Avec
Tengrim Copperplate, le guerrier nain qui ne recule pas d’un pouce face au danger
Thormund Sombracier, le sorcier barbare dont la magie est loin d’être la seule force
Finnlay Galindan, le druide qui commande aux éléments
Sir Wilbur, le paladin demi-orc qui ne connait pas de répit tant que le mal n’est pas vaincu
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Après avoir vaincu Bjami le shaman corrompu par le culte de
la déesse de l’hiver, Wilbur s’assure que son sceptre de glace noire ne tombe pas en de
mauvaises mains en le faisant disparaître dans son sac, tandis que ses
compagnons distribuent vivres et couvertures aux malheureux captifs récemment
délivrés. Rebrousser chemin pour les sortir de leur sinistre prison ne
semble pas être une option envisageable et les aventuriers doivent donc
s’enfoncer dans le couloir rempli d’une brume glaciale qui leur fait face. Au bout d’une progression pénible en longeant
les parois de glace de la galerie, ils débouchent dans une large caverne dont
les contours sont cependant indiscernables à travers le brouillard opaque qui
les entoure.
Alors qu’ils avancent à l’aveugle, la voix de la sorcière se fait
entendre pour railler la foi de Wilbur, lui assénant que son dieu
pathétique ne peut rien contre la puissance d’Auril. Finnlay répond à ces provocations en invoquant une puissante
bourrasque qui écarte le brouillard autour d’eux dans un bruit assourdissant,
leur permettant de retrouver une vue dégagée sur quelques mètres juste à temps
pour que Tengrim rattrape Wilbur qui allait basculer dans le vide du haut de la
plateforme surélevée sur laquelle ils se tiennent. Sur leur droite, le
tourbillon magique de Finn découvre un grand escalier taillé dans la glace qui
s’enfonce dans la brume. Au bout d’une première volée de marches ils entendent
un gémissement provenant du centre de la caverne. Wilbur se concentre sur la
présence maléfique qu’il sait se trouver non loin d’eux et la force du mal
qu’il découvre est telle qu’il en vacille un instant, s’attirant de nouvelles
moqueries de l’élue d’Auril. Elle offre aux héros une dernière chance de faire demi-tour avant
de lancer sur eux un missile de glace en guise de coup de semonce. Mais il en
faut bien plus pour les impressionner et ils reprennent leur progression en
direction des faibles plaintes qui émergent du centre de la salle.
Au pied d’un
autel de glace imposant, ils découvrent un vieil homme tremblant de froid et de
peur. Les larmes ont tracés de profonds sillons sur son visage éperdu. D’une
voix brisée par l’épuisement, il les supplie de fuir tant qu’il le peuvent
encore mais son murmure presque
inaudible est couvert par de sinistres craquements qui claquent non loin d’eux.
Faisant une fois de plus appel à ses sens surnaturels, Wilbur détecte cette
fois ci non plus une mais deux puissantes forces maléfiques qui se dressent
face à eux tandis que la sorcière les tancent une dernière fois pour leur
bêtise en leur disant qu’ils n’ont aucune idée de la réelle menace qui pèse sur
le Valbise.
Tengrim tire rapidement le vieux Soren à l’abri derrière ses
compagnons avant de se poster bravement en première ligne. Soudain une
gigantesque griffe squelettique surgit du brouillard dans une explosion de
glace. Le vaillant nain se jette in extremis sur le côté pour éviter d’être
écrasé et riposte aussitôt d’un puissant coup de hache qui ne fait qu’égratigner
la carcasse momifiée d’Ingeloakastimizilian, le dragon blanc autrefois
connu sous le nom d’Icingdeath.
