lundi 26 février 2018

Le Masque de Vaelish Gant








Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 6

Avec

Thormund Sombracier, le barbare qui bondit aussi bien qu’une grenouille

Finnlay Galindan, le druide élevé au milieu de ruines mystérieuses
Tengrim Copperplate, le nain qui fait résonner la voix de Clangeddin

Ildur Main d’Airain, le ranger qui perd le contrôle de lui-même


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Le temps presse maintenant que Duvessa Shane est entre les mains de Vaelish Gant car elle peut à tout moment lui révéler la découverte des souterrains creusés sous la maison du conseil. Les héros ne perdent donc pas un instant pour retrouver le passage secret dissimulé dans la toundra aux abords de la ville. Comme ils s’engagent sur le chemin cabossé qui mène à l’entrée du tunnel, Finnlay distingue au loin une caravane qui arrive sur la route. Son œil d’aigle lui permet même de reconnaitre les chariots qu’il avait vu quelques jours auparavant campant au pied de la vallée des nains. Sachant qu’il s’agit là des hommes de Gant, les héros ne prennent pas le risque d’être repérés et pressent le pas vers leur destination. 

La lourde porte de bois sur laquelle débouche le tunnel n’a pas bougé depuis leur dernière visite et les aventuriers ne perçoivent qu’un épais silence de l’autre côté. Aucune serrure ne ferme la porte et Tengrim est sûr qu’elle n’est tenue fermée que par une poutre passée en travers des battants. Thormund s’avance alors et s’arqueboute sur la porte pour la forcer. Ses muscles saillants se tendent alors qu’il appuie de toute sa force colossale contre le bois qui commence à craquer. Suivant les instructions de Tengrim, Ildur et Finnlay se mettent à pousser eux aussi de chaque côté du barbare dont les efforts surhumains finissent par briser la barre qui bloquait l’accès aux caves. 

Thormund brisant la porte


De l’autre côté se trouve une immense salle au centre de laquelle se tient une étrange plateforme surmontée d’un court pylône. Entièrement faite de glace noire, elle est recouverte de motifs antiques qui ressemblent beaucoup aux bas-reliefs qui ornaient les ruines perdues au milieu desquelles Finnlay a grandi. Fasciné, le druide inspecte plus en détail la structure qui est de toute évidence enchantée d’une puissante magie de conjuration. Celle-ci est assez similaire à celle des miroirs d’Akar Kessel mais la signature magique de l’enchanteur qui a sculpté ce dweomer est radicalement différente. Autour la salle est totalement vide à l’exception d’un petit morceau d’ivoire de truite préparé pour la gravure à la manière des artisans de Termalaine. Ildur pense cependant qu’une quantité importante de marchandises devait être entreposée ici si l’on en croit les marques laissées sur le sol par les caisses qu’on a trainées vers la plateforme. 


Au fond de la pièce une porte ouvre sur un long couloir qui fait un coude vers la droite. Finnlay s’y avance en tendant l’oreille et de faibles bruits de dés roulant sur une piste lui parviennent de derrière une autre porte au fond du couloir. Trois autres ouvertures sur le mur de droite donnent sur des dortoirs abandonnés dont le dernier est sens dessus dessous et exhale une odeur de viande avariée qu’Ildur sait être caractéristique des kobolds. Le druide lui ayant signalé d’un geste que la voix est libre, Thormund s’avance jusqu’à la porte derrière laquelle deux gardes tuent le temps en jouant aux dés. D’un murmure le barbare se rend invisible et se glisse dans la pièce pour se débarrasser des deux ruffians. Mais comme il arme son coup pour frapper le premier dans le dos, celui qui lui fait face voit sa forme reprendre de la substance et il lance un cri d’alerte à son compagnon qui se jette au sol, esquivant le coup d’une roulade alors que la grande épée du barbare pulvérise la table sur laquelle les hommes jouaient. Une volée de flèches s’abat sur les gardes alors qu’ils se relèvent mais leurs blessures se referment instantanément et ils saisissent leurs poignards avec des sourires mauvais. Mais leur confiance vole en éclat quand Thormund s’avance pour embrocher violemment le premier dont le visage se déforme en un museau de rat alors qu’il succombe dans un spasme. Profitant de l’ouverture, Tengrim se précipite pour couper la retraite au deuxième en lui lacérant les cotes au passage. Finnlay tente à son tour de s’en prendre au rat-garou survivant mais son coup de bâton quoique magique est trop faible pour le blesser. Se voyant encerclé le lycanthrope tente une fuite désespérée mais Thormund ne lui laisse aucune chance et le découpe de sa lame à peine a-t-il tourné le dos.


