mercredi 9 mai 2018

Les Catacombes du Culte du Dragon





Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 7

Avec



Finnlay Galindan, le druide qui a vu la mort de près
Tengrim Copperplate, le nain coupeur de tête

Ildur Main d’Airain, qui fend la mêlée en restant intouchable




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Après deux jours de confusion, Duvessa Shane a repris le contrôle de la ville avec l’aide du sheriff Markham et de sa milice de fidèles. Vaelish Gant en a profité pour fuir vers Targos avec ses caravaniers et tout leur chargement de glace noire, escortés par la plupart des mercenaires de la compagnie des trois lances. En apprenant cette nouvelle, Finnlay envoie un oiseau à Targos pour prévenir Shaelen Masthew, la porte-parole de Termalaine réfugiée là-bas, que l’arrivée de Gant ne va sûrement pas arranger les choses dans la ville déjà mise en coupe réglée par Slim et ses rats-garous.
Au soir du deuxième jour, d’étranges feux s’allument sur les pentes du Cairn de Kelvin au-dessus de la vallée des nains. Ildur en compte une trentaine et les situe autour de l’ancienne antre des Verbeegs dans laquelle ils avaient déjoué les plans de Davrick Fain.

Le lendemain les héros se mettent en route vers Easthaven car Tengrim veut aller trouver Stokely Silvertream qui y attend que Delg lui confirme que la voie est libre jusqu’à Fireshear. Il entend lui demander des explications sur son abandon de la vallée. Mais c’est un nain vieilli et abattu qu’ils trouvent une fois arrivés sur les rives du Lac Dinneshere.
Stokely Silvertream
Doutant lui aussi de ses décisions, il n’a pas besoin de Tengrim pour se reprocher de n’avoir pas su gérer la situation qui a conduit Baerick Hammerstone à prendre le pouvoir. Il leur raconte comment le jeune nain a convaincu ses camarades que travailler la glace noire rendrait sa grandeur à la vallée et que Stokely n’était qu’un vieux fou incapable de guider la communauté vers la prospérité et encore moins de la défendre face aux horreurs qui rodent dans les mines épuisées qu’il s’acharne à vouloir exploiter. Refusant de prendre ses invectives au sérieux, Stokely a ainsi laissé la dissension s’insinuer parmi les siens. Lorsqu’il s’est enfin décidé à répondre, il était trop tard. Il eut beau sommer par exemple Baerick de leur dire comment il avait découvert le mystérieux cristal, les jeunes forgerons ne se souciaient déjà plus de la provenance du fabuleux matériau qui les fascinait tous. Il ne croit pourtant pas que l’affaire soit liée à Akar Kessel d’une quelconque manière, car il se souvient que Bruenor lui avait dit que le sorcier n’était qu’un imbécile complètement dépassé par l’artefact de cristal qu’il portait. De plus l’objet lui avait été confisqué après sa défaite et il a été détruit par les amis du roi de Mithril Hall à l’issue d’une de leur quête quelque part dans le sud.
La soixantaine de nains qui ont suivi Stokely, surtout des femmes, des enfants et des vieillards, est elle aussi en piteux état et s’entasse dans des conditions précaires dans l’entrepôt que Rurden l’armurier a mis à leur disposition. Celui-ci leur confirme la première impression des aventuriers sur Easthaven. Ici l’individualisme est le maître mot et il y a trop de nouveaux venus en quête de fortune pour former une communauté digne de ce nom. Chacun s’est barricadé de son côté plutôt que de se rassembler pour faire face à la menace des pirates qui ont mis à sac Caer Konig et dont les rangs ne cessent de grossir. La terreur qu’ils inspirent est telle que Caer Dinneval a été abandonnée et que plus aucun navire n’ose s’aventurer sur le lac. Même la bande de fiers à bras du gang de Slim qui prétendait garantir une certaine protection contre les pillards a cessé ses rodomontades et se terre à présent dans l’auberge qu’ils se sont accaparé. Alarmés par cette situation, les héros convainquent Stokely d’aller plutôt chercher refuge à Bryn Shander qui est sûre depuis que Gant a été chassé. Ils tentent de convaincre Rurden d’y aller aussi mais le rude nain préfère rester pour protéger l’affaire qu’il a mis tant d’années à bâtir.

Les aventuriers poussent jusqu’à Caer Dinneval pour y passer la nuit. Le village n’est effectivement plus qu’une coquille vide et un silence de mort s’est abattu sur ses ruelles. Les étranges feux de camp sont toujours là sur les pentes qui les surplombent, peut-être encore un peu plus nombreux que la veille. Calculant qu’il pourrait se rendre sur place à vol d’oiseau, Finnlay invoque une chouette pour l’emporter voir de plus près qui les a allumés. Il découvre avec stupeur que ce sont les orcs qu’ils avaient affrontés à la tour de la sorcière qui se répandent par centaines à flanc de montagne. Leurs prêtres ont toujours l’air aussi fanatiques mais ils ont troqué leurs symboles d’Auril contre des cristaux de glace noire incrustés au milieu du front. Sans attendre les héros repartent en pleine nuit prévenir Bryn Shander de la terrible menace qui pèse sur les Dix-cités.
Duvessa Shane accueille la nouvelle avec une certaine inquiétude mais elle veut croire que les troupes du Zhentarim arriveront à temps pour assurer la défense de la ville. Elle convient cependant qu’il serait plus prudent de trouver d’autres alliés et elle charge les héros de négocier une alliance avec la tribu de l’Elan. A nouveau, Finnlay charge un oiseau de porter un message à Hengar. Il l’avertit que des centaines d’orcs se rassemblent sur le Cairn de Kelvin et qu’il faut que le roi Jarund joigne ses forces aux Dix-cités pour la repousser.

Les héros ont juste le temps de prendre quelques heures de repos qu’une mauvaise nouvelle de plus vient les tirer du sommeil. Les cloches de la porte nord ont retenti pour annoncer l’arrivée d’une troupe échevelée de réfugiés venus de Bremen. Epuisés et transis de froid, ils racontent comment les barbares ont attaqué la ville deux nuits auparavant. Poursuivis par des bêtes sauvages ils ont tout abandonné pour tenter de rallier la sécurité des murs de Targos où les nouveaux dirigeants ont tout simplement refusé de les accueillir. Rassemblant leurs dernières forces ils ont repris leur fuite alors que la horde des barbares arrivait elle aussi à Targos.

Pressentant que Bryn Sander est en passe de devenir le seul endroit sûr du val face aux menaces extérieures qui se rapprochent, les héros décident de passer le portail caché sous la maison du conseil pour s’assurer que les kobolds de Talis la blanche ne risquent pas de les prendre à revers. Ils s’assemblent donc autour du pylône de glace noire et reproduisent le geste du kobold ailé. Ils se sentent aussitôt aspirés dans un glacial tourbillon qui les recrache sur une plateforme exactement identique mais sculptée dans la roche d’une caverne obscure et non pas faite de glace noire. Les murs sont constellés d’alcôves au fond desquelles on devine les restes d’ossements pétrifiés et surmontées de bas-reliefs antiques quasiment effacés où l’on discerne encore des scènes d’adoration autour d’étranges figures reptiliennes. A part un brasero dont la lumière allonge les ombres le long des parois, la pièce est vide. Quatre chemins permettent d’en sortir mais avant de se lancer dans leur exploration, Finnlay demande l’aide de la roche qui les entoure pour la convaincre d’étouffer le bruit de leurs pas.

