jeudi 27 février 2020

Assaut sous la cascade

Session Star Wars #42

Date : 04-Feb-2020

Avec :
Le Commandant Hyabu, ‘easy rider’
Meera, à nouveau sur la piste du Pacha
Cornell Quantarus, pris pour un agent du Moff Sienar
Aqualto Fudah (‘Alto’), aux visions salvatrices
Zayne Bentaroo, prêt à se jeter dans le vide pour sauver un compagnon

Lieu(x) :
Jagomir, secteur Esstran


Nullement étonnée de la présence de l’équipe du Commandant Hyabu, la jeune femme progresse sur la carlingue du vaisseau et demande à un des deux droïdes de couper la musique d’ambiance. Sur le qui-vive, l’équipe ne peut qu’apprécier les nombreuses modifications apparentes sur les deux anciens droïdes de combat, tandis que la dénommée Kate descend tranquillement sur le sol de la base.

D’apparence très jeune – 20 ans environ –, elle dégage une assurance physique où Cornell reconnait la démarche d’un officier impérial doué pour le combat au corps à corps. Sans cérémonie, elle lance à la cantonade : « Le Doc est parmi vous ? ». L’esprit toujours vif, Cornell répond du tac au tac que c’est effectivement le cas, désignant d’un geste vague la silhouette de Meera, qui reste impassible. Kate demande alors le mot de passe attendu, ce à quoi Cornell ne peut que prétexter d’un air contrit un problème de transmission… Qu’à cela ne tienne, le mot de passe de sécurité fera donc l’affaire… ?

Kate.

Une seconde femme – dont on apprend vite qu’il s’agit d’une certaine Skave – émerge alors de sous le vaisseau patrouilleur. A peine plus âgée – 25 ans peut-être ? – et arborant quelques mèches blanches, elle se saisit d’une mitrailleuse blaster et demande à Kate de sa voix éraillée de quoi il s’agit. Un peu trop éloignée, elle ne peut voir que Cornell mobilise la Force pour subvertir l’esprit de Kate, qui annonce à Cornell : « Oui, je me souviens de Scarrif… » –phrase qui rappelle à Meera sa conversation à l’issue dramatique avec Dame Brionelle. Maintenant mises totalement en confiance, Skave et Kate invitent le groupe à les rejoindre pour une collation et un briefing autour d’une table sous le patrouilleur.

Chacun peut alors à loisir observer l’étrange manège se déroulant autour de la station de traitement des créatures serpentines, et Alto remarque qu’elles semblent souffrir de leur captivité. Zayne éprouve presque un haut-le-cœur en passant à leur proximité, ressentant un malaise certain face à leur nature qu’il ne peut définir autrement que par « étrange ». La manœuvre opérée par le droïde semble d’ailleurs très délicate, comme si le produit extrait des serpents se révélait particulièrement instable, et par conséquent complexe à manipuler et concentrer dans de petits tubes stockés au bout de la chaîne de traitement.

Les droïdes de combat modifiés du BRI.

Maintenant que l’ensemble du groupe est attablé, Skave peut commencer à échanger des informations avec Cornell, qu’elle prend manifestement pour le responsable de l’équipe. Elle commence par demander à Cornell confirmation sur la présence du chargement de reclon au sein de Fortitude. La réponse la rassure, lui confirmant que leurs services respectifs se sont effectivement mis d’accord, pour une fois... S’adressant à celui qu’elle pense être un certain Zed, membre des services secrets spéciaux du Moff Sienar, Skave fournit alors bon nombre d’éléments qui glacent secrètement les membres de l’équipe de Hyabu. Tout d’abord, une opération impériale sera bien menée sous peu contre la base de Fortitude, présentée comme un ramassis d’incapables accablés par l’environnement hostile. Quant au reclon, il faudra absolument le livrer comme prévu à la Reine Pirate dans les meilleures conditions, la leader terroriste ayant « mordu à l’hameçon ». Puis, l’équipe de Zed pourra partir avec Skave et son équipe – une troisième personne dans la base et les deux droïdes – pour la poursuite des « investigations ».

Il transparaît assez clairement que Skave et Kate appartiennent au BRI. Débarquées sur Jagomir il y a environ 6 mois, elles ont plus que rentabilisé leur couverture de contrebandiers. Un agent a été établi au sein de Fortitude et un commerce florissant de denrées plus ou moins illicites a été mis en place en parallèle pour poser une emprise chaque jour grandissante sur la base. Reste maintenant à lancer la fin du plan. Zed et son équipe seront mis sur la « route du pacha » comme convenu et pourront être exfiltrés de Jagomir avant l’assaut impérial. Pour cela, il faudra toutefois attendre l’arrivée du nouveau Commodore Hamild et mettre la main sur le pilote qui sera à même de traverser la « route du pacha » pour accéder à la zone. Ce mystérieux pilote est actuellement retenu sur Atolon – l’évocation de la planète prison du Pacha Yunkaï déclenchant immédiatement un frisson d’horreur chez Meera. Bref, la suite semble limpide à Skave : il ne restera plus qu’à sortir le pilote d’Atolon, et de là il sera facile de savoir ce que trament « ces enfoirés du Premier Ordre »…

Skave.

