mercredi 7 novembre 2018

La seconde bataille de Bryn Shander




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 7

Avec


Tengrim Copperplate, Le nain à la hache tueuse de géants

Ildur Main d’Airain, le ranger qui ne sait pas voler

Finnlay Galindan, le druide qui subit les effets secondaires néfastes de sa magie



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A cheval sur les montures féériques de Finnlay, les héros partent au galop à travers les rues d'Easthaven d'où se déversent d'innombrables orcs en furie. A chaque intersection la nasse semble se refermer un peu plus et les lames des gobelinoïdes fouettent l'air de plus en plus près à chaque coup. C'est donc l'écume aux lèvres que les coursiers invoqués bondissent par-dessus les derniers monstres qui leur barrent l'accès à la route orientale qui file droit vers Bryn Shander à travers la toundra. 
Les aventuriers se réjouissent de voir  leurs poursuivants fous de rage laissés dans la poussière derrière eux, quand des rangs des orcs qui se pressent au flanc de la colline qui surplombe la route s'avance un des prêtres au front percé d'un énorme éclat de glace noire. Il invoque le nom de son nouveau maître tout en traçant des signes cabalistiques dans l'air et soudain les chevaux se dissolvent entre les jambes des aventuriers qui sont jetés dans la poussière à la vitesse de leur galop si rudement interrompu. Encore sous le choc d'avoir été ainsi désarçonnés ils se relèvent en essuyant la terre de leurs visages pour découvrir avec horreur la cohue des orcs qui se précipitent vers eux. Ildur se rue sans attendre vers la forêt qui s'étend au sud de la route où il espère pouvoir semer les créatures. Il ordonne à ses compagnons de le suivre mais ceux-ci demeurent immobiles, les jambes emprisonnées par des lianes de glace noire surgies du sol gelé. Tengrim saisit Jotunbane pour s'en libérer mais le temps qu'il tranche ses entraves, les premiers orcs sont déjà sur lui. La hache magique du nain taille en pièces vague après vague de ses assaillants mais dès que l'un tombe, deux autres bondissent pour prendre sa place. Sur le point d'être débordé, Tengrim recule alors pour adopter la posture défensive cérémonielle de Clanggedin opposant la forteresse de son sanctuaire à l'avancée des orcs qui l'encerclent sans pour autant pouvoir l'atteindre. 