Derrière eux une large ouverture descend en palier vers un dépotoir à moitié immergé dans une eau acide à l’odeur âcre.  Sur leur gauche un couloir descend, barré de rideaux de peaux successifs qui préserve le froid de pains de glace autour de carcasses équarries.
Le couloir de gauche est obstrué par des dizaines de lanières de cuir. Tengrim les écarte du bras et au moment de le retirer constate avec agacement qu’il y reste accroché. Une multitude de crochets enduits d’un poison urticant est en effet dissimulée dans la masse du rideau et il doit s’arracher à son emprise, héritant ainsi de vilaines griffures qui le démangent horriblement. Finnlay utilise son long bâton pour ouvrir le passage à ses compagnons. Du bout du couloir leur parviennent alors les ricanements de deux kobolds penchés sur une balustrade et absorbés dans la contemplation du numéro de dresseur auquel se livre un de leur congénères ailé aiguillonnant trois molosses reptiliens du même type que ceux qui accompagnaient Sergor, le chef des mercenaires qui avaient mis à sac Termalaine. Couvert par la magie de discrétion de Finnlay, Tengrim se faufile derrière les deux petites créatures et les occis d’un revers de hache avant de tirer leurs corps dans un recoin à l’abri des regards. De l’autre côté de la plateforme un escalier descend dans les profondeurs. Le nain l’examine et son œil expert des galeries souterraines repère que certaines marches sont piégées. Il déclenche le mécanisme et soudain les marches s’inclinent pour transformer l’escalier en toboggan le long duquel dévale tout un bric à brac dans un fracas de vieilles casseroles. Alarmés par le bruit, la troupe de kobolds qui niche en bas s’agite soudain dans un concert de piaillements. Les aventuriers font aussitôt demi-tour pour ne pas être découverts. Revenus au niveau de la balustrade ils tombent nez à nez avec le dresseur kobold ailé qui s’apprête à abaisser un levier dissimulé dans le garde-corps de la balustrade. Tengrim lui tranche le bras avant qu’il puisse accomplir son geste et son corps bascule dans le vide au milieu des trois bêtes dont il avait la charge. Celles-ci tournent un œil mauvais vers le nain et se mettent à pousser un hurlement qui se répercute à travers tout le complexe.  Les héros accélèrent le pas pour mettre de la distance entre eux et les bêtes, retraversant la salle du portail ils ignorent les couloirs latéraux qu’ils dépassent pour se diriger vers la sortie d’où vient la pale lumière du jour.   
Un drake gardien

De la caverne où ils débouchent une lourde tapisserie dissimule un passage depuis lequel les espionne un des mercenaires qu’ils avaient côtoyé devant la tour de la sorcière des glaces. Ildur l’abat d’une flèche avant qu’il ne puisse réagir. De l’extérieur parviennent les cris et les tambours rituels d’une sauvage célébration mais leur curiosité est douchée par un barrage de billes de frondes qui viennent cogner tout autour de Tengrim alors qu’une troupe de kobolds rattrape les héros, suivis de loin par les trois drakes gardiens enfin libérés de leur fosse. Finnlay fait surgir du sol des racines noueuses qui enchevêtrent les six premiers kobolds dans une inextricable prison végétale. Les quatre suivants recommencent à faire tourner leurs frondes mais une volée de flèches d’Ildur en abat trois avant qu’ils puissent lâcher leurs pierres. Les drakes qui s’étaient tapis au sol derrière les kobolds bondissent alors sur l’archer qui ne parvient à esquiver leurs crocs que de justesse. Tengrim réajuste son casque qu’une bille avait fait tourner et éventre l’une des bêtes d’un coup d’une rare violence. Les deux autres se détournent brusquement d’Ildur qui a du lâcher son arc pour se mettre en posture défensive et s’en prennent à Finnlay qui interpose un bouclier de magie brute entre lui et les griffes qui s’apprêtaient à le déchiqueter avant de remodeler l’énergie en une orbe chromatique qui vient roussir ses assaillants. Les deux drakes échangent un regard plein d’une intelligence plus qu’animale et battent en retraite vers les profondeurs des grottes. Le nain et le ranger se lancent à leur poursuite à travers les souterrains et finissent par tomber sur un autel impie dédié à Tiamat la reine des dragons maléfiques. Celui-ci est de plus assez particulier car au milieu des cinq têtes de dragons de la déesse c’est la noire qui se dresse au centre et non la rouge comme dans les représentations plus classiques. Les ornements de cette chapelle démoniaque sont de toute évidence bien plus récents que les bas-reliefs qu’on trouve dans le reste du complexe. Derrière l’autel s’ouvre une large caverne parsemée de colonnes naturelles qui plongent dans la même eau à l’odeur âcre qui suintait aussi à l’autre bout des souterrains. Un éclat blanchâtre attire l’œil de Tengrim. Il doit s’engager dans l’eau jusqu’à la taille pour reconnaitre que c’est sur une écaille de dragon que se reflète la pâle lueur des cierges qui encadrent l’autel. Comme il se penche pour s’en emparer les formes musculeuses de deux demi-dragons blancs émergent de l’ombre et le couvrent de leur souffle glacé avant de se jeter sur lui accompagnés des deux drakes que les aventuriers poursuivaient. Ildur voit avec effroi le nain disparaitre sous l’eau renversé par la fureur de l’assaut. Mais alors qu’il encoche une flèche et vise le drake le plus blessé pour l’achever, un éclair de lumière divine transperce le demi-dragon qui allait plonger sur le nain et celui-ci se redresse dans une gerbe d’éclaboussures en hurlant le nom de Clanggedin alors que Jotunbane semble se jeter d’elle-même sur le deuxième homme dragon dont elle fend le crâne d’un seul coup. Le dernier drake survivant jauge la situation de son regard mauvais et repart se cacher dans les profondeurs de la caverne. Le regain de vigueur du nain ne peut cependant masquer ses blessures alors que les débris de la gangue de glace dont les souffles des créatures l’ont recouvert se détachent de sa peau brûlée par le froid.
Les demi-dragons attaquent!

Pendant ce temps Finnlay finit d’égorger le dernier kobold encore plaqué au sol par ses racines enchantées et alors que les protestations de la créature s’éteignent dans un ultime gargouillis les sens extraordinairement affutés du druide lui révèlent une présence dans son dos. Sans perdre un instant il invoque deux ours pour s’interposer entre lui et l’ homme redoutable qui sort de l’ombre. C’est en effet Sergor le mercenaire sans pitié qui avait mené l’assaut sur Termalaine qui a tenté de surprendre le druide. Flanqué d’un de ses sbires armé d’une arbalète, il se jette sur le premier ours qu’il décapite directement avec les deux étranges lames d’os qu’il manie. Stupéfait par la violence de la scène Finnlay ne prend pas garde à l’autre homme qui parvient à lui planter un carreau d’arbalète dans l’épaule. La soudaine douleur fait perdre sa concentration au druide et le deuxième ours s’évanouit dans les airs laissant le champ libre à Sergor qui s’envole littéralement pour retomber vers le druide en un plongeon mortel. Dans un dernier geste désespéré Finnlay relâche toute l’énergie magique accumulée en lui vers le damarien mais ce barrage de foudre ne suffit pas à bloquer la lame noire qui plonge entre les côtes du druide pour y déverser son poison. Le demi-elfe s’écroule aux pieds du mercenaire encore fumant des éclairs qui l’ont frappé. Mais il n’a pas le temps de savourer sa victoire car une flèche vient à ce moment traverser l’œil de son acolyte et que le cri de guerre furieux de Tengrim se précipite à la rescousse. Sergor doit mobiliser toute sa science du combat pour parer les coups du nain mais il parvient à le tenir en échec. C’est donc avec une certaine incompréhension qu’il sent ses jambes se dérober sous lui. Il laisse tomber ses dagues et porte ses mains sur la flèche qui lui traverse le ventre tout en tombant à genoux face au nain qui sans détourner le regard des yeux du mercenaire avance d’un pas vers lui et le décapite sans autre forme de procès.

Le combat a été bref mais il a attiré l’attention. Ildur jette un œil au dehors et voit une sentinelle qui court donner l’alerte au camp qui s’étend à l’extérieur des grottes. Ses appels interrompent un combat cérémoniel qui s’achèvent alors qu’un homme égorge de ses dents un kobold devant un femme à l’air cruel portant une armure d’écailles de dragon blanc. Dénombrant déjà une trentaine de mercenaires et autant de kobolds autour de la femme et de ses gardes du corps demi-dragons, les aventuriers préfèrent battre en retraite. Ildur hésite malgré tout un instant à inspecter la salle qui se trouve derrière le rideau de velours mais à peine s’y est-il engagé qu’une clameur vengeresse monte de l’extérieur. Finnlay revient alors à lui grâce aux soins de Tengrim et comme le ranger l’aide à se relever, le druide a un instant l’impression qu’un faible appel au secours a répondu à la présence de son compagnon dans la partie inexplorée du complexe. Il n’ose cependant pas protester quand ses amis le traînent vers le portail en toute hâte.
Une fois de retour dans la cave de la maison du conseil de Bryn Shander, Ildur ne perd pas un instant et ordonne qu’on fasse barricader les accès. Comme il le craignait un premier kobold se matérialise à leur suite mais le ranger l’abat sans sommation. Le second connait le même sort mais pas avant que sa maîtresse ait pu voir ce qui l’attend à travers les yeux révulsés de la malheureuse créature.