Un brin curieux, Zed/Cornell veut en savoir plus sur les évènements récents de la base. Skave confirme donc qu’il a bien fallu éliminer le Commodore Tyleth et son second Burns, car ils fouinaient de plus en plus dans la région. Par contre, Starz et Pikouze n’ont aucun rôle dans l’affaire, et Cornell oriente la discussion vers Mez, cherchant à deviner s’il pourrait s’agir de l’agent infiltré. Toutefois, Skave reste particulièrement précautionneuse à ce sujet, et Cornell doit redoubler d’ingéniosité en mettant en avant le fait qu’elle a parfaitement joué son rôle en s’opposant en apparence à la réquisition de son vaisseau. Sondant alors de manière fugace l’esprit de Skave au travers de la Force, il lui semble un instant que l’officier du BRI a eu la même pensée… Mettant à profit la discussion, Meera cherche à détecter la présence du troisième membre de l’équipe du BRI, qu’elle devine à bord du Patrouilleur, et note l’information avec intérêt – on ne sait jamais comment les choses pourraient tourner dans les minutes à venir.

L’équipe commence à s’ébrouer autour de la table, la collation touchant à sa fin. Cornell et Zayne échangent un fugace regard de connivence. Saisissant les subtils changements de physionomie chez son compagnon, Alto comprend que les choses vont rapidement s’envenimer et elle mobilise discrètement les flux de Force environnants pour ouvrir les sens de ses camarades. Soudain, Cornell s’effondre sur son siège, comme pris d’un malaise inexpliqué, et on réclame un peu d’eau pour ranimer le comédien. Toutefois, Skave semble avoir compris que la partition qui se joue n’est pas totalement accidentelle, et elle porte sa main à son holster…

Tout s’accélère brutalement, dans un brouhaha de tirs de blasters et de courses trépidantes. Comme propulsée de son siège, Alto saisit son sabre-laser et se jette vers le droïde de combat posté en arrière, déclenchant un tir réflexe de Skave qui fait trébucher la jeune padawan face au droïde. Dans la confusion, le tir de Meera manque Skave, et la Chiss passe par-dessus la table pour filer vers la coursive du vaisseau patrouilleur, mais se retrouve face à la troisième larronne – dont on comprend qu’elle répond au patronyme de ‘Red’ – de l’équipe du BRI, équipée comme un char d’assaut. Zayne a également dégainé son sabre-laser, et il se porte subitement sur Kate pour briser d’un coup sec l’arme qu’elle pointe dans sa direction. De sa position, Hyabu a bien anticipé la situation, et le voilà qu’il enfourche une des motojets garées à quelques mètres à une vitesse inattendue, avant d’actionner le canon blaster vers Skave, qui se retrouve projetée au sol, hors d’haleine. Prises au dépourvu, Kate et Red tente de se dégager de leurs positions respectives en activant des grenades éblouissantes au contact, repoussant respectivement Zayne et Meera dans un éclair assourdissant. Voyant Meera rouler au sol sous le choc, Cornell s’engage à son tour dans la coursive du vaisseau patrouilleur et réclame du soutien lorsqu’il constate la fuite effrénée de Red vers le cockpit.

Red.

Rampant sous la table à la recherche d’un abri précaire, Skave s’agrippe à un comlink, dans lequel elle débite une série de codes, tandis que Red s’est déjà enfermé dans le cockpit pour y lancer semble-t-il une procédure de décollage d’urgence. Aveuglée, Meera recule de la zone de combat et se réfugie bon gré mal gré entre des containers, tandis que Zayne effectue un saut périlleux pour se retrouver sur la passerelle du vaisseau patrouilleur. Maintenant que la zone est totalement dépourvue de membres de son équipe, Hyabu s’en donne à cœur joie pour canarder Kate, qu’il abat sans regret, avant de démarrer en troube pour contourner le patrouilleur, dans lequel un compte à rebours commence à se faire entendre. Sur ses gardes, Cornell préfère rebrousser chemin après avoir lancé dans son comlink un avertissement à ses compagnons. Il se poste à la sortie de la coursive, avise Skave sous la table et l’exécute sans autre forme de procès. Réagissant aux codes lancés plus tôt par Skave, le droïde affairé auprès des créatures serpentines écrase violemment l’ensemble des échantillons stockés dans la zone de traitement et détruit les jarres de son canon blaster, ne laissant aucune illusion sur ce qui pourrait aurait pû être récupéré.

Face à Alto, le premier droïde de combat ne peut toucher sa cible, qui esquive ses tirs, et se retrouve tranché en deux par le sabre-laser de son adversaire. Sans doute est-ce le fruit de la violence de l’instant et du bruit des panneaux du vaisseau en train de s’ouvrir : Alto ne peut réprimer la vision effrayant de la mort imminente de ses compagnons… Elle hurle un « Sortez tous ! » plein de terreur dans le comlink avant de se jeter sur la seconde motojet. Zayne a dû saisir dans la voie de sa sœur l’urgence de la situation : il saisit Cornell dans ses bras et effectue au saut délirant au travers de la cascade, mu par la toute-puissance de la Force. Hyabu également a compris au bruit caractéristique de la mise en route de l’hyperpropulsion du patrouilleur qu’il ne fera pas bon être dans les parages dans les secondes qui viennent. Ayant fait le tour du vaisseau, il attrape Meera au vol et lance une série d’ordres secs auxquels chacun sait qu’il doit répondre immédiatement.

Vaisseau Patrouilleur Explorer E-9 de la Loronar Corp.

A l’extérieur de la base de la cascade, la pluie masque à peine le grondement des chutes d’eau, devant lesquelles quelques volatiles impassibles effectuent des cercles routiniers. Soudain, les silhouettes entravées de Zayne et Cornell traversent la cascade à grande vitesse, suivis par Alto, dont la motojet pique du nez vers la base de la cascade, et enfin Hyabu et Meera sur leur véhicule qui semble presque glisser sur l’eau. Rebondissant d’un rocher à l’autre, Zayne finit par se poser sur une zone relativement plate, tandis que Hyabu fait habilement ricocher sa motojet sur les chutes d’eau jusqu’à la même zone. Une explosion violente se fait entendre, alors que le vaisseau patrouilleur se disloque totalement à la sortie de la base, éradiquant totalement son environnement direct. En chute libre, Alto se redresse sur le siège de sa motojet, prend une grande inspiration, et se prépare au choc de son arrivée dans le grand maelstrom liquide qui l’attend en contrebas…

mardi 25 février 2020

L'Ambition de l'Ogre-Mage




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec



Finnlay Galindan, Le druide qui a des réminiscences de son enfance

Thormund Sombracier, Le barbare qui massacre les hobgobelins

Frère Démétrius Salazar, Le pèlerin qui négocie des alliances de circonstance

Ildur Main d’Airain, Le ranger qui capture un prisonnier bavard

L'odeur du hobgobelin, acre de terreur, emplit les narines de Finnlay alors qu'il prend la forme d'un loup sanguinaire pour initier la traque du dernier fuyard en compagnie d'Ildur. Toute l'avance que le malheureux a pu prendre fond comme neige au soleil alors que les deux aventuriers galopent à travers la forêt sans se détourner un instant de la piste. Le hobgobelin s'enfonce vers le cœur de plus en plus sauvage de la forêt et le ranger comprend au bout d'un moment qu'il ne fait que remonter les pas de la troupe qui l'accompagnait. Certain maintenant de ne plus avoir besoin de leur proie en vie pour retrouver d'où ils sont venus, Ildur fait signe au loup Finnlay qu'il peut accélérer pour conclure sa chasse. Il ne faut pas longtemps pour que ses puissantes mâchoires se referment sur la gorge du hobgobelin dont le sang noir vient maculer ses babines.  
Pendant ce temps, Salazar et Thormund réaniment Cadwy pour l'interroger sur les raisons de sa compromission avec les gobelinoïdes qui devraient au contraire être ses ennemis indiscutables. Le paladin a bien conscience de l'incongruité de cette alliance mais il la juge nécessaire car elle aura des répercussions jusque dans l'équilibre des forces de la Guerre de Sang. Si lui-même ne connait pas tous les tenants et les aboutissants de l'affaire, il réaffirme sa confiance absolue dans la clairvoyance du Grand Observateur qui poursuit encore l'idéal de la croisade de l'archange Zariel dans les enfers. 


Alors que Cadwy se justifie ainsi, Thormund parvient à percevoir ses pensées. Il n'y trouve aucune trace de duplicité et l'homme semble réellement convaincu de ce qu'il raconte. Son évocation de la Guerre de Sang est particulièrement vivace ; une guerrière angélique dotée d'une double paire d'ailes scintillantes y fauche des hordes infinies de démons alors que dans son dos la menace sourde d'un titanesque dragon à cinq têtes avance inexorablement du lointain pour ruiner ses efforts. 
Sentant qu'ils n'en en obtiendront pas plus, Thormund assomme à nouveau le capitaine qui rejoint les survivants de sa patrouille ligotés sous la surveillance de Tengrim et Kri. 

La nuit est tombée quand Ildur et Finnlay reviennent. La piste des hobgobelins sera longue à suivre à travers les bois de plus en plus denses à mesure qu'on s'y enfonce, aussi les aventuriers préfèrent ils camper dans la clairière qui parait plus facile à sécuriser. Les tours de garde qu'ils montent dans la lumière franche de leur feu sont ponctués des hurlements des nombreuses meutes de loups qui hantent la nuit, mais aucune n'ose approcher du campement.  

Le lendemain, les aventuriers retracent les pas des hobgobelins qu'Ildur n'a aucun mal à suivre. Malgré le rythme soutenu que le ranger impose, ils marchent une journée entière avant de trouver d'où les gobelinoides sont partis. Ils tombent en effet nez à nez avec les ruines d'une antique cité dont la présence tranche tellement avec la nature primaire qui les entourent qu'elles en deviennent étranges et inquiétantes. La ville, aussi incroyablement isolée qu'elle semble être, a pourtant du être prospère et populeuse. Finnlay s'arrête devant les restes du mur d'une grande villa patricienne duquel il a gratté la mousse pour révéler une étonnante fresque. Intrigués par le regard nostalgique et presque attendri que le druide pose sur sa découverte, ses amis se rassemblent autour de lui et étouffent un hoquet de stupeur quand ils comprennent que la scène qui l'émeut ainsi représente une sarabande de loups-garous hurlant sous la pleine lune. Finnlay n'y voit pourtant aucun mal car il reconnait là les rites des adorateurs de Sélunée qui ont bercé son enfance. Salazar s'approche pour tenter de déchiffrer les inscriptions à demi effacées qu'il devine sur la pierre, mais à part quelques prières à la déesse de la lune, il n'y apprend rien d'autre que le nom de l'endroit que lui a légué son fondateur ; ces ruines sont celles de la cité de Vehlar. Ce nom évoque de vieilles histoires de voyageurs à Thormund. On raconte à la veillée sur les routes du nord que la ville aurait été maudite par la déesse et qu'elle aurait été bannie dans les limbes avec ses habitants impies. Elle réapparaitrait parfois lorsque la lune est pleine pour attirer les mécréants dans l'au-delà, malheur aux imprudents qui croisent son chemin ! 
Ces lugubres rumeurs ne font qu'accentuer la vigilance des aventuriers qui entendent alors la langue aux accents orientaux des hobgobelins qui leur parvient du cœur des ruines. Dissimulés comme à l'accoutumée par la magie de Finnlay, ils approchent des restes d'un grand temple dont le dôme est effondré mais dont les murs tiennent encore debout sous la mousse et le lierre qui les recouvrent. Deux sentinelles partagent leurs rations devant l'entrée et on devine le mouvement du reste de leur escouade à l'intérieur. Les alentours du bâtiment ont été défrichés et le sol semble avoir été piétiné régulièrement par des troupes relativement nombreuses dans les dernières semaines. Les abords ainsi dégagés ne permettent pas aux héros de s'approcher sans se révéler.  
Thormund implore alors une faveur démoniaque qu'il partage avec Salazar et les deux hommes deviennent aussitôt invisibles. Ils contournent sans bruit les gardes pour pénétrer à leur insu dans le temple. Une dizaine de hobgobelins y sont stationnés pour y maintenir un camp de base autour d'une plateforme de pierre sculptée aux arabesques désormais familières. Le cercle de téléportation s'active et cinq autres hobgobelins se matérialisent pour prendre la relève de leurs camarades qui montent à leur tour sur la plateforme et saisissent les écussons en forme de main à cinq griffes qui ornent leurs épaulettes pour activer le portail et disparaître à leur tour.  


Toujours invisible, Thormund se positionne sur la plateforme pour y bloquer d'éventuelles nouvelles allées et venues, tandis que Salazar se glisse furtivement jusqu'à l'arrière de la grande salle où somnolent deux hobgobelins. Le premier n'a pas le temps d'être réveillé par les grognements des loups sanguinaires que Finnlay a lâché sur les sentinelles à l'extérieur qu'il a déjà la gorge tranchée. Son compagnon n'a pas plus de chance car son cri d'alerte est étranglé par le fouet du pèlerin qui s'enroule autour de son cou. 
Le sergent hobgobelin se précipite au dehors en ordonnant à un de ses soldats d'aller chercher du renfort de l'autre côté du portail. Celui-ci est embroché par Thormund avant même d'avoir pu porter la main vers son symbole d'activation. Le barrage de flèches d'Ildur repousse les hobgobelins à l'abri des murs derrière lesquels ils viennent à bout des loups géants. Malheureusement pour eux les ruines cachent désormais un prédateur bien plus terrifiant ; Thormund s'abat sur eux en pulvérisant la paroi branlante qu'il traverse et se livre à un implacable massacre qui extermine les gobelinoides en quelques instants. 

Leur officier trouve pourtant le courage de se ruer vers l'archer embusqué qui les harcèle mais il tombe nez à nez avec les poignards d'Ildur qui découpent son armure pour aller frémir contre son ventre soudain exposé. Plutôt que de donner l'opportunité aux couteaux d'assouvir leur soif de sang, il décide sagement de se rendre. Il implore les aventuriers de lui laisser la vie et se montre prêt à répondre à leurs questions en échange de leur clémence. Il leur révèle qu'il appartient à l'armée de l'Empire Sythilisien, royaume autoproclamé de monstres divers qui prétend régner sur les régions abandonnées du sud de l'Amn, des ruines de Murann jusqu'à la forêt de Wealdath. Sythilis et Cyrvisnea, le couple d'ogre-mages dont les ambitions tyranniques ont porté depuis l'orient lointain leurs légions hobgobelines dans la foulée de la dévastation de la grande horde de Yamun Kahan, ont trouvé dans le culte du dragon l'alliance tant attendue pour reprendre leurs projets de conquête. Avec le soutien des dragons chromatiques et la mobilité offerte par le réseau de portails du culte, l'Empire deviendra inarrêtable. L'envolée patriotique du sergent est coupée nette par Thormund qui le décapite sans remords. 

