mercredi 3 février 2021

La Citadelle Purulente

 



Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 11

 

Avec

 


Tengrim Copperplate, Le nain qui communie avec la citadelle

 

Kri Shanu, Le moine qui cueille les démons en plein vol

 

Balak Charon Taâl dit le Crinti, Le demi-drow qui fait une cible mortellement dangereuse


Ildur Main d’Airain, Le ranger qui plonge dans le cœur des démons

 

Faerdhallarlasar "Rka" Muulkennirrhialiandeth, le drakéide à la lame de flammes vertes

 

 

 

Le navire du capitaine Gideos quitte les rives écarlates du Styx pour s’enfoncer dans un marais sanglant qui s’évase autour d’une colline boursoufflée d’où suintent des cascades de pus. La chaudière secouée de tremblements de plus en plus intenses finit par rendre l’âme à quelque distance du Furoncle. Les dômes immaculés de la forteresse céleste affleurent encore au sommet du bubon titanesque qui l’avale peu à peu en déployant ses filaments de chair tel un lierre rosâtre le long des murailles marmoréennes. 



Ses pentes enkystées trempent dans un mélange immonde de sang caillé et de pus dans lequel on s’enfonce jusqu’aux genoux. Pour compléter ce répugnant tableau, un véritable charnier recouvre les moindres parcelles de terres émergées. Les têtes arrachées de diables en tout genre sont plantées sur des piques gravées des symboles impies de Yeenoghu, le prince démon vénéré par les gnolls les plus sauvages. Entre les flaques d’ichor démoniaque iridescentes, des meutes de hyènes hilares se repaissent des charognes, enfouissant leurs museaux ensanglantés dans les plastrons déchiquetés des légionnaires infernaux qui étaient chargés de défendre l’accès à la citadelle purulente. Dabo le quasit apparait pour saluer le massacre d’un sifflement admiratif. Il confirme que c’est bien la horde de Yeenoghu qui a surgit du Styx pour accomplir ce carnage. Le mélange immonde dans lequel il faut patauger pour arriver jusqu’à la colline a des effets délétères évidents, l’ichor démoniaque et les humeurs infernales se combinant pour corrompre tant le corps et que l’esprit de ceux qui les traversent. Plutôt que de courir ce risque, les héros choisissent d’utiliser les chaloupes des Bloodreavers pour arriver jusqu’au pied du Furoncle en voguant à la surface du marais. Le trajet se fait rapidement sous le regard indifférent des troupes de gnolls qui finissent de dépouiller leurs victimes dans les décombres du champ de bataille. La colline semble faite de chair de plus en plus enkystée à mesure qu’on se rapproche du marais, si bien que le bas de ses pentes est presque aussi dur que la pierre. Les aventuriers laissent leurs chaloupes derrière eux et entament l’ascension à pied en essayant de ne pas se faire repérer par les adorateurs de Yeenoghu dont les incantations impies leurs parviennent du sommet. Tengrim tente désespérément de trouver une entrée par les toits de la forteresse mais tous les passages possibles sont verrouillés. Le nain en appelle alors à la sagesse de Clanggdedin pour comprendre pourquoi la citadelle refuse ainsi de s’ouvrir pour eux. Par cette intercession divine, il découvre que l’âme qui soutient les murailles célestes est à bout de force. Une profonde tristesse l’envahit à l’idée de faillir à la mission qu’elle s’est confiée de préserver l’épée de Zariel des griffes démoniaques qui l’assiègent. La citadelle s’est donc recroquevillée sur elle-même pour tenter de prolonger encore un peu sa résistance et il ne reste plus qu’une seule entrée sur laquelle elle concentre ses dernières défenses, la grande porte qui se trouve enfouie sous les tonnes de chair immonde que l’Avernus a dressé contre la forteresse et que les démons sont en train d’essayer d’excaver. Pendant que Tengrim communie avec la citadelle, le Crinti s’essaie aussi à l’exercice en se collant à un vitrail pour discerner ce qui se cache derrière l’éblouissante lumière qui en émane, mais au lieu du rassérénant sentiment de compassion qu’éprouve son compagnon, le demi-drow n’en retire qu’une sévère réaction allergique là où ses paumes se sont appuyées contre le verre indestructible. Il efface rapidement le rictus de douleur qui l’a saisi avant que les autres aventuriers ne s’aperçoivent de son inconfort et il reprend sa place parmi eux pour écouter le nain rendre ses conclusions. Ils n’ont d’autre choix que de s’enfoncer dans les tunnels creusés par les griffes et les crocs des démons pour tenter de retrouver dans ce dédale un accès à la porte de de la forteresse. Mais le seul point d’entrée est justement le lieu où se réunissent les gnolls pour vénérer la grotesque idole de Yeenoghu qu’ils ont érigée au sommet du Furoncle. Les aventuriers n’ont plus les ressources magiques qui leur permettraient de passer inaperçus au milieu de la foule et ils doivent se résoudre à recourir à la force pour gagner les souterrains.

