Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 6
Avec
Finnlay Galindan, le druide littéralement aussi discret qu’une souris
Ildur Main d’Airain, le ranger sans qui les héros seraient perdus depuis bien longtemps
Tengrim
Copperplate, le guerrier
qui a gagné la faveur du Père des Batailles
Kri Shanu, le moine au style de combat tourbillonnant
-------------------------------------------------------------------------
Alors qu’un nouveau jour blanc se lève sur les pics de
l’Epine dorsale du monde, les aventuriers tiennent leur promesse et laisse
partir Gorjh avec le dernier de ses guerriers encore vivant, en prenant bien
soin tout de même de s’assurer que les deux orcs repartent vers le sud et ne
filent pas prévenir leurs congénères. Mis en garde par Ildur qui connait bien
les tactiques des orcs pour les avoir souvent pourchassés à travers toute la
frontière sauvage, les héros renoncent à reprendre la voie des airs pour ne pas
être repérés par les sentinelles qui pullulent dans la montagne. Ils reprennent
donc leur chemin le long des pentes enneigées, suivant au mieux les indications
du ranger pour avancer le plus discrètement possible.
Mais ils ne sont pas les seuls à se diriger vers le repaire
de la sorcière et Ildur ne tarde pas à découvrir les traces d’un autre groupe
qu’il estime fort d’une dizaine d’hommes d’arme humains si l’on se fie à la
forme des semelles de leurs bottes. Finnlay convoque à nouveau un rapace pour
retrouver le camp de cette mystérieuse troupe et prend la forme d’un mulot pour
que l’oiseau puisse l’emporter discrètement dans les airs jusqu’à l’endroit
qu’il aura découvert. Ainsi à la nuit tombée sa minuscule forme déjoue la
vigilance des deux mercenaires presque indécelables dans leurs armures de cuir
noires qui montent la garde à l’entrée de l’étroite grotte où leurs compagnons
se sont installé. La lumière des braises rougeoyantes autour desquelles la dizaine
d’hommes s’est agglutiné est à peine suffisante pour projeter des ombres
inquiétantes sur les visages des deux seuls individus encore éveillés qui
échangent quelques murmures dans une langue inconnue. Le premier a de longs
cheveux blancs et des yeux extraordinairement clairs et a tout l’air d’un
guerrier chevronné ; le second a une allure bien différente, d’étranges
tatouages sinuent sur la peau presque grise de son crâne rasé et sa mise
soignée ne ressemble en rien à celle des mercenaires endormis devant lui.
Sergor, le chef des mercenaires |
Retenant son souffle dans le silence tendu qui règne au milieu des hommes,
Finnlay fait demi-tour au bout de quelques minutes et rejoint ses amis qui
terminent de monter leur propre bivouac autour de l’igloo que Kri a sculpté de
ses mains dans l’épaisse couche de neige. Le chemin qu’ils ont suivi dans la
journée a coupé de nombreuses fois la piste des mercenaires et Ildur en conclue
qu’eux aussi ont dû se résoudre à un certain nombre de détours pour pouvoir
avancer à l’abri des regards. La nervosité des hommes en faction que Finnlay a
vu renforce encore dans l’esprit des héros le sentiment que l’autre groupe
n’est pas plus l’allié des orcs qu’eux.
Le lendemain ils les suivent à nouveau jusqu’à une ligne de
crête derrière laquelle ils se retranchent pour observer la tour de la
sorcière. Perchée au sommet d’un pic, elle semble entièrement faite de glace
noire brute comme si elle avait jailli des entrailles de la montagne pour
percer la plateforme sur laquelle elle se trouve.
La sorcière des glaces devant sa tour |
Derrière elle s’étend un à
pic vertigineux tandis que la pente qui fait face aux héros est constellée de
grottes d’où émerge un flot incessant d’orcs. Tout en bas, la plus grande de
ces cavernes est entourée d’une palissade grossière derrière laquelle un fatras
de forges de fortune et d’ateliers d’équarisseurs crachent leurs fumées
nauséabondes à travers l’air glacial. Les cris des bêtes qu’on égorge et le
fracas des marteaux qui s’abattent ne couvre pourtant pas tout à fait le
vrombissement des prières qui résonnent depuis le cœur de la montagne. La
vallée qui s’étend aux pieds de la tour est occupée elle aussi par les
campements épars des derniers arrivants dont la plupart sont évidemment des
orcs mais qui comptent aussi dans leurs rangs quelques barbares de l’Ours qui
ont survécu à la débâcle de leur tribu. Au milieu des feux qui brillent dans la
nuit tombante se détachent aussi les fourrures immaculées de plusieurs immenses
loups qui semblent inspecter le camp et se délecter de la terreur qu’ils
inspirent aux brutes au milieu desquelles ils rodent.
Dubitatifs quant à leur capacité à agir seuls face à un si
grand nombre d’ennemis, les aventuriers décident donc d’aller parlementer avec
les mercenaires afin de savoir quelles sont leurs intentions exactes. Avançant
les mains bien en évidence pour signifier qu’ils ne sont pas hostiles, ils n’en
sont pas moins reçus à la pointe de l’arbalète. C’est l’homme aux cheveux
blancs qui s’avance pour entamer les négociations. Il se présente sous le nom
de Sergor et son étrange accent vient clairement d’une contrée lointaine. Les
explications des héros parviennent à apaiser suffisamment sa méfiance pour
qu’il consente à les laisser plaider leur cause auprès de Jos, l’homme au crâne
rasé qui est le chef de leur expédition.
Maître Jos |
Jos entame les incantations nécessaires à les rendre Sergor
et lui invisibles, puis les deux hommes s’évanouissent littéralement dans les
airs alors qu’ils s’envolent sans un bruit vers le sommet de la tour de glace
noire. Les autres mercenaires restent en position avec leurs arbalètes chargées
de carreaux explosifs. Une bonne dizaine de minutes se passent dans le silence
le plus complet avant que les hommes ne se signalent d’une tape sur l’épaule
qu’il est temps d’évacuer les lieux. Décontenancés par ce soudain revirement de
situation, les héros restent à l’abri de leur cachette tandis que les
mercenaires disparaissent dans la nuit. Aussitôt après, un énorme cri de rage
retentit dans le camp des orcs. Gundar
le géant du froid émerge en hurlant de la grotte la plus proche du sommet et
commence à dévaler la pente en vociférant de sa voix tonitruante. Ses loups lui
répondent de leurs hurlements à glacer le sang et jettent la panique dans les
rangs des orcs qui se bousculent dans le désordre le plus complet jusqu’à ce
que le géant ne leur ordonne de ratisser la montagne pour lui ramener la tête
de ceux qui ont osé s’en prendre à sa maîtresse.
La quasi-totalité des
humanoïdes se lancent alors dans une poursuite effrénée, brandissant leurs
lames ébréchées et sonnant à pleins poumons de leurs cornes stridentes, bientôt
suivis par les terribles bêtes au pelage blanc immaculé qui bondissent en
fouillant l’air de leur flair infaillible. Les aventuriers craignent un instant
avoir été repérés lorsque l’une d’elle passe à quelques mètres de leur
cachette, mais la magie druidique de Finnlay qui les enveloppe les protège
encore une fois et le monstre finit par repartir sans les avoir débusqués.
Un calme irréel s’abat alors sur le camp vidé de ses
occupants et les héros en profitent pour s’y faufiler afin de s’assurer que la
sorcière a bien été vaincue. Désormais tous capables de voir dans le noir grâce
aux dons d’Ildur, ils traversent l’obscurité sans se faire repérer. Une fois la
palissade passée, ils parviennent dans la grotte principale où ils découvrent
une étrange arène de fortune derrière laquelle s’entassent les cadavres d’orcs
qui semblent avoir été battus à mort. De l’autre côté, une galerie s’enfonce
vers le cœur de la montagne d’où leur parviennent les échos des prières
psalmodiées à Auril par ses nouveaux prêtres. Préférant ne pas risquer que
ceux-ci les découvrent, ils reprennent leur ascension, confiant au puissant arc
d’Ildur le soin de les débarrasser des quelques sentinelles qui montent encore
une garde inquiète le long du chemin qui serpente à flanc de montagne.
Enjambant les derniers cadavres criblés de flèches à l’entrée de la grotte la
plus haute, ils découvrent Gundar agenouillé en pleine imploration de sa déesse
sur une plateforme qui surplombe le vide d’un immense puit creusé à travers la
roche et du fond duquel montent les supplications des orcs convertis au culte
de l’hiver.
Gundar et ses loups |
Le vent siffle autour d’eux et couvre le bruit de leur approche.
Confiant dans leur effet de surprise, les héros s’apprêtent à se lancer à
l’assaut quand le géant se retourne soudain au moment même où les premières
flèches d’Ildur qui devaient le frapper sont balayées par le tourbillon d’air
glacial qui l’entoure. Gundar brandit alors sa formidable épée en appelant ses
serviteurs à la rescousse tandis que les rafales qui le protègent redoublent d’intensité
jusqu’à propulser Ildur de leur force contre la paroi de la grotte qu’il
percute violemment. Avant que le géant ne puisse profiter de son avantage, Tengrim
et la lame vibrante de haine de Jotunbane mènent une contre-attaque d’une
extrême rudesse, créant l’ouverture suffisante à Kri pour concentrer son Ki en
un coup d’une précision mortelle qui étourdit Gundar et le fait basculer dans
le vide malgré le soutien de l’élémentaire d’air qui le protégeait et qui ne
peut maintenant qu’accompagner la chute de son corps massif frappé sans relâche
par les rayons de lune incandescents invoqués par Finnlay.
Les cris d’effroi des orcs à la vue du sort de leur maître
se muent en hurlements de rage alors qu’ils comprennent que des intrus vont profaner
le saint des saints de leur religion impie dont l’entrée se découpe au plafond au-dessus
des héros. Aucun escalier ne permet de l’atteindre mais Finnlay prend la forme
d’une araignée géante afin de pouvoir amener Kri qui le chevauche jusqu’à l’étage
supérieur d’où ils peuvent alors lancer une corde à leurs compagnons. Ils se
rejoignent dans ce qui ressemble à une large salle d’audience entièrement faite
de glace noire. De larges colonnes soutiennent le plafond autour d’un somptueux
trône qui orne l’estrade au fond de la salle. Quoique fait lui aussi de
l’étrange matière indestructible, son dossier est pourtant marqué de profondes
égratignures qui semblent s’être refermées sur la personne qui y était assise. Au niveau supérieur se trouve le véritable
autel dédié à Auril, encadré de quatre statues gigantesques faites du même
obscur cristal. Les deux premières sont clairement des représentations d’Hedrun
et de Gundar, tandis que les deux autres sont celle d’une vieillarde édentée en
haillons et celle d’une farouche guerrière Reghed couverte d’une peau de grand
félin. Le sommet de la tour enfin est occupé par ce qui devait être les étroits
appartements de la sorcière. L’aménagement y est plus que spartiate, à
l’exception d’un imposant miroir de glace noire polie encastré le mur nord et
qui semble particulièrement fasciner Tengrim. Le nain est cependant rapidement
ramené à la réalité par les coups de boutoir de l’élémentaire qui commencent à
fissurer la barrière de glace renforcée de toile d’araignée qui bloque l’entrée
de la tour. Les héros se rendent alors compte que bien que le lieu soit
déserté, il ne semble pas y avoir d’autre sortie. Ainsi piégés au fond de la
structure aux murs impénétrables, ils resserrent les rangs pour faire face à
l’assaut des fidèles d’Auril qui va bientôt les submerger. C’est le tourbillon
furieux de l’élémentaire qui les frappe en premier, ballotant Kri comme un fétu
de paille et l’envoyant se fracasser contre les murs de la tour.
L'élémentaire nimbé de la lumière de Clanggedin |
Tengrim
invoque la lumière de Clanggedin pour qu’elle illumine cet ennemi invisible et
donne enfin une cible claire aux flèches enchantées d’Ildur qui transpercent
les membres de vent de la créature qui se disperse dans un dernier grondement
de colère.
Mais derrière elle monte la marée enragée des orcs qui se
sont voués à la déesse de l’hiver et que seul le dernier rayon de lune brûlant
de Finnlay maintient encore à distance. Voyant la magie du druide faiblir
d’instant en instant, Tengrim se retourne vers le miroir qu’il a contemplé si
longuement et abat violemment le manche de sa hache en son centre. Mais au lieu
de voler en éclat, la surface polie s’efface au contraire devant le nain qui
bascule dans le noir insondable qui s’étend au-delà. Il ne faut pas longtemps à
ses compagnons pour lui emboiter le pas, plongeant à leur tour dans l’inconnu échappant
de justesse au flot des orcs fous de haine qui se déverse dans la tour où ils
se tenaient l’instant d’avant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire