samedi 30 mars 2019

Le réveil du côté obscur


Session Star Wars #23

Date : 26-Mar-2019

Avec :
Hyabu, dont la féroce réputation ne fait qu’accroître
Meera, qui apprécie de plus en plus les explosifs
Piy Zagzoad, dont les réveils ne sont pas des plus tranquilles
Aqualto Fudah (‘Alto’), une fois de plus dépassée par son envie de protéger ses amis
Zayne Bentaroo, qui se laisse envahir par la colère

Lieu(x) :
Brentaal, colonie du système Chandrila


La révélation de Mon Torba concernant le commandant de la station Golan jette un froid parmi le groupe. Ce Chad Quantarus ne serait-il pas le fils de Cornell Quantarus ? Mais ce n’est ni le lieu, ni le moment d’en débattre, d’autant plus que Mon Torba s’agite, lançant des ordres pour des préparatifs multiples et variés, sous l’œil sombre de Cornell. Le groupe « Total Rébellion » ne connaitra pas tous les morceaux du plan d’action prévu contre la station, du fait d’un ordre de Mon Torba imposant le cloisonnement entre les équipes impliquées. Alors que tous cogitent autour de la table du QG de Mon Torba, un droïde s’avance vers Meera et lui remet un message enregistré, lui enjoignant de suivre une succession de coordonnées en un temps record si le Capitaine Hyabu souhaite retrouver ses compagnons vivants. Pour cela, il faut remettre « ce qui a été volé ». Le style du message, le souci de précautions diverses, les indications données… Tout laisse à penser qu’un groupe de chasseurs de prime au service du Soleil Noir a récupéré Piy et DD-13. Voilà qui permet à chacun de méditer sur la corruption de l’Empire, qui fait que des prisonniers condamnés à la peine terminale n'atteignent jamais leur pénitencier, mais soient plutôt vendus à des sous-traitants…

Cette réflexion rappelle à Meera un discours récent du sénateur Salluste de Sulluste, entrevu lors d’une ces périodes d’attente en chambre d’hôtel… une longue diatribe sur les méfaits de la corruption des corps et des esprits pour justifier une reprise en main tonique par l’Empereur :

« La corruption par le luxe, l’oisiveté…

Comme une mère dont la fécondité est tarie, la République fut pendant de longues années sans produire un homme grand par sa vertu… Et j’entends par vertu : la force et le courage. C’est l’ambition, l’envie, le désir de posséder toujours un peu plus qui a privé une grande partie de notre jeunesse brillante de l’allant naturel qu’elle a pour l’ordre et le respect de ses ainés. 

C’est la corruption qui frappe aussi durement le plus humble de nos administrateurs jusqu’au plus brillant de nos sénateurs. C’est la même vigueur, la même absence de scrupule qui a poussé cette sénatrice (Mon Mothma) à tenter d’éliminer son confrère avec lequel elle partageait la représentation qu’un peuple lui avait librement consenti (Kief Binsky sans doute). A chaque crime nouveau, quelques versements de plus à tel magistrat, à tel conseiller… Et les choses s’arrangeaient.

Mais l’ambition débridée ne connaît pas la mesure, et c’est l’indignation populaire qui a démasqué cette vilénie. L’indignation, cette même indignation qui a été pour nous tous une impérieuse injonction : ça suffit ! Ça suffit !  Indignez-vous ! Dégagez-les ! L’Empereur achèvera son mandat l’année prochaine, et c’est cette même indignation qu’il doit entendre, qu’il doit embrasser.

L’Empereur a assuré au prix de sa santé… et de sa vie privée, qu’il a entièrement dévoué à la République, la sécurité de nos mondes. Aussi, je m’en veux terriblement, je n’ose lui en demander davantage… Mais je le fais, au risque de déplaire à certains puissants : je demande SOLENNELLEMENT à l’Empereur de purger le Sénat, dernier bastion de la corruption de notre belle République et de prendre sur ses épaules la charge législative du Sénat. Que le Sénat et ses coût faramineux soient revus, jugés et pourquoi pas dissous ! »


L’équipage a suivi les instructions, et entrepris un jeu de piste à arrêts successifs censés semer d’éventuels poursuivants, tout en ruminant sur ce qui pouvait se trouver en bout de course. Puisque le groupe à leurs trousses souhaite récupérer la sonde transpondeur, Meera propose comme précaution de piéger l’objet avec une charge de détonite et un détonateur à courte distance. La proposition est accueillie positivement par les membres d’équipage, et on s’active autour de la sonde. Enfin, le Rokh arrive en vue du dernier objectif, une colonie lointaine du système Chandrila, nommée Brentaal. L’exploitation agricole intensive sur cette colonie, hypocrite concession au respect de l’équilibre écologique de Chandracant, l’a rendue aride et recouverte d’une couche de poussière rouge. Au détour des canyons et des vallées sèches, le Capitaine Hyabu dirige son navire vers le sommet d’un haut plateau, sur lequel l’attend un quadjumper de contrebande modifié et son équipage, sous la protection d’un écran énergétique de brouillage alimenté par le martèlement régulier d’un 'stumper' au tempo perpétuel.


Un quadjumper de contrebande.


A la descente du groupe, les présentations sont faites. Près du quadjumper, un droïde de combat (Maboo) tient en joue le Rokh avec une lourde mitrailleuse blaster sur trépied. Non loin, un humain cyborg (P.R.O.F.) maintient Piy étourdi sous son genou, tandis qu’un massif Wookie (Toc Toc) est assis sur DD-13 muni d’un bouchon d’entrave droïde. Devant le quadjumper, c’est la silhouette d’une Twil’ek à la peau sombre (Maze) que Meera et Alto reconnaissent immédiatement, suite à la brève poursuite qu’elles avaient menée dans les rues commerçantes de Hanna, sur Chandracant. Tous les protagonistes sont lourdement armés et présentent des modifications cyber. Dispersés sur le plateau en demi-cercle devant le Rokh, une quinzaine d’autres mercenaires attendent patiemment le résultat de la transaction. Meera constate que les moyens de communication de l’équipage sont totalement brouillés, rendant impossible toute discussion discrète. Restée à l’intérieur du Rokh, elle s’empresse d’activer le brouilleur du Rokh pour rendre la pareille à leurs adversaires du jour. En haut de la passerelle, Alto observe la scène et repère rapidement des tireurs embusqués, camouflés sous des couvertures synthétiques se fondant dans le décor naturel. Se concentrant, elle projette un cercle d’énergie intangible vers ses compagnons, dont les sens en éveil devinent plus que jamais les intentions révélées par le moindre mouvement ou regard de leurs adversaires.

Hyabu et Zayne s’avancent vers la partie adverse pour aller à la rencontre de ceux qui semblent être à la manœuvre de la négociation à venir. Le premier est un humain (Sins) armé de deux énormes et anachroniques pistolets à percussion, et qui attend ses deux vis-à-vis avec un sourire narquois devant l’accoutrement de chasse du Toydarien. Il est accompagné de ce qui semble être le Capitaine de la troupe, un asogien (Chef), que Hyabu sait être résistant aux pouvoir « surnaturels » parfois évoqués par Meera lorsqu’elle parle des jeunes padawans du groupe. Chef laisse Sins, a priori son second, mener les discussions, car c’est l’humain qui accueille Hyabu avec beaucoup d’emphase, louant son talent et la qualité de son équipage, qui s’est révélé difficile à piéger… Mais il est maintenant temps de solder toute cette affaire entre hommes d’honneur, et sans effusion de sang – ce à quoi Hyabu s’empresse d’acquiescer. A la surprise du Capitaine Toydarien, ce n’est toutefois pas le nom de Marekh Sol qui est évoqué comme débiteur dans le cas présent, mais un autre seigneur du Soleil Noir, Gracchus le Hutt, également présenté comme un collectionneur aguerri.


Chef, dans un bon jour.


Hyabu a toutefois une idée en tête, et ne veut surtout pas manquer une occasion de faire fructifier sa légende. Avec un sourire charmeur envers les membres féminins de la troupe des chasseurs de prime, le voilà qui se lance dans une harangue au sujet de son attachement aux membres de son équipage, raison pour laquelle il ne pouvait abandonner aujourd’hui ses compagnons – une attitude que tout Capitaine devrait avoir. Puis il fanfaronne sur d’autres opérations en cours, dont il garde le contenu mystérieux, mais dont il assure qu’on entendra parler d’ici quelques heures, soulevant un regard interrogateur de Sins, un peu perdu. Il ajoute enfin que la sonde intéresse au plus haut point le Consortium de Zaal, qui serait prêt à payer fort cher pour la récupérer, pour le plus grand bénéfice de toutes les parties présentes sur ce plateau désertique. Le Chef asogien ne s’en laisse pas conter et interrompt ce qui devenait un monologue du Capitaine Haybu, réclamant que la sonde soit maintenant livrée, alors que P.R.O.F. accentue ostensiblement sa pression sur le visage de Piy, qui commence à pousser des grognements agacés.

D’un air détaché, Hyabu remonte à bord du Rokh, attrape une poignée de bouchons d’entrave droïde et redescend avec la sonde piégée, laissant derrière lui – en haut de la passerelle – Alto armée de sa carabine blaster et Meera avec le détonateur dans une main et un blaster de duel dans une autre. La tension monte d’un cran lorsque Hyabu explique que la sonde est piégée pour éviter toute entourloupe… ce que la partie adverse interprète également comme une fourberie de la part du Toydarien. Il faut toute la doucereuse habileté de langue du Capitaine pour faire rebaisser les armes qui s’étaient dressées au changement de posture de Sins, qui se détend légèrement en demandant au droïde de combat Maboo de récupérer la sonde et de confirmer qu’il s’agit bien de l’objet recherché. Maboo s’approche du Capitaine, s’empare de la sonde et commence son analyse, alors que Hyabu surveille du coin de l’œil le réveil de Piy, dont il devine la réaction explosive à venir. Lorsque « Crazy » Piy sort de sa torpeur, l’inévitable se produit et il s’agrippe à P.R.O.F. pour le faire tomber, attirant l’attention de tous dans sa direction. Hyabu en profite pour sortir subrepticement un bouchon d’entrave de sa poche et le placer aussi vite que possible sur Maboo, très concentré sur la sonde et désormais confus.

Tous les membres de l’équipage sont tendus à l’extrême mais retiennent leurs réactions lorsque Piy se fait étourdir par le bras « choqueur » de P.R.O.F., alors que Hyabu appelle à l’apaisement et au dialogue, tout en contribuant à jeter de l’huile sur le feu en dénigrant l’attitude des chasseurs de prime vis-à-vis de son compagnon toujours maintenu à terre. Le Wookie Toc Toc délaisse DD-13 et se rapproche de ses supérieurs, tandis que la Twil’ek Maze met en joue Meera, qui ne se gêne pas pour braquer son arme sur Sins. La scène a déclenché des ordres en contrebas, où on entend désormais des turbines de réacteurs se mettant en route, alors que Sins demande à Maboo d’accélérer son analyse. L’absence de réaction du droïde rend le second encore plus suspicieux à l’égard de Hyabu et il vise maintenant à son tour Zayne et le Capitaine Hyabu, imité en cela par toute sa troupe. Intimant l’ordre à Hyabu et ses compagnons de laisser leurs armes au sol, il entame alors un compte-à-rebours, à partir de 10. Sans se démonter, Hyabu demande à Meera de tout faire sauter lorsqu’il aura lui aussi atteint zéro, mais en commençant pour sa part son décompte à 5, laissant Sins désemparé quant à la suite à donner à cette nouvelle menace directe… Car évidemment, le décompte de Hyabu atteindra le chiffre fatidique avant celui de Sins.


L'intrigante Maze.


Subitement, les évènements se précipitent, faisant fi des bonnes résolutions affichées au départ de la négociation… Découlant d’un ordre codé de repli général lancé par le Capitaine Hyabu, de nombreux mouvements impromptus et simultanés ont subitement lieu, laissant les chasseurs de prime comme figés un court instant. Faisant appel à des ressources surhumaines, Zayne se lance en avant, attrape DD-13 et le propulse littéralement à la force de ses bras vers la passerelle du Rokh, tandis que Piy se précipite derrière P.R.O.F. pour profiter de sa protection. Au même moment, Meera déclenche le détonateur, tandis qu’Alto se lance dans un tir de barrage pour couvrir la course de ses compagnons. L’explosion dévastatrice souffle la zone et couvre les environs immédiats d’un nuage de poussière épais. L’onde de choc laisse surtout le Chef asogien, Maze, Toc Toc et Maboo au sol et mal en point, le droïde de combat étant même totalement éventré. De leur côté, Sins et P.R.O.F. absorbent le souffle et se lancent en avant, l’air mauvais. Déjà sous le feu nourri de Hyabu et Alto, P.R.O.F. est arrêté dans sa course par Zayne, le sabre laser au poing. De son côté, Piy ne peut résister à l’attrait que représente la mitrailleuse blaster lourde laissée à l’abandon. Il la dégage de son trépied et l’active, avec ce qui s’apparente à un sourire d’Aquale. D’une voix éraillée, Chef hurle à Sins d’abattre Hyabu, qui est sérieusement blessé par ses armes semblant pourtant sorties d’une autre ère. Avec un cri d’angoisse étouffé, Meera se précipite vers son Capitaine pour le couvrir de son corps, tandis que P.R.O.F. se révèle très rapide et peut tromper la garde de Zayne, le laissant étourdi après un coup de son poing énergétique.

La situation semble désormais dramatique pour Hyabu et son équipage, et la perspective de perdre des compagnons sur ce caillou désertique déclenche une puissante et obscure onde de colère en Zayne, qui l’extériorise pour sortir de son étourdissement. Dans un mouvement théâtral, il fait opérer à son sabre un arc de cercle magistral qui vient découper le bras énergétique du cyborg, avant de continuer sa course au travers du torse de son adversaire, qui rend l’âme avec un regard d’incompréhension devant ce retournement de situation. Au même moment, l’esprit d’Alto est traversé par la sombre énergie libérée par son frère d’arme. Chassant son appréhension devant les sentiments déconcertants qu’elle a ressenti l’espace d’un instant, elle se focalise à son tour sur l’impérieuse nécessité de protéger ses compagnons coûte que coûte, se lançant en avant pour s’interposer entre Meera, Hyabu et Sins. Perdant son sang-froid, elle marche littéralement de colère sur Sins, son sabre laser dessinant des traces intrépides dans la lumière étouffée par les micro-débris en suspension. La confusion atteint maintenant son comble, les cris et râles de douleurs étant à peine étouffés par le nuage de poussière environnant, lui-même attisé par le souffle des réacteurs des navettes décollant de la base du plateau. Enivré par sa nouvelle acquisition, Piy abat le Chef agonisant au sol sous l’œil horrifié de Maze, qui réplique en tirant sur l’Aquale. Piy encaisse le coup, une tache sombre se dessinant à travers sa tunique. D’un mouvement désespéré, Toc Toc tente de couvrir Sins en tirant à tout va sur Alto, dont le sabre laser dévie intuitivement le tir.