Les aventuriers dépouillent les cadavres de leurs uniformes et sur les conseils avisés de Salazar s'en vêtissent pour se faire passer pour des soldats hobgobelins. 
La supercherie est rendue encore plus crédible par Thormund dont les accointances abyssales lui permettent de réellement adopter l'apparence d'un des monstres qu'il a taillé en pièce un peu plus tôt. 
Ainsi grimés, les héros activent la plateforme de téléportation qui les amène bien loin de là au bas de la vallée du Nexus, sous les remparts du manoir de Sandesyl. Contrairement à leur dernière visite, la brume qui recouvre les bois est loin d'être silencieuse. Des campements innombrables ont été installés dans les moindres recoins de la forêt. A perte de vue s'agitent des dizaines de milliers de hobgobelins, gobelins, gobelours et autres ogres. On aperçoit même les ombres massives de géants des collines qui frayent avec les compagnies de mercenaires encadrées par les sinistres dragonclaws, tandis que dans le ciel sombre tournoient les dragons rugissant de joie devant le spectacle de la puissance impressionnante du culte de Tiamat.  


Même les héros doivent marquer un temps d'arrêt face à l'ampleur de la menace que représente désormais cette armée. Reprenant leur contenance, ils s'avancent entre les feux de camp des gobelinoides. Bientôt ils surprennent une altercation entre une troupe de gobelins revendicatif et Trepsin, le brutal garde-chasse troll à quatre bras, flanqué d'une dizaine de ses cousins aux allures bestiales. En réponse aux remontrances du porte -parole des gobelins, Trepsin se saisit de lui et d'un coup sec de sa mâchoire acérée lui arrache la tête. 
Les petites créatures se dispersent aussitôt avec des cris de terreur mais l'esclandre n'attire que quelques regards blasés de la part des hobgobelins qui vaquent à leurs occupations alentour.  
Les aventuriers emboîtent le pas des trolls qui remontent vers le château mais ils attendent d'être loin des oreilles indiscrètes pour les héler. Trepsin est interloqué par leur présence inattendue mais il accepte de les introduire dans la demeure ancestrale des Morgia. Avec toute la discrétion possible il les mène à travers les coursives des dépendances jusqu'à un réduit où son maître viendra les retrouver. Un certain temps passe dans le silence obscur de la petite pièce puis, quand les derniers rayons du soleil ont enfin déserté le flanc de la montagne, une étrange vapeur verdâtre s'insinue sous la porte. La brume se dresse en tourbillon et se condense jusqu'à redevenir le corps blafard de Sandesyl. Le regard du vampire semble toujours aussi lointain alors qu'il s'enquiert de la raison de la venue des héros avec la même jovialité malsaine que la fois précédente. Salazar réussit toutefois à le convaincre qu'ils lui apportent la solution à l'encombrante présence de Sythilis et de ses armées que les héros espèrent attirer dans un piège en leur transmettant de fausses informations sur les plans de bataille des défenseurs de l'Elturgard. Sandesyl se réjouit de la perspective de pouvoir jouer un tour pendable à l'ogre-mage, d'autant plus que celui-ci s'est vu offrir le manteau de wyrmspeaker blanc par Galvan, son homologue bleu dont le gardien du Nexus doit subir l'autorité pour ne pas éveiller ses soupçons inquisitoriaux. Sandesyl choisit donc d'épargner les aventuriers et de devenir leur complice. Ils doivent désormais se hâter de retourner à Elturel pour tenir leur part du marché, pendant que Trepsin et ses trolls se chargeront de faire disparaître les traces de leur passage dans le Bois des Dents Acérées. 







mardi 4 février 2020

La Trahison du Paladin




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec



Finnlay Galindan, Le druide qui carbonise ses ennemis

Thormund Sombracier, Le barbare à la rage invisible

Kri Shanu, Le moine qui tente des acrobaties équestres

Frère Démétrius Salazar, Le pèlerin qui sait manipuler les esprits

Ildur Main d’Airain, Le ranger qui traque impitoyablement sa proie

Tengrim Copperplate, Le nain qui fait taire les cris d’alerte



Après avoir plaisanté un instant sur sa fâcheuse manie de se faire capturer à chacune de ses missions, Leosin raconte aux héros comment il s'est retrouvé dans cet embarras. Voulant éviter les yeux indiscrets qui y pullulent, il avait décidé de contourner Baldur's Gate et de rejoindre la route de l'Est directement à travers les Champs des Morts. C'est là qu'il rencontra une patrouille de paladins menée par un certain capitaine Cadwy qui proposa de l'escorter jusqu'à Elturel. Le fidèle de Torm semblait digne de confiance et Leosin commit l'erreur de s'ouvrir à lui au sujet de sa mission. Mais plutôt que de l'accompagner auprès d'Onthar Frume, il le fit jeter en prison sous les accusations d'espionnage et de sédition.  

