Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 7
Avec
Finnlay Galindan, le druide qui a vu la mort de près
Tengrim
Copperplate, le nain
coupeur de tête
Ildur Main d’Airain, qui fend la mêlée en restant intouchable
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Après deux jours de confusion, Duvessa Shane a repris le
contrôle de la ville avec l’aide du sheriff Markham et de sa milice de fidèles.
Vaelish Gant en a profité pour fuir vers Targos avec ses caravaniers et tout leur
chargement de glace noire, escortés par la plupart des mercenaires de la
compagnie des trois lances. En apprenant cette nouvelle, Finnlay envoie un
oiseau à Targos pour prévenir Shaelen Masthew, la porte-parole de Termalaine
réfugiée là-bas, que l’arrivée de Gant ne va sûrement pas arranger les choses
dans la ville déjà mise en coupe réglée par Slim et ses rats-garous.
Au soir du deuxième jour, d’étranges feux s’allument sur les
pentes du Cairn de Kelvin au-dessus de la vallée des nains. Ildur en compte une
trentaine et les situe autour de l’ancienne antre des Verbeegs dans laquelle
ils avaient déjoué les plans de Davrick Fain.
Le lendemain les héros se mettent en route vers Easthaven
car Tengrim veut aller trouver Stokely Silvertream qui y attend que Delg lui
confirme que la voie est libre jusqu’à Fireshear. Il entend lui demander des
explications sur son abandon de la vallée. Mais c’est un nain vieilli et abattu
qu’ils trouvent une fois arrivés sur les rives du Lac Dinneshere.
Doutant lui
aussi de ses décisions, il n’a pas besoin de Tengrim pour se reprocher de
n’avoir pas su gérer la situation qui a conduit Baerick Hammerstone à prendre
le pouvoir. Il leur raconte comment le jeune nain a convaincu ses camarades que
travailler la glace noire rendrait sa grandeur à la vallée et que Stokely
n’était qu’un vieux fou incapable de guider la communauté vers la prospérité et
encore moins de la défendre face aux horreurs qui rodent dans les mines
épuisées qu’il s’acharne à vouloir exploiter. Refusant de prendre ses invectives
au sérieux, Stokely a ainsi laissé la dissension s’insinuer parmi les siens.
Lorsqu’il s’est enfin décidé à répondre, il était trop tard. Il eut beau sommer
par exemple Baerick de leur dire comment il avait découvert le mystérieux
cristal, les jeunes forgerons ne se souciaient déjà plus de la provenance du
fabuleux matériau qui les fascinait tous. Il ne croit pourtant pas que l’affaire
soit liée à Akar Kessel d’une quelconque manière, car il se souvient que
Bruenor lui avait dit que le sorcier n’était qu’un imbécile complètement
dépassé par l’artefact de cristal qu’il portait. De plus l’objet lui avait été
confisqué après sa défaite et il a été détruit par les amis du roi de Mithril Hall
à l’issue d’une de leur quête quelque part dans le sud.
Stokely Silvertream |
La soixantaine de nains qui ont suivi Stokely, surtout des
femmes, des enfants et des vieillards, est elle aussi en piteux état et
s’entasse dans des conditions précaires dans l’entrepôt que Rurden l’armurier a
mis à leur disposition. Celui-ci leur confirme la première impression des
aventuriers sur Easthaven. Ici l’individualisme est le maître mot et il y a
trop de nouveaux venus en quête de fortune pour former une communauté digne de
ce nom. Chacun s’est barricadé de son côté plutôt que de se rassembler pour
faire face à la menace des pirates qui ont mis à sac Caer Konig et dont les
rangs ne cessent de grossir. La terreur qu’ils inspirent est telle que Caer
Dinneval a été abandonnée et que plus aucun navire n’ose s’aventurer sur le
lac. Même la bande de fiers à bras du gang de Slim qui prétendait garantir une
certaine protection contre les pillards a cessé ses rodomontades et se terre à
présent dans l’auberge qu’ils se sont accaparé. Alarmés par cette situation, les
héros convainquent Stokely d’aller plutôt chercher refuge à Bryn Shander qui
est sûre depuis que Gant a été chassé. Ils tentent de convaincre Rurden d’y
aller aussi mais le rude nain préfère rester pour protéger l’affaire qu’il a
mis tant d’années à bâtir.