Temporairement hors de danger, Meera attrape Hyabu sous le bras et le redresse au plus vite en direction de la passerelle du Rokh, tout en lançant à la cantonade l’ordre de monter à bord, mais son injonction semble couverte par les bruits de la bataille rangée. Reprenant ses esprits, Hyabu file vers le cockpit du Rokh après avoir déclenché la fermeture de la passerelle, étant surtout préoccupé par les chasseurs ennemis en train de prendre leur envol. Alors que le Rokh entame son décollage, Zayne se lance aux côtés d’Alto et décapite Sins sans lui demander son reste, laissant Alto à la fois frustrée et rassérénée. Constatant seulement le décollage du Rokh, les deux padawans encore grisés par l’adrénaline se lancent vers Piy et le quadjumper, un coup de sabre laser leur permettant d’entamer la porte fermée du vaisseau. Après avoir extrait sans ménagement les deux chasseurs de prime présents à bord, les trois compagnons lancent également une procédure urgente de décollage pour se porter au secours du Rokh, poursuivi par une flottille de petits chasseurs agressifs.

Alors qu’un calme relatif revient sur le plateau, les survivants hébétés ne peuvent que méditer sur la dangerosité avérée de ce maudit Capitaine Hyabu et de son imprévisible équipage. Chasser un chasseur peut s’avérer être une mortelle erreur... Constatant les pertes innombrables subies par son groupe, la Twil’ek Maze arpente le champ de bataille. Se rapprochant des décombres du droïde Maboo, un éclat métallique inhabituel attire son regard. Comme tous, elle estimait que l’explosion avait dû vaporiser la sonde, et c’est avec surprise qu’elle l’extrait visiblement intacte des débris. Il n’est donc pas dit que le Kang Rang Power partira les mains vides aujourd’hui...

mardi 26 mars 2019

De mal en Piy



Session Star Wars #22

Date : 19-Mar-2019

Avec :
Hyabu, orateur, séducteur, capitaine au grand cœur
Meera, experte en plans de mall à défaut d’être experte en plans tout court
Zayne Bentaroo, qui n’a visiblement jamais rampé dans les égouts
Et Cornell « se rendre aujourd’hui, c’est s’évader demain » Quantarus

Lieu(x) :
Chandracant, système de Chandrila


Pour éviter les points de contrôle impériaux, l’équipage du Rokh s’engouffre dans la premier bâtiment public venu.

Avec un Cornell Quantarus en mode « casual discret » – chemise rose à jabot simple et poche « pratique » intégrée –, un Zayne habilement déguisé en VRP adepte du culturisme – chemise manches courtes craquant sous la pression de ses pectoraux –, un Hyabu vêtu d’une tenue de chasse dont on distingue à peine qu’il s’agit d’un déguisement d’enfant – parce qu’aucun enfant n’aurait osé l’accessoiriser d’un chapeau melon à plume de canard –, et une Meera fardée de nacre comme une courtisane corellienne, le groupe n’aurait guère étonné dans un bouge des bordures extérieures.

Dans un mall provincial du système Chandrila, autant dire que ça le fait moins. Les enfants se demandent quand le spectacle des clowns va commencer, tandis que les parents les incitent à détourner le regard, craignant que les saltimbanques ne leur demandent une piécette. Ou qu’il ne s’agisse d’un gang déguisé pour un casse, comme on en voit dans les holo-films.


 
La panoplie de chasse du Capitaine Hyabu (enfant non fourni).


Trop de regards appuyés, et trop de mauvaises nouvelles, car les chaines d’info locales annoncent à présent l’arrestation de deux terroristes, dont un droïde. Forcément Piy et DD-13Meera mémorise rapidement le plan du mall et conduit ses compagnons dans un magasin de pêche histoire de faire le point à l’abri des regards. Hyabu en profite pour mettre la main sur des puces électroniques permettant de traquer un gibier, ça peut toujours servir. Le reste du groupe évalue la situation : le cordon impérial autour de l’astroport, renforcé de tanks, paraît infranchissable, et ils sont tous clairement identifiés. Cornell propose une ruse simple pour rejoindre les prisonniers au plus vite : se rendre. Pour mieux s’évader, évidemment. Mais Meera, marquée par sa confrontation avec Lady Brionnelle, s’y oppose farouchement : en cas de capture, c’est la torture qui les attend, et c’est très mauvais pour le teint.

Manifestant sa mauvaise humeur chronique, la Chiss s’éloigne du groupe et remarque dans l’échoppe un droïde venu acheter du fil de pêche… Drôle de mission pour un astromech… qui profite de l’intérêt que lui porte Meera pour la scanner, avant de s’éloigner et de se perdre dans la foule.


Un mall des systèmes centraux (accorte vendeuse non fournie).


Sous pression, nos héros changent littéralement de crèmerie et entrent chez un vendeur de glaces. Tandis que Hyabu charme la vendeuse dont le corsage de « belle des champs » laisse peu de place à son imagination perverse, des poursuivants sont identifiés dans la foule : un homme athlétique à la peau noire, et une jeune femme dissimulant sous un casque de protection un communicateur sophistiqué. Pas le temps de finir les glaces au café : Zayne repère la sortie arrière, Hyabu y entraine la vendeuse subjuguée, que Cornell assomme sans autre forme de procès, et le groupe s’échappe en un tour de main sous le regard furieux des deux chasseurs de prime.

Passée la porte, c’est l’envers du décor : les coursives techniques bétonnées du mall, desservant les différents magasins suivant un plan complexe… qui ne résiste pas aux capacités d’analyse de Meera. Direction le parking aérien, troisième à gauche… tandis que résonnent déjà les pas des poursuivants. Quand le groupe parvient à un monte-charge, c’est pour s’apercevoir que Hyabu, incapable de tenir le rythme, a préféré s’élever dans les airs pour se dissimuler dans les coursives. La confrontation devient inévitable, les mains se posent sur les crosses…

Mais c’est les bras levés que le poursuivant à la peau noire se présente : il prétend rechercher les hommes du capitaine Hyabu pour leur apporter leur aide, les exfiltrer… pendant que son acolyte, en retrait, communique des informations à de mystérieux interlocuteurs, via le droïde d’astrogation qui l’a rejointe. Essayent-ils de gagner du temps en attendant des renforts ?

Un astromech « c’est celui-là que je veux ! » R5 (charisme des R2 non fourni).


Meera a son avis sur la question, et l’exprime à coup de blasters. Un rayon paralysant surchargé abat le parlementaire, prenant tout le monde de court… sauf Zayne, qui bondit aussitôt dans le couloir pour neutraliser la femme au communicateur. Cornell et Hyabu mènent l’interrogatoire tambour battant, et obligent la jeune femme à lâcher le nom de son commanditaire… la Reine des Diamants ! Les blasters laissent place aux sourires de circonstance, tandis que les agents rebelles proposent d’emmener le groupe jusqu’au Rokh en orbite sur sa station de réparation. Passer le cordon militaire de l’astroport, ils ont déjà essayé, en vain. Ils n’ont pu que confirmer l’arrestation d’un jeune Aquale et d’un droïde, maintenus prisonniers sur le tarmac. « Si vous voulez partir, c’est maintenant ou jamais… et sans vos compagnons ».

La phrase résonne alors que le vaisseau des deux agents rebelles commence à s’élever au-dessus du parking aérien du mall… et qu’un contrôleur impérial demande des codes d’identification qui lui sont rapidement fournis. Mais le capitaine Hyabu n’est pas toydarien à abandonner son équipage derrière lui : il veut s’emparer des commandes du vaisseau pour lancer un sauvetage à l’arrache. Le ton monte dans le cockpit, une arme est dégainée, car les rebelles ne s’en laissent pas conter : même si Hyabu réussit son coup, plusieurs de leurs contacts en souffriront, à commencer par celui qui leur a donné les codes d’identification. Il sera capturé, sa famille menacée… Hyabu se lance alors dans une violente diatribe où il oppose les sacrifices et les souffrances consentis par lui et sa bande depuis des mois à ceux des rebelles de Chandrila. Fait-il allusion à un événement tragique de son passé ? Sa tirade aussi enflammée qu’inspirée ferait chavirer le plus austère des moffs…

Le vaisseau rebelle s’élève donc dans les cieux… mais sans nos héros, restés droits dans leurs bottes et largués sur le toit du mall. C’est donc cela que signifie : « à prendre ou à laisser ». Hem. Au moins, l’endroit se révèle un bon poste d’observation de l’astroport, bardé de défenses et de stormtroopers aux aguets. Chacun y cherche une faille… Mais même avec le pouvoir de Cornell, passer le cordon sans se faire repérer serait une gageure, repartir sain et sauf une fantaisie. Zayne propose avec candeur de s’introduire dans l’astroport en passant par les égouts… mais ceux qui ont connu le départ de Kashyyk rejettent ce plan d’un même regard noir : plutôt mourir que de revivre ça. Faute de mieux, Cornell tente de forcer la porte d’un air-speeder pour l’envoyer se fracasser contre les défenses impériales, mais l’opération prend du temps, et soudain une navette Lambda escortée par deux TIE surgit au-dessus de l’astroport.


Navette Lambda, Siennar Flight Systems (escorteur TIE non fourni).


Lorsque l’engin se pose, Piy et DD-13 sont amenés jusqu’à lui. Il n’y a plus rien à faire… Ou pas ! Bouillante de frustration, Meera s’empare d’un des traqueurs miniaturisés que Hyabu vient d’acquérir, qu’elle charge dans le fusil blaster de collection du Toydarien, avant de le lui tendre : « agis au lieu de te tourner les pouces ! ». Hyabu prend l’arme et s’apprête à tirer pour placer le traceur sur Piy, mais les impériaux risquent de remarquer l’impact… C’est alors que le jeune Aquale, comme répondant à un signal secret, tente d’échapper à ses gardes, et se fait mettre à terre, ruant comme un beau diable quand on essaye de le menotter… Hyabu bloque sa respiration et, d’un tir légendaire, atteint son compagnon à 500 mètres au milieu de la mêlée. Quand on pense que certains se vantent de toucher des chauves-souris à 800 mètres avec leur P8…

Cornell a juste le temps de forcer la sécurité d’un astronef, que Hyabu manœuvre habilement en dehors des radars, avant de le faire s’élever hors de l’atmosphère à la poursuite de la navette Lambda… qui emporte ses prisonniers jusqu’à la monstrueuse station Golan en orbite au-dessus de Chandrila. Le cœur en berne, le groupe met le cap sur les docks de réparation orbitaux où les attend le Rokh…

… et un chef mécanicien furibard : s’occuper d’un vaisseau qui a tant changé de propriétaires au cours des derniers jours ne lui dit rien qui vaille, et la réparation sent fort le blanchiment d’argent… Bref, l’extraterrestre (NOM ET RACE ?) demande au capitaine Hyabu de dégager au plus vite. Ce qui arrange en fait le Toydarien, qui promet de déguerpir le soir même, pour peu que les réparations essentielles soient terminées. Cornell devine sous l’air bourru du chef mécanicien une crainte de l’Empire mêlée de haine. Il en profite pour obtenir des informations sur les sous-traitant ayant accès à la station Golan. Un nom retient son attention, Mateo Corps, un ferrailleur qui récupère les déchets des différentes stations orbitales – sous pression des lobbies écologistes de Chandrila.

Un plan d’infiltration commence à germer, mais qui demandera une discrétion totale. Zayne et Cornell retournent à la surface pour solliciter l’aide de Mon Torba, qui leur fournit des uniformes impériaux (bien qu’il s’agisse d’uniformes de Jungle Troopers), les plans de la station et un droide impérial trafiqué pouvant s’interfacer avec les systèmes de la station – ce qui provoque la méfiance de Meera, qui avait demandé une simple console pour opérer directement.

Quand Cornell évoque la possibilité de créer une diversion sur la station Golan, Mon Torba, saute sur l’occasion de passer à l’action. Il assure qu’il mettra en place une opération le soir même pour semer le chaos chez les impériaux. Une opération qui fera un gros « Boom ». De quoi bien faire la nique au Commodore de la station Golan, le jeune Chad Quantarus. Un vrai nom de salopard, pas vrai les gars ?

lundi 18 mars 2019

Dans le viseur


Session Star Wars #21

Date : 12-Mar-2019

Avec :
Hyabu, pris de passion pour la chasse de diverses proies
Meera, experte patiente de l’Holonet
Aqualto Fudah (‘Alto’), toujours prompte à détecter les embuscades
Zayne Bentaroo, qui met un Wookie « à la poubelle »

Lieu(x) :
Chandracant, système de Chandrila


La réputation de Mon Torba étant ce qu’elle est, il semble bien plus sage que seuls les humains de l’équipage ne l’approchent pour organiser l’exfiltration de l’ex-Sénateur Istara. C’est donc Zayne, engoncé dans des vêtements civils sentant le neuf et tout à fait inhabituels pour lui, qui se rend à pied vers le QG de campagne de l’extrémiste spéciste. La promenade somme toute agréable, le long des larges avenues habillées de multiples essences d’arbres et fleurs exotiques, finit par le mener vers les docks, alors que le coucher de soleil anime la Mer d’Argent de teintes kaléidoscopiques.

Le QG de campagne de Mon Torba se révèle n’être qu’un container vide, à chemin entre le bar de quartier et la cahute syndicale. Il ne s’y tient aucun meeting, et semble sous la surveillance d’une milice menée par une femme au lourd physique athlétique portant un bandeau noir sur son œil droit. Il faut toute la fraicheur sympathique du jeune Zayne, plein de bonne volonté à s’investir dans la campagne électorale du leader local, pour la convaincre de l’amener auprès de Mon Torba. L’homme suant, aux cheveux filasses et roux, est attablé devant le container au milieu de bouteilles d’alcool déjà bien entamées. Il est occupé à haranguer sa petite assemblée de fidèles au milieu des fumées de cuisson d’un barbecue, sur lequel grillent des saucisses. Zayne est invité à se joindre au buffet à la bonne franquette et il est rapidement questionné sur sa motivation à rejoindre la campagne de Mon Torba. Au détour de phrases au contenu dogmatique convenu, il s’annonce discrètement comme un envoyé de la Reine des Diamants. Mon Torba se lève alors promptement de table et invite Zayne à le suivre sur les docks pour pouvoir y discuter en toute tranquillité, sous le regard à la fois irrité et mononucléé de sa chef de milice.

Mon Torba semble très excité à l’idée de se voir confier une mission par la Reine des Diamants, indiquant même qu’il attendait ce jour depuis fort longtemps. Zayne expose alors les raisons de sa venue, et Mon Torba confirme être en mesure d’exfiltrer un personnage recherché par le biais d’un convoi sublumique, même si la révélation de sa nature de Wookie introduit un instant un certain malaise dans la discussion. Il faut toute la persuasion de Zayne pour enfin obtenir de Mon Torba la procédure à suivre le soir-même, le politicien indiquant que le Wookie devra être placé dans un caisson qui sera déposé avec les ordures du « Perturbateur », sur son emplacement de l’astroport. Grâce à son petit réseau d’ouvriers et d’intervenants techniques, Mon Torba a entendu dire que les troupes impériales sont particulièrement sur le qui-vive, et que certains vaisseaux de l’astroport – dont le « Perturbateur » - sont sous surveillance accrue. Il conviendra donc de suivre le plan à la lettre pour donner l’illusion d’une procédure routinière de déchargement de déchets. La sédation d’Istara est donc expressément requise.

Zayne poursuit en faisant part d’une demande du Capitaine Hyabu concernant l’établissement de permis de chasse. Mon Torba n’y voit aucune difficulté particulière et annonce que cela sera fait dans l’heure. Il lui est toutefois psychologiquement impossible de les établir au nom d’un quelconque extraterrestre, surtout un de ces « ridicules Toydariens ». Zayne finit donc par indiquer les noms de Nir Stone et Cornell Quantarus – ce dernier nom semblant faire tiquer imperceptiblement Mon Torba. Zayne finit par repartir avec un bac de colle et un paquet d’affiches sous le bras, et il met un point d’honneur à passer quelques dizaines de minutes à coller des slogans sur quelques murs du quartier, sous l’œil courroucé ou au contraire solidaire de quelques passants, avant de rejoindre le « Perturbateur », où l’équipage s’est donné rendez-vous.

Pendant ce temps, Meera et Alto se concertent pour également occuper leur après-midi, alors que Hyabu est sorti de l’hôtel pour rejoindre un club de chasse dont il a obtenu l’accès via un don de charité. Sur ses gardes, Meera pressent que l’équipage de Hyabu n’est pas à l’abri d’un coup de force, amolli par l’atmosphère ultra-civilisée de Chandracant. La Chiss imagine un stratagème. Prétextant une tournée de shopping en centre-ville, Meera charge Alto de la suivre de loin et de repérer une éventuelle filature à son encontre. La sortie s’avère relaxante, les larges avenues commerçantes de la cité incitant à la nonchalance. Après avoir payé – fort cher – une tasse d’un café excellent, Alto surveille de loin Meera en plein visionnage de la retransmission télévisée du discours pro-impérial et enflammé d’une sénatrice Twi’lek, dénommée Lirik Lorane. Cette dernière tient des propos peu amènes envers la sénatrice Kana Ononda, déjà promise à la peine capitale, ainsi qu’une certaine sénatrice Leia Organa.

A la faveur d’un fondu noir sur l’écran, Meera saisit le reflet d’une femelle Twi’lek à la peau sombre, vêtue de vêtements de cuir coupés près du corps et accompagnée d’un étrange chien à l’arrière train sans pattes, qui semblait l’observer l’espace d’une seconde. Connectées par micro et oreillette, Meera et Alto échangent brièvement sur la situation, la témérité de la jeune padawan allant à l’encontre de l’appel à la prudence de la Chiss. Alto se lance à la poursuite du duo humanoïde-canidé, fendant la foule d’un pas tonique. Passant devant la terrasse d’un café, elle constate que la Twi’lek et son animal se sont arrêtés pour suivre un étrange spectacle de mimes accompagnés d’une musique grinçante et légèrement inquiétante, semblant attendre le passage de Meera restée en arrière. Après quelques minutes d’attente, Meera se lance à son tour et son passage devant la terrasse déclenche le mouvement de la poursuivante, mais Alto a bien du mal à garder sa trace parmi cette foule dense. Prise d’un mauvais pressentiment, Meera décide de prendre un taxi pour faire demi-tour et couper court à la filature, puis elle enjoint Alto de la rejoindre au plus vite dans le véhicule. Aucune trace de la Twi’lek dans les environs, mais lorsque le taxi démarre avec les deux femmes à bord, le chien, posté sur le haut d’une poubelle semble dévisager Meera avant de bondir et poursuivre sa route. Meera et Alto rejoignent alors le « Perturbateur », où elles retrouvent Zayne qui expose le plan d’exfiltration d’Istara.

A bord du navire, DD-13 est aux anges depuis qu’il a pu mener une analyse approfondie du bras cyber de Meera, ce qui semble l’avoir rapproché – sans doute unilatéralement – de la Chiss. Le droïde a trouvé la trace d’une tentative de pose d’un mouchard, qui a semble-t-il avorté. Malheureusement, une zone au niveau du creux du bras porte les stigmates de cette essai raté, là où le métal naguère chromé arbore maintenant une tâche jaunie et indélébile, au grand désarroi de Meera qui masque depuis sa prothèse sous un long gant de soie. Après le retour de Zayne, DD-13 comprend qu’il place sans doute pour la dernière fois sous sédatif le vénérable Wookie Istara, et il est particulièrement attristé de perdre un « sujet aussi intéressant ». Naguère persuadé par Hyabu et Nir que le salut de son père passe par la victoire de « Total Rebellion », Occam décide quant à lui de rester à bord et se joindre à l’équipage du Capitaine toydarien. Il faut enfin mettre en place le plan discuté avec Mon Torba. A la faveur de la nuit, Zayne et Alto placent Istara endormi dans un container scellé et équipé avec un minimum de confort, puis le déposent à l’heure convenue sur le tarmac, au milieu d’autres déchets. Quelques minutes plus tard, un véhicule d’entretien de l’astroport mené par un équipage patibulaire s’arrête aux abords du « Perturbateur » et charge l’ensemble des déchets. L’espace d’un instant, Zayne se demande toutefois s’il ne vient pas de signer l’arrêt de mort de l’ex-Sénateur Istara en le mettant à la poubelle… La procédure terminée, Meera, Alto et Zayne retournent à l’hôtel pour y attendre Hyabu. Considérant les résultats de la contre-filature de l’après-midi, Meera incite Zayne et Alto à s’installer dans sa suite et celle du Capitaine, au cas où.

Sur le tarmac de l'astroport de Hanna, de nuit.

Le Capitaine ne donnant toujours aucun signe de vie, l’équipage décide d’occuper sa fin de soirée en se penchant sur les remarques lancées par Kerod Macredon après la récupération du Rokh. Profitant de la connexion optimale à l’Holonet galactique, Meera se lance dans une recherche au sujet d’avis de recherche potentiels lancés à l’encontre des membres de l’équipage, certains sites spécialisés servant de lieu d’échange d’information entre chasseurs de prime. Les recherches se font notamment entre des listes spécialisées sur les « terroristes », « évadés », « avis de recherche », « personnes dangereuses », « recherchés par l’Empire »,… Considérant que ses recherches sont limitées par la lenteur du réseau et potentiellement sous surveillance externe, Meera se limite dans un premier temps aux personnes recherchées par l’Empire pour passer en revue les membres de l’équipage, d’abord sous leur nom d’emprunt fournit par Graf Lind sur Saleucami, puis sous leur nom réel. Au grand soulagement de tous, seuls les faux noms d’Alto (100kC), Meera (25kC) et Hyabu (25kC) sortent de cette recherche, mais une image bien recadrée de chacun accompagne la fiche descriptive en omettant des éléments gênants pour l’Empire. Ainsi, la fiche sur « Ulas Zayelt » (Alto) montre une prise de vue de trois-quarts prise lors de la confusion dans l’arène de Saleucami sur laquelle le sabre-laser de la jeune padawan a été effacé. Trois sociétés de chasseurs de prime (Kang Rang Power ; Adisson Inc. ; Zanatos Borabrex – sans doute un indépendant) ont indiqué leur intérêt pour ces trois contrats, et Meera fait l’objet d’une attention supplémentaire (Mulukaï Faïar). Dans une liste de contrats « divers », Meera trouve également un dossier sur « Yabou » (comme annoté dans les dossiers du Soleil Noir) mystérieusement indiqué comme clos, ainsi qu’un vieux dossier d’il y a environ 30 ans sur « Nir Octavion » pour un montant de 75kC, accompagné d’un visuel de Nir âgé de 16-17 ans et arborant une coiffure « queue de rat ».