Leosin

Ces révélations jettent le discrédit sur Cadwy et les héros décident de se lancer à sa poursuite pour obtenir des explications sur sa conduite suspecte. Mais d'abord ils doivent faire sortir Leosin de sa cellule. Leurs tentatives pour crocheter la solide serrure se révèlent infructueuses et ils doivent s'en remettre au Frère Salazar qui implante une suggestion magique dans l'esprit du garde de faction qui le persuade que les héros sont porteurs d'un ordre officiel de libération de l'érudit. Il déverrouille la porte mais en voyant le demi-elfe rejoindre la cohorte hétéroclite des aventuriers, il est soudain pris de doutes quant à la légitimité de leur ordre de mission. Plutôt que de risquer qu'il donne l'alarme, Salazar le pousse au fond de la cellule qu'il ferme à double tour. Tengrim parachève le travail en englobant la pièce d'une bulle de silence qui avale les cris de protestation du garde. Ils se hâtent de retrouver Onthar Frume qui tombe dans les bras de son vieil ami. Ces émouvantes retrouvailles sont cependant écourtées car il reste sûrement peu de temps avant que leur forfait soit découvert. Daardendrien Medrash n'est pas ravi de cette prise d'initiative qui le rend ainsi complice de l'évasion d'un supposé criminel. Il a toutefois confiance dans le jugement des héros et il assumera donc sans frémir les conséquences de l'aide qu'il leur a apporté car en tant que Grand Maître de l'Ordre de Platine, il sait qu'il aura l'opportunité de justifier sa décision. C'est donc sous l'autorité de son sceau que les héros ressortent de la citadelle sans encombre. 
Onthar Frume va cacher Leosin auprès de ses amis de l'ordre du gantelet. Il recommande les aventuriers à un autre de ses contacts qui pourra leur fournir des montures et des vivres pour quitter la ville dans l'heure. Ils partent à bride abattue vers Scornubel en espérant y trouver les traces de la patrouille de Compagnons menée par Cadwy. Les talents de pisteur hors pair d’Ildur lui permettent de repérer les empreintes encore fraîches d'une troupe de cavaliers lourds qui quittent la route pour obliquer vers le sud jusqu'aux rapides de la Chiontar. Ils semblent avoir guidé leurs chevaux à travers une portion un peu plus évasée de la rivière où le courant se calme un peu. La traversée n'en reste pas moins trop périlleuse pour les montures moins robustes des aventuriers. Kri concentre alors son Ki pour tailler une large barge de glace dans l'eau de la rivière qui gèle sous ses coups. Ildur rassure les bêtes qui se laissent calmement mener sur l'embarcation que Thormund et Tengrim guident avec de longues perches jusqu'à la berge opposée. Pendant ce temps, Finnlay se transforme en rapace et prend de la hauteur pour repérer les cavaliers qu'ils poursuivent. Ceux-ci ont pris une large avance mais l'acuité de sa vision décuplée par la métamorphose lui permet d’apercevoir la patrouille de paladins juste avant qu'elle ne disparaisse sous l'épaisse frondaison du Bois des Dents Acérées. Trois heures après, les héros s'enfoncent à leur tour entre les gigantesques arbres. La piste est facile à suivre pour Ildur car nulle autre trace humaine que celle des lourds destriers n'est visible dans la forêt qui semble être particulièrement sauvage.  
Le jour décline déjà quand le ranger fait signe de s'arrêter et de faire silence. Dans le bruissement des feuilles se mêle le renâclement des chevaux puis une voix nerveuse, presque inquiète : 
"ça fait deux heures, capitaine, vous êtes sûr qu'ils vont venir ?" 
La réponse se veut rassurante mais sonne comme un ordre sec dans la bouche du Capitaine Cadwy.  
Ildur et Salazar se faufilent en toute discrétion jusqu'à la lisière de la clairière où les paladins ont mis pied à terre, tandis que le reste du groupe reste en retrait, bien caché derrière l'épais sous-bois. 

Une troupe de hobgobelins

Les cavaliers, visiblement tendus, sont sur le qui-vive, la main sur le fourreau prête à dégainer au moindre signe de danger, comme s'ils étaient au plus profond d'un territoire ennemi. 
Les minutes passent dans cette attente nerveuse jusqu'à l'arrivée d'une autre troupe. Devant le cercle défensif que les Compagnons ont formé autour de leur officier, une escouade de hobgobelins émerge des fourrés. Leur chef s'avance les bras levés en signe de paix tandis que ses soldats campent sur leurs positions avec une discipline étonnante. Sur leurs armures d'écailles bien huilées on distingue le symbole d'une main griffue aussi rouge que leur peau.  
Cadwy tance son vis-à-vis pour son retard puis lui tend une lettre cachetée du sceau du Grand Observateur avec une moue dégoûtée. Le sergent hobgobelin l'accepte avec un regard noir et la remet sans y jeter un œil à son aide de camp.  
Comme il s'apprête à tourner les talons, le Frère Salazar murmure une prière et soudain une couronne d'épines apparaît sur le front d'un des hobgobelins qui, pris de folie, brandit sa hache pour l'abattre sur Cadwy. Les réflexes de combattant aguerri du paladin lui sauvent la vie en encaissant le coup sur l'épaulette de son harnois qui se tord sous l'impact. 