Les hommes-hyènes se gorgent des lambeaux des diables vaincus au rythme des rires sauvages des charognards dont ils sont l’image et qui se pressent entre leurs jambes. Au pied de la statue grossière qui figure leur prince démon tutélaire, un gnoll colossal crache ses incantations sous le regard vicieux d’une bête immonde, croisement d’hyène géante et de manticore au pelage malade. 

le shoosuva


C’est sur elle qu’Ildur aligne ses premières flèches tandis que le Crinti libère une boule de feu d’un de ses parchemins pour carboniser une bonne partie de l’assistance et que le motif hypnotique de Rka paralyse les quelques survivants dans une hébétude forcée. Kri et Tengrim chargent alors pour éliminer au plus vite tous ceux qui tiennent encore debout avant que le massif Croc de Yeenoghu qui menait la cérémonie et son dévoué Shoosuva ne puissent contre-attaquer. Mais leur assaut n’est pas totalement passé inaperçu et un des Vrocks qui tournoient dans le ciel au-dessus du champ de bataille plonge vers eux en poussant un cri suraigu qui manque de les étourdir. Kri réagit aussitôt et d’un bond prodigieux il va agripper l’aile du démon avant qu’il ne puisse reprendre son envol et le force à atterrir devant Tengrim qui abat aussitôt Jotunbane en travers de son bec crochu. Mais avant qu’il l’achève, un deuxième Vrock se joint à la mêlée, puis un troisième et les flèches d’Ildur et de Rka ne les dissuade pas de hurler à nouveau. S’en est trop pour le Crinti qui s’écroule sous la douleur, devenant une proie facile pour le shoosuva qui se glisse jusqu’à lui pour le transpercer de son dard. Mais c’était sans compter sur l’instinct de survie hors norme du demi-drow qui du fond de son évanouissement parvient miraculeusement à esquiver les crocs acérés qui allaient le déchirer, gagnant ainsi assez de temps pour que ses compagnons se portent à son secours. Rka interpose sa rapière nimbée de flammes vertes entre le barde et la bête tandis qu’Ildur a dégainé ses poignards pour égorger le Croc de Yeenoghu avant qu’il puisse sortir de l’emprise hypnotique qui le tient encore. Kri de son côté perfectionne sa technique de capture de Vrocks dont il parvient à bloquer les ailes dans une clé de son invention qui lui permet de les forcer à s’écraser la tête la première devant Tengrim qui, faisant fi des spores méphitiques que les démons à tête de vautour crachent des glandes qui enflent leurs longs cous, les maintient au sol de sa poigne ferme. Ildur le rejoint et prenant son élan plonge les lames en avant dans le torse d’un vrock pour l’occire. Kri termine le travail en brisant la nuque du dernier démon entre ses jambes. Seul le shoosuva est encore aux prises avec Rka qui le tient hors de portée du Crinti en plongeant son épée profondément dans son flanc. Le demi-drow a cependant eu le temps de reprendre ses esprits et une lueur de malice cruelle éclaire son œil quand lui vient une idée particulièrement humiliante d’en finir avec la bête. A nouveau il se présente comme s’il était totalement sans défense et la tentation pour le monstre d’accomplir au moins un meurtre avant d’expirer est irrésistible. Il s’ébroue pour relâcher l’étreinte du drakéide et abattre son dard suintant de venin sur le torse de sa victime, mais le Crinti, par une feinte dont il a le secret, exploite le trouble de la créature agonisante qui s’enfonce son propre aiguillon dans le crâne, payant ainsi d’une mort ridicule son audace d’avoir voulu s’en prendre au demi-drow.

La voie est libre pour accéder aux tunnels et les héros s’y précipitent avant que d’autres démons ne flairent l’odeur du carnage, disparaissant dans l’obscurité poisseuse des galeries taillées dans la chair sanguinolente de la colline.