mercredi 11 décembre 2019

Le Soleil d'Elturgard



Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec


Balak Charon Taâl dit le Crinti, Le demi-drow que la lumière du soleil incommode 

Tengrim Copperplate, Le nain qui sait parler aux paladins

Finnlay Galindan, Le druide qui joue avec les artefacts



et pour sa première apparition 

Frère Démétrius Salazar, Le pèlerin  d'Ilmater à la voix métallique


Les nuages se referment sur Skyreach Castle et l'impressionnante forteresse volante disparaît dans la nuit, abandonnant les aventuriers en rase campagne quelque part entre Scornubel et Elturel. Il leur faut presque une heure pour rejoindre la route qui rejoint les deux cités, mais il est heureusement aisé de se guider dans l'obscurité grâce au phare du Compagnon, l'incroyable second soleil qu'Amaunathor a accroché dans le ciel au-dessus de la capitale de l'Elturgard pour en chasser les armées vampiriques qui avaient conquis la ville il y a près d'un siècle. Depuis ce jour la lumière divine inonde les rues de jour comme de nuit, protégeant les serviteurs du bien de sa glorieuse radiance. A l'idée d'être ainsi privé du répit de la nuit, le Crinti plisse déjà les yeux d'inconfort. 


Alors que les héros hissent enfin sur la route le chariot richement ouvragé que Thullen a retrouvé dans la collection de jouets démesurés de son enfance pour qu'ils puissent y charger le linceul du pauvre Felgolos, une troupe de cavaliers les repère et se porte à leur rencontre. Les paladins lourdement armurés qui composent la patrouille arborent les symboles sacrés de plusieurs dieux bienveillants tels que Tyr, le dieu de la justice, Lathandre, le seigneur de l'aube, et surtout Torm, le dieu du courage et de la loyauté. En revanche, tous portent le même tabard décoré du double soleil, symbole de l'ordre des compagnons qui fait régner la loi et la justice sur tout le territoire de l'Elturgard, des modestes fermes de Triel jusqu'aux artères cosmopolites de Scornubel, en passant par les bibliothèques silencieuses de Berdusk et les tours de la cité libre d'Iriaebor. Le capitaine Emeryn Cadwy considère avec prudence le petit groupe des héros mais ne cache pas sa méfiance face à l'ascendance du Crinti. Il ignore vite les tentatives de l'adorateur de Waukeen pour l'amadouer et s'adresse plutôt au fier nain dont le regard franc lui inspire bien plus confiance. Tengrim lui explique sans détour la raison de leur présence ; ils luttent contre les menées des serviteurs de Tiamat dont leur prisonnier, Azbara Jos, est un allié important et ils viennent mettre en garde le bastion du bien que représente Elturel contre les manigances du culte du dragon qui semble avoir réussi à infiltrer la ville. Enfin, ils ont aussi la triste charge de ramener aux paladins de Bahamut l'un de leurs amis tombé au combat, un brave opposant à la tyrannie de Tiamat du nom de Felgolos. Sur ces dernières paroles, l'un des cavaliers soulève le suaire qui enveloppe le dragon et laisse échapper un cri de surprise en découvrant les écailles de cuivre maculées de sang qu'il dissimule. Le capitaine Cadwy prend dès lors l'affaire très au sérieux. Il ordonne à ses hommes de faire escorte aux héros pour que ceux-ci puissent aller répéter leurs avertissements au Grand Observateur Thavius Kreeg en personne. La route qu'ils suivent est étonnamment calme. Finnlay remarque que les traces de roues qu'y ont laissées les chariots sont bien peu nombreuses par rapport à l'intense trafic commercial que le Crinti s'attendait à trouver. Les paladins leur confirment que les marchands désertent la route depuis qu'ils y ont subi un certain nombre d'attaques de monstres et de brigands. Les rumeurs les plus folles parlent même de dragons et de troupes d'ogres et de hobgobelins qui seraient derrière ces exactions. Mais que ce soit le culte de Tiamat ou bien le Zhentarim qui se cache derrière ces troubles, la situation est suffisamment grave pour que l'Antre du Lion, le plus influent priakos de la région, exige la convocation d'un conseil pour réclamer le droit d'appeler en renfort des mercenaires pour suppléer les Compagnons qui semblent incapables de les protéger correctement. 

Ils parviennent dans la matinée aux portes d'Elturel. Au pied des hautes murailles s'étend un immense dédale de tentes et de chariots où se mêlent les rares caravanes qui osent encore s'aventurer jusque-là et les pavillons des délégations venues participer au conseil convoqué par les marchands de Scornubel. La plus impressionnante d'entre elle est celle de Baldur's Gate, les Poings enflammés sont venus en force et ont établi face à la cité un véritable camp retranché au-dessus duquel flotte l'étendard personnel du comte Ulder Ravengard lui-même. 

Au moment de passer les portes de la ville, le capitaine Cadwy apparaît de plus en plus mal à l'aise à l'idée d'amener un demi-drow jusqu'au pied de la cathédrale où réside le Grand Observateur. Plutôt que de risquer de mettre ses associés dans une position délicate, le Crinti décide de les quitter ici. Il les recommande cependant à l'un de ses débiteurs, un pèlerin d'Ilmater du nom de Frère Démétrius Salazar, qui saura bien mieux les guider dans les méandres de la ville sainte que lui. 


Les aventuriers pénètrent donc dans la ville sainte sous le regard vigilant des Hellriders qui arpentent les murailles. Cet étrange surnom de la garde d’Elturel se transmet depuis des générations en mémoire des braves qui accompagnèrent l’Archange Zariel dans sa croisade contre les neufs enfers. Les rues pavées qui montent entre les façades des temples et des monastères respirent la sérénité et le calme. On y croise peu de monde, deux moines érudits argumentent à voix basse un point de théologie sous une arche, un petit groupe d’enfants rieurs suit le pas pressé de leur précepteur vers leur salle de classe, un paladin de Torm salue amicalement ses compagnons.
Au sommet de la colline se dresse la cathédrale qui hébergent le Grand Hall d’Elturgard. C’est derrière la deuxième enceinte qui l’entoure que se trouve la petite chapelle où les aventuriers attendront leur entrevue avec le Grand Observateur. Le capitaine Cadwy accepte d’aller faire mander le Frère Salazar à l’auberge des trois deniers où il a pris ses quartiers, tandis que ses hommes conduiront Azbarara Jos vers les geôles qui l'attendent et que le corps de Felgolos sera confié à l’Ordre de Platine selon les souhaits de Tengrim.

Au bout d'une heure d'attente sous la garde discrète des Compagnons, le frère Salazar se présente enfin. Sa voix sonne d'un écho métallique donné par le gorgeron de fer qui cache la partie inférieure de son visage. L'homme semble affable malgré la sévérité propre aux suivants d'Ilmater qui affleure dans son regard. A peine les présentations faites, le capitaine Cadwy réapparaît pour les amener jusque dans le grand hall où les attend Thavius Kreeg. La simple robe de lin du vieil homme est surmontée d'une coiffe élaborée dont l'ogive est la marque de sa charge. Son écharpe richement brodée d'or ne laisse pas non plus de doute sur l'importance du personnage. Pourtant sa voix légèrement chevrotante et son regard doux sous ses broussailleux sourcils blanchis par les années lui rendent la simplicité que ses atours lui enlèvent. A ses côtés se tient un massif dragonborn aux écailles argentées dont l'armure à la facture étrange est frappée du sceau de Bahamut. De sa voix profonde où tremble l'inquiétude, il se présente comme Daardendrien Medrash, Grand Maître de l'ordre de Platine. 
Le récit des héros ne manque pas d'affoler les deux hauts dignitaires qui leur confirment la véracité de l’implication de dragons dans les récentes attaques. Mais quand Tengrim leur révèle la présence d'un traître parmi les gardiens des coffres d'Elturgard, leur souffle se coupe et ils échangent un regard paniqué avant de mettre un terme précoce à l'entrevue. Le capitaine Cadwy se charge de raccompagner les aventuriers à l'extérieur tandis que le Grand Observateur et le dragonborn se précipite vers les souterrains pour vérifier que les espions du culte n'ont pas déjà réussi à y pénétrer pour mener à bien leurs sinistres projets. 

Daardendrien Medrash

En attendant que les autorités d'Elturel les recontactent, les héros décident de retrouver Leosin Erlanthar, l'érudit d'Oghma qu'ils avaient secouru des catacombes de Fireshear et dont la mission que les ménestrels lui ont confiée devait le conduire dans la ville sainte pour y chercher le soutien d'un certain Onthar Frume.  Le Frère Salazar a entendu parler de cet homme, un prêtre de Torm à la réputation controversée qui a ses habitudes à la taverne du cerf argenté. 

Le modeste établissement, quoique loin d'être un bouge, fait cependant un peu tâche au milieu des pensions de pèlerin et des chapelles qui l'entourent. Dès la porte passée, une chaleureuse odeur de ragoût bien épicé vient vous chatouiller les narines et le choc des pintes que l'on trinque s'y mêle aux rires potaches des frères d'armes qui se chicanent. 
Onthar Frume s'y livre à une démonstration de bras de fer face à un lieutenant des Hellriders à la fine barbe poivre et sel qui grimace sous l'effort pendant que le prêtre le nargue d'un sourire dégoulinant de bière sur sa flamboyante barbe rousse. Chacun d'eux est entouré d'une bande de camarades qui se lancent des paris plus ridicules les uns que les autres sur l'issue du concours. 
Les héros attendent patiemment que l'énorme bras de Frume s'abatte sur la table et mette fin à l'embarras de son adversaire avant qu'il ne se vexe. Le prêtre empoche la cagnotte des paris et la dépense immédiatement dans une tournée générale sous les vivas de l'assistance. 

Les aventuriers se présente à lui comme des amis de Leosin et lui explique qu'ils sont à sa recherche. Frume s'en étonne car il n'a pas vu le demi-elfe depuis des années. Tengrim lui relate alors les circonstances qui nécessitent que les amis de Dame Laeral Silverhand fasse appel à son aide. Le prêtre de Torm ne fait dès lors pas mystère de son appartenance à l'Ordre du Gantelet, une confrérie informelle de prêtres et de paladins dédiée à la lutte contre le mal au-dessus de toute autre considération et n'hésitant pas à outrepasser les ordres des différents clergés dont ses membres dépendent pour faire progresser leur cause. C'est grâce à eux que les dragonborns de l'Ordre de Platine ont trouvé refuge à Elturel après que leur île d'origine de Laerakond ait été renvoyée en Abeir par la deuxième fracture.  
Frume connaît d'ailleurs Daardendrien Medrash personnellement et il accepte d'organiser une entrevue privée avec lui pour les aventuriers. Il mènera aussi son enquête sur la raison de l'absence de Leosin et partagera ses découvertes avec eux. 

Onthar Frume

En attendant que des nouvelles fraîches arrivent, les héros se joignent à Frère Salazar dans la discrète auberge des trois deniers. Pendant que le nain et le pèlerin échangent leurs impressions sur leurs rencontres de la journée, Finnlay profite de ce moment de calme pour examiner le masque du dragon qu'il cache toujours dans sa besace. Alors qu'il se concentre sur l'artefact aidé par la magie de Salazar, l'objet s'éveille peu à peu et un mince filet de fumée âcre commence à monter de ses naseaux. Tengrim sent aussitôt que quelque chose d'anormal est en train de se passer et il arrache le masque des mains du druide pour l'envoyer voler de l'autre côté de la pièce. 
Finnlay range le masque et ses camarades se lancent dans un débat sur le bien-fondé de l'utilisation du masque à leurs propres fins. Tengrim s'y oppose farouchement car il se méfie de l'influence qu'un objet aussi puissant peut avoir sur son porteur. Salazar argumente du fait que contrôler ce masque pourrait leur permettre de mieux comprendre les objectifs du culte du dragon et les aider à contrecarrer leurs plans. Quant à Finnlay, son insatiable curiosité le pousse à vouloir percer les secrets du masque. 
Leurs débats sont brutalement interrompus lorsque le volet de leur chambre est fracassé par l'irruption d'une grotesque créature. Repliée sous ses ailes de cuir maladroites, elle semble bossue tant elle est contrefaite, sa peau squameuse est constellée d'écailles d'argent et de sa gueule dépasse de vilains crocs jaunis. Avec un feulement rauque elle se jette à l'attaque toutes griffes dehors tandis que des toits du temple d'en face, une quantité de ses congénères se lancent dans le vide pour planer à suite et se joindre à la mêlée. 



mardi 3 décembre 2019

Alpha et Beta


Session Star Wars #39

Date : 26-Nov-2019

Avec :
Meera, toujours sur ses gardes en suivant son intuition
Cornell Quantarus, à nouveau débordé par le côté obscur
Aqualto Fudah (‘Alto’), dont la déduction précipite les évènements
Zayne Bentaroo, qui se dresse contre une exécution

Lieu(x) :
Secteur Esstran, Bordure Extérieure profonde
Jagomir


Chargé à bloc d’un imposant stock de reclon fourni par Rik Rekshick, le YV-929 « La Jumelle » s’extrait pesamment de l’influence de la gravité d’Arda-1, laissant au loin quelques croiseurs impériaux encore occupés par l’action militaire en cours autour de la base rebelle désormais abandonnée. Le navire est une véritable poubelle en fin de vie, non armée, et dont l’espace de vie – à la grande horreur de Meera – se limite à une petite pièce jouxtant le poste de pilotage. Pas de cabines ici… Visitant les énormes soutes, Zayne a bien noté la présence d’un droïde de maintenance occupé à vérifier le bon arrimage des nombreux cylindres en mauvais état, sur lesquels s’affichent des mises en garde quant à leur contenu à la haute capacité explosive. Allongé sur son brancard, le major Ialor, inconscient, est veillé consciencieusement par le Docteur Loren Yoric, qui ne peut constater que la dégradation de son état. Dans un coin, Varna Rek, entravé, affiche sa sombre mine dépitée.

Toujours concentrée sur le pilotage du lourd transporteur, Alto remarque, surgissant de l’autre extrémité de la planète, une escadrille de 4 chasseurs de type Y-Wing qui se dirige à vive allure vers l’équipage tout en émettant une série de codes incompréhensibles. Questionnée, Loren Yoric pense qu’il s’agit du groupe du Commander Marle qui était en mission hors de la base depuis quelques jours. Rassuré, Zayne établi une communication vocale, dont il ressort que chacun se rendra à son point de rendez-vous respectif. L’ensemble de la flottille rejoint donc l’hyper-espace, celui de « La Jumelle » promettant un long (2 semaines) et douloureux trajet dans la promiscuité la plus ingrate. Il faut dire que le point de livraison du reclon se situe dans un coin reculé de la Bordure Extérieure, et il faut toute la science de Meera pour calculer une série de sauts à même d’éviter les écueils d’un secteur particulièrement mal cartographié.

Chasseur-bombardier Y-Wing.

Maintenant en sécurité, l’équipage peut organiser au mieux l’espace de vie commun, ménageant une zone par sexe à l’aide d’un maigre rideau. Initialement prévu pour deux personnes, le navire ne permet pas de s’étaler tout à loisir, surtout en présence d’un mourant et d’un prisonnier potentiellement dangereux. Soucieuse, Loren Yoric regrette de ne pas avoir pu emporter plus de matériel médical avec elle, et elle doute de sa capacité à pouvoir maintenir Ialor en vie jusqu’à Jagomir…

Il est désormais possible de mener un interrogatoire en règle de Varna Rek. Touché par l’affirmation de Varna Rek selon laquelle l’emprise des impériaux sur ses enfants ne lui laissait aucun choix que celui de trahir ses compagnons de l’Alliance Rebelle, Zayne veut lui laisser une chance de se racheter pour la mort de tant de gens de bien. Scrutant les intonations de voix du traître, Meera ne se laisse pas entraîner dans cette direction, affirmant haut et fort que Varna Rek ment fort mal, et qu’il n’y a sans doute aucun enfant impliqué dans cette mascarade. Piqué au vif, Varna Rek se laisse emporter et dévoile son jeu : oui, il sert l’Empire contre ce qui n’est qu’un ramassis de terroristes, et les chefs de la base d’Arda-1 n’étaient que tourne-casaques et mauvais diplomates. D’ailleurs, les 150 rebelles tués sur Arda-1 ne sont rien comparés aux milliers d’innocents massacrés sur Scariff, et il est donc juste de traquer ces rebelles jusqu’au dernier…

Meera balaye cet argumentaire de l’arithmétique d’une moue dédaigneuse, et propose plutôt de réfléchir à un marché mutuellement bénéfique pour les deux parties. Il est clair que la Reine Pirate ne montrera aucune pitié pour le traitre, et il aurait tout intérêt à s’entendre rapidement avec l’équipage. Retrouvant son calme, Varna Rek laisse entendre qu’il en sait plus long sur le groupe du Capitaine Hyabu, activement recherché par l’Empire dans plusieurs secteurs de la Galaxie. Ainsi, il y aurait des Jedi à bord, et un Inquisiteur impérial serait sur leurs traces. Plus perturbant pour Alto et Zayne, Varna Rek affirme avoir connaissance d’une vieille Jedi, en charge d’une école de padawan dans une zone reculée, et qui a été emprisonnée il y a 15 ans environ… mais il n’en dira plus que lorsqu’il aura été libéré. Sans dévoiler leur potentielles attaches avec cette mystérieuse Maître Jedi, Alto et Zayne excluent toute entente sur une piste aussi ancienne et tenue.

Que faire de Varna Rek ? L’équipage se laisse quelques jours de réflexion, estimant dans sa majorité que la cour martiale de la Reine Pirate sera la plus à même de rendre une justice, certes expéditive, mais au moins dans le respect des règles d’usage. Inutile de se salir inutilement les mains…Toutefois, ces réflexions sont interrompues au bout d’une semaine par le décès du major Ialor, à la grande déconvenue de Loren Yoric. Le médecin n’a rien pu faire, son état était en fin de compte trop critique et l’absence d’équipement adéquat a empêché son sauvetage. A la faveur d’une pause dans le trajet en hyperespace, à environ deux jours de distance de Jagomir, l’équipage organise un maigre cérémonie d’adieu à Ialor, qui sera largué dans l’espace par le sas d’élimination des déchets – sinistre ironie. Regroupé autour du brancard, le groupe se remémore brièvement les derniers moments du Sullustéen, après que Meera ait opéré une rapide fouille du corps désormais froid. Mettant la main sur le pad électronique de l’officier des transmissions, la Chiss se met à l’écart et commence à sonder le contenu des archives de Ialor.

Toujours absorbée par l’adieu au major, Alto rappelle la bonne humeur qui l’animait et espère qu’il sera mort en servant la cause qui lui était chère. Médecin ayant perdu son patient, Loren Yoric approuve, rajoutant qu’il sera désormais en paix dans l’espace infini. Du coin de l’œil, Alto ne peut toutefois pas s’empêcher de noter le raidissement du corps de Varna Rek, tout en tension. De plus, Meera se rapproche d’Alto et lui montre un texte qu’elle vient d’écrire sur une page vide du pad :

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IL FAUT TESTER LA LOYAUTE DE YORIC. Evacue le corps. Arrime-toi et attends-toi au pire.
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Après avoir chuchoté à Zayne de se poster près du prisonnier – qui pourrait se jeter sur une commande d’éjection du sas, par exemple – Alto achemine Ialor vers sa dernière demeure, les sens en alerte, mais le traître ne tente aucune action. De plus, Loren Yoric ne montre aucun signe d’agitation, toute acquise à l’idée de libérer le corps vers l’extérieur, suivant les coutumes des navigants au long cours. Un fois le largage opéré, la tension redescend d’un cran à bord de « La Jumelle ». Un peu à l’écart – autant que se peut – Meera regroupe ses compagnons et révèle le dernier compte-rendu de transmission intercepté par le Major Ialor :

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Compte-rendu de transmission
Intercepté par le Major Ialor
Date : 27.433.2538

Agent : Arda-beta

Statut : activé

Coordonnées planétaires : 23.9941°N.44.0852°O

Etat militaire :
4 intercepteurs A-Wing RZ-1
4 chasseurs stellaires X-Wing T-65
4 chasseurs stellaires Y-Wing BTL
12 chasseurs de têtes Z-95-AF4 (mauvais état)
8 airspeeders T-47 (modifiés)
Postes anti-fantassins et anti-blindés le long du canyon

Estimation de la menace : faible à très faible

Défauts :
Commandement trop confiant
Pilotes novices ou trop vieux
Infanterie suffisante et paranoïaque

Intérêts :
Base de repli et de rétablissement pour personnel auquel tient la R.Pi.
Attachement humain
Coordonnées à découvrir – Impossible ! [passage semble-t-il initialement effacé mais récupéré par Ialor]
Hub pour transit de reclon avant passage à Jagomir
Trouver un moyen d’aller à Jagomir
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D’une certaine façon, rien de neuf dans ce message, si ce n’est que l’intérêt féroce de l’espion Arda-beta – a priori Varna Rek ? – pour Jagomir semble des plus évident. Alors, que faire de Varna Rek ? La discussion reprend de plus belle entre les membres de l’équipage, toujours obligés de chuchoter entre eux pour lister les possibilités à disposition : le laisser entre les mains d’une cour martiale – dont l’existence est confirmée par Loren Yoric à la faveur d’un échange plus sonore – de la Reine Pirate ? L’expulser dans l’unique cabine de survie du navire, c’est sans doute le condamner à une mort certaine, même si Cornell – qui souhaite se montrer « respectueusement implacable » – prend cela comme une remise du traître entre les mains du Destin… Echaudées par la menace permanente que représente Varna Rek – y compris une fois Jagomir atteint, car qui sait ce que ses belles paroles pourraient produire parmi d’éventuels connaissances ou alliés sur place ? – Meera et Alto ne seraient pas contre le fait que l’équipage rende justice par lui-même d’une façon ou d’une autre, mais il leur faut affronter le regard désapprobateur de Zayne. Ce dernier propose alors de faire un léger détour pour le déposer sur une planète habitable, loin de tout.

Jagomir, but ultime d'Arda-alpha et Arda-beta?

Alors que la discussion se prolonge, Alto semble songeuse en repensant aux derniers évènements. Le message intercepté par Ialor a été émis par « Arda-beta », il lui vient soudainement à l'esprit qu’il doit également y avoir un « Arda-alpha »… Reste à savoir si ce second espion est resté en arrière ou s’il a été embarqué sur « La Jumelle »… Voilà qui renforce les doutes de Meera vis-à-vis de Loren Yoric. Prise d’un vertige, Alto se demande alors quelles étaient les motivations réelles pour pousser à l’évacuation du corps du major Ialor : n’y aurait-il pas par exemple un dispositif de type mouchard placé à l’intérieur, qui permettrait aux sbires impériaux de remonter leur trace… ? Tous ces éléments, couplés à son attitude particulièrement neutre, rendent Loren Yoric particulièrement suspecte vis-à-vis de l’équipage. Meera et Cornell s’empressent de sonder au mieux ses intentions réelles. La Chiss prolonge alors la discussion avec l’officier médical pour arriver à placer le mot « alpha » au moment opportun, tandis que Cornell mobilise la Force pour sonder l’esprit de l’humaine. Cornell peut savoir ce que pense sa cible l'espace d'un instant. Les évènements se précipitent alors : submergé par une vague du côté obscur, Cornell sent Loren Yoric se refermer totalement après qu'elle ait pensé « La Chiss... elle sait…  ». Sans pouvoir se maîtriser, Cornell dégaine son blaster et abat Varna Rek sans que ses compagnons ne puissent réagir.

C’est la consternation à bord de la cabine de « La Jumelle ». Chacun tente de comprendre les motivations de Cornell, alors que Yoren Loric semble en état de choc, en pleurs après la scène qui vient de se jouer devant ses yeux. Reprenant la maîtrise de son sang-froid, Cornell expose la duplicité de Yoren Loric – ou plutôt Arda-alpha, l’alliée de Varna Rek à bord du navire, celle qui avait sans doute hâté le trépas de Ialor et poussé à l’élimination du corps pour éviter toute question gênante. Entravée par Alto, Yoren Loric proteste de sa totale innocence et implore de la juger sur Jagomir – requête expressément refusée par l’équipage. Meera finit par endormir l’officier médical au rayon paralysant pour pouvoir tenir conseil. Considérant la férocité des derniers développements, chacun se convainc que la solution proposée par Zayne est la plus adaptée. Après avoir disposé du corps de Varna Rek dans l’espace, Meera identifie une planète vivable pour y déposer Loren Yoric.

Ajoutée au système d’astrogation il y a de cela une vingtaine d’année, Acmurus évolue autour d’une étoile double et se révèle particulièrement plaisante et tempérée, malgré une gravité élevée. Recouverte de grandes prairies et de bois, elle n’est le siège semble-t-il que d’une minuscule colonie plutôt archaïque, même si la piètre sensibilité des senseurs de « La Jumelle » ne permet pas d’en savoir davantage. Par sécurité, Alto pose le navire sur une large île aux antipodes de cette colonie, en maugréant contre le fait laisser la vie sauve à un individu qui se révèlera sans doute source de bien des tracas futurs... Apaisante, Meera l’invite à suivre la décision collective. Yoren Loric est débarquée au milieu d’une clairière, et Zayne lui remet un sac contenant des vivres pour une dizaine de jours et du matériel pour organiser sa survie. Personne ne semble douter des capacités de l’officier médical à ce sujet, et c’est d’un ton glacial que Meera lance un « Adieu, agent-alpha ! » tandis que la passerelle d’accès du navire se referme.

De plus en plus soucieux des réserves basses de coaxium, l’équipage reprend sa route dans le secteur Esstran en direction de Jagomir. Toujours attentive à éviter une mauvaise rencontre au navire dans ce secteur, qui grouille d’anomalies spatiales autour de l’amas de Jagga, Meera calcule au mieux une série de courts sauts jusqu’à atteindre la naine blanche du système de Jagomir. Lointaine, froide et peu lumineuse, l’étoile révèle une géante gazeuse autour de laquelle évolue leur destination : la lune de Jagomir. Elle ne semble d’ailleurs pas très accueillante, les senseurs révélant la présence quasi-totale de zones marécageuses et boisées autour de larges mers intérieures. Une zone montagneuse au pôle nord rompt la monotonie du relief. Il n’y a aucune trace de base sidérale ou d’astroport apparent à la surface. D’ailleurs, l’humidité sursaturée de l’atmosphère empêche les senseurs d’en savoir plus, mais « La Jumelle » attire bien vite un appel d’une base au sol, invitant le cargo à se présenter aux coordonnées de la base « Fortitude ». En fin de vie et particulièrement essoufflé après la fuite d’Arda, il est temps pour le cargo d’atteindre sa destination et de se débarrasser de sa cargaison.

La base « Fortitude » est un assemblage austère d’éléments préfabriqués, siège d’une activité soutenue. De multiples vaisseaux d’origines diverses sont entretenus sur le tarmac, faisant déjà saliver d’avance Alto, particulièrement enthousiaste à l’idée de se débarrasser de l’actuelle poubelle spatiale qu’elle a piloté ces deux dernières semaines. L’ouverture de la passerelle recouvre les membres d’équipage d’un lourd manteau de moiteur extrême. Les moindres pans de tissus se collent immédiatement à la peau, sur laquelle la sueur se met instantanément à ruisseler. A sa descente, l’équipage est accueilli par le plus haut gradé de la base, le lieutenant Evans. Sous une pluie battante, il invite le groupe à se mettre à l’abri dans un local de réunion en expliquant que les 300 personnes de la base – principalement des personnels de support logistique – attendent avec impatience l’arrivée imminente d’un nouveau commandant, le précédent étant décédé après la surinfection d’une mauvaise blessure semble-t-il causée par une boite de conserve. Comme tous ses congénères Trandoshan, il appréciait particulièrement la chasse, et ces derniers mots avant son départ (« Je reviens, on va chasser, ne déconne pas ») ont particulièrement marqué le lieutenant Evans…

La base Fortitude de l'Alliance Rebelle.

Alto ne semble pas particulièrement enthousiaste à l’idée d’avoir à patienter quelques jours l’arrivée d’un nouvel officier de commandement de la base. Qui sait ce que les impériaux savent du lieu ? Entraînant Meera avec elle, Alto prend la direction d’un Quad Jumper qu’elle a repéré sur le tarmac, camouflé sous une bâche de protection, et se lance dans une inspection en règle de l’appareil. Un soldat vient rapidement intercepter les deux femmes pour leur demander de quitter l’appareil, mais, très sûre d’elle, Alto laisse son charme surnaturel opérer. Le soldat est littéralement subjugué – la présence hypnotisante de Meera renforçant sans doute l’affaire. Au fil de l’inspection, Alto peut ainsi prendre connaissance de la liste des vaisseaux présents et de leur état respectif, le soldat livrant force détails sur les réparations en cours. Qui sait, ce Quad Jumper pourrait sans doute faire l’affaire en cas de départ inopiné… ?

mardi 26 novembre 2019

Desolation canyon



Session Star Wars #38

Date : 15-Oct-2019

Avec :
Le Capitaine Hyabu, désormais « Commandant »
Meera, toujours efficace pour débusquer des anomalies
Aqualto Fudah (‘Alto’), co-pilote autoproclamée du commandant de bord
Zayne Bentaroo, apte à neutraliser un traître

Lieu(x) :
Base de ravitaillement rebelle Arda-1


Cela fait maintenant deux semaines que l’équipage du Capitaine Hyabu savoure un repos bien mérité dans base rebelle d’Arda-1, malgré les blessures subies. Blessures physiques et d’orgueil suite à une confrontation à nouveau perdue contre Anthé Katova et ses acolytes, perte du fragment d’Holocron pour Zayne et Alto, et disparition du Rokh pour le Capitaine Hyabu… Remise d’aplomb après son sauvetage miraculeux mais désormais muette après sa grave blessure à la gorge, Silas a tout de même pu donner des instructions à nos héros pour qu’ils se rendent dans le secteur Arda, proche de Yavin dans l’étendue gordienne. Autour d’une naine blanche, 25 planètes arides aussi inhospitalières les unes que les autres, seules trois d’entre elles ont une atmosphère respirable... Arda-1 reste hostile, entre vents violents, cratères volcaniques et activité sismique régulière. Les indications de Silas ne sont vraiment pas de trop pour dénicher le chemin balisé au travers d’un canyon désolé pour rejoindre une base de ravitaillement camouflée dans le cratère d’un volcan.

La planète Arda-1.

Voici donc une des bases de la Reine Pirate, qui en fédérant autour d’elle nombre de révoltés violents, a posé les bases de sa nouvelle organisation, dite « Alliance Rebelle ». Malgré l’épuisement accumulé ces dernières semaines, c’est avec intérêt que l’équipage a pu constater dès son arrivée l’activité soutenue sur cette base. A la sortie du canyon, une corvette corellienne (L’Espoir-V) quasiment désossée subit les interventions de mécaniciens particulièrement affairés à la remettre en état. Une fois passée une large porte blindée, le « Ghost » a enfin pu se poser dans un vaste hangar occupé par quelques Sandspeeders et Z-95 « Chasseurs de tête ».

La base de l'Alliance Rebelle.

L’arrivée de Silas ne passe pas inaperçue, et l’équipage comprend très vite qu’il tient là une « marraine » de qualité pour pouvoir pénétrer dans ce lieu particulièrement discret et dans lequel demeurent environ 120 personnes dans une ambiance militaire renforcée par le port quasiment homogène d’uniformes. Leur seconde marraine les attend sur un autre emplacement d’appontage, accoudée sur son chasseur X-Wing : car Taleo est également un nom important ici, et après une franche accolade à chacun – toute rancœur semblant désormais oubliée –, elle annonce avoir déjà loué les talents de Hyabu et son groupe auprès des responsables de la base. C’est donc un premier entretien détendu que Dan Kurdo, le chef du renseignement de la base, fait passer à l’équipage. Engoncé dans des vêtements rigides et étriqués, le Duros d’un certain âge questionne l’équipage sur son parcours récent tout en grillant des cigarettes de contrebande, puis confie l’ensemble du groupe aux bons soins du Dr. Loren Yoric et de son équipe médicale.

Taleo à la descente de son chasseur X-Wing.

L’officier médical de la base se montre particulièrement efficace et son énergie empathique la rend assez sympathique. La vilaine blessure sur le flanc d’Alto – souvenir de sa dernière rencontre avec Zaharid – est rapidement réduite à une large balafre sans conséquence, tandis qu’un synthétiseur vocal permet à nouveau à Silas de pouvoir s’exprimer à haute voix. Il faut dire que l’unité de soin est équipée avec du matériel dernier cri, qui rappelle d’ailleurs celui qui équipait le croiseur impérial du Docteur Fried – de sinistre mémoire – et dont l’équipage avait pu s’extraire en profitant de l’assaut de la Reine Pirate… Véritable mangeuse d’hommes, Loren Yoric reçoit la visite de plusieurs officiers de la base usant du prétexte de pouvoir rencontrer les nouveaux arrivants. Cela permet à l’équipage de cerner rapidement l’organisation hiérarchique de la base.

Le site est placé sous le commandement militaire de Ran Nial, un ancien général impérial connu pour être le héros du sauvetage de la flotte Mon Calamari, suivi de sa défection « démonstrative » de la Marine impérial qui est restée dans les annales. Le commandement politique de la base est le fait de Setena Haaz, diplomate qui rapporte directement à la Reine Pirate. Outre Dan Kurdo et Loren Yoric, d’autres officiers sont également présentés à l’équipage :
·       Arl Bess (humain) : chef de l’escadron de Sandspeeders « Vortex », cet archétype du pilote téméraire et dragueur pourrait faire des ravages parmi la gente féminine si son âge avancé ne le mettait pas de fait hors-jeu.
·       Urel Ydon (humain) : cet officier cyber gère tous les aspects de ravitaillement de la base Arda-1.
·       Major Ialor (Sullustéen) et Varna Rek (humain) : il ne faut pas moins de deux officiers chargés des communications pour gérer l’ensemble des transmissions. D’un tempérament totalement opposé, Ialor est toujours enjoué – comme tout Sullustéen qui se respecte – alors que Varna Rek affiche en permanence une triste mine.
·       Klik (Verpine femelle) : du fait de sa nature insectoïde, l’officier technique de la base interagit avec ses camarades à l’aide d’un vocaliseur artificiel.

Les premiers jours passés dans la base font retomber la tension nerveuse au sein du groupe, comme si les évènements de Kwenn étaient désormais de vieux souvenirs. Libre de ses mouvements, le groupe peut explorer les quartiers d’habitation, la zone de commandement, la vaste salle de briefing et des communications, ou encore les deux hangars. En effet, un second hangar situé plus haut vers le cône du volcan contient deux transports YV-929 désarmés et en mauvais état qui permettent d’assurer le ravitaillement régulier de la base. Le champ magnétique retient le flot ininterrompu de lave, de cendres et de fumées épaisses à l’extérieur, et Hyabu ne peut que commenter sur l’intrépidité suicidaire que représente une sortie des cargos par ce chemin…

 
Le plan de la base dressé par l'équipage.

Au fil des discussions informelles avec Silas et Taleo, l’équipage comprend que la réputation de la Reine Pirate n’est pas usurpée : elle est effectivement sans pitié et ne fait aucun prisonnier – source d’inconfort pour certains, mais vite justifiée par des considérations logistiques évidentes. Bien vite, les deux femmes prennent congé du groupe pour partir vers de nouvelles missions après forces déclarations d’amitié éternelle. Le groupe est toutefois rassuré sur l’imminence d’une rencontre avec la Reine Pirate : cachée après un gros coup, elle se manifestera d’elle-même lorsqu’elle considérera le moment opportun. D’ici là, il faudra faire preuve de patience.

Deux semaines d’attente et d’oisiveté, donc… et l’équipage maintenant remis d’aplomb ressent à nouveau le sourd besoin d’agir – qui pour récupérer ce qui lui a été volé, qui pour solder définitivement de vieux comptes. Le général Ran Nial doit avoir ressenti le bouillonnement intérieur qui agite l’équipage, car il l’invite de manière impromptue à le rejoindre pour une réunion en salle de briefing. A l’écart de l’agitation du centre des transmissions déserté, Ran Nial et Setena Haaz accueillent le groupe avec la ferme intention de leur proposer de rejoindre les rangs de l’Alliance Rebelle. Il faut toutefois compter avec la réticence partagée vis-à-vis d’une structure rigide et d’une chaîne de commandement qui, tôt ou tard, finira par perturber les objectifs encore suivis par l’équipage… A Meera qui demande quelles seraient les alternatives, Ran Nial indique que l’Alliance apprécie également de travailler avec des corsaires indépendants mais sympathisants de la « cause ».

Le Général Ran Nial.

Seul Zayne semble enthousiaste à l’idée de pouvoir rejoindre une cause commune qui lui semble des plus valables. Remerciant les deux responsables de la base pour leur confiance manifeste, le padawan mentionne la recherche de l’ancien général Jedi Suljo Warde – un nom bien entendu connu de Ran Nial mais qui lui évoque surtout la longue liste des disparus après les purges impériales. D’autres disparus ont aussi beaucoup de valeur aux yeux de Hyabu : le reste des membres de son équipage resté à bord du Rokh. Pour Setena Haaz, il ne faut toutefois pas se faire d’illusions, car le Rokh est activement recherché par l’Empire désormais… L’Empire est d’ailleurs très actif dans le secteur, car le Moff Sienar a commis bien des erreurs qui ont laissées la porte ouverte à la Reine Pirate pour qu’elle frappe au cœur des installations impériales. Une action d’éclat qui est appelée à se répéter autant que possible dans le futur, si possible avec l’aide d’équipages intrépides prêts à agir… voilà qui pourrait sans aucun doute correspondre à la description d’un « Commandant » Hyabu… ?

L’équipage peut maintenant débattre en toute intimité des propositions qui ont été faites. L’intérêt de Zayne pour la cause rebelle est contré par le farouche désir d’indépendance de Meera. Certes, les rebelles semblent mieux armés pour permettre de suivre l’objectif de l’arme impériale secrète sur laquelle Mon Mothma attend désespérément des informations, mais les contreparties à payer pour un recrutement formel ne seront-elles pas trop élevées pour un groupe de contrebandiers comme celui de Hyabu ? Titillé par Alto qui l’a déjà rebaptisé du titre de « Commandant », Hyabu admet aussi qu’un statut de corsaire indépendant lui conviendrait mieux. Légèrement sarcastique, Alto déclare que son âge et son expérience sont sans doute insignifiants par rapport à ceux de Meera, mais que 15 ans de fuite éperdue avec Zayne lui ont aussi donné le goût de l’indépendance, qui seule pourra assurer que chacun puisse poursuivre ses propres objectifs, si possible avec le soutien des autres membres de l’équipage. Reste un détail pas si anodin que cela : l’équipage n’a plus de navire digne de ce nom, et sur ce point il faudra compter sur la bonne volonté des rebelles… Rechercher le Rokh pourrait peut-être se faire avec la sonde droïde récupérée par Taleo… ? Qui sait si la Reine Pirate pourrait à l’avenir accepter d’utiliser l’objet pour cette requête…

Ces réflexions sont interrompues par l’arrivée bruyante et chaotique d’un Z-95 endommagé dans son hangar d’attache, suivi d’un message d’alerte. Dans la cohue qui s’en suit, l’équipage apprend que le chasseur a souffert de sa traversée du canyon, le balisage ayant été rendu inopérant. Ce n’est pas une première, les petits sauriens répondant au nom de Doranenok et qui pullulent dans le canyon ont la fâcheuse habitude de s’attaquer aux balises. Toutefois, la magnétisation du matériel de la base qui suit quelques minutes plus tard rend Meera soucieuse. Dans la salle de briefing, l’équipage trouve une troupe déconcertée, Varna Rek annonçant des difficultés avec les communications qui semblent comme brouillées par une activité magnétique inhabituelle. Normalement, c’est le Major Ialor qui devrait s’occuper de ce secteur des communications, mais il est actuellement souffrant à l’infirmerie, et Ran Nial envoie Varna Rek s’enquérir de la situation de son camarade.

Incom Z-95 "Chasseur de tête".

L’appel de la console vide est trop fort pour Meera, qui confie ses doutes au général Naal au sujet de la magnétisation de la base. Se plaçant aux commandes de la console, Meera pianote quelques minutes avant d’annoncer qu’il y a quelque chose de louche dans les communications de la base : un signal caché d’émission vers l’extérieur. Sans attendre, Alto et Zayne se rendent en courant vers l’infirmerie, pour y trouver le Major Ialor endormi et le Dr. Loren Yoric particulièrement dubitative, surtout lorsqu’on lui demande si Varna Rek est bien passé à l’infirmerie… De son côté, Meera s’active sur la console pour trianguler l’origine de l’émission et arrive à cerner une zone correspondant aux quartiers d’habitation des officiers. Sans attendre, l’équipage se donne rendez-vous dans la zone et enfonce la porte de la chambre de Varna Rek. Dissimulé derrière la grille d’une gaine d’aération, un dispositif émetteur est rapidement débusqué par Zayne et est inactivé derechef. Aucune trace de l’officier toutefois.

Alors que la menace immédiate semble écartée, une nouvelle alarme sonore se fait entendre, avec convocation de renforts armés au niveau du poste de commandement de la base. Des soldats intiment l’ordre à l’équipage – sans doute des civils à leurs yeux – de rester à l’écart tout en continuant leur course dans le couloir. A peine ont-ils contourné un coude dans le complexe souterrain que des tirs de blaster se font entendre, suivis par une explosion qui fait trembler l’ensemble de la structure. Reprenant leurs esprits, le groupe rejoint au plus vite le poste de commandement attenant pour y découvrir l’étendue du carnage. La majeure partie des équipements est réduite en miette, avec une vingtaine de corps sans vie au milieu desquels se trouvent Ran Nial et Setena Haaz. Prenant son ton le plus martial, le « Commandant » Hyabu avise un poste de communication interne à la base, lance un signal d’alerte et donne un ordre général d’évacuation, tandis que les vibrations typiques d’un bombardement planétaire sur la zone se font ressentir. La base est donc découverte et subit sans aucun doute possible un assaut en règle des forces impériales…

L’équipage se rue vers le hangar principal de la base pour y découvrir une scène de chaos : la corvette corellienne stockée à l’extérieure a été endommagée et les chasseurs encore à l’abris ont à peine entamé leur préparation pour un décollage d’urgence des escadrilles Rust (Z-95) et Vortex (Sandspeeders) au milieu des cris et de la frénésie des personnels de la base. Avisant Hyabu, Arl Bess attrape le Toydorien par le bras et le supplie d’exfiltrer un cargo YV-929 pour livrer le reclon qu’il contient dans le système de Jagomir. Les coordonnées d’un point de rendez-vous sont transmises à Meera dans l’agitation ambiante. De son côté, Zayne a déjà tourné les talons et, mu par une vitesse surhumaine, a rejoint le hangar plongé dans l’obscurité des éclairages d’urgence rougeoyants. Il saisit la silhouette de Varna Rek qui se glisse à l’intérieur d’un des deux vaisseaux de fret – celui dont le chargement a été finalisé. Sans une once d’hésitation, il se lance aux trousses du traître et l’intercepte avant même qu’il n’ait pu s’assoir au poste de pilotage de « La Jumelle ».

Le padawan est rapidement rejoint par ses camarades, qui ont en route ordonné au Dr. Loren Yoric de les suivre, après qu’Alto ait chargé le Major Ialor sur un lit roulant. Désormais entravé, c’est un Varna Rek au teint singulièrement blême qui bafouille des excuses pathétiques, assurant qu’il n’avait « pas le choix »… Comme par automatisme, chacun s’approprie un poste de commandement du navire : Hyabu au poste de pilotage, secondé par Alto ; Meera aux communications et autres outils sensoriels ; Zayne au suivi technique de la structure et boucliers. De son côté, Loren Yoric attache le Major Ialor comme elle le peut sur une banquette, alors des débris de roche épars commencent à chuter régulièrement sur la coque. Sans plus attendre, Hyabu et Alto lancent la procédure de décollage, tandis que Meera fait admettre à varna Rek qu’il a effectivement sur lui un code impérial qui devait lui permettre de fuir sans craindre un tir ami. Il se montre toutefois fataliste sur les chances de survie de l’équipage face à cet assaut massif mené par le Moff Sienar en personne, ce qui ne déclenche qu’un haussement d’épaules ironique de Hyabu.

Cargo léger YV-929.

Fort de ses précédentes réflexions sur le côté suicidaire d’une sortie à partir de ce hangar, Hyabu lance le cargo dans le dédale du canyon enseveli. « La Jumelle » a l’air de souffrir face à ce traitement de choc, et l’arrivée à l’entrée du canyon se révèle aussi délicate que prévue, alors que les rares chasseurs rebelles déployés se mettent immédiatement en escorte du transport de Reclon. Dans leur dos, une horde de chasseurs TIE entre en jeu et se met sur les traces de l’escorte dans le défilé du canyon, qui se révèle particulièrement ardu à suivre. Hyabu doit mobiliser toutes ses ressources et s’appuyer sur l’aide précieuse d’Alto pour éviter de multiples chocs aux conséquences potentiellement désastreuses, surtout qu’il faut prendre bien des risques en poussant la vitesse au maximum pour tenter d’échapper aux chasseurs TIE. Concentrée sur les senseurs, Meera cartographie le défilé étroit pour permettre d’anticiper au mieux l’itinéraire, tandis que Zayne réoriente les flux énergétiques du vaisseau pour renforcer au maximum les boucliers. A l’arrière, les duels de chasseurs font rage, mais le courage et la ténacité des pilotes rebelles sont peu à peu effacés par le surnombre de leurs adversaires.

C’est alors qu’un groupe de quadripodes d’attaque TB-TT fait son apparition dans le défilé. Se lançant dans une série de zig-zag audacieux, Hyabu rend délicate la visée des canonniers impériaux, et la volée de tir qui accueille le passage rapide de « La Jumelle » ne déclenche qu’une série d’éboulis dans le canyon. Mais déjà le défilé s’élargit et une trouée en hauteur permet à Hyabu de s’extraire du canyon, avant de réaliser qu’il se trouve dans l’ombre d’un immense destroyer impérial en phase de descente, d’où émergent déjà des demandes intempestives d’identification. Meera lance immédiatement la séquence du code fournit par Varna Rek, ce qui permet de temporiser tandis que du destroyer émerge l’ordre plusieurs fois réitéré de se préparer à l’arraisonnement. Sortant de son hésitation, Hyabu replonge alors de manière abrupte dans une anfractuosité du canyon et reprend sa progression à vive allure dans le dédale minéral. Dans la minute qui suit, un tremblement de terre secoue le canyon – peut-être le résultat de l’atterrissage violent du destroyer dans la zone de combat ?

Concentré sur sa fuite, l’équipage a perdu de vue ce qu’il est advenu de l’escorte rebelle, mais il semble probable que tous les chasseurs ont été désormais abattus un à un… Ne ralentissant pas la cadence, Hyabu éloigne « La Jumelle » pendant de longues minutes, suffisamment pour se mettre hors d’atteinte de la chasse impériale. C’est enfin avec un cri de satisfaction qu’il annonce le succès de l’opération de fuite, quand une colonne de pierre inattendue se dresse devant le navire. « La Jumelle » vient violemment racler tout un flanc contre la surface granitique, déclenchant une série de catastrophes dans le cockpit, et il faut toute la maîtrise nerveuse de Meera pour démagnétiser au plus vite les commandes. Alors que Hyabu et Alto tentent de maintenir un semblant de cap, Zayne s’élance déjà dans les coursives pour apposer des plaques de renfort sur les zones abîmées de la coque. Lorsque Hyabu récupère l’entière maîtrise des commandes malhabiles de « La Jumelle », il peut enfin piquer vers le ciel et progresser hors de l’atmosphère. Deux destroyers impériaux pointent leur proue au loin, unique témoignage d’une tentative d’interception stérile. 

La Flotte impériale tente d'intercepter le navire du Commandant Hyabu.

Meera a déjà programmé le navordinateur en direction du point de rendez-vous, dans le secteur de Jagomir. Le « Commandant » Hyabu a une livraison de Reclon à assurer pour le compte de l’Alliance Rebelle. Arl Bess et les pilotes de l’escadron Vortex ont sacrifié leur vie pour que nos héros puissent s’échapper. L’Alliance Rebelle…