Les aventuriers poussent jusqu’à Caer Dinneval pour y passer
la nuit. Le village n’est effectivement plus qu’une coquille vide et un silence
de mort s’est abattu sur ses ruelles. Les étranges feux de camp sont toujours
là sur les pentes qui les surplombent, peut-être encore un peu plus nombreux
que la veille. Calculant qu’il pourrait se rendre sur place à vol d’oiseau, Finnlay
invoque une chouette pour l’emporter voir de plus près qui les a allumés. Il
découvre avec stupeur que ce sont les orcs qu’ils avaient affrontés à la tour
de la sorcière qui se répandent par centaines à flanc de montagne. Leurs
prêtres ont toujours l’air aussi fanatiques mais ils ont troqué leurs symboles
d’Auril contre des cristaux de glace noire incrustés au milieu du front. Sans
attendre les héros repartent en pleine nuit prévenir Bryn Shander de la terrible
menace qui pèse sur les Dix-cités.
Duvessa Shane accueille la nouvelle avec une certaine
inquiétude mais elle veut croire que les troupes du Zhentarim arriveront à
temps pour assurer la défense de la ville. Elle convient cependant qu’il serait
plus prudent de trouver d’autres alliés et elle charge les héros de négocier une
alliance avec la tribu de l’Elan. A nouveau, Finnlay charge un oiseau de porter
un message à Hengar. Il l’avertit que des centaines d’orcs se rassemblent sur
le Cairn de Kelvin et qu’il faut que le roi Jarund joigne ses forces aux Dix-cités
pour la repousser.
Les héros ont juste le temps de prendre quelques heures de
repos qu’une mauvaise nouvelle de plus vient les tirer du sommeil. Les cloches
de la porte nord ont retenti pour annoncer l’arrivée d’une troupe échevelée de
réfugiés venus de Bremen. Epuisés et transis de froid, ils racontent comment les
barbares ont attaqué la ville deux nuits auparavant. Poursuivis par des bêtes
sauvages ils ont tout abandonné pour tenter de rallier la sécurité des murs de Targos
où les nouveaux dirigeants ont tout simplement refusé de les accueillir.
Rassemblant leurs dernières forces ils ont repris leur fuite alors que la horde
des barbares arrivait elle aussi à Targos.
Pressentant que Bryn Sander est en passe de devenir le seul
endroit sûr du val face aux menaces extérieures qui se rapprochent, les héros
décident de passer le portail caché sous la maison du conseil pour s’assurer
que les kobolds de Talis la blanche ne risquent pas de les prendre à revers.
Ils s’assemblent donc autour du pylône de glace noire et reproduisent le geste
du kobold ailé. Ils se sentent aussitôt aspirés dans un glacial tourbillon qui
les recrache sur une plateforme exactement identique mais sculptée dans la
roche d’une caverne obscure et non pas faite de glace noire. Les murs sont
constellés d’alcôves au fond desquelles on devine les restes d’ossements
pétrifiés et surmontées de bas-reliefs antiques quasiment effacés où l’on
discerne encore des scènes d’adoration autour d’étranges figures reptiliennes. A
part un brasero dont la lumière allonge les ombres le long des parois, la pièce
est vide. Quatre chemins permettent d’en sortir mais avant de se lancer dans
leur exploration, Finnlay demande l’aide de la roche qui les entoure pour la
convaincre d’étouffer le bruit de leurs pas.
Derrière eux une large ouverture descend en palier vers un
dépotoir à moitié immergé dans une eau acide à l’odeur âcre. Sur leur gauche un couloir descend, barré de
rideaux de peaux successifs qui préserve le froid de pains de glace autour de
carcasses équarries.
Le couloir de gauche est obstrué par des dizaines de
lanières de cuir. Tengrim les écarte du bras et au moment de le retirer
constate avec agacement qu’il y reste accroché. Une multitude de crochets
enduits d’un poison urticant est en effet dissimulée dans la masse du rideau et
il doit s’arracher à son emprise, héritant ainsi de vilaines griffures qui le démangent
horriblement. Finnlay utilise son long bâton pour ouvrir le passage à ses
compagnons. Du bout du couloir leur parviennent alors les ricanements de deux
kobolds penchés sur une balustrade et absorbés dans la contemplation du numéro
de dresseur auquel se livre un de leur congénères ailé aiguillonnant trois molosses
reptiliens du même type que ceux qui accompagnaient Sergor, le chef des
mercenaires qui avaient mis à sac Termalaine. Couvert par la magie de
discrétion de Finnlay, Tengrim se faufile derrière les deux petites créatures
et les occis d’un revers de hache avant de tirer leurs corps dans un recoin à
l’abri des regards. De l’autre côté de la plateforme un escalier descend dans
les profondeurs. Le nain l’examine et son œil expert des galeries souterraines
repère que certaines marches sont piégées. Il déclenche le mécanisme et soudain
les marches s’inclinent pour transformer l’escalier en toboggan le long duquel
dévale tout un bric à brac dans un fracas de vieilles casseroles. Alarmés par
le bruit, la troupe de kobolds qui niche en bas s’agite soudain dans un concert
de piaillements. Les aventuriers font aussitôt demi-tour pour ne pas être
découverts. Revenus au niveau de la balustrade ils tombent nez à nez avec le
dresseur kobold ailé qui s’apprête à abaisser un levier dissimulé dans le garde-corps
de la balustrade. Tengrim lui tranche le bras avant qu’il puisse accomplir son
geste et son corps bascule dans le vide au milieu des trois bêtes dont il avait
la charge. Celles-ci tournent un œil mauvais vers le nain et se mettent à
pousser un hurlement qui se répercute à travers tout le complexe. Les héros accélèrent le pas pour mettre de la
distance entre eux et les bêtes, retraversant la salle du portail ils ignorent
les couloirs latéraux qu’ils dépassent pour se diriger vers la sortie d’où
vient la pale lumière du jour.
Un drake gardien |
De la caverne où ils débouchent une lourde tapisserie
dissimule un passage depuis lequel les espionne un des mercenaires qu’ils
avaient côtoyé devant la tour de la sorcière des glaces. Ildur l’abat d’une
flèche avant qu’il ne puisse réagir. De l’extérieur parviennent les cris et les
tambours rituels d’une sauvage célébration mais leur curiosité est douchée par
un barrage de billes de frondes qui viennent cogner tout autour de Tengrim alors
qu’une troupe de kobolds rattrape les héros, suivis de loin par les trois
drakes gardiens enfin libérés de leur fosse. Finnlay fait surgir du sol des
racines noueuses qui enchevêtrent les six premiers kobolds dans une
inextricable prison végétale. Les quatre suivants recommencent à faire tourner
leurs frondes mais une volée de flèches d’Ildur en abat trois avant qu’ils
puissent lâcher leurs pierres. Les drakes qui s’étaient tapis au sol derrière
les kobolds bondissent alors sur l’archer qui ne parvient à esquiver leurs
crocs que de justesse. Tengrim réajuste son casque qu’une bille avait fait
tourner et éventre l’une des bêtes d’un coup d’une rare violence. Les deux
autres se détournent brusquement d’Ildur qui a du lâcher son arc pour se mettre
en posture défensive et s’en prennent à Finnlay qui interpose un bouclier de
magie brute entre lui et les griffes qui s’apprêtaient à le déchiqueter avant
de remodeler l’énergie en une orbe chromatique qui vient roussir ses
assaillants. Les deux drakes échangent un regard plein d’une intelligence plus
qu’animale et battent en retraite vers les profondeurs des grottes. Le nain et
le ranger se lancent à leur poursuite à travers les souterrains et finissent
par tomber sur un autel impie dédié à Tiamat la reine des dragons maléfiques.
Celui-ci est de plus assez particulier car au milieu des cinq têtes de dragons
de la déesse c’est la noire qui se dresse au centre et non la rouge comme dans
les représentations plus classiques. Les ornements de cette chapelle démoniaque
sont de toute évidence bien plus récents que les bas-reliefs qu’on trouve dans le
reste du complexe. Derrière l’autel s’ouvre une large caverne parsemée de
colonnes naturelles qui plongent dans la même eau à l’odeur âcre qui suintait
aussi à l’autre bout des souterrains. Un éclat blanchâtre attire l’œil de
Tengrim. Il doit s’engager dans l’eau jusqu’à la taille pour reconnaitre que
c’est sur une écaille de dragon que se reflète la pâle lueur des cierges qui
encadrent l’autel. Comme il se penche pour s’en emparer les formes musculeuses
de deux demi-dragons blancs émergent de l’ombre et le couvrent de leur souffle
glacé avant de se jeter sur lui accompagnés des deux drakes que les aventuriers
poursuivaient. Ildur voit avec effroi le nain disparaitre sous l’eau renversé
par la fureur de l’assaut. Mais alors qu’il encoche une flèche et vise le drake
le plus blessé pour l’achever, un éclair de lumière divine transperce le
demi-dragon qui allait plonger sur le nain et celui-ci se redresse dans une
gerbe d’éclaboussures en hurlant le nom de Clanggedin alors que Jotunbane
semble se jeter d’elle-même sur le deuxième homme dragon dont elle fend le
crâne d’un seul coup. Le dernier drake survivant jauge la situation de son
regard mauvais et repart se cacher dans les profondeurs de la caverne. Le
regain de vigueur du nain ne peut cependant masquer ses blessures alors que les
débris de la gangue de glace dont les souffles des créatures l’ont recouvert se
détachent de sa peau brûlée par le froid.
Les demi-dragons attaquent! |
Pendant ce temps Finnlay finit d’égorger le dernier kobold
encore plaqué au sol par ses racines enchantées et alors que les protestations
de la créature s’éteignent dans un ultime gargouillis les sens extraordinairement
affutés du druide lui révèlent une présence dans son dos. Sans perdre un
instant il invoque deux ours pour s’interposer entre lui et l’ homme redoutable
qui sort de l’ombre. C’est en effet Sergor le mercenaire sans pitié qui avait
mené l’assaut sur Termalaine qui a tenté de surprendre le druide. Flanqué d’un
de ses sbires armé d’une arbalète, il se jette sur le premier ours qu’il
décapite directement avec les deux étranges lames d’os qu’il manie. Stupéfait
par la violence de la scène Finnlay ne prend pas garde à l’autre homme qui
parvient à lui planter un carreau d’arbalète dans l’épaule. La soudaine douleur
fait perdre sa concentration au druide et le deuxième ours s’évanouit dans les
airs laissant le champ libre à Sergor qui s’envole littéralement pour retomber
vers le druide en un plongeon mortel. Dans un dernier geste désespéré Finnlay relâche
toute l’énergie magique accumulée en lui vers le damarien mais ce barrage de
foudre ne suffit pas à bloquer la lame noire qui plonge entre les côtes du
druide pour y déverser son poison. Le demi-elfe s’écroule aux pieds du
mercenaire encore fumant des éclairs qui l’ont frappé. Mais il n’a pas le temps
de savourer sa victoire car une flèche vient à ce moment traverser l’œil de son
acolyte et que le cri de guerre furieux de Tengrim se précipite à la rescousse.
Sergor doit mobiliser toute sa science du combat pour parer les coups du nain mais
il parvient à le tenir en échec. C’est donc avec une certaine incompréhension
qu’il sent ses jambes se dérober sous lui. Il laisse tomber ses dagues et porte
ses mains sur la flèche qui lui traverse le ventre tout en tombant à genoux
face au nain qui sans détourner le regard des yeux du mercenaire avance d’un
pas vers lui et le décapite sans autre forme de procès.
Le combat a été bref mais il a attiré l’attention. Ildur
jette un œil au dehors et voit une sentinelle qui court donner l’alerte au camp
qui s’étend à l’extérieur des grottes. Ses appels interrompent un combat
cérémoniel qui s’achèvent alors qu’un homme égorge de ses dents un kobold
devant un femme à l’air cruel portant une armure d’écailles de dragon blanc. Dénombrant
déjà une trentaine de mercenaires et autant de kobolds autour de la femme et de
ses gardes du corps demi-dragons, les aventuriers préfèrent battre en retraite.
Ildur hésite malgré tout un instant à inspecter la salle qui se trouve derrière
le rideau de velours mais à peine s’y est-il engagé qu’une clameur vengeresse
monte de l’extérieur. Finnlay revient alors à lui grâce aux soins de Tengrim et
comme le ranger l’aide à se relever, le druide a un instant l’impression qu’un
faible appel au secours a répondu à la présence de son compagnon dans la partie
inexplorée du complexe. Il n’ose cependant pas protester quand ses amis le traînent vers le portail en toute hâte.
Une fois de retour dans la cave de la maison du conseil de
Bryn Shander, Ildur ne perd pas un instant et ordonne qu’on fasse barricader
les accès. Comme il le craignait un premier kobold se matérialise à leur suite
mais le ranger l’abat sans sommation. Le second connait le même sort mais pas
avant que sa maîtresse ait pu voir ce qui l’attend à travers les yeux révulsés
de la malheureuse créature.
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