans des balluchons pour pouvoir les récupérer rapidement quand ils repasseront et les ouvrir tranquillement une fois en lieu sûr. Le temps presse désormais et les tremblements qui agitent le château se font de plus en plus inquiétants. La poussière qui tombe à intervalle régulier du plafond laisse peu de doute ce qui les attend s’ils s’attardent encore trop longtemps.

Ils décident malgré tout d’essayer de retrouver Morienus avant de retourner à la surface. Ils se rendent en premier lieu dans les geôles devant lesquelles Tengrim défie l’ogre mort vivant qui les garde. Seul au milieu du couloir, il entonne une prière à Clanggedin en forme de défi. Attiré plus par curiosité que pour répondre à la provocation du nain, le monstre émerge dans un bruit de succion de l’étroit couloir où la masse imposante de sa chair putréfiée passe à peine. 


Tengrim charge en brandissant la lame vibrante de Jotunbane dont les coups semblent particulièrement formidables face à cet adversaire géant qui bascule en arrière sous la force de l’impact. Tengrim enjambe aussitôt le torse boursoufflé de la pathétique créature pour lui fendre net en deux le crâne et faire taire à jamais ses gémissements plaintifs.

Dans les cellules, les aventuriers ne trouvent aucune trace de Morienus mais seulement les squelettes animés des malheureux prisonniers que le nécromancien avait capturé du temps de sa splendeur, ainsi que les os rongés des quelques serviteurs de la maisonnée condamnés par Derek à finir leurs jours dans l’estomac de l’ogre.

Les compagnons doivent donc se rendre à l’évidence ; pour retrouver le maître des lieux il va leur falloir trouver un moyen de traverser le hall pour pénétrer dans la caverne qui s’ouvre de l’autre côté.
Kri choisit de passer en premier et saute la flaque mortelle d’un bond prodigieux pour se réceptionner dans une large grotte au fond de laquelle il découvre la dernière tour du manoir restée quasiment intacte après s’être écroulée.  Elle est étalée de tout son long sous la voûte souterraine et une faible lueur sort d’une étroite fenêtre dans ce qui était auparavant le dernier étage.  Sûrs maintenant qu’il faut rejoindre le moine, Finnlay fraye un chemin à ses compagnons en écartant la gelée mortelle à coups de traits de feu. Tengrim et Ildur le suivent serrés dans son dos en brandissant des torches de fortune pour tenir les pseudopodes à distance.


En approchant de la base de la tour éventrée, le druide discerne une ombre de taille humaine qui s’y enfonce avant eux. L’intérieur est une enfilade de couloirs renversés où les escaliers sont au plafond et où ils doivent ramper en travers des portes au-dessus d’un fatras de débris propulsés contre le mur devenu soudainement le sol. Ce qui était le troisième étage reste reconnaissable comme une sorte d’antichambre au bout de laquelle se tient une lourde porte de métal gravée du symbole de la confrérie des arcanes de Luskan et entourée de deux colonnes sculptées en forme de démons.

Tengrim et Finnlay s’approchent pour tirer sur l’imposante poignée tandis que Kri et Ildur surveillent leurs arrières. Soudain les sculptures s’animent pour frapper de leurs griffes de pierre le nain et le druide tandis que profitant de la surprise provoquée par cette attaque Derek surgit de sa cachette dans les ombres pour plonger une dague de ténèbres dans le flan du moine dont il aspire la quasi-totalité de la force vitale, le laissant exsangue et tremblant. Ildur se porte alors à son secours en dégainant sa lame d’argent qui parvient à blesser le spectre dont le visage se pare d’une expression aussi vexée que surprise. Le coup suivant du ranger est porté avec sa torche qui traverse la forme brumeuse de Derek alors que celui-ci s’enfuit à nouveau dans l’obscurité. Les héros viennent ensuite à bout des gargouilles en les ensevelissant sous un barrage de coups de leurs armes enchantées et de sorts druidiques qui réduisent les deux monstres en poussière.


Dans la pièce suivante se trouve Morienus recroquevillé sur les ruines de son cabinet de travail. Il sanglote en se lamentant sur son pauvre sort tout en berçant son grimoire comme un enfant. Absolument pas ému par ce pitoyable spectacle, Finnlay s’avance pour tuer le mort vivant en le battant à mort de son bâton magique. Morienus n’oppose aucune résistance alors que ses os craquent les uns après les autres. Pourtant il ne retrouve pas le néant car ses blessures se referment à une vitesse incroyable et il rouvre les yeux au moment même au Ildur se penche pour s’emparer du grimoire. Pris d’une rage incontrôlable le nécromancien déchaîne une tempête d’énergie nécrotique sur le ranger qui est repoussé à l’autre bout de la pièce. Les assauts renouvelés des héros ne semblent pas réussir à amener Morienus vers la destruction. Au contraire ils alimentent sa fureur qui noie la tour sous un raz de marée d’énergie négative. S’en est bientôt plus que n’en peut supporter Kri qui n’a d’autre choix que de prendre la fuite, bientôt suivi par Ildur. Tengrim aussi finit par céder en constatant que même la puissance de Jotunbane est vaine face à leur adversaire. Finnlay se retrouve seul et tente de venir à bout de Morienus en se jetant sur lui après s’être transformé en ours. Mais le revenant ne cède pas et ses ongles se referment sur la gorge de la forme animale du druide le forçant à retrouver son apparence humaine. Pris d’une inspiration, Finnlay tente alors d’invoquer un trait de feu en direction du grimoire du nécromancien. Celui-ci est alors pris de panique à l’idée que l’œuvre de sa vie ne soit détruite par les flammes et plutôt que d’achever le demi-elfe sans défense, il fuit en hurlant vers l’ultime étage de la tour où brillent encore les glyphes magiques qui avaient servi autrefois à l’invocation d’Errtu. Réfugié derrière les poutres de la charpente, Morienus semble hors d’atteinte, mais Finnlay décide malgré tout de tenter de le détruire en mettant le feu à la tour, utilisant ses toutes dernières forces magiques pour invoquer une bourrasque surnaturelle qui attisent les flammes jusqu’à ce que l’incendie réduise en cendres le grimoire de Morienus dont la déchirante complainte est coupée par l’effondrement des murs de la tour sous lesquels il s’était réfugié.

A moitié asphyxié par la fumée, le druide parvient pourtant à retrouver ses compagnons. Une énorme secousse leur fait quasiment perdre l’équilibre tandis que la façade du manoir commence à se désagréger devant eux et que le pudding noir qui leur barrait le chemin rampe dans la crevasse vers l’Outreterre dont il avait certainement émergé des semaines auparavant. Courant de toutes leurs forces, les héros retracent leurs pas alors que le château s’écroule derrière eux. Arrivés de justesse à la surface ils sont projetés au sol au milieu de leur butin de coffrets par une sourde déflagration qui vient refermer à jamais la demeure maudite de Damian Morienus sous une avalanche de gravas qui s’abat comme dans le fracas d’un terrible rire démoniaque.