Icingdeath |
La terrible gueule du monstre mort-vivant se
referme sur Tengrim et le projette plusieurs mètres en arrière alors que le
ricanement cruel de la sorcière vient à nouveau narguer les héros. Toujours
concentré pour tenir les brumes à distance Finnlay ne peut que constater
l’impuissance de ses traits de feu à repousser le dragon. En revanche la masse
en argent dont Wilbur s’était emparé pour briser l’autel impie semble faire des
merveilles sur les côtes friables de la créature. Thormund s’en inspire pour
invoquer entre ses mains une lourde masse magique dont le coup dévastateur
attire sur lui toute la colère du monstre dont l’attaque suivante écrabouille
d’un coup le barbare. Mais à la stupeur générale, celui-ci réapparaît aussitôt à
droite, puis à gauche, puis derrière et ce sont bientôt pas moins de cinq
reflets identiques de Thormund qui encerclent Icingdeath. La rage de la
créature s’en trouve décuplée et une frénésie de coups vient balayer ces
assaillants illusoires tandis que Wilbur et Finnlay sont tenus à distance par
le barrage de missiles de glace que la sorcière fait pleuvoir sur eux. Tengrim
rejoint alors la mêlée et arrive à point nommé pour détourner l’attention du
dragon avant qu’il n’achève Thormund qui vient de succomber à une sinistre
magie qui l’emprisonne dans un carcan de glace. Les assauts coordonnés du
paladin et du nain affaiblissent de plus en plus la bête et Finnlay se résout
alors à prendre sa forme d’ours pour
apporter l’avantage décisif dont ses compagnons avaient besoin pour enfin
détruire le monstre. Mais ce répit est de courte durée car le véritable
adversaire reste tapi au fond de la caverne et ils ne peuvent qu’assister impuissant
à l’exécution du vieux Soren que la sorcière transperce d’un pieu de glace avec
un cri de rage. Tengrim se porte à son secours mais la blessure est trop grave
et il ne peut que le soutenir pendant que son regard s’éteint et qu’il utilise
son dernier souffle pour appeler tristement le nom d’une certaine Hedrun.
La Sorcière des Glaces |
Une détermination nouvelle à anéantir le mal s’empare de Wilbur qui s’enfonce sans hésiter dans les profondeurs de la caverne pour escalader la falaise créée par la libération du squelette du dragon au sommet de laquelle se tient la sorcière. Finnlay tente de le suivre mais sa forme animale est trop pataude pour grimper une surface aussi abrupte et il n’a d’autre choix que de laisser le paladin avancer à l’aveugle en dehors de la zone d’effet de sa bourrasque le temps qu’il trouve un chemin détourné pour le rejoindre. Filant droit vers l’aura maléfique qu’il est le seul à discerner clairement, Wilbur ne perd pas un instant pour la frapper de sa masse nimbée de la bénédiction de Torm mais son bras est arrêté par un mur invisible derrière lequel apparaît la sorcière dont le visage de jeune fille innocente est déformé par la haine.
Une nouvelle explosion
d’éclats glacés vient alors cribler le paladin qui vacille à bout de force. Mais
la joie mauvaise de la sorcière se fige dans sa gorge en voyant le demi-orc
soudain se redresser et faire voler en éclat son bouclier magique alors qu’au
même moment Thormund atterrit d’un bond impossible devant elle enveloppé de
ténèbres surnaturelles qui la rendent tout aussi aveugle que les aventuriers. Tengrim
se joint également à la bataille et finit d’encercler la sorcière aux abois. Acculée,
elle déchaîne alors ses derniers sortilèges qui sont suffisants pour repousser
les trois guerriers mais qui ne peuvent empêcher les puissantes mâchoires
d’ours de Finnlay de se refermer sur elle. Son corps semble tomber en morceaux
dans la gueule du druide alors que ses furieuses promesses de vengeance
disparaissent dans l’écho des profondeurs de la caverne. Le brouillard se
dissipe enfin mais il n’y a plus de traces de la sorcière en dehors d’un petit
tas de neige sous lequel est enfoui une paire de bois de rennes.
Jotunbane |
Les premiers rayons de l’aube percent à ce moment la voûte
translucide de la caverne et Tengrim est ébloui par un reflet venant du trou
béant creusé par le dragon en contrebas. Pris dans la glace s’y trouvent en
effet les restes du fabuleux trésor d’Icingdeath dont la majeure partie a été
pillée il y a bien longtemps. C’est une médaille rutilante gravée du symbole de
Tymora, la déesse de la chance, qui a attiré l’œil de Tengrim mais c’est
surtout la forme familière d’une hache naine couverte de runes qui le pousse à
creuser la glace. Comme il le pressentait l’arme a été forgée à Mithril Hall et
elle a été consacrée à Clanggedin, le père des batailles, pour vaincre les
géants. Son nom, gravé dans l’adamantine de sa lame, est Jotunbane.
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Quelques heures plus tard, les aventuriers reprennent la
route avec Hengar et les siens en direction de la « Tour enfouie » où
se rassemblent les clans de la tribu de l’Elan à l’appel du roi Jarund. En
chemin ils apprennent de la bouche de la vieille Gretta, une des prisonnières
qu’ils ont libérées, qu’Hedrun était le nom de la fille du vieux Soren mais
qu’elle est morte il y a plus de trente ans après avoir été bannie par Mjenir
le shaman.