Aussitôt les Compagnons crient à la trahison et se ruent sur les hobgobelins l'épée au clair. Au milieu de la mêlée, le sergent ne perd pas son sang -froid et comprenant que la couronne d'épines est la marque d'un enchantement qui contrôle les actions de son subordonné, il le transperce de sa lame en hurlant l'ordre de cesser le combat pour prouver sa bonne foi aux paladins. Cadwy comprend lui aussi que ses hommes ont été abusés par une manipulation magique mais avant qu'il puisse remettre de l'ordre dans sa troupe, les héros entrent en action.  

Ildur transperce d'une flèche le porteur de la missive qui commençait à fuir vers le cœur de la forêt. Aussitôt deux de ses congénères le prennent sur leurs épaules et disparaissent entre les buissons, suivis sans le savoir par un Salazar étonnamment discret. Le début de combat entre les paladins et les hobgobelins a rassemblé les deux troupes en une mêlée compacte et Kri en profite pour faire claquer l'explosion de tonnerre du gong du sommet au milieu des combattants qui en assomme un nombre inespéré. Les rescapés titubants n'ont pas de répit car s'inspirant de l'opportunisme du moine, Ildur fait pleuvoir sur eux une grêle d'épines qui achève de décimer leurs rangs. Les hobgobelins resserrent leur formation autour de leur chef mais ne peuvent le sauver de l'apparition soudaine de Thormund qui a traversé le désordre sous couvert de son invisibilité pour venir l’éventrer avec toute la puissance de sa rage. 
A l'autre bout de la clairière, l'arrière garde des paladins est prise à revers par une meute de loups invoquée qui bondit au côté de Tengrim. Le nain fait des ravages en faisant tournoyer Jotunbane, enfonçant les plastrons des chevaliers au même rythme que ceux-ci se débarrassent des loups. 
Une autre partie des Compagnons accoure sous les arbres pour débusquer l'archer qui les prend pour cible mais ils sont accueillis par les poignards d'Ildur et les javelines de Kri, tandis que les rayons ardents de Finnlay les brûlent vifs dans leurs armures de métal. 
Contemplant le carnage autour de lui Cadwy opte pour une retraite stratégique. D'un sifflement, il convoque sa monture qu'il enfourche en pleine course. Alors qu'il bondit entre les arbres, Kri se lance à sa poursuite, mais même sa foulée foudroyante n'est pas assez rapide pour rattraper le puissant destrier lancé à pleine vitesse. Finnlay en appelle alors à l'aide de la forêt elle-même et un véritable mur de ronces et de branches entremêlées se dresse autour du cavalier pour couper son élan. Le cheval se cabre et Ildur trouve la faille dans son caparaçon pour l'abattre. Cadwy est désarçonné et chute lourdement au sol au moment même où Kri surgit pour l'assommer d'un coup violent sur la tempe. 
Pendant que Thormund et Tengrim viennent à bout de leurs derniers adversaires, Salazar se révèle aux hobgobelins qu'il suivait. Son fouet cruel vient s'enrouler autour de la gorge du premier qui doit lâcher son camarade mourant qu’il tentait de mettre à l'abri. Le regard du pèlerin brille d'un éclat fanatique alors que sa proie s'étrangle à ses pieds et cette vision suffit à créer la panique dans le cœur du dernier hobgobelin qui s'enfuit à toutes jambes en abandonnant tout derrière lui. Après avoir terminé d'étouffer sa victime, le frère Démétrius fouille le cadavre du porteur de la missive de Cadwy pour récupérer la lettre, puis il revient calmement vers la clairière où les derniers grognements de rage de Thormund s'éteignent en même temps que les feux du combat. Revenu auprès de ses amis, il décachète l’enveloppe et découvre avec stupeur son contenu :

« Ravengard est là. Attaquez Berdusk. Il ne résistera pas à l’envie de venir vous défier. Je vous livrerai ses plans de bataille pour garantir son anéantissement. Une fois débarrassé de l'ingérence étrangère, je vous donnerai la clé que j'ai enfin découverte. Mais souvenez-vous de vos promesses, la souffrance de nos concitoyens doit être la plus limitée possible car c'est à cette seule condition que les enfants de Laerakond seront à vous »


Les dangers de Jagomir


Session Star Wars #41

Date : 27-Jan-2020

Avec :
Le Capitaine Hyabu, Commandant par interim de la base Fortitude
Meera, experte en hacking de droïde
Aqualto Fudah (‘Alto’), qui voit des « choses » dans la nuit

Lieu(x) :
Jagomir, secteur Esstran


Sur une météorite isolée de l’amas de Khol… un message est délivré sur une console manipulée par un sous-officier impérial. Il semble désarçonné par la teneur de l’enregistrement, demande confirmation de son contenu, puis se lève précipitamment de son pupitre pour filer à travers les couloirs, sous le regard intrigué de ses collègues. Puis, arrivé devant une station de transmission, il insère l’enregistrement dans un logement et procède à une coûteuse émission longue distance.