Il est environ 4 heures du matin quand les trois compagnons, absorbés par leur écran Holonet, constatent le retour de Hyabu passablement éméché et en bonne compagnie… Il faut dire que la Capitaine a eu un après-midi bien chargé. Tout a commencé lorsqu’il a rejoint le club de chasse de Chandracant. Cette grande maison de bois remplie de trophées a tout du cercle réservé aux plus actifs destructeurs patentés de la faune disponible dans le secteur. Un verre à la main, Hyabu capte l’attention de certains des membres en décrivant avec ferveur son projet des « chasses surprises », suscitant l’intérêt des chasseurs les plus blasés. Une chose menant à une autre, les verres se succèdent ainsi que les amuse-bouche, des informations sur les animaux de la mégafaune locale sont transmises au Capitaine, un passe d’invitation à une chasse locale est offert, et quelques charmantes personnes se joignent à lui dans sa tournée des bars lounge des environs. De retour dans sa suite occupée par ses trois membres d’équipage aux yeux cernés après plusieurs heures passées devant leur terminal Holonet , Hyabu ne peut que congédier rapidement la horde gloussante qui le suivait jusque-là, et affronter le regard courroucé de Meera, qui le douche rapidement en lui transmettant de manière très factuelle les dernières informations recueillies. Meera annonce également son intuition concernant le fils de Cornell, mais Hyabu souhaite faire preuve de pudeur sur cet élément vis-à-vis de son second, d’autant plus que Meera n’a aucune certitude sur ce qu’elle a pu voir sur cette photographie disposée dans le bureau de Brionelle. A cette heure tardive, Hyabu n’est de toute façon pas de taille à affronter la froide colère de la Chiss, et ses quelques remarques incohérentes – énoncées d’une voix pâteuse – incitent Zayne et Alto à préparer leurs lits respectifs, leur activité mettant fin à la discussion.

Le lever de l’équipage est tardif. Du côté de la suite du Capitaine, Zayne entame ses exercices physiques matinaux, tandis que Hyabu peste contre les mauvais rêves qui ont émaillé sa nuit, résultats selon lui de l’annulation des « exercices physiques » qu’il projetait pour sa part hier soir à son retour. Dans la suite avoisinante, Alto mène pour sa part ses exercices habituels de méditation et de vol de cuillères. Comme pour montrer sa désapprobation vis-à-vis du Capitaine, Meera se joint à la jeune padawan, mais sa concentration est perturbée par la sensation douloureuse de son membre-fantôme. En fin de matinée, une demande émanant de l’astroport est adressée au Capitaine. Emise par un obscur officier (un certain Jorol Incare) ne semblant pas réellement affecté à ce genre de tâche, il est fait état d’une vérification à mener sur les systèmes du « Perturbateur ». Particulièrement suspicieuse, Meera demande immédiatement à Piy de déplacer le vaisseau vers la petite bourgade provinciale de Sah’ot située à 200km de là.

La discussion s’engage sur la prochaine destination de l’équipage. En vérité, Meera est convaincue que la sécurité du groupe est ouvertement compromise, et ce de la part de plusieurs parties prenantes. Hyabu veut quant à lui temporiser : après tout, le Rokh sera totalement prêt sous trois jours, lorsque le référendum atteindra son point final, mais il faudra encore attendre le terme des trois jours de la fête du dépouillement avant que la situation politique de Chandrila ne change potentiellement de manière drastique. En dressant la longue liste de ses multiples débiteurs, Hyabu indique qu’il faudrait donc avoir quitté la planète d’ici à trois jours, après avoir profité d’une bonne partie de chasse sur le continent Hemita, dans la réserve de Gladean enrichie en méga-faune. Pour continuer à creuser la question de l’arme titanesque préparée par l’Empire, Zayne propose alors de se diriger vers une destination prometteuse pointée comme base rebelle dans les dossiers du Soleil Noir, à savoir Dantoine ou la base Sanctuaire. Une sonnerie à la porte met fin à la discussion et déclenche une petite vague d’appréhension parmi l’équipage. Alto se rend immédiatement à la porte et l’ouvre avec un grand sourire, tout en tenant un blaster hors de vue. Mais il ne s’agit que d’un membre du personnel de l’hôtel délivrant le paquet attendu par Alto et contenant un ensemble de pièces métalliques qu’elle s’empresse de ranger dans ses affaires, non sans avoir surveillé de près le demi-tour du livreur vers l’ascenseur.

Définitivement fasciné par l’écran de télévision débitant son flot ininterrompu d’informations, l’équipage est saisi par une nouvelle qui vient de tomber : une ancienne affaire de « corruption et harcèlement » concernant Mon Mothma connaît apparemment un rebondissement, et un tribunal impérial a été saisi. Mon Torba réagit en dénonçant cette ingérence dans les affaires interne de Chandrila. Le Major Kalnor estime quant à lui que le truchement d’une juridiction impériale pourrait permettre de calmer toutes les parties et de mettre un terme définitif à cette affaire. Voilà qui incite encore plus l’équipage à se mettre au vert quelques jours en attendant la fin des réparations du Rokh. Tout à sa préparation de chasse – activité qui correspond de plus en plus à une réalité et de moins en moins à une couverture – le capitaine Hyabu s’est équipé avec tout un attirail lui permettant de capturer des animaux intéressants, incluant des containers de transport, des lance-toiles, des appâts chimiques, des grenades à gel en conséquence ou encore – sur conseil insistant de Meera – des anesthésiants vétérinaires puissants. Pour améliorer encore l’apparence du Chasseur Hyabu, Meera décrète qu’il doit être accompagné d’une suite apprêtée en conséquence. A son grand malaise, Alto se voit donc contrainte de revêtir de longues robes et de couvrir son visage d’un épais maquillage chamarré, au grand amusement de Meera qui semble prendre plaisir à cornaquer ainsi sa jeune « protégée »…

L’équipage est prêt à rejoindre le « Perturbateur » pour se mettre ensuite en route vers la chasse tant attendue par son Capitaine. L’hôtel arrange un speeder taxi pour amener le groupe vers la petite ville commerçante de Sah’ot, où le navire attend depuis quelques heures déjà. Après avoir quitté la capitale, la route se révèle agréable, traversant de grandes étendues agricoles sous un soleil amical, et le rythme de croisière du taxi promet une arrivée à destination en à peine deux heures. Quelques kilomètres avant l’arrivée, une panne inopinée force toutefois un arrêt en rase campagne, le chauffeur semblant tout autant étonné que ses passagers. Les sens en alerte à force de subir les mises en garde constantes de Meera, Alto scrute les champs aux alentours et devine une présence dans les hautes herbes à la faveur d’un reflet métallique. Immédiatement, ses compagnons sont mis au courant, leur perception aux aguets, et chacun s’extrait du taxi pendant que le chauffeur s’escrime sous le véhicule, surveillé par Zayne. La panne est totalement inexplicable, comme si les systèmes du transport avaient été désactivés à distance… Pendant que le chauffeur appelle une dépanneuse, Alto s’accoude nonchalamment au taxi, sa cigarette électronique à la bouche et sa carabine blaster à portée de main, tandis que Meera et Hyabu descendent dans les champs, prétextant un besoin organique urgent. Profitant de sa facilité à survoler les environs, Hyabu repère rapidement une zone piétinée dans les blés, où un large appareil a visiblement été disposé. En suivant les traces, il remonte jusqu’à une petite piste partant d’un bosquet d’arbres, et les traces d’un passage récent d’un véhicule. Visiblement, une tentative d’embuscade à leur encontre a avorté grâce à la réaction rapide de l’équipage.

Bientôt, la dépanneuse rejoint le taxi et propose de tracter le véhicule et ses passagers jusqu’à Sah’ot, mais l’équipage reste échaudé par toute l’affaire, et indique ne pas craindre de marcher quelques kilomètres pour profiter du beau temps. Après avoir exprimé leur incrédulité totale, les deux conducteurs disparaissent sur la route, permettant à Hyabu d’immédiatement se contredire : hors de question de marcher, il faut convoquer Piy et le « Perturbateur ». Malheureusement, les appels répétés sur comlink restent sans réponse, plongeant l’équipage dans la perplexité. Il faut donc se résoudre de prendre la route à pied. Les chemins traversent de petits bois où courent des rivières au doux courant, et des pêcheurs occasionnels ne manquent pas de dévisager l’étrange suite du Chasseur Hyabu, accompagné de ce qui apparaît comme deux courtisanes et un porteur de bagages (Zayne chargé des sacs de Hyabu et Meera). Bientôt, la température incite Alto à enlever ses robes embarrassantes, et elle profite d’un ruisseau pour se débarbouiller autant que possible du maquillage lui recouvrant le visage, sous le regard ironique de Meera, dont la mise reste pour sa part impeccable.

Après une grosse heure de marche, l’équipée atteint les environs de Sah’ot. Il s’agit d’une ville nouvelle, dont les faubourgs sont composés d’immeubles d’habitation et de zones industrielles éco-responsables. A la faveur d’un taxi errant, l’équipage peut se rendre en centre-ville de manière plus civilisée, et constate une présence importante de troupes impériales déambulant dans les centres commerciaux qui occupent l’ensemble de la cité. Rapidement, il apparaît que l’accès au petit astroport localisé en plein centre-ville est barré par une importante troupe de Stromtroopers et de blindés mécanisés. Le taxi effectue un demi-tour discret et lâche le groupe aux environs d’une brasserie impersonnelle, où un écran débite le dernier discours de Kief Binsky. Ce dernier, bien entendu les larmes aux yeux, doit se résoudre à demander la démission de Mon Mothma pour permettre à Chandrila de retrouver une certaine sérénité avant le vote référendaire. Mon Mothma, dont les sondages les plus récents sont particulièrement défavorables, ne s’est toujours pas prononcée sur l’affaire en cours, et un journal planétaire annonce détenir des preuves accablantes à son encontre, parlant de trafic d’influence aggravé et protection de terroristes.

Un blindé impérial TX-225 dans le centre de Sah'ot.

Attablé autour d’un bon café, l’équipage décide de retenter une prise de contact avec Piy, en espérant qu’il soit toujours en vie à bord du « Perturbateur ». Le Capitaine Hyabu tend son comlink à Zayne, qui s’occupe de lancer l’appel. Cette fois, l’Aquale répond immédiatement, mais il arbore toutefois un ton très inhabituel lorsqu’il demande de façon outrancière au padawan la localisation de l’équipage et ses activités en cours. De manière évasive, Zayne indique que l’équipage prend du bon temps dans la capitale, et Piy répond qu’il pourrait alors les rejoindre. Zayne rétorque à Piy de rester où il est et coupe la communication. Dans les secondes qui suivent, Piy rappelle le comlink du capitaine Hyabu, qui éteint ostensiblement son appareil en se marmonnant qu’il va falloir maintenant s’enquérir au plus vite de la situation du « Perturbateur » et des membres d’équipage restés à bord...

vendredi 15 mars 2019

Le Mausolée de Chardansearavitriol




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 8

Avec


Balak Charon Taâl dit le Crinti, Le roublard qui sait lire dans les pensées  

Finnlay Galindan, Le druide qui se souvient de sa mère  

Tengrim Copperplate, Le nain qui livre un combat héroïque 




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Il faut près d'une semaine pour traverser le marais d'est en ouest, presque jusqu'à la côte. Bog Luck n'ayant toujours pas réapparu, c'est un homme lézard malingre du nom de Snapjaw qui a été chargé par Voaraghamanthar de mener les héros jusqu'au cœur du territoire interdit du clan de la mort écailleuse où reposent les ossements de Chardansearavitriol dont ils doivent s'emparer. Snapjaw s'avère être un guide tout à fait efficace quoique particulièrement peu loquace. 

Snapjaw l'homme lézard

A mesure que l'on se rapproche de la mer, les marécages deviennent plus profonds. L'homme lézard les mène alors à la nage, tractant sans effort les étroites pirogues dans lesquelles s'entassent les aventuriers. Il sait aussi trouver les quelques îlots qui affleurent à la surface, quasiment invisibles derrière les longs roseaux, et sur lesquels ils peuvent installer leur campement. Le Crinti profite de ces moments pour essayer de le faire parler, espérant le convaincre de les emmener directement à Château Naerytar sans avoir à remplir la mission que le dragon leur a confiée. Malheureusement sa loyauté indéfectible doublée d'un fatalisme affirmé le rend imperméable aux manipulations du demi-drow. Comprenant qu'il n'arrivera pas à ses fins par la méthode douce, le Crinti plonge alors de force dans les pensées de l'homme lézard où il découvre le pitoyable sort de son clan, réduit à la servitude par le culte du dragon et leurs alliés bullywugs, grotesques hommes crapauds qui profitent du soutien des dragonclaws pour infliger les brimades les plus humiliantes aux congénères de Snapjaw. Cette intrusion mentale ne passe cependant pas inaperçue et quoiqu'aucune trace de colère ou de peur ne se lise sur le faciès impavide de l'homme lézard, il se renferme et se tient désormais à distance du Crinti.
Une légère odeur iodée teinte l'air alors que la côte se fait plus proche. Le relief de falaises déchiquetées a fait place à un dédale d'îlots depuis que la malédiction d'Iniarv l'a englouti. C'est du sommet de l'un d’eux que les héros découvrent le repaire de la mort écailleuse que de sinistres totems squelettiques annonçaient depuis la veille. Un chapelet d'affleurements rocheux s'y trouve disposé en cercle autour de ce qui ressemble à un insondable lac. Des autels rudimentaires ont été érigés sur tout le pourtour des eaux noires et les prêtres de Myrkul s'y affairent à mettre en place une cérémonie impie, crachant des ordres secs à leurs guerriers sous le regard placide du troupeau de catoblépas qui broutent les répugnantes charognes qui s'amoncellent entre les campements. 
Les imprécations se font de plus en plus entêtantes alors que le ciel nocturne s'anime d'un étrange ballet. Depuis plusieurs jours déjà, Finnlay avait remarqué que les larmes de Sélunée, le cortège d'étoiles qui accompagnent la lune dans sa traversée du firmament, avaient peu à peu changé de position pour envelopper le globe d'albâtre qu'elles poursuivent. Les enseignements de sa mère, elle-même prêtresse de la déesse lunaire, reviennent à l'esprit du druide alors qu'il reconnait avec effroi la funeste conjonction astrale connue sous le nom de "l'oeil de Myrkul". 
Une à une les étoiles s'éteignent pour n'en laisser que treize qui forment un cercle parfait autour de la lune. Seules lumières dans le ciel obscur, elles brillent d'un éclat froid et les chants des hommes lézards culminent en un unique sifflement alors que le disque d'argent de Sélunée commence à disparaître, lentement rongé par une éclipse. Cet inquiétant présage s'accompagne d'un tremblement qui crée sur la surface du marais une onde autour du lac sans fond. Les adorateurs de la mort écailleuse écartent alors les branchages accumulés devant leurs autels, révélant des dizaines de cadavres humanoïdes de toutes espèces qui s'animent quand le dernier rayon de lune disparaît. Les morts vivants s'avancent dans les eaux sombres sous lesquels ils sont happés les uns après les autres par une force mystérieuse. Les secousses s'intensifient encore et le rythme des incantations des hommes lézards semble s'aligner sur leur fréquence jusqu'à ce qu'une massive structure émerge des flots. Ses colonnes antiques couvertes d'algues nauséabondes et des cascades d'eau glacée rebondissant des arches de sa tour centrale, un imposant mausolée vient retrouver sa place au milieu des tombes profanées qui parcellent les îlots alentour.  