A la nuit tombée ils arrivent enfin en vue du campement
installé dans les bois au nord de Maer Dualdon où ils sont fêtés en héros, la
rumeur de leurs exploits ayant déjà fait le tour de la tribu depuis l’arrivée
de Folnor quelques heures plus tôt. Ils sont reçus par Jarund et les autres
chefs de clans dont les murmures approbateurs comparent leurs mérites à ceux du
mythique roi Wulfgar qui avait dit-on tué seul et à mains nues le terrible
Icingdeath avant de rassembler les clans pour mettre à bas la tyrannie du
sorcier il y a plus d’un siècle. Après avoir raconté une nouvelle fois leur
victoire sur la sorcière, ils interrogent Mjenir sur ce qui s’est passé avec
Hedrun pour savoir si c’est bien elle qui est revenue se venger après s’être
vouée à Auril. Le shaman nie avec véhémence qu’il existe un quelconque lien
entre Hedrun et les évènements actuels mais Finnlay comprend que la violence de
ses démentis cache son sentiment de culpabilité. Il utilise alors ses pouvoirs
de métamorphe pour faire croire à Mjenir que c’est l’esprit de l’Elan en colère
qui s’exprime à travers lui pour exiger la vérité de la part du shaman.
Celui-ci leur raconte alors comment Hedrun a tué Olaf, le fils unique du roi
Thorgren, en lui gelant le cœur par un sortilège maléfique. Elle avait
d’ailleurs toujours mis en doute la parole des esprits que Mjenir retranscrivait
déjà à l’époque et il est certain qu’elle s’était déjà servi des arts obscurs
pour gagner les faveurs du fils du chef, contrairement à ce que dit la vieille
Gretta qui les croyait réellement amoureux l’un de l’autre. Pourtant le plus
vieux des chefs des clans, un gros homme à la longue moustache grise, objecte
que les jeunes gens n’auraient jamais pu s’unir officiellement car Hedrun
descendait par sa mère d’une femme du sud et d’un homme de la tribu du phoque
qui avait survécu au « grand dégel », le cataclysme qui a
éradiqué ces barbares qui vivaient sur
les rives de la mer des glaces mouvantes. Furieux qu’on remette une fois de
plus en doute ses pouvoirs de shaman, Mjenir finit par quitter la tente en
rappelant à toute l’assistance qu’il est le seul habilité à comprendre les
esprits et en menaçant les incrédules d’attirer leur courroux sur eux.
Le silence embarrassé qui suit le départ du shaman est
finalement brisé par Jarund qui a lui aussi fait une découverte inquiétante en
arrivant à la Tour enfouie. Le cercle de pierres sacré qui donne son nom au
lieu a été profané. Un important groupe d’ouvriers et de soldats ont en effet
procédé à des travaux d’excavation autour des rochers et ont mis à jour le
sommet d’une authentique tour ensevelie sous la toundra. Leur sacrilège n’est
cependant pas longtemps resté impuni puisqu’ils ont tous été massacrés. Aucun
des barbares n’a osé s’approcher du site de peur d’encourir eux aussi la colère
des esprits, mais Jarund autorise les héros à aller mener leur propre enquête à
la faveur de la nuit.
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Au centre du cratère creusé par l’expédition se dressent maintenant les derniers mètres de ce qui d’après Tengrim a du être un bâtiment de construction humaine, correspondant au style que l’on trouvait aux abords de Luskan il y a de cela 200 ans. Les créneaux à son sommet qui devaient affleurer à la surface ont été polis par les âges mais le reste de la tour semble être intact sous la couche de boue séchée qui la recouvre. Au fond de l’excavation on distingue le contour d’une fenêtre qui a été dégagée afin de permettre de pénétrer dans la ruine. Autour du chantier se trouvent également une trentaine de cadavres. La plupart d’entre eux semblent avoir été de simples manœuvres attelés à la tache harassante de creuser la terre gelée qui recouvrait la tour. Une dizaine d’autres sont en revanche clairement des mercenaires, mais leurs armures de cuir noir ne les ont pas protégé des bêtes sauvages qui les ont mis en pièces. Quelques cadavres ne portent en revanche aucune blessure apparente et semble avoir été congelés sur place dans leur fuite. Enfin le corps coupé net en deux d’un homme richement vêtu d’une robe d’un violet profond repose sous les décombres de sa tente qui a été sauvagement pillée. Il porte à la main droite un anneau de cuivre en forme de dragon enroulé sur lui-même et alors que les aventuriers desserrent son poing pour récupérer le bijou, ils découvrent un morceau d’une page déchirée sur lequel on reconnait encore le dessin d’un masque à l’allure sinistre sculpté lui aussi de symboles draconiques, laissant les héros perplexes alors que derrière eux une étrange lueur commence à s'animer à l'intérieur des ruines.
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