Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 7
Avec
Finnlay Galindan, Le druide à la sagesse de vieillard dans un corps d'enfant
Tengrim
Copperplate, Le
nain qui s'est lavé de l'empreinte de la glace noire
Ildur Main d’Airain, Le ranger aux flèches d'argent
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Les chaines d'acier qui
retiennent Bjornhild tremblent et se tordent sous la pression de la rage qui
anime la jeune femme. Seul le sens de l'honneur qu'elle a hérité des
traditions de son peuple l'oblige à écouter ceux qui sont parvenus à la vaincre
en combat singulier. Finnlay est déterminé à la convaincre que leurs objectifs
sont les mêmes et qu'ils veulent eux aussi débarrasser le Valbise de la glace
noire. Le contraste entre ces paroles pleines de tempérance et le corps
d'enfant malingre qui les prononce est saisissant et participe à déstabiliser
la barbare. Elle ne démord pourtant pas de sa volonté de débusquer les
habitants corrompus par la glace noire qui auraient trouvé refuge à Bryn
Shander pour les égorger sur ses croix sacrificielles. Tengrim la coupe alors
avec fermeté et lui assène qu'il est la preuve vivante qu'il existe une autre
manière de neutraliser la glace noire que le sanglant rituel que lui a confié
sa déesse. Cette révélation fracassante ébranle encore un peu plus ses
convictions et après avoir longuement scruté le nain, elle accepte enfin de
transiger. Un compromis est trouvé qui prouvera la bonne foi de chaque camp.
Seule sa garde de berserkers accompagnera Bjornhild pour examiner la population
de la ville sous la supervision des héros et du sheriff. Leur présence est
d'ailleurs la seule chose qui empêche la panique de se répandre et de tourner à
l'émeute. Pendant deux jours et deux nuits les barbares plongent sans relâche
leurs regards perçants au plus profond de l'âme de chaque homme, chaque femme,
chaque enfant qu'on leur présente. Aucune demeure n'est épargnée par la fouille
systématique qu'ils pratiquent en quête du sombre cristal. Mais fort
heureusement Vaelish Gant et les hommes des trois lances avaient déjà expurgé
la ville de toute trace de glace noire pour se l'approprier et les recherches
de Bjornhild restent donc parfaitement infructueuses. Elle reconnait donc Bryn
Shander comme purgée de toute souillure et rejoint son armée, quelques
heures seulement avant que les premiers soldats du Zhentarim passent le portail
à la suite de Chaldos Vedriga.
Les soldats du Zhentarim |
Les aventuriers
obtiennent le droit d’aller parler à la prisonnière que Gant a livré aux
barbares. Elle prétend ne rien connaître des manigances de son employeur. Elle
sait juste qu’à part Baerick Hammerstone, seul Pallidor, l’aide de camp de
Vaelish Gant, connaissait l’emplacement du gisement de glace noire
qu’exploitent les nains. Mais depuis la mort du jeune homme, Baerick a de fait
le monopole de la production de la précieuse substance. Elle les supplie de la
libérer en jurant qu’elle ne comprend rien aux délires mystiques des barbares,
mais ceux-ci restent inflexibles et le sort de la femme est scellé.
La horde du Tigre est
maintenant impatiente de continuer sa croisade et tourne déjà son regard vers
Easthaven et le Lac Dinneshere. Mais les héros parviennent à les convaincre
qu'il leur faut plutôt accompagner Hengar pour desserrer l'étau des morts
vivants qui étrangle leurs frères de la tribu de l'élan. Ils confient donc
la charge d'organiser la défense de la ville au Zhentarim dont les capitaines
coordonnent d'une main experte la relève des conscrits rassemblés à la hâte par
le sheriff, tandis que la longue colonne de leurs renforts traversent les
catacombes dont la surveillance et
l’assainissement a été confiée aux nains de Stokely Silvertream avant
qu’eux même n’empruntent la route inverse en direction de Fireshear.
Avant de quitter la ville,
ils passent aussi voir Leosin qui a enfin repris connaissance. Il leur confirme
qu’il a été capturé par les hommes de Slim car il était sur le point de
découvrir les réelles intentions de Vaelish Gant et d’avertir les ménestrels de
la présence du culte du dragon dans le Valbise. Durant sa captivité il a été
rejoint par Brinna Alcott, Davrick Fain et tous leurs suivants qui avaient été
emprisonnés par les trois lances. Tous les prisonniers, parmi lesquels se
trouvaient aussi de nombreux malheureux réfugiés arbitrairement arrêtés par les
mercenaires, ont été emmenés par Azbara Jos quelques jours auparavant. Leosin a
été séparé des autres à ce moment et ne sait pas où ils sont partis, mais il a
vu que la majeure partie du butin accumulé par les pillards a suivi le même
chemin. Il a aussi pu mettre à profit son enfermement dans les catacombes pour
en examiner les bas-reliefs qu’il attribue à l’antique civilisation des sarrukhs, l’une des races fondatrices dont les hommes lézards sont dit-on les
lointains descendants.
Un des mythiques sarrukhs |
Les deux jours de route
qui les amènent en bordure des bois de Lonelywood se font dans une ambiance
particulièrement pesante. Les barbares du tigre ignorent tout bonnement les
héros et aucun d'eux, Bjornhild en tête, ne leur adresse la parole sur le
chemin. Ainsi mis à l'écart Hengar et les aventuriers décident d'avancer en
éclaireurs sur cette route qu'ils connaissent bien et à mesure qu'ils
approchent Ildur sent l'empreinte contre-nature de la non-mort s'affermir de
plus en plus autour d'eux. Les ombres engloutissent peu à peu l'épais
rideau des arbres et l'inquiétude du ranger monte encore d'un cran. Sa nervosité est si
manifeste qu'elle suffit à convaincre Bjornhild de faire allumer des feux tout
le long du campement contrairement à l'habitude des dévots d'Auril pour qui le
froid glacial de la nuit est une bénédiction.
Les heures passent
dans un silence quasi total. Seul le sifflement de la bise accompagne l'étendue
de l'obscurité. C'est au plus noir de la nuit que les événements se
précipitent. Tout commence lorsque le vent se mue en un concert de complaintes
étouffées. Une sarabande de formes fantomatiques apparaît alors au-dessus du
campement. Leurs longues traines de haillons décharnés dessinent de sinistres
arabesques dans le ciel pendant quelques instants avant de plonger sur les
barbares à peine réveillés. Les spectres traversent de part en
part leurs victimes en leur arrachant des cris de douleur atroces et laissent
derrière eux une traînée de cadavres émaciés. En réponse, les cornes
sonnent l'appel aux armes tandis que Bjornhild rallie ses guerriers autour de
sa grande lance brandie bien haut et la horde se remet in extremis en
ordre de bataille pour recevoir la charge des innombrables morts vivants qui
surgissent de la forêt.
Les malheureux qui
composent cette troupe impie ne sont pas tous inconnus des héros car au milieu des
squelettes desséchés exhumés des tombes anciennes on reconnait les visages
encore épargnés par les ravages de la putréfaction des barbares de l'élan
tombés dans les derniers jours ainsi que les mineurs nains bardés de glace
noire condamnés à l'éternelle errance par le contact d’Akar Kessel. Cette
vision ne trouble pourtant pas un instant Bjornhild dont la contre-attaque est
dévastatrice. Son escorte de berserkers pénètre les rangs serrés des morts
vivants comme dans du beurre, suivie de près par les aventuriers dissimulés par
la magie de Finnlay. Ildur se rend vite compte que ce progrès est trop facile
mais la furie de Bjornhild la rend sourde à ses avertissements. Au bout de
quelques minutes la nasse se referme. Les squelettes se rassemblent en une masse
compacte qui isole la guerrière et sa garde du reste de l'armée. Encerclés par
un flot continu d'adversaires ils ne peuvent échapper au retour des spectres
qui se délectent de la force vitale des barbares déchaînés. Pire encore, ceux
qui succombent se relèvent pour se retourner contre leurs camarades, corrompus
par la puissance nécromantique de leurs assassins.
Une impossible cavalcade
se répercute alors entre les troncs qui les entourent, sonnant sur l'humus
comme sur les pavés d'Eauprofonde. Le cavalier qui surgit des profondeurs des
bois semble fait de l'obscurité elle-même et les volutes noires qu'il chevauche
se rassemblent en un lourd destrier alors qu'il atterrit au milieu de la mêlée.
Sa longue lame de glace noire ne parvient cependant à décapiter qu'un seul berserker
avant qu'Ildur ne le transperce d’une flèche d'argent.
Poussant un cri de frustration à l’idée que le massacre
facile qu’il imaginait va se voir gâché par une opposition imprévue, le
chevalier spectral se tourne vers les héros dont l’attaque du ranger a révélé
la présence. Comme ils le craignaient c’est bien le visage de Derek, le
capitaine des gardes de Damian Morienus, qui écarquille les yeux en
reconnaissant ceux qui l’avaient forcé à une fuite humiliante à travers les
souterrains de la tour enfouie. Bien décidé à se venger, il pique sa monture pour charger Ildur. Celui-ci
parvient malgré tout à décocher ses flèches à chaque passage du spectre, protégé
du harcèlement des âmes en peine par la langue de feu que le druide agite pour
les tenir à distance.
Le retour de Derek |
Chacune de ses volées d’épines arrachent un peu plus de la
sombre matière dont est fait Derek. Le capitaine étouffe quasiment de rage à
l’idée de se voir encore une fois mis en échec par les aventuriers et il fait
une large boucle pour se mettre à l’abri derrière les troncs d’où il rappelle
ses serviteurs fantomatiques gorgés de l’énergie vitale des barbares qu’il
réabsorbe en lui pour retrouver ses forces. De son côté le ranger est couturé
de cruelles balafres gelées infligées par
la lame noire du cavalier et ce n’est que grâce aux soins magiques de
Finnlay qu’il tient encore debout. Derek revient alors à la charge mais cette
fois-ci les ruades de sa monture rendent l’arc d’Ildur inutile. Le ranger est
donc obligé de sortir son épée d’argent pour tenter de parer les attaques du
cavalier. Mais Derek est un bien meilleur escrimeur et il désarme Ildur qui se
trouve sans défense sous les sabots du cheval. Il ne doit son salut qu’à
l’intervention héroïque d’Hengar qui se jette en travers du coup mortel qui lui
était destiné. Pestant contre sa malchance, Derek se rend compte que sans les
assauts constants des âmes en peine qu’il a dévorées pour se régénérer
Bjornhild et ses berserkers ont renversé le cours de la bataille. Il doit donc
une nouvelle fois se résoudre à la fuite. Un dernier coup d’œil à ses
adversaires lui déclenche cependant un fou rire malsain car alors que son
destrier l’emporte au travers des rangs des barbares qu’il continue de faucher
au passage, il laisse derrière lui le corps éventré du pauvre Hengar qui expire
dans les bras de Finnlay dont même la magie ne peut plus l’arracher à
l’étreinte de la mort.
Aux premières lueurs de l’aube, la bataille s’achève enfin
par l’anéantissement des derniers morts-vivants qui hantaient les bois. Mais
cette victoire a un goût bien amer car son prix est exorbitant. Outre Hengar,
c’est près des deux tiers de la tribu du tigre qui a trépassé. Quant aux
berserkers de Bjornhild, ils ne sont plus que dix à entourer leur reine là où
ils étaient plus de cinquante auparavant. La neige recommence à tomber à gros
flocons, recouvrant de son manteau immaculé le carnage de la nuit et alors que
les héros referment le linceul sur le beau visage de leur ami Hengar, sur les
pentes du cairn de Kelvin commencent à battre les tambours de guerre des orcs.
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