Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 9
Avec
Thormund Sombracier, Le barbare qui se moque des blessures
Finnlay Galindan, Le druide qui
met du hibou dans l'ours
Kri Shanu, Le moine qui fait de la provocation
Ildur Main d’Airain, Le ranger qui cajole les wyvernes
Les poulies sur lesquelles s’enroulent les lourdes chaines
d’adamantine grincent alors que la gigantesque herse remonte dans la barbacane
cyclopéenne. Les héros se mettent en route au milieu de la pittoresque troupe
d’ogres aux joues poudrées sous les fantasques plumes d’autruche de leur casque
dorés. Chacune des marches qui les séparent de la basse cour nécessite un saut
vertigineux pour être franchie. L’irruption des ogres provoque un certain remue-ménage
parmi les cultistes qui vaquent à leurs occupations quotidiennes et au bout de
quelques instants d’agitation un grand homme à la peau sombre vêtu de la robe
des porteurs de pourpre s’approche de l’ogre le plus adipeux qui fait office de
lieutenant de la garnison.
Le capitaine Othelstan |
Le capitaine Othelstan exige qu’on lui explique la
raison de cette démonstration de force inopinée et le ton monte rapidement face
aux grommellements intraitables du monstre. Pour s’assurer que la tension ne
retombe pas, Kri s’avance en brandissant ses emblèmes de tueur de dragon qui
confirment aux adorateurs de Tiamat que leur emprise sur le château s’est
évanouie. Les dragonclaws saisissent
leurs poignards et quand dans un geste d’impatience l’ogre renverse Othelstan, les
hostilités explosent. Les cris d’alarme appellent les cultistes à la rescousse
et les ogres les fauchent de leurs grandes hallebardes sous les applaudissements
de leurs collègues agglutinés au rempart pour ne pas rater le spectacle. Les
quelques kobolds qui avaient délaissé leurs corvées dans les écuries tentent de
fuir vers les souterrains où leur maître attend mais Ildur les abat d’une volée
de flèches avant qu’ils puissent alerter le dragon. Kri et Thormund engagent le
combat avec le porteur de pourpre dont l’étoile du matin a déjà fracassé le
crâne du lieutenant ogre qui l’avait poussé avec si peu de respect. Ildur tente
encore d’utiliser ses couteaux maudits mais à nouveau ceux-ci refusent de blesser
les adorateurs de Tiamat. Il reprend donc son arc pour tenir à distance la
meute de drakes noirs que les cultistes ont lâché dans la mêlée. Finnlay
embrase de ses traits de feu les réserves entassées près de l’autre écurie,
déclenchant un violent incendie qui ajoute à la confusion, puis il se change en
ours, ou plutôt en ours-hibou alors que sa métamorphose s’accompagne d’un
sursaut de magie sauvage qui le couvre de plume, et il saisit de ses griffes le
capitaine Othelstan qui ne peut plus battre en retraite face à l’avalanche de
coups que Kri fait pleuvoir sur lui. De l’autre côté de la cour une puissante
boule de feu balaie la charge des ogres dans le couloir, carbonisant au passage
les malheureux cultistes qui défendaient encore l’accès aux appartements de
leurs supérieurs. Cette diversion permet à Thormund de briser l’arme du porteur
de pourpre qui se retrouve incapable de parer la lame d’argent d’Ildur qui vient
lui percer la gorge. La chute de leur chef plonge les dragonclaws dans un
certain désarroi dont profitent Thormund et Ildur pour se frayer un chemin vers
les écuries où ils retrouvent les wyvernes que Sandesyl leur avait confiées.
Les efforts que le ranger avait déployés pour les amadouer s’avèrent payants car
en quelques mots il les convainc d’accepter à nouveau que ses compagnons les
chevauchent. Ils montent en selle avec précipitation car derrière les flammes qui
font rage surgit la terrible forme de Glazhael dont le souffle pulvérise les
derniers combattants qui s’étripent encore dans la cour.
Les aventuriers plongent en piqué vers la caverne par
laquelle ils étaient entrés dans la forteresse mais le dragon les a pris en
chasse. Ils parviennent de justesse à abandonner leurs montures avant qu’elles
ne soient recouvertes du flot de feu que les puissants poumons de Glazhael projettent
sur eux. Ildur et Finnlay sont forcés de battre en retraite au fond du couloir,
leurs capes roussies par la chaleur, tandis que Kri a réussi à bondir contre le
flanc d’une wyverne qui le protège totalement du souffle. Thormund en revanche
est resté de marbre au milieu du déferlement de flammes qui se retrouvent
étouffées par la rage qui gonfle dans son cœur. Il semble devenir encore plus
massif et sinistre alors qu’il brandit Hazirawn, la sombre épée qu’il a prise à
Rezmir, dont les runes crépitent lorsqu’elle frappe le dragon si violemment
qu’elle brise une de ses cornes. La bête rugit de douleur et contre-attaque,
ses puissantes griffes écrasant le barbare contre la paroi de pierre. Finnlay entoure
le dragon de lueurs féeriques dont le miroitement semble guider les coups de
Kri qui plante profondément sa grande lance dans le flanc de la créature. Le
sang coule à flot de la blessure et l’odeur fait frémir les narines de Thormund
qui revient à la charge avec un grondement inquiétant. Se sentant pris au piège
dans ce combat souterrain, Glazhael change soudainement de tactique. Il saisit
Kri de sa poigne implacable et d’un battement d’ailes se lance au dehors pour
retrouver l’avantage du terrain. Il monte droit vers les nuages mais avant
qu’il y disparaisse, Ildur l’ajuste de son arc. Le trait qu’il délivre explose
en une volée d’épines qui vient déchirer les grandes ailes de cuir et jeter le
dragon dans une mortelle spirale vers le sol rocailleux. Kri est entrainé dans
cette chute mortelle mais son entrainement rigoureux lui permet de conserver
son calme et de se libérer de l’étreinte fatale pour freiner sa chute d’une
série de sauts périlleux qui laissent le temps à Finnlay d’appeler un aigle
géant à la rescousse pour récupérer le moine en plein vol à quelques mètres du
sol. Glazhael n’a pas cette chance et le dragon se fracasse sur les rochers, sa
forme brisée expirant dans un dernier hoquet de flammes.
Les aventuriers reprennent le chemin labyrinthique que
Tengrim avait dessiné lors de leur première visite des lieux et ils finissent
par retrouver l’antre du dragon rouge où gît encore le malheureux Felgolos,
odieusement défiguré par les dernières tortures de son bourreau.
Felgolos |
Le pauvre
dragon de cuivre est aux portes de la mort mais avant de rendre son dernier
souffle, il parvient à murmurer une dernière supplique :
« Sauvez les enfants de Laerakond…prévenez les…les
coffres d’Elturgard ne sont plus sûrs…il y a un traître…»
Ce message cryptique n’augure rien de bon et semble indiquez
que le culte du dragon est prêt à mettre la main sur un vestige du mystérieux
empire draconique qui existait au large de la côte des épées avant que la
Fracture ne sépare à nouveau les mondes jumeaux d’Abeir et de Toril qui
s’étaient entremêlés pendant les bouleversements du siècle dernier.
Les aventuriers déposent le corps sans vie de Felgolos sur
le trésor de Glazhael que ses serviteurs kobolds ont abandonné pour se terrer
dans les souterrains en attendant que les choses se calment. Au milieu des
pièces d’or, Finnlay repère aussi un étrange objet exhalant la magie de
conjuration, sorte de petite amulette à l’effigie d’un rapace enchâssée autour
d’une plume magique de Quaal.
La défaite de leur maître a fait fuir les
derniers kobolds au plus profond des souterrains, les héros peuvent donc
emprunter les échelles et les passerelles rudimentaires qui s'accrochent le
long de la paroi extérieure du rocher pour remonter vers les baraquements
dévastés des cultistes où ils espèrent trouver des indices sur la suite des
plans des adorateurs de Tiamat.
Un
silence de mort règne sur la cour où les dernières braises de l'incendie
s'éteignent derrière les cadavres calcinés. Au bout du couloir noirci par les
flammes, une sentinelle solitaire monte encore la garde. L'armure noire aux
dessins complexes de la femme est tout à fait étrangère aux aventuriers mais le
tatouage qui couvre le côté de son crâne a au contraire un air familier. Comme les
aventuriers avancent dans sa direction, elle recule calmement dans la tour
qu'elle protège pour rejoindre les deux autres chevaliers thayens qui s'y
trouvent. Derrière le rempart de leurs pavois, ce n'est autre qu'Azbara Jos qui
attend. A ses côtés se tient un second sorcier rouge dont la robe écarlate
richement brodée ne laisse aucun doute sur la hauteur de son rang. Les héros
reconnaissent aussitôt le visage sévère qu'ils avaient découvert dans les
fractures du demi -plan d'Akar Kessel qui entouraient le reflet de la
plateforme de téléportation de Bryn Shander. Azbara Jos lève les mains en signe
de paix. Son seigneur, Rath Modar, véritable Zulkir de la conjuration, grand
Tharkion des marches orientales, a une offre à leur faire. Sa cause est juste
et les héros sont dans l'erreur de s'y opposer car seul Rath Modar est capable
de libérer Thay de la tyrannie mortifère de Szass Tam, la toute puissante liche
qui tient le pays par la poigne squelettique de ses armées innombrables de
morts-vivants, asservissant son peuple par la terreur et projetant son ombre
menaçante sur toutes les nations libres qui se dressent sur son chemin.
La
collaboration avec le culte du dragon est un bien faible prix à payer pour
atteindre ce noble but. Azbara Jos implore les héros de se joindre à eux, leur
force n'est plus à prouver et avec le soutien des sorciers rouges ils
pourraient sans mal s'emparer des titres de wyrmspeaker que leurs exploits ont
laissé vacants. Quant à leurs inquiétudes concernant les plans de Severian
d'invoquer sa déesse depuis les neufs enfers, Rath Modar les balaie avec
assurance. Il a lui-même mis au point le rituel d'invocation et Tiamat sera
sous sa coupe dès lors qu'elle se manifestera sur le plan matériel. Dès qu'elle
aura incinéré Szass Tam et ses esclaves, il la bannira à nouveau en un
claquement de doigts.
Malgré
les efforts d'Azbara Jos pour les amadouer, les héros ne sont pas convaincus et
quand ils osent de surcroît mettre en doute la sagesse du plan de Rath Modar, celui-ci
perd patience. Avec un regard courroucé à l'encontre de son disciple, il frappe
le sol de son bâton et soudain le temps se fige. Prisonniers entre deux
instants, les aventuriers assistent impuissants au départ de l'archimage à
travers une porte dimensionnelle alors qu'il ordonne négligemment à Jos de tuer
les héros puisque, comme il s'y attendait, ils ne lui sont d'aucune utilité. Il
disparaît et le temps reprend son cours. Les chevaliers thayens chargent avec
une coordination parfaite tandis que les protections magiques d'Azbara Jos
troublent sa silhouette pour égarer les coups adverses. En réponse Finnlay le
couvre de lueurs féeriques qui contrebalancent l'effet et redonne à Ildur la
possibilité d'ajuster le sorcier de son arc. Face aux chevaliers, Thormund
invoque des doubles illusoires pour qu'ils absorbent les coups à sa place mais
une volée de projectiles magiques les renvoie au néant avant qu'ils puissent
faire leur office.
Le
fracas des armes emplit la pièce comme les combattants se rendent coup pour
coup, mais la force brute de Thormund, les attaques virevoltantes de Kri et les
traits mortels d'Ildur viennent rapidement à bout des gardes du corps d'Azbara
Jos. Encerclé, le sorcier épuise ses dernières forces pour maintenir ses
boucliers magiques, mais la pression des assauts des héros finit par en venir à
bout et il s'écroule inconscient à leurs pieds.
L'étude
des Thayens regorgent de parchemin sur lesquels ont été copiés des fragments de
rituel tiré d'un antique grimoire intitulé "Au-delà des Portes de Fer".
Finnlay survole le contenu du tome qui semble détailler les multiples façons
d'invoquer des démons de toute sorte au prix de sacrifices humains plus ou
moins importants selon la puissance de l'entité ciblée. Mais avant qu'il puisse
en apprendre plus, un horrible concert de cris stridents jette les aventuriers
dans un effroi soudain. Depuis la grande fenêtre qui donne sur le ciel, ils
voient alors qu'un portail s'est ouvert au milieu des nuages. Des vrocks
hurlants se mêle à la nuée de gargouilles qui en émerge et derrière eux surgit
un dragon bleu crépitant de foudre sur le dos duquel se tient celle qui vient
réclamer vengeance pour sa dernière défaite, Rezmir la wyrmspeaker noire.
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