A peine quelques heures plus tard, sur une autre planète ultra-urbanisée du Noyau, un homme à demi-nu, assoupi sous un léger drap, est tiré de son sommeil par un bourdonnement provenant de sa table de chevet. Dans la pénombre bleuté, l’homme active une console et prend connaissance du message. Après quelques secondes, il active un système de communication et d’une voix sèche « Dites au Moff Sienar qu’il doit s’attendre à mon arrivée ! ». L’inquisiteur Galen tend son bras vers son casque noir et s’en saisit…


La nuit est déjà bien avancée sur la base Fortitude, écrasée par une épaisse pluie incessante. Les membres de l’équipage se sont dispersés après la mise sous verrou de Starz et Pikouze, et ont résolu de se reposer, écrasés par la chaleur et l’humidité ambiante. Hyabu, Alto et Meera font tout de même un dernier point de synthèse sur les derniers éléments en leur possession au sujet de l’intrigant Monsieur X tout en regagnant les quartiers du Commandant. Toujours à l’affût, Meera retient ses compagnons après avoir ouvert la porte. Dans la pièce se tient un droïde arachnoïde occupé à sa tâche routinière d’entretien de la base – mais ne pourrait-il pas également espionner au profit du mystérieux et invisible tireur de ficelles des lieux ? Sans demander son reste, Hyabu dégaine un bouchon d’entrave et prend possession du robot. Voilà un point de départ pour essayer de remonter la piste de Monsieur X.

Première étape vers Monsieur X.

Préparant quelques outils, Meera a déjà une idée derrière la tête et, tout en se créant un accès vers le module de transmission du droïde, elle ne peut que noter le mauvais état de sa carcasse déjà réparée à de nombreuses occasions. Se passant la main intuitivement sur son bras cyber, Meera indique que la pluie acide de Jagomir est sans doute très dommageable à tous les systèmes métalliques. Puis, finissant son travail de fouille interne, la Chiss découvre un discret module intégré au système de transmission du droïde. Le module n’est pas activé et fonctionne à courte distance, comme s’il était un élément d’une chaîne plus large. Intriguée, Alto se demande s’il serait possible d’accéder au journal d’activité du droïde, et être ainsi en mesure de remonter son activité passée pour y trouver des éléments inhabituels. Pour Meera, cela serait bien entendu envisageable, notamment à l’aide de son matériel de hacker resté dans les quartiers de l’ex-Commodore Tyleth.

Alors que Meera plonge dans la nuit sous un grand poncho imperméable, Alto et Hyabu s’installent sur le perron, l’une armée de sa cigarette électronique dégageant une forte odeur tourbée, l’autre affublé d’un cigare dégotté parmi les fumeurs de la base et visiblement assaisonné de divers composants aux effets psychotropes. Agacés par la lumière blafarde dispensée par l’ouverture de la porte, quelques insectes d’une taille respectable tentent une incursion vers les quartiers de Hyabu… Dans un container d’habitation éloigné, un autre fumeur lance un salut à la silhouette de Meera, tandis qu’Alto devine l’œil cyclopéen d’un droïde passif sous une grande toile de tente qui protège un atelier de construction mécanique. Tout semble tranquille, très tranquille… trop tranquille ? L’état second dans lequel se trouve plongé Hyabu, comme absorbé par le bruit de la pluie environnante, le rend particulièrement silencieux.

Les droïdes aussi ont le droit à une pause quotidienne.

Bientôt, Meera réapparait avec son sac de matériel, qu’elle s’empresse de connecter au pauvre droïde. Son analyse confirme qu’il serait possible de remonter à la source du dernier ordre reçu en déambulant dans la base et en cherchant à identifier les éléments individuels du réseau de transmission des ordres. Gardant sa console de contrôle bien au sec sous son poncho, Meera suit l’araignée-droïde désormais connectée à elle comme par un cordon ombilical. Profitant de l’arrêt de la pluie, Alto indique qu’il faudrait peut-être neutraliser le droïde mécanicien en faction dans l’atelier non loin – sait-on jamais. Acquiesçant de la tête, Hyabu rejoint la jeune Mirialan et tous deux s’avancent dans le noir pour lui intimer l’ordre de se mettre en veille, Hyabu déclarant être particulièrement soucieux du droit au repos des robots. Dans son comlink, Meera confirme qu’une transmission vient d’avoir lieu entre les deux droïdes : c’est donc bien la première étape de la chaîne à remonter.

C’est désormais une étrange équipée qui progresse dans l’obscurité de la base, à peine troublée par quelques tirs de batteries de défense se faisant entendre aux alentours. Scrutant la pénombre, Alto et Hyabu cherchent toute trace de droïde tandis que Meera scrute son écran pour indiquer on se trouve la source d’un signal, lorsqu’il est détecté. Petit à petit, le groupe remonte ainsi un réseau composé de droïdes, relