Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 6
Avec
Finnlay Galindan, le druide amateur de théorie magique
Ildur Main d’Airain, le ranger devenu le jouet d’une mystérieuse puissance
Tengrim
Copperplate, le nain
tombé sous l’emprise de la glace noire
Kri Shanu, le moine presque aussi convaincant
qu’un barde
Thormund
Sombracier, le sorcier
hanté par son pacte infernal
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Thormund est le premier à ouvrir les yeux, réveillé par
la douleur qui lui martèle l’intérieur du crâne. Au-dessus de lui de sinistres nuées noires gonflées d’éclairs violacés tourbillonnent dans le
ciel. Ses doigts s’enfoncent dans une fine poussière cristalline noire et glacée alors qu’il tâtonne
pour se relever. Autour de lui ses compagnons reviennent à eux les uns après
les autres.
Ildur scrute aussitôt par réflexe l’étendue obscure qui les entoure. L’horizon est barré d’une mer de brumes. Les volutes blanchâtres viennent lécher la
base d’une longue ligne de croix en forme de X sur lesquelles sont attachés des
dizaines de corps torturés. Ces crucifiés semblent tous sculptés dans de la
glace noire vivante. Sur leur droite au loin se dresse un gigantesque pic solitaire
barré d’une profonde crevasse qui évoque aussitôt au ranger le Cairn de Kelvin.
De l’autre côté Finnlay discerne les contours imposants des murs
d’une cité au large de laquelle passe une colonne de plusieurs dizaines de
silhouettes fantomatiques. Derrière eux retentit soudain un hurlement guttural.
Se retournant en sursaut Kri contemple
la forme grotesque d’un gigantesque démon d’obsidienne qui s’acharne sur les
ruines fumantes d’un village niché au bord d’un lac miroitant d’éclats de
ténèbres. Le gigantesque fouet de flammes glacées qu’il manie vient s’enrouler
autour d’une tour qu’il renverse sans peine. Le moine a cependant le temps de
reconnaitre qu’il s’agissait d’une reproduction des ruines du fort de Caer Konig. Le terrible visage de la
créature se tourne un instant vers eux sans les voir et Thormund réfrène un
frisson lorsqu’il reconnait les traits d’Errtu, le terrible balor qui le tient
dans son pacte infernal. Tengrim lui non plus ne peut cacher son malaise face à
l’image du démon qui l’avait pétrifié à l’entrée de la tour enfouie.
L'ombre d'Errtu |
Les aventuriers décident d’aller
d’abord inspecter les malheureux crucifiés. Ceux-ci sont
attachés la tête en bas au-dessus de
piles d’armes et de babioles elles aussi faites de glace noire. Leurs visages
sont tous marqués par la souffrance et la peur mais ne sont pas tous du même
niveau de détail, certains d’entre eux paraissant même presque stylisés. Alors
que Finnlay s’interroge sur la nature de cette étrange matière qui semble
constituer tout leur environnement, une voix susurre à Thormund qu’ils sont prisonniers d’un
demi-plan d’ombre fait de la substance même des illusions et que la brume
irisée qui vient lécher le pied des croix est en fait le rivage de la mer astrale
dans l’immensité infinie de laquelle ils flottent. Reportant leur attention sur
la barrière laiteuse qui marque la fin de l’horizon ils ont la surprise d’y
voir apparaitre les silhouettes de barbares enragés qui roulent dans les vagues
éthérées. Les volutes mouvantes se
condensent alors pour prendre la forme d’une puissante guerrière reghed drapée
d’une peau de tigre des neiges, vivante image de l’une des statues colossales
qu’ils avaient vues dans le temple de l’hiver. La femme avance vers l’un des
suppliciés, son regard intense les figeant sur place alors qu’elle tranche la
gorge de l’homme d’un geste implacable. Un sang d’un noir insondable jaillit à
gros bouillons et vient recouvrir la pile d’objets de glace noire qui se
mettent aussitôt à fondre, laissant un trou béant qui continue de s’élargir et
engloutit la croix et l’homme qui eux aussi se désagrègent rapidement. La femme
bondit alors sur le crucifié suivant pour l’égorger provoquant le même résultat
et c’est peu à peu toute la bordure du demi-plan qui s’effondre dans le vide de
la mer astrale dans le tourbillon du carnage. Horrifiés les héros se
précipitent vers l’abri des murailles qu’ils ont aperçues plus tôt franchissant
en quelques enjambées une distance impossible qui ne les éloigne pourtant pas plus
du sommet balafré qui se dresse au-dessus d’eux.
Malgré leur allure cyclopéenne les murs se révèlent être
ceux de Bryn Shander. En leur sein la cité est reproduite à l’identique telle
une sinistre maquette à taille réelle. Les pas des héros résonnent à travers
les rues étrangement vides. Soudain Ildur repère le pas solitaire d’un homme
qui traverse la ville tel une ombre absente. Les tentatives musclées de
Thormund pour l’arrêter ne réussissent pas à attirer son attention et les
aventuriers décident donc de le suivre jusqu’au Northlook où il s’attable aux
côtés de la dizaine d’hommes d’armes plus ou moins stylisés qui s’y trouvent.
Essayant de retrouver un visage familier, ils retracent leurs pas et visitent
tous les endroits qu’ils connaissent. Mitann ne se trouve pas à la chapelle d’Amaunator
mais l’autel est couvert de babioles extrêmement réalistes. L’entrepôt de
Dunavan est vide mais la boutique de Brinna Alcott est remplie d’un groupe de
conspirateurs réunis autour d’un autel caché dédié à Auril. Il n’y a nulle
trace de Duvessa Shane dans la maison du conseil mais le bureau de Vaelish Gant
recèle en revanche une bien étrange surprise. Le sol de la pièce fait l’effet
d’un miroir brisé dans les éclats duquel
sont encore visibles les fragments d’un kaléidoscope de scènes au milieu
desquels ils reconnaissent le bâton magique de Gant, le crâne couvert de
tatouages d’un homme portant une luxueuse robe rouge ainsi que la lumière vacillante d’une porte dimensionnelle où s’engouffre la queue reptilienne d’un kobold albinos.
Satisfaits de leur
exploration de la ville, les aventuriers décident ensuite d’aller gravir les
pentes du pic pour trouver un point de vue qui leur permette d’embrasser la
totalité du demi-plan d’un seul regard. Ils laissent donc derrière eux le
reflet de Bryn Shander ainsi que la colonne indistincte qui d’après Kri semble
avancer sur la route de Termalaine.
Leur ascension leur offre une vue
plongeante sur la profonde balafre qui s’ouvre dans le flanc de la montagne. Le
côté gauche est immobile et silencieux, percé de dizaines de galeries qui
plongent vers les profondeurs de la terre. Le côté droit à l’inverse
retentit du bruit des marteaux et son cœur rougeoie de la chaleur d’une énorme
forge qui étire les ombres des habitants du lieu. Les couloirs sont en effet gardés par
de puissants guerriers nains cuirassés de glace noire et mènent à une salle du
trône qui surplombe la forge. Le reflet incroyablement détaillé de Baerick
Hammerstone, un jeune nain que Tengrim a connu enfant, y siège
face à une silhouette féminine
approximative.
Baerick Hammerstone |
Derrière lui se tient une figure
cadavérique qui lui murmure à l’oreille tout en lui caressant le visage de ses
doigts décharnés. Contrairement aux autres le mort-vivant n’est pas fait de
glace mais apparait bien réel. Un sourire malsain se dessine sur ses lèvres lorsqu'
il aperçoit les héros. Il se redresse en réajustant sa mise et les apostrophe
d’une voix mielleuse pour leur souhaiter la bienvenue. Décontenancés les héros bredouillent
quelques mots maladroits lorsqu' il leur demande leur avis sur la femme dont il
fait apparaître le visage d’une caresse de son doigt squelettique sur sa joue. Elle
est envoyéepar Vaelish Gant pour négocier avec les nains un accord de
commercialisation de leurs objets forgés en glace noire et quoi que cette
perspective semble coïncider avec les plans de la liche, le nom de Gant attise
sa méfiance. Il finit par suggérer à
Baerick de se débarrasser de la femme qui est traînée au dehors par une paire
de gardes de glace noire. Il propose alors aux aventuriers de se charger eux
même de répandre la glace noire dans le monde et de s’en partager la domination
au service du nom glorieux d’Akar Kessel. Kri est choqué de reconnaître là le
nom du terrible sorcier qui avait failli conquérir le Valbise il y a un siècle.
Comprenant mieux à qui ils ont affaire, ils refusent prudemment les avances du
mort vivant. Visiblement vexé, son ton se fait alors moqueur. Il taquine avec
mépris Ildur qui serait d’après lui mené par le bout du nez par une mystérieuse
puissance et il lui promet qu’il finira entre les crocs de celle-ci quand elle
fera son retour. Il tente d’amadouer Thormund en lui proposant de le libérer de
son pacte avec Errtu en en passant un avec lui en échange. Ses cajoleries
restant sans effet il s’empare alors de Tengrim par l’intermédiaire de l’amulette
de glace noire que le nain garde cachée sur lui depuis leur départ de Bryn
Shander et lui fait acquiescer avec un sourire béat à toutes ses propositions. Kri
réussit alors à détourner l’attention de Kessel en ramenant la conversation sur
les crucifiés qu’ils ont vus plus tôt. Le sorcier admet qu’il s’inquiète
effectivement de la colère de la nouvelle élue d’Auril qui descend du Nord à la
tête de la tribu du tigre pour purifier par le sang tout le Valbise, ce qui
contrarierait bien évidemment les propres plans de conquête de la liche.
Profitant de la distraction Tengrim se glisse jusqu’à la forge qui brûle au
fond de la pièce et il y jette son amulette qui disparait dans la fournaise en
un éclair aveuglant. Un cri de frustration s’étrangle alors dans la gorge de
Kessel qui congédie ces héros bien ingrats qui refusent tous ses bienfaits. Kri
parvient cependant à lui arracher l’emplacement du portail de retour vers le
plan matériel en échange de la promesse qu’ils iront lutter contre la
tribu du Tigre dès leur retour.
Akar Kessel |
Suivant les indications du mort-vivant
les aventuriers découvrent un autre miroir identique à celui qu’ils ont
traversé dans la tour de la sorcière des glaces. Il est caché au fond de
l’ancien antre d’un groupe de Verbeegs, des demi-géants grotesques que Kessel
avait asservi en son temps. L’endroit est maintenant occupé par un groupe
d’hommes dont les héros croisent les reflets stylisés. Leur chef en revanche
est reproduit de manière extraordinairement détaillée et ils surprennent sa
conversation avec la forme minimaliste d’un autre homme avec qui ils ont prévu de
commettre un sombre méfait le lendemain à Lonelywood. Le portail débouche dans
un couloir secret non loin des deux hommes dont l’accès est gardé par un lion
de falaises assoupi devant la porte. Réveillé par l’arrivée des héros, il lève
une oreille curieuse dans leur direction avec de filer en un bond rejoindre ses
maîtres.
Le lion des falaises |
Un bruit de crécelle étouffé leur parvient de la pièce où les deux
hommes tenaient leur conciliabule. Finnlay s'avance en silence pour identifier
l'origine du son et tombe nez à nez avec un personnage hirsute entre les jambes
duquel se glisse le lion des falaises.. En quelques sauts tout en souplesse le
gros félin se faufile sous la grande bâche qui recouvre une haute cage à
l'autre bout de pièce. Le cliquetis d' une serrure qui se déverrouille précède
de peu la réapparition de l'animal qui rapporte prestement un lourd cadenas à
son maître avant que celui ci ne claque la porte blindée de la pièce devant un
Finnlay médusé par la scène. Alors que ses compagnons le rejoignent le bruit
s'intensifie en même temps qu'une chaleur intense monte de la cage qui s'ouvre
pour révéler l'imposante forme chitineuse d'un jeune remorhaz.
Sans perdre un
instant Kri se jette sur la bête, espérant l'étourdir d'un coup bien placé mais
son assaut lui coûte bien plus cher que prévu car le simple fait de toucher de
la carapace incandescente du monstre suffit à couvrir ses poings de cloques
écarlates. Cela ne suffit pourtant pas à effrayer Tengrim et Thormund qui se
jettent furieusement dans la mêlée, renversant l'insecte géant sous une
avalanche de coups. Sa riposte n'en est pas moins dévastatrice et les deux
combattants ne doivent leur salut qu'à l'intervention d'Ildur qui abat le
monstre en lui transperçant les deux yeux de ses flèches.
Quoiqu' ils aient vaincu, les héros n'en demeurent pas moins piégé
dans une pièce sans issue. Tengrim a beau repérer que le plafond est une dalle
de pierre amovible, tous leurs efforts pour la faire bouger restent vains.
Finnlay remarque alors qu'il doit lui être possible de rejoindre la
surface en rampant sous la forme d'un lézard à travers l'étroit conduit
d'évacuation de la cheminée. Malheureusement son sens de l'orientation ne vaut
pas ses talents de métamorphe et il se perd dans la montagne en essayant de
retrouver l'entrée dissimulée du repaire des Verbeegs.
Un long moment passe avant que ses compagnons ne se résolvent à agir
de leur côté.
C'est Kri qui a l'idée toute simple d'appeler les hommes qui les ont
enfermés.
Ceux ci se révèlent être des cultistes d'Auril et le moine parvient à
se servir de ce qu'ils ont appris depuis qu'ils ont vaincu la sorcière des
glaces pour les convaincre qu'eux aussi sont des envoyés de la déesse de
l'hiver.
Son stratagème est cependant bien vite éventé lorsque les fanatiques
découvrent la créature qu'ils comptaient lâcher sur Lonelywood réduite en
charpie derrière les aventuriers.
Réalisant qu'il est découvert et qu'il n'a pas le talent de menteur
nécessaire pour retourner la situation, le moine tombe le masque avec un soupir
et se précipite sur les hommes d'arme qui lui barrent la route avant qu'ils ne
puissent barricader à nouveau la porte, les balayant par surprise grâce à la
puissante technique du gong du sommet.
Voyant ses sbires s'effondrer devant lui, le chef du groupe prend la
fuite suivi aussitôt de l'homme hirsute et ses
deux félins.
Thormund finit alors d'abattre les
quelques hommes qui leur barre la route d'une boule de feu puis bondit au
dessus des lions qui se sont retournés pour protéger leur maître. Tengrim et
Ildur joignent leurs forces pour venir à bout du premier fauve tandis que le second file aussitôt après avoir
cassé l'élan de Kri.
Thormund est le premier dehors et voit que le chef des cultistes est remonté
pour prendre un cheval. Le barbare lance une nouvelle boule de feu qui renverse
la monture sur le fuyard le piégeant sous le poids de la carcasse.
L'homme sauvage dévale de son côté une pente caillouteuse
dans laquelle une flèche
d'Ildur le fait trébucher. Kri est sur le point de le capturer quand il se fait faucher par le deuxième lion des falaises qui s’abat
sur lui de tout son poids. Mais Tengrim est juste derrière et il décapite l’animal d'un
puissant coup de hache, libérant le moine dont la foulée
extraordinairement déliée lui permet de rattraper l'homme. Celui-ci est
terrifié et implore la clémence des héros d’une voix lourde qui trahit sa
simplicité d’esprit.
Il leur révèle tout ce qu’il sait. L'autre homme qu'ils ont capturé est un marchand de Bremen
nommé Davrick Fain qui l’a manipulé en
lui faisant croire à son amitié. Il lui a amené des œufs de remorhaz pour que Rycher, l’homme sauvage, les couve jusqu’à leur éclosion et apprivoise
les créatures qui en sortiraient.
Il l’a ensuite convaincu que des hommes mauvais s’étaient emparé de
Lonelywood et qu’il fallait y libérer la créature pour les en chasser, alors
qu’il ne désirait en fait qu’y perpétrer un horrible carnage dédié à la gloire
d’Auril.
Davrick quant à lui refuse de coopérer d'une quelconque
manière et se retranche dans son fanatisme, restant même insensible aux
tentatives d’intimidation de Thormund.
Les héros ont désormais deux prisonniers sur les bras dont ils ne
savent que faire.
Tenteront ils de les ramener à Bryn Shander pour les confier à la justice?
Ou bien les abandonneront ils à leur sort pour aller immédiatement
affronter la tribu du Tigre dans la toundra?
A moins qu'ils ne cherchent à en savoir plus sur la destruction de
Caer Konig ou sur ce qui se passe exactement dans la vallée des nains?
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