Enjambant les cadavres les aventuriers inspectent le petit vestibule dans lequel le combat vient de se dérouler. Au fond, une porte renforcée de métal interdit l’accès à ce qui a tout l’air d’être une chambre forte. A droite un étroit escalier en colimaçon mène à une porte dérobée qui donne comme l’avait deviné Tengrim sur le bureau de Vaelish Gant. Les aventuriers décident de le fouiller à la recherche de la clé de son coffre mais en dehors de quelques papiers attestant que son priakos a déboursé une forte somme pour acheter une cargaison d’objets de glace noire à Baerick Hammerstone, ils n’y trouvent rien d’intéressant. Avant de décider quoi faire ensuite, ils effacent du mieux qu’ils le peuvent les traces de leur passage. Ils cachent les corps des rat-garous dans les dortoirs et effectuent même une réparation de fortune pour remettre en place la poutre qu’ils ont brisée. A peine ont-ils fini que la plateforme de glace noire se met à palpiter d’une faible lumière violette signalant l’ouverture d’un portail de téléportation.
Caché derrière la porte du couloir, Finnlay voit se matérialiser un kobold ailé bombant le torse avec un air supérieur. Il mène une délégation de ses congénères qui brandissent maladroitement des bannières marquées d’un symbole figurant une tête de dragon stylisée sur cinq traces de griffures.
La bannière des kobolds
Ils semblent décontenancés que personne ne soit là pour les accueillir. Le kobold ailé envoie l’un de ses gardes du corps débusquer quelqu’un à qui parler. Le petit humanoïde reptilien file dans le couloir en annonçant de ses petits aboiements criards la venue de Krunk l’ambassadeur de la puissante Talis qui parle au nom d’Arauthator le terrible. Il ne remarque pas les traces de lutte évidentes qui subsistent au pied de l’escalier et revient sur ses pas l’air penaud pour rendre compte de son échec à trouver qui que ce soit. Krunk ne cache pas son agacement mais décide malgré tout d’attendre que quelqu’un se montre. Ildur qui est le seul à parler le dialecte draconique des kobolds se présente alors à eux en se faisant passer pour un homme de Gant. Ses excuses pour son retard à répondre aux appels des kobolds sont ignorées et ce sont des menaces qu’il reçoit en retour. En effet Krunk est porteur d’un ultimatum assez cryptique de la part de sa maîtresse. 

Elle exige en effet que Gant lui donne un certain masque dont elle serait la seule détentrice légitime puisque son culte l’a désignée comme « Wyrmspeaker » au détriment du marchand
Krunk le kobold ailé
qui doit donc obéir sous peine de devoir affronter le courroux d’Arauthator. Ses exigences énoncées il remonte avec ses gardes sur la plateforme. Il place sa main griffue sur le pylône central et se tourne avec un air de défi vers Ildur. Après avoir savouré sa pose dramatique un instant, il se frappe la poitrine de la main en repliant seulement son majeur et son annulaire. Le geste active le portail qui illumine à nouveau la pièce de son étrange lueur alors que les formes des kobolds disparaissent.

 
L’impatience des kobolds convainc les héros que même s’ils ont réussi à donner le change, le temps est compté avant qu’ils ne soient découvert et qu’il leur faut trouver une solution rapide pour mettre la main sur les secrets que Vaelish Gant cache dans sa chambre forte. Mais à son grand désappointement, Tengrim est obligé de constater que celle-ci est inviolable. Les murs sont tellement épais qu’il faudrait une équipe de démolition naine au grand complet pour espérer les percer, quant à la serrure toute tentative de la briser ne ferait que verrouiller définitivement la porte dont les protections magiques ont l’air de plus assez puissantes. Les aventuriers doivent donc se résoudre à trouver l’aide d’un spécialiste qui pourrait crocheter cette serrure. Or la seule personne à proximité qu’ils pensent être capable d’un tel exploit n’est autre que Jamna. Bien qu’ils n’accordent aucune confiance à la gnome, ils décident d’aller la chercher pour tenter de négocier avec elle un moyen d’obtenir son aide.

Ils la trouvent à la truite cornue où elle les accueille avec son enthousiasme habituel. Loin d’être choquée d’apprendre qu’ils ont besoin de forcer une serrure, elle se montre ravie de les aider mais à une seule condition. Elle veut qu’ils la présentent à Duvessa Shane comme une personne de confiance et qu’ils se servent de la reconnaissance que la première conseillère leur doit pour appuyer la proposition qu’elle compte lui faire.  Malgré les réticences de Thormund, ils doivent se rendre à l’évidence qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’accepter les conditions de la gnome.

Ils se rendent donc chez Duvessa dont la demeure est sous bonne garde mais lorsque les mercenaires les reconnaissent ils ne peuvent leur refuser l’accès à la maison. Jamna ne perd pas de temps pour prendre la conversation à son compte et pour s’arroger le soutien muet mais sans faille des héros lorsqu’elle propose à l’ancienne première conseillère de lui fournir des hommes du Zhentarim pour remplacer ceux des trois lances à un prix beaucoup plus raisonnable. En échange Duvessa devra peser de toute son influence pour assurer le monopole du commerce de l’ivoire de truite au réseau noir. L’ambition de la jeune femme est flattée par le discours de la gnome et après s’être assurée que les héros se portent garants pour elle, elle accepte le marché.


Peu convaincus que de livrer le val au Zhentarim soit réellement une bonne idée, les héros n’en préfèrent pas moins cette solution à l’alternative qui consisterait à laisser Vaelish Gant en place et surtout cela leur garantit que Jamna tiendra sa promesse de les aider. Après un crochet pour qu’elle prenne le matériel dont elle a besoin, ils repartent donc avec la voleuse vers les souterrains.  Sur le chemin elle entretient une conversation badine destinée à en apprendre plus sur ce que les aventuriers ont découvert dans les sous-sols. Malgré leur méfiance, ils ne peuvent s’empêcher de livrer quelques bribes d’information. En échange, ils apprennent cependant que dans les quelques minutes où ils l’ont laissé seule, Jamna a déjà pu prévenir ses troupes stationnées à Fireshear que le val leur était ouvert. Il leur faudra cependant une bonne semaine avant d’arriver. Elle leur apprend aussi que Talis doit sûrement être un membre du culte du dragon, une secte de fanatiques qui est persuadée que les dragons morts règneront sur le monde, car wyrmspeaker est un des titres ronflants que ses dirigeants aiment se donner.


Arrivée devant la chambre forte, elle ne perd pas un instant pour se mettre à l’ouvrage et bientôt la serrure est garnie de piques et de broches insérées avec une extrême minutie tout autour du mécanisme tandis que les doigts de Jamna volent de l’une à l’autre pour les tourner et les réajuster tout en y glissant des poudres et des huiles destinées à contourner les protections magiques de la porte. L’intense concentration que sa tache requiert ne l’empêche pourtant pas de continuer à bavarder avec les aventuriers qui la surveillent étroitement.