De son côté Finnlay a dès les premiers instants invoqué des aigles géants à la rescousse, mais voyant les gigantesques rapaces sur le point d'enlever les héros, le prêtre d'Akar Kessel resserre l'étreinte de ses ronces cristallines sur le druide. De cruelles épines glacées commencent à s'enfoncer dans la chair de ses jambes et la douleur fulgurante déclenche une explosion de magie brute dans le corps du jeune demi-elfe dont la violence est telle qu'il en perd l'esprit. Seul son instinct primitif subsiste et il lui intime l'ordre impérieux de fuir au plus vite la horde sanguinaire qui fonce sur lui. Il se transforme alors en un loup monstrueux dont la puissante carrure fait voler en éclats la glace noire qui le retenait. Mais comme il part d'un grand bond vers l'abri des bois qu'avait repéré le ranger, une pluie de javeline vient s'abattre sur lui.  
Les pointes acérées déchirent sa fourrure hérissée et forcent le druide à reprendre forme humaine. Lorsqu'il se relève couvert de boue et de sang, il constate que derrière lui les orcs ont rattrapé Ildur dont même les terribles dagues ne peuvent le dépêtrer du flot continu d'ennemis qui se jettent sur lui. 
L'aigle qui avait tenté de venir au secours de Tengrim git à quelques pas du nain, un bouquet sinistre de lances planté dans sa grande forme brisée. Sous ses pieds le réseau de racines de glace noire qui l'avait   capturé s'anime à nouveau aux ordres du prêtre. Espérant briser sa concentration, Finnlay ordonne à son dernier aigle de s'emparer de l'orc pour l'emporter le plus loin possible dans les airs. Le demi -elfe chancelant rassemble ensuite ses dernières forces pour faire éclater une orbe d'acide en plein visage d'un orc qui s'apprêtait à frapper Ildur dans le dos, mais sa magie est devenue tellement instable que la puissance brute des mots qu'il incante lui brûle les cordes vocales et ce n'est plus qu'un croassement inaudible qui passe ses lèvres au moment de faire face à la nouvelle vague de brutes frénétiques qui arrive sur lui en hurlant. Les héros sont au bout de leurs forces et ils sont sur le point de se résoudre à faire face à la mort quand soudain un barrage de boules de feu venu du ciel vient briser net la charge des orcs. Des brèches miroitantes s'ouvrent ensuite dans l'air et des tentacules noirâtres en jaillissent pour s'emparer des orcs amassés autour de Tengrim. Ildur profite de la diversion pour éventrer ses adversaires les plus proches mais il n'est pas assez rapide pour les tuer tous et sa garde est complètement baissée face au dernier orc qui a l'opportunité de lui porter un coup fatal. Mais avant qu'il puisse enfoncer sa lame dentelée entre les côtes d'Ildur, un énorme aiguillon suintant de venin le transperce de part en part et l'ombre colossale de la wyverne de Lady Xanaphia l'écrase en atterrissant devant le ranger médusé. Lâchant une nouvelle salve de boules de feu pour tenir les orcs à distance, Chaldos Vedriga pose son hippogriffe entre Tengrim et Finnlay qui se jettent en selle derrière le skymage. Ildur, tout couvert de sang, doit à nouveau se serrer contre la sorcière elfe mais cette fois ci, loin d'être dégoûtée, elle ronronne de plaisir en l'invitant à prendre place. Avec un dernier regard en arrière, Finnlay congédie son aigle encore aux prises avec le prêtre loin au-dessus du champ de bataille et l'orc fait une chute aussi vertigineuse que mortelle alors que les héros décollent enfin. 
Ils prennent sans attendre la direction de Bryn Shander, leurs montures luttant contre des vents tourbillonnants qui mettent rapidement fin aux conversations entre les aventuriers et leurs sauveurs.  

Au bout de deux heures ils sont enfin en vue des murailles de la ville mais comme ils entament leur descente, Finnlay, toujours muet, se met à s'agiter frénétiquement pour attirer l'attention de ses compagnons. Alarmé par les gesticulations du jeune druide, Tengrim suit son regard horrifié vers les nuées d'où surgit soudain la terrifiante forme immaculée de la Mort Blanche en personne. Arauthator fond tel un gigantesque oiseau de proie sur la wyverne qu'il déchire de ses puissantes griffes, arrachant ses ailes aussi facilement que celles d'une mouche. 


Arauthator surgit des nuées

Désarçonné par le fantastique choc, Ildur reprend ses esprits alors qu'il tombe en chute libre vers les toits de la ville. Au-dessus de lui, Xanaphia flotte dans l'air comme une plume, mais elle a à peine le temps de brandir sa baguette que le souffle implacable du dragon la transforme en une statue de glace qui va se fracasser en milliers d'éclats sur les pavés en contrebas. Le ranger ferme les yeux en attendant de connaître le même sort, mais au dernier moment il sent les serres de l'hippogriffe se refermer sur son épaule et freiner in extremis sa chute. Le piqué que Chaldos Vedriga a fait effectuer à sa monture est cependant trop raide pour qu'il puisse se rétablir correctement et tout l'équipage frappe rudement le sol de la place dégagée devant la maison du conseil. Pour prix de ce sauvetage héroïque, la pauvre bête  se relève en boitillant, une patte cassée et l'aile froissée. Mais ses piaillements sont presque aussitôt couverts par le fracas du dragon qui se laisse choir sur la maison du conseil, pulvérisant la toiture sous son poids. La structure se retrouve tout à fait dispersée alors qu'Arauthator jette des pans de murs entiers sur les demeures alentour dont les façades défoncées s'écroulent à leur tour devant la fureur de la bête. Encore sonnés par leur atterrissage en catastrophe, les aventuriers se rendent soudain compte que les cris de rage et les invectives du dragon leur sont destinés. Il exige que Talis lui soit rendue et promet les pires souffrances à ceux qui ont ainsi osé lui voler sa propriété, puisque que c'est ainsi qu'il semble considérer la wyrmspeaker. 
Ses immenses griffes continuent de réduire en poussière les gravats alors qu'il délaisse la ruine de la maison du conseil pour s'approcher des héros.  Malgré les blessures accumulées au cours des dernières heures qui les laissent au bord de l'évanouissement, ceux-ci font face et se tiennent prêts à défendre chèrement leurs vies. Mais comme Arauthator va déchaîner son souffle glacial sur eux, il est frappé par une colonne de feu vert  vif tombée providentiellement du ciel. Il trébuche un instant sous la force de l'impact et des volutes miroitant d'éclats de glace s'élèvent entre ses crocs qui esquissent un sourire malsain en voyant qui l'a ainsi frappé.  
"Des Bainites? Bande d’imbéciles, vous avez fait venir des Bainites?!" s'écrie-t-il en voyant les prêtres qui s'avancent au milieu des soldats du Zhentarim qui arrivent au secours des aventuriers. Le dragon s'ouvre un passage de dévastation à travers les bâtiments qui le sépare des murs de la ville et assure aux héros qu'il n'en a pas fini avec eux, si tant est qu'ils survivent à La catastrophe qui approche. Puis il fait voler en éclats de son souffle destructeur tout un pan de la muraille avant de disparaître  vers l'horizon en quelques battements de ses puissantes ailes, ne laissent derrière lui que l'écho de son rire maléfique. 