Le mausolée attend dans les profondeurs du lac

Finnlay s'empresse d'envelopper ses compagnons de sa magie qui non seulement les dissimulent, mais leur confère également la capacité de respirer sous l'eau. Ils plongent sous l'eau boueuse et traverse sans être vus les rangs des hommes lézards. A l'approche des portes massives du monument, le Crinti réprime un frisson lorsqu'il devine par l'intermédiaire de son anneau de Myrkul la forêt de tentacules noirs qui se repaissent des corps pourrissants qui marchaient encore vers les profondeurs du lac quelques instants auparavant.  
Plutôt que de s'attarder au milieu de ce spectacle macabre, les héros surgissent de leur couvert aquatique pour se jeter sur la porte du mausolée. Celle-ci ne bouge pas d'un pouce sous la poussée vigoureuse de Tengrim mais semble au contraire s'ouvrir toute seule au contact de l'anneau du Crinti. Les aventuriers se précipitent à l'intérieur et referment derrière eux les lourds battants contre lesquels vient s'abattre une pluie de javelines propulsée par les hommes lézards furieux.  
Le silence retombe sous l'immense voute du vaste tombeau. Le long des murs s'alignent de colossales plaques de marbre gravées de la longue litanie des membres des grandes familles nobles d'Uthtower qui reposent ici depuis des siècles. Les spectaculaires fresques qui relataient leurs exploits ont en revanche été recouvertes par les symboles morbides de la secte du dieu de la mort qui avait fait de ce lieu leur saint des saints et dont les inspirations draconiques sont bien éloignées de l'orthodoxie myrkulite. Au centre de la pièce se tient un impressionnant gisant sur les flancs duquel on peut encore lire que sous l'imposante effigie du fondateur de la lignée s'étend la crypte royale de Myrmoran. 

Les héros s'engagent avec prudence dans l'escalier monumental, leurs pas résonnant dans le silence de cathédrale qui les entourent. Plusieurs centaines de marches plus bas ils arrivent à un immense hall d'où partent trois couloirs. En face d'eux l'antique chapelle dédiée aux dieux tutélaires du royaume a été défigurée au-delà de toute reconnaissance par les mêmes hérésies qu'à l'étage supérieur. Des bribes de prières écrites dans une forme particulièrement archaïque de Thorass sont encore déchiffrables autour de l'autel et le Crinti parvient à y reconnaitre les noms de Myrkul évidemment mais aussi de Sammaster, le fondateur du culte du dragon, et surtout celui de Chardansearavitriol, la mort d'ébène, la terrifiante dracoliche au pouvoir quasi divin qui régnait sur les marais il y a bien longtemps. Sur leur droite ce sont les alcôves de la famille royale de Yarlith qui couvrent les murs, encore protégées par la puissante magie d'abjuration qu'Iniarv lui-même avait tissé au temps où il était l'archimage du royaume. A gauche enfin se trouve la crypte d'Uthtower, parfait miroir de celle de sa principauté jumelle de Yarlith, à cette exception près que les mosaïques qui ornent le sol sont désormais recouvertes par les ossements d'un gigantesque dragon éparpillés au milieu des restes de son trésor. Les aventuriers s'approchent du crâne titanesque et leur attention est attirée par un détail particulier. Une couronne encore rutilante d'or et de pierres précieuses est enchâssée dans l'orbite vide du squelette, si parfaitement ajustée à l'os qu'elle semble avoir fusionné avec lui. Pendant que Finnlay et le Crinti s'interrogent sur la possibilité d'extraire l'objet sans abîmer irrémédiablement le crâne, Tengrim balaie le sol des pièces de cuivre corrodées qui l'encombrent pour y déployer le trou portable que Voaraghamanthar leur a confié.

L'ombre de Chardansearavitriol

Dans le dos des aventuriers ainsi affairés, au milieu du grand hall central, les ombres s'agitent soudainement. Elles tourbillonnent et se rassemblent pour prendre la forme du terrible dragon dont les héros sont en train de déranger les restes. Finnlay est le premier à voir l'éclat noir de rage de l'ombre de Chardansearavitriol qui s'approche dans le large couloir. Il a tout juste le temps de lancer un avertissement à ses amis en plongeant à couvert derrière le crâne avant que le dragon fantomatique crache son puissant souffle nécrotique qui recouvre Tengrim et le Crinti. Le nain est miraculeusement protégé de l'agonie par la faveur de Clanggedin mais le demi-drow n'a pas la chance de bénéficier d'un tel soutien divin. Il sent sa chair se flétrir et sa force vitale l'abandonner, mais arrivé aux portes de la mort, son anneau s'éveille et absorbe avec voracité le flot d'énergie négative qui est en train de le tuer, l'arrachant in extremis à son inéluctable perte. La douleur n'en reste pas moins insoutenable et il lui faut plusieurs secondes avant de retrouver son souffle. Comme la vue lui revient il découvre que Tengrim s'est déjà interposé et lutte pied à pied avec le dragon, les puissants coups de Jotunbane déviant de plus en plus difficilement les mâchoires cauchemardesques du monstre qui cherchent à se refermer sur lui. 
Finnlay plonge dans les souvenirs de sa mère pour invoquer le rayon de lune grâce auquel il a si souvent dispersé les ténèbres, mais à ses incantations ne répond qu'une effroyable absence, l'éclipse a emprisonné Sélunée loin du monde et sa lumière a disparu avec elle. 
Le druide déverse alors tout l'inventaire de sa magie destructrice sur le dragon mais les différentes énergies qu'il déchaîne contre lui semblent se perdre dans sa masse fuligineuse sans lui infliger de dommages significatifs. Soutenu par les invectives du Crinti, Tengrim tient toujours bon, usant tant de sa hache que de la puissance divine de Clanggedin pour repousser les assauts du dragon. Finnlay s'alarme pourtant de voir le nain accuser le coup un peu plus durement chaque fois que les ténébreuses griffes lacèrent son dos. L'énergie magique accumulée par le druide l'emporte alors au secours de son compagnon. Il se téléporte en un clin d'œil à ses côtés, suffisamment proche pour que sa magie curative redonne quelques forces au guerrier. Tengrim redouble alors d'efforts et en une série de coups fantastiques il parvient presque à détruire le dragon d'ombre dont la forme part petit à petit en lambeaux de fumée noire. Mais malheureusement ce dernier sursaut n'est pas suffisant et, épuisé, le nain ne peut éviter que les crocs du monstre ne percent son plastron pour le saisir et le propulser violemment contre le mur de marbre de la crypte. Finnlay et le Crinti échangent un regard horrifié alors que l'ombre déliquescente de Chardansearavitriol enjambe le corps inanimé du champion de Clanggedin qui lui a si vaillamment tenu tête pour venir en finir avec ses deux frêles comparses.  
Dans une ultime manœuvre désespérée, le Crinti plonge sa rapière dans l'œil du dragon pour attirer son attention pendant que Finnlay lance toutes ses dernières forces dans un orbe de foudre qui plonge au cœur de l'ombre monstrueuse qui lui fait face. Une explosion d'éclairs la déchire de l'intérieur juste avant qu'elle ne puisse lâcher son souffle mortel sur les héros, la dispersant dans un dernier rugissement.

Encore tremblant, Finnlay débouche une potion de soins pour verser le liquide rouge rubis dans la gorge de Tengrim qui reprend ses esprits pour constater qu'une fois de plus il a été privé de la joie de porter le coup décisif à son adversaire.  Sans perdre un instant de plus, les aventuriers jettent les ossements de la dracoliche pêle-mêle avec les restes de son trésor au fond de leur trou portable qu'ils replient précautionneusement. Puis le Crinti lit un de leurs parchemins pour faire apparaître une porte dimensionnelle à travers laquelle ils s'échappent pour rejoindre Snapjaw qui se tient prêt à les ramener vers son maître.

Mais les héros peuvent-ils faire confiance au dragon qui a condamné une garnison entière de heaumites à l'errance éternelle? Sont-ils prêts à payer le prix de son aide, si précieuse qu'elle fût, ou bien le remède sera-t-il pire que le mal?