Soudain Ildur remarque que la porte secrète du bureau de Gant s’est entrouverte. Ses sens primitifs en alerte il se fige alors qu’il sent un battement d’aile le frôler. Pourtant il n’y a rien de visible dans la pièce. Alors que ses compagnons resserrent les rangs autour de Jamna, Finnlay file à travers le couloir pour avertir Tengrim qui est resté en faction devant la plateforme de glace noire. Mais à peine a-t-il passé le coude qui le met hors de vue de ses amis qu’il est frappé d’un funeste pressentiment. Presque par reflexe il invoque une lame de feu qu’il brandit devant lui en se retournant, déviant in extremis l’attaque de langue empoisonnée d’un minuscule démon qui est apparu dans son dos.
Malheureusement les flammes semblent sans effet sur la créature qui se cramponne en ricanant à la langue de feu tout en cherchant à piquer le jeune druide de l’aiguillon qui jaillit de sa bouche. Finnlay abandonne alors son arme aux griffes de son assaillant et profite de la distraction pour le frapper d’un éclair ensorcelé qui carbonise le diablotin. Tengrim qui accoure à ce moment alerté par le bruit du combat ne peut que contempler la coquille racornie du démon que le druide titille du bout du pied pour s’assurer qu’elle ne représente plus une menace.

Au même moment une troupe d’hommes lourdement armés s’engage dans l’escalier. Thormund se précipite pour bloquer l’accès au vestibule. Ildur recule de trois pas le regard fixé sur les ombres qui descendent pour trouver le meilleur angle de tir. Il lance un avertissement à Jamna de se tenir prête au combat mais pour toute réponse il n’a que le cliquetis à peine audible de la porte de la chambre forte qui se referme de l’intérieur. Le barbare invoque alors d’épaisses ténèbres qui remplissent la pièce et montent dans l’escalier. Les premiers mercenaires sont facilement taillés en pièce mais ils se déversent toujours plus nombreux et le poids des hommes qui poussent et s’agglutinent face au barbare le fait bientôt reculer. Il dissipe alors ses ténèbres pour que le ranger et le nain puissent y voir et se charger de couper le flot des hommes d’arme qui sautent des marches à une cadence de plus en plus soutenue. C’est alors qu’Ildur se jette sur la porte de la chambre forte pour tenter de l’ouvrir. Mais à peine a-t-il tourné la poignée que le glyphe de protection s’active déversant une tempête d’éclairs dans la pièce qui frappe sans distinction alliés et ennemis en rebondissant partout entre les murs dans le chaos le plus complet. Les héros sont les seuls à se relever de l’orage magique dont l’odeur d’ozone est peu à peu remplacée par celle de la chair brûlée. Le silence qui a suivi le massacre est brisé par la voix familière de Vaelish Gant qui ordonne qu’on s’écarte pour laisser place à sa magie.
Vaelish Gant
Les aventuriers battent en retraite immédiatement en l’entendant mais Thormund n’est pas assez rapide et l’explosion de flammes qui emplit le vestibule lui brûle le dos avant qu’il n’arrive à rejoindre le couloir. Finnlay fait alors apparaitre deux ours qui se chargent de tenir en respect les soldats qui tentent de reprendre pied dans le sous-sol. Leurs longues piques parviennent cependant à tenir les bêtes à distance. Thormund décide alors de sauter par-dessus les ours pour renverser à nouveau le cours du combat en atterrissant à l’intérieur de l’allonge des hommes de tête. Il ne peut pourtant pas éviter l’arme d’hast de son premier adversaire qui le cueille en plein vol. Mais la pointe de métal ne s’enfonce pas dans la chair du barbare, au contraire elle est bloquée par son armure d’Agathys qui renvoie de manière décuplée la force du coup le long du manche pour aller en occire le porteur. Alors que sa lame passe au travers du suivant, le barbare distingue la silhouette de Gant en haut des escaliers qui incante à nouveau et une vague d’antimagie vient balayer la pièce renvoyant les ours invoqués dans leur royaume féérique natal. Tengrim en profite pour se rapprocher en comblant le vide laissé par les bêtes et d’une prière à Clangeddin contraint le capitaine Steddman à tenter de maîtriser le magicien qu’il est censé au contraire protéger. Mais l’étreinte de l’officier est bloquée par les protections magiques de son employeur et la concentration de Gant n’est pas brisée malgré sa surprise. Il conclut donc son incantation et Thormund disparait soudainement.  Le mercenaire qui était en train de l’affronter se fige de surprise et Tengrim en profite pour bondir sur lui et lui enfoncer la poitrine de sa hache. En s’effondrant l’homme manque d’écraser la grenouille qui se tient à l’endroit même où Thormund se dressait un instant auparavant. Coassant furieusement le frénétique batracien se met à sauter en tous sens au milieu des combattants médusés.
Thormund?
Esquivant de peu l’animal qui le survole d’un bond magistral, Tengrim reprend l’acscension des marches, soutenu par les flèches d’Ildur et les traits de feu de Finnlay qui peuvent plus facilement trouver leur cible au-dessus de la carrure trapue du nain. La grenouille bat finalement en retraite dans les pattes de la paire d’ours que Finnlay a de nouveau invoqué pour soutenir le nain. Comprenant que l’amphibien n’est autre que Thormund ainsi métamorphosé par les sortilèges de Gant, le druide tente de lever la malédiction mais dans son empressement il ne réussit qu’à dissiper sa propre magie, congédiant les ours à peine arrivés. Il n’y a plus que quatre hommes qui séparent Tengrim de Gant mais ceux-ci luttent pied à pied encouragés par les ordres de leur capitaine. Finnlay fait alors s’abattre un rayon de lune mortel sur les mercenaires. Gant ressent lui aussi la brulure de la lumière magique et le mage en perd sa concentration laissant Thormund reprendre sa forme humaine. Tengrim abat les derniers mercenaires encore debout mais Steddman lui barre encore la route tandis que son maître s’engouffre dans une porte dimensionnelle en tenant son bras brûlé contre sa poitrine. Alors que le mage disparait, le nain se tourne vers le capitaine avec un grognement de frustration qu’il assouvit en brisant le mercenaire sous les coups de boutoir de Jotunbane.


Le silence revient et les héros frappent à la porte de la chambre forte pour prévenir Jamna qu’ils sont venus à bout de leurs assaillants. La gnome ressort de la pièce avec un sourire innocent et les félicite de leur victoire mais ses flatteries ne prennent plus et Finnlay exige qu’elle leur montre ce qu’elle a trouvé. Elle sort alors de son sac un étrange masque de céramique sculpté avec un réalisme saisissant pour figurer une tête de dragon blanc. Il ressemble énormément à l’une des têtes de dragon qui ornait le masque représenté sur le dessin qu’ils avaient trouvé dans les restes de l’expédition massacrée par Gundar à la Tour Enfouie. Elle les met en garde contre la puissance de l’objet qui exsude effectivement une aura maléfique très forte et leur assure que le Zhentarim est le mieux placé pour garder un tel objet à l’abri des projets du culte. Les héros sont dubitatifs et Finnlay préfèrent retirer le masque des mains de Jamna en le faisant flotter jusqu’à lui par magie. Mais Ildur bondit alors et s’empare de l’objet en plein vol à la surprise générale. Il se relève dans un roulé boulé et s’engouffre dans le couloir qui mène au portail avant que quiconque puisse se lancer à sa poursuite. Mais juste avant qu’il ne soit hors de vue la voix de Clangeddin résonne à travers Tengrim en une injonction qui contraint le ranger à lâcher le masque au milieu de sa course. Il tente de revenir en arrière en un dérapage à peine contrôlé et se retrouve face à ses amis prêts à lui sauter dessus. Cette vision lui fait soudain prendre conscience de sa trahison et son regard fiévreux s’éclaircit tandis qu’il bredouille des excuses à ses compagnons qui le maitrisent et reprennent possession de la relique. Décontenancés par la perte de contrôle de leur ami, ils acceptent avec une certaine inquiétude de confier le masque à Jamna qui leur garantit qu’elle saura le cacher le temps que ses troupes arrivent. Avant de disparaitre elle leur conseille d’aller mettre Duvessa à l’abri et de trouver des partisans pour la défendre des éventuelles tentatives de représailles de Gant. Elle leur laisse aussi tout le loisir de profiter du trésor que renferme la chambre forte où s’entasse une fortune en barres de commerce et lettres de change, des étagères remplies de potions et de parchemins mais surtout une liasse de la correspondance la plus secrète de Gant ainsi que les attributs de sa fonction de porteur de pourpre, la luxueuse robe violette et le précieux anneau du dragon.

mardi 6 février 2018

Blast from the Past!



Il y a 20 ans on jouait déjà à Donj' avec des mercenaires demi-ogres qui se tiraient la bourre avec des guerriers/voleurs elfes au service d'un barde ambassadeur du Cormyr dont l'héritage était bien mystérieux :


Cela faisait déjà près de deux semaines que Tarfell et Celia avait disparu, ne laissant qu’une note laconique à propos de vision divine et de profanation de lieu sacré.
Du moins c’est ce qu’Alec avait dit. De toute façon Krogh n’y comprenait rien et plus encore, toute l’histoire l’indifférait au dernier degré : s’il était là, c’était parce que le nobliau le payait grassement et qu’en plein coeur du Cormyr il était à l’abri de ses poursuivants, quoique les événement des dernières semaines commençaient à le faire douter sérieusement de la chose. Cette inquiétude était d’ailleurs peut-être la cause de son insomnie.
_ “Et merde ! J’peux pas dormir de toute façon. Et puis j’ai faim” pensa-t-il en se retournant une nouvelle fois sur la paillasse qu’il s’était douillettement aménagé.
Il se leva avec toute la lourdeur que lui imposait sa masse imposante ; la grâce n’était pas le propre des demi-ogres ! A moitié nu, il se mit alors en quête d’un en-cas, ce qui le mena bien évidemment au garde-manger. L’obscurité était complète mais ce n’était pas un gros problème pour qui possédait l’infravision ; ne pas être humain avait aussi ses avantages. Les odeurs de charcutaille aiguisaient encore plus son appétit et lorsque son regard se posa sur un beau gros jambon, sa salive commença à passer sa lèvre inférieure à l’endroit de sa dent cassée. En moins de temps qu’il ne lui en fallu pour y penser -c’est à dire une bonne dizaine de secondes- le reste de sa mâchoire s’enfonçait avec délice dans la viande tendre.
_ “C’est presque aussi bon qu’un cuisseau de domestique !” se dit il en essayant de se persuader que ce n’était qu’une boutade.
Après ce festin dont la seule trace qui restait était un os bien rongé, il se sentit pris d’une douce torpeur qu’il reconnut comme le signe avant-coureur du sommeil. Quelques minutes plus tard, il dormait et ses ronflements tonitruant réveillaient une fois de plus les malheureux serviteurs dont les chambres jouxtaient la sienne.

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_ “Par Cyric ! Il va nous ruiner en bouffe, ce monstre !”
Telles furent les premières paroles que Tarfell entendit lorsqu’il franchit le seuil du manoir. De la cuisine, Baldwick laissait éclater la mauvaise humeur qu’il affichait toujours à l’intérieur du domaine familial.
La voix d’Alec lui répondit sur un ton qui ne faisait rien pour cacher sa lassitude :
_ “Tu sais très bien que c’est moi qui paie, alors calme toi et profite plutôt du déjeuner qu’on nous a préparé.
_ je n’ai aucune envie de partager ma table avec un minable comme toi. Si on me cherche, je dors et je ne veux pas être dérangé.”rétorqua l’aîné de la famille avant de sortir l’air furibond pour grimper l’escalier et disparaître dans ses appartements.
Tarfell pénétra alors dans la cuisine, arborant l’air jovial qui ne le quittait jamais, et salua Alec en exécutant une arabesque élaborée avec son chapeau garni de plumes multicolores :
_”Bien le bonjour monsieur l’ambassadeur. Me permettrez-vous de prendre la place de votre gobelours de frère à votre table ?”
La première réaction de l’interpelé fut de rester bouche-bée, les yeux écarquillés comme si c’était son cheval qui venait de s’adresser à lui.
_”Eh bien quoi ! Qu’ai-je donc de si extraordinaire pour te faire tant d’effet ?” renchérit l’elfe.
Le jeune homme bondit alors avec une joie retrouvée et étreignit son ami puis se recula et s’écria :
_”Par la barbe d’Azouth ! Mais où est-ce que tu étais passé pendant tout ce temps?
_ oh ! C’est une longue histoire et si monseigneur me le permet j’apprécierai grandement d’avaler quelquechose avant de m’atteler à un tel récit.”répondit Tarfell en ironisant amicalement sur le mot monseigneur.
_ “Et où est Célia ?” reprit Alec
_” Ta soeur!?! Ma foi, je n’en ai aucune idée. C’est toi son chaperon, pas moi.
_ Arrête ton numéro, tu sais très bien que ce n’est pas d’elle que je parle.”
L’elfe aux allures de flibustier laissa échapper un petit rire satisfait en s’asseyant.
_”Ne prend pas cet air inquiet ! Elle va très bien . Elle est juste aller faire un rapport à sa hiérarchie sur ce qui nous est arrivé. Elle sera là dans deux jours au plus tard. Allez, assied toi et mangeons pendant que je te raconte tout ça.”conclut il en désignant la chaise qui lui faisait face de sa main tendue. Mais, alors qu’Alec allait prendre place, il se ravisa et reprit :
_” Attend un moment. Tant que tu es debout, va donc porter ça dans ma chambre.”
Il lui présentait son paquetage, un large sourire éclairant son visage.

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Krogh fut réveillé par des rires joyeux en provenance de la cuisine. Cela faisait un bon bout de temps que ce genre d’éclats n’avaient pas retenti dans le manoir. Il se leva, se revêtit de la pelisse qu’il s’était acheté pour faire face aux petits matins frais de l’hiver naissant et se laissa guider, les yeux mi-clos, par les échos de voix qui l’avait tiré de son sommeil.
Un délicieux fumet ne tarda pas à venir lui titiller les narines, ce qui lui fit presser le pas. L’odeur provenait d’une tranche de lard qu’une silhouette familière faisait griller avec deux tranches de pain frais au-dessus des braises crépitant dans l’âtre. Ce n’est que lorsque l’individu se retourna que le demi-ogre reconnut l’elfe qui partageait sa route depuis près d’un an maintenant.
_”T’es revenu.” dit-il d’un ton neutre “c’est bien, ça. Donne moi le pain, j’ai faim.”
_”Bonjour aussi Krogh.” intervint Alec, sarcastique “tu as bien dormi, parce...”
_”Ouais,ouais bien.”coupa-t-il de sa voix rauque “donne moi le lait et aussi du fromage.”
_”Je vois que tu n’as pas changé pendant mon absence” crut bon d’ajouter Tarfell.
_”Et ça veut dire quoi ça ?”interrogea Krogh, un éclat mauvais dans le regard.
_”Simplement que tu as toujours aussi bon appétit.”dit l’elfe, jugeant bon de battre en retraite avant d’énerver son irascible compagnon.
_”C’est pour nourrir mes muscles et jamais être fatigué de massacrer nos ennemis.”conclut ce dernier avec un rictus que ses camarades avaient appris à reconnaître pour une marque de contentement après une plaisanterie. Tous trois partirent d’un rire franc et complice : l’esprit du groupe avait ressurgi.

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Deux jours plus tard, Célia était revenu de Port-Ponant et retrouvait ses compagnons. Seul manquait maintenant Neff, parti trois semaines plus tôt expliquer à son père qu’il comptait se mettre au service de son cousin. Son retard laissait présager que les négociations n’était pas aussi faciles qu’il l’avait laisser entendre.
Malgré ces quelques semaines de solitude, Alec n’avait pas eu le temps d’examiner vraiment attentivement le sceptre qu’ils avaient trouvé dans la crypte tellement les problèmes liés à la succession de son père et à ses nouvelles fonctions l’avaient accaparé. Puisque tout ceux qui pratiquaient la magie étaient à nouveau là _ à l’exception notable de l’oncle Boone dont l’absence commençait d’ailleurs à être inquiétante _ ils allaient pouvoir essayer d’en savoir plus sur l’artefact . Même Krogh participait à la discussion puisqu’il semblait avoir déjà vu l’objet magique.
Après un moment de silence dubitatif, ce fut Célia qui reprit :
_ “Sa forme ne laisse aucun doute : si c’est une arme, elle est contondante. De plus, vu ses attributs magiques et le léger penchant pour le bien que mes sorts de détection ont révélé, je dirai qu’il s’agit d’un objet clérical. Quant au culte auquel il pourrait être affilié, je ne peux rien dire si ce n’est qu’il est vraisemblablement bon et qu’il ne s’agit d’aucun de ceux de la trinité, sinon j’aurai reconnu les runes inscrites dans les saphirs.
_ D’après les mémoires de mon aïeul, quoiqu’elles soient a priori bien fantaisistes, il provient d’une contrée lointaine, peut-être au nord. Mais rien n’est moins sûr car le style de gravure des entrelacs sur le manche semble être plutôt oriental.” ajouta Alec.
_ “Il viendrait du nord-est donc ?”se hasarda Tarfell.
_ “pas forcément. Il y a quelquechose d’elfique dans ce sceptre, et pourtant il a indubitablement été fabriqué par des humains.
_c’est assez vrai. D’ailleurs ce mélange de styles me rappelle des armures turmish que j’ai eu le plaisir de contempler quand j’étais à Waterdeep.
_ Des armures quoi? Où ça?” coupa le demi-ogre.
_ “oh! Excusez moi. J’oublie toujours que ce nom là n’est employé que chez moi : Waterdeep est le nom que l’on donne à Eauprofonde dans le nord. Quant au Turmish, c’est un pays qui se trouve au sud-est près de la passe de Vilhon.
_ la passe de quoi?
_ laisse tomber! C’est pas important.
_Ouais ben si tu trouve que je suis de trop dans la conversation, on peut aller discuter sur un autre terrain : dehors.
_ Hola! On se calme “ intervint Alec “On n’a pas de temps à perdre en chamaillerie. Le Turmish dis tu?” reprit-il, songeur “C’est peut-être une piste intéressante. Essayez de vous renseigner là-dessus, moi je suis encore bloqué ici par mes obligations. D’ailleurs, je dois y aller.” fit il en se levant. Arrivé dans l’encadrure de la porte, il se retourna et lança :
_” Commencer les recherches sans moi. J’essaierai de vous rejoindre dès que je le pourrai. Je compte sur vous!”
Ayant ainsi conclu, il repartit pour de bon avec un dernier signe de la main. Krogh reprit aussitôt sur le ton râleur qui le caractérisait :
_ “Si j’comprend bien, c’est encore nous qu’on doit faire tout le boulot pendant qu’il se la coule douce à la ville.
_ C’est tout à fait ça ! Mais c’est justement pour ça qu’on aime ce boulot.” renchérit l’elfe avec un large sourire.
_ “Arrête tes fanfaronnades et dis nous plutôt par où on commence puisque tu as l’air de connaître tant de choses.” répliqua la prêtresse sur le même ton joyeux.
_ “Pourquoi pas par un petit tour en ville ?
_ Ca marche pour moi.” répondit Krogh avec enthousiasme. “Ca fait trop longtemps que j’ai pas mis les pieds dans une taverne et ça commence à me manquer sérieusement!
_ Bon, eh bien alors on est parti.” conclut Tarfell en ramassant son chapeau à large bords.
Un quart d’heure plus tard, ils sortaient du domaine en direction de Suzail.

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