Quelques heures plus tard, le nouveau conseil de Bryn Shander est réuni. Aux côtés de Duvessa Shane, qui incarne désormais la volonté de tous les gens des Dix-Cités, siège Chaldos Vedriga en tant que représentant du Zhentarim, flanqué de Tibor Gondorian, le massif haut prêtre de Baine à la face de bulldog. Le sheriff Markham est là en tant que chef de la milice, tandis que le Roi Jarund et Stokely Silvertream parlent pour leurs peuples respectifs. Tous écoutent le récit des héros avec des mines graves. Le silence qui s'ensuit est à la hauteur de la menace qui plane plus près que jamais sur la ville. Chaldos Vedriga est le premier à oser reprendre la parole et il pose la question fatidique; que fait-on maintenant que l'on sait ce qui approche? 
Les avis sont partagés sur la meilleure façon d'utiliser le peu de temps qui reste avant l'arrivée des orcs, mais c'est le point de vue des héros qui convainc le conseil. 
La priorité est donnée à l'évacuation des civils qui s'entassent dans les moindres recoins de la cité. Toutes les ressources seront donc dédiées à l'excavation du portail enseveli sous les ruines de la maison du conseil, même si cela veut dire qu'il faut abandonner l'idée de colmater la muraille dont la brèche ne pourra être comblée que par une barricade de fortune bien difficile à défendre correctement. Pendant deux jours une chaîne humaine travaille sans interruption pour déplacer les tonnes de gravats accumulées au-dessus des souterrains, et finalement on arrive à dégager un étroit passage jusqu'à l'escalier qui s'enfonce dans le sous-sol. La nuit même qui suit la fin des travaux, les sentinelles sonnent l'alarme. Des dizaines de torches sont apparues le long de la route et les lumières se répandent dans la plaine à l'est de la ville, accompagnées des hurlements bestiaux des orcs impatients du carnage. 
Déjà une longue file de réfugiés  se forme devant l'accès au souterrain et toute la milice doit se mobiliser pour éviter que la panique ne provoque de fâcheux débordements. Toute la nuit, femmes, enfants, vieillards et blessés s'engouffrent dans le portail et pourtant à l'aube ce n'est encore qu'une fraction d'entre eux qui a pu fuir quand sonnent les cors stridents de l'armée des orcs. Une bousculade répond au son des cornes et l'on doit employer la manière forte pour la calmer alors qu'on se rend compte que ce n'est pas encore le signal de l'attaque qui vient ainsi d'être donné mais plutôt qu'on annonce que le nouveau maître du Valbise paraît enfin. Le massif palanquin s'avance jusqu'aux abords de la ville et Akar Kessel en émerge pour s'adresser au peuple de Bryn Shander. Malgré la distance respectable qu'il conserve, sa voix éraillée porte au-delà des murailles, sans doute amplifiée par magie. Son ultimatum est des plus simple, qu'on le reconnaisse comme le souverain absolu de la région et qu'on le vénère comme un dieu en échange de sa mansuétude, ou bien il lâchera ses troupes enragées qui massacreront tout le monde. 

La bataille est désormais inévitable car la reddition n'est une option pour personne. Les quelques heures de répit qui restent sont donc mises à profit pour mettre les dernières touches à la défense de la ville. 
Les ingénieurs nains dressent des barricades en travers des rues qui entourent la réparation de fortune qui a été tentée pour combler la brèche dans la muraille. Des paniers remplis de pierres et des marmites d'eau bouillantes sont hissées vers les barbacanes qui surplombent les portes tenues par le Zhentarim. Les miliciens distribuent leur surplus d'armes aux guerriers de l'élan tandis qu'autour de Tibor Gondorian les disciples de Baine prient leur impitoyable dieu pour qu'il leur accorde ses sorts les plus destructeurs. 
Et dans les souterrains, tout au fond de l'immense salle où se presse la foule des pauvres gens attendant de passer le portail, les ouvriers harassés par leur labeur d'excavation des derniers jours recommencent à déplacer des pierres de leurs mains meurtries pour ménager un passage à la bande de héros qui ont pour mission de tenter d'abattre Akar Kessel en prenant à revers son escorte au plus fort de la bataille qui s'annonce. Autour des aventuriers, les dix guerriers les plus braves de la tribu de l'élan se tiennent côte à côte avec un groupe de Bainites et de mercenaires du Zhentarim à l'air sombre. 
Le signal du départ qu'ils attendent ne tarde pas à sonner, car dès la nuit tombée une clameur sauvage assaille leurs oreilles alors qu'une véritable marée d'orcs vient se briser sur les murs de Bryn Shander. 



Courbés sous les étais qui retiennent le remblai, ils rejoignent le long tunnel qui mène à l'extérieur de la ville où une funeste surprise les attend. Au fond de la combe où s'ouvre la porte secrète, ils manquent en effet de tomber nez à nez avec la troupe entière des pirates silencieusement tapis derrière les fourrés. Fort heureusement, la magie de Finnlay les enveloppe d'un voile d'ombre qui efface leurs silhouettes sur l'arrière-plan de la nuit et leur permet de s'évanouir dans la nature sans être repérés. Le druide convoque aussitôt un petit hibou à qui il confie un message pour Chaldos Vedriga l'avertissant que les ruffians préparent un mauvais coup du côté de la porte nord. 
Pour être sûrs de bien prendre Akar Kessel par surprise, il leur faut faire un détour significatif par la toundra rendue spongieuse par le dégel anormalement précoce que connait le Valbise depuis quelques jours. En privilégiant les chemins cachés dans les creux du relief, ils n'aperçoivent que des bribes de la bataille  qui fait rage dans Bryn Shander. 
Les orcs se sont scindés en deux groupes. Le premier est muni de lourds béliers et d'échelles de fortune et se lance à l'assaut de la porte orientale. Les mercenaires du Zhentarim qui la tiennent repoussent vague après vague des créatures, mais les arbalétriers ont beau faire pleuvoir les carreaux sur ceux qui s'amassent en contrebas, les orcs ne tombent pas, comme si une force inconnue déviait les traits au dernier moment. Le deuxième groupe, bien plus important, se rue sur la brèche. Les barricades montées par les nains résistent au-delà de toute espérance, mais même le savoir-faire des ingénieurs du clan Battlehammer ne peut retenir éternellement  les centaines d'orcs qui se pressent contre la muraille et bientôt la horde se répand dans les rues. Les défenseurs leur font cependant payer cher la moindre avancée. Les barbares de l'élan surgissent de chaque croisement dans des contre-attaques furieuses tandis que les miliciens du sheriff offrent une résistance héroïque, soutenu par la magie des prêtres de Baine. Chaldos Vedriga n'est pas en reste et ses projectiles magiques fauchent sans relâche les orcs qui croisent son chemin. La chouette de Finnlay vient alors se poser sur son épaule pour lui murmurer l'avertissement du druide au creux de l'oreille. Le skymage réalise que l'attaque sur la porte orientale n'est qu'une diversion et que c'est de la porte nord dont les défenses ont été dégarnies que les troupes d'Akar Kessel comptent prendre les défenseurs de la ville à revers. Aussitôt il se taille un chemin dans la mêlée à coups d'éclairs, sans se soucier des malheureux barbares qui s'y battent encore, et il entraîne en toute hâte les forces du Zhentarim qui l'entourent vers la porte nord. Soudain privés du soutien des Bainites, la ligne des miliciens faiblit et elle se serait effondrée totalement si les nains n'avaient pas quitté les souterrains qu'ils gardaient pour lancer une contre-attaque désespérée. 
En arrivant à la porte nord, Chaldos Vedriga et ses hommes sont accueillis par un silence de mort. Aucune sentinelle ne répond à leurs appels mais comme ils approchent, les gardes de faction se retournent soudain en sortant leurs armes et se précipitent sur eux. La pâleur de leurs visages et les gouffres insondables de leurs orbites ne laissent pas de doute, les pauvres hères ont été transformés en mort-vivants. Un bref combat s'engage avant que les prêtres canalisent l'énergie de leur dieu pour repousser les zombies. Mais leur cercle de protection est soudain brisé avec des cris étranglés. Une silhouette sombre et vaporeuse se dresse au milieu des Bainites qu'elle transperce tour à tour de sa longue lame noire. Les prêtres tombent  pour se relever presque aussitôt et se retourner contre les mercenaires qui étaient encore leurs camarades un instant plus tôt. Les soldats se replient en formation défensive autour de leur chef qui scrute l'obscurité de sa baguette pour frapper de sa magie le spectre qui commande les mort-vivants. Il ne faut pas attendre bien longtemps pour que celui-ci reparaissent et traverse sans peine le mur de lames dressé devant lui par les mercenaires. Chaldos Vedriga parvient à lâcher une salve de projectiles magiques qui vont se perdre dans la poitrine obscure de Derek avant que son étreinte se referme sur la gorge du mage avec un rire cruel. Le skymage sent sa force vitale le quitter, inexorablement aspirée par le lieutenant d'Akar Kessel. Il est sur le point de perdre connaissance lorsqu'un flash de lumière verte vient percuter Derek et l'envoyer voler à l'autre bout de la place. Une seconde vague de la même énergie réduit en cendres les zombies alors que Tibor Gondorian et ses acolytes arrivent. Le haut prêtre avance sans hésiter vers Derek qui peine à se relever. Il enfonce son gantelet d'émeraude dans le torse du spectre en invoquant le nom tout puissant de Baine et Derek plie le genou, sa volonté brisée et son âme pervertie désormais au service exclusif d'un nouveau maître. Il trahit sans remords les hommes qu'il était censé mener au combat un instant avant et leur donne le signal de sortir de leur cachette pour passer la porte qu'ils pensent tenue par le mort-vivant. Mais quand les pirates arrivent au pied des murailles, les lourds battants de bois se referment devant eux et le barrage de carreaux d'arbalète qui les accueille achève de les précipiter dans une piteuse débandade.  
L'intervention du Zhentarim pour faire échec aux plans de Derek a cependant durement dégarni la résistance autour de la brèche et les combats ont débordé profondément au cœur de la ville où la panique se répand dans l'anarchie la plus complète. 
Les guerriers de l'élan se retrouvent encerclés et tombent à un rythme effrayant autour de Jarund. Les tirailleurs de Folnor, à cours de flèches, se retrouvent piégés sur le toit en feu de la maison dans laquelle ils ont dû se replier, et plutôt que de laisser les flammes les priver d'une mort glorieuse, ils préfèrent brandir leurs couteaux et se jeter dans la masse grouillante des orcs en contrebas pour en emporter le plus possible dans leur chute.  
La milice est bien incapable de retenir la furie des sbires d'Akar Kessel et dans leur fuite on ne peut plus distinguer les hommes du sheriff des civils terrifiés qui se bousculent dans les rues. 
Les orcs finissent aussi par débusquer les quelques nains qui tiennent encore l'accès aux souterrains sous le commandement de Delg.  Plutôt que de laisser les créatures atteindre la foule d'innocents qui attend encore en bas, le nain choisit de se sacrifier en faisant s'écrouler sur lui la galerie qu'il défend pour piéger sous des tonnes de terre la troupe de gobelinoïdes qu'il avait attirée au bas de l'escalier et condamner du même coup l'accès à la salle du portail. 

Akar Kessel

Alors que la situation prend ce tour désespéré à Bryn Shander, les héros arrivent enfin en vue du palanquin d'Akar Kessel, entouré de sa garde prétorienne de champions orcs. L'énorme silhouette engoncée dans son armure noire contemple les ravages de son armée avec un ricanement satisfait. Leur résolution armée par le dégoût que cette scène leur évoque, les héros et leur escorte sont prêts à passer à l'attaque. Finnlay commence par se saisir de la baguette de l'hiver de Talis avec laquelle il invoque une terrible tempête de grêle qui aveugle les orcs et bouscule suffisamment les ogres pour que le palanquin vacille. Akar Kessel est ainsi délogé de son trône sans ménagement.  À peine a-t-il retrouvé son équilibre que Tengrim surgit du blizzard pour le cribler de violents coups de haches.  L’armure de glace noire ne s'en trouve même pas égratignée mais la puissance de Jotunbane est telle que le géant est renversé sur son postérieur. Ildur en profite pour littéralement sauter à la gorge du mort-vivant et réduire sa face en pulpe putréfiée à grands coups de poignards. Les orcs n'ont pas le loisir de porter secours à leur maître car les barbares et les mercenaires sont déjà sur eux, accompagnés d'une meute de loups que Finnlay a fait apparaître. Seuls les ogres les plus proches peuvent tenter de s'interposer en faisant tournoyer leurs grands gourdins ferrés de glace noire. Ildur est cueilli de plein fouet par un de leurs coups qui l'envoie rouler sur le sol où un autre impact tombe suffisamment prêt pour lui envoyer une giclée de terre dans les yeux. 
Akar Kessel se relève en repoussant Tengrim du plat de sa gigantesque épée de glace noire. Un rire gargouillant secoue  encore sa mâchoire à moitié arrachée alors qu'il percute le ranger toujours aveuglé d'un coup aussi maladroit que puissant. Ildur est projeté à plusieurs mètres et retombe lourdement dans la boue glacée, inconscient. Déséquilibré par le poids démesuré de sa lame, Akar Kessel est incapable de parer l'attaque suivante du nain et Jotunbane s'enfonce profondément dans son crâne, pulvérisant la magie nécromantique qui animait le corps de Gundar qui s’effondre avec fracas aux pieds de Tengrim. Le spectacle de leur maître vaincu jette les quelques ogres survivants dans un effroi irrésistible et ils s'enfuient dans la nuit avant d'être fauchés eux aussi par le nain et sa terrible hache. 
A Bryn Shander aussi la défaite d'Akar Kessel a des conséquences désastreuses pour son armée. La magie qui soutenait les orcs s'évanouit soudain et la contre-attaque du Zhentarim fait enfin les ravages attendus dans leurs rangs. Sans la force de leur maître pour les guider, le moral des orcs s'effondre et ils ne tardent pas à battre en retraite dans un désordre indescriptible. 

Finnlay se précipite au chevet d'Ildur qu'il ramène à la conscience avec sa magie curative. Le ranger rouvre les yeux juste à temps pour voir Tengrim finir de décapiter le corps sans vie du géant. Ce qui reste de sa tête roule sur le sol et comme son seul œil restant se couvre d'un voile opaque, l'horrible voix d'Akar Kessel s’élève dans les airs et leur lance une dernière invective avant de se perdre dans le vent  : 

"Si vous croyez que détruire cette carcasse suffira à me vaincre, c'est que vous êtes encore plus bêtes que je ne le pensais! Je reviendrai et la prochaine fois personne ne pourra m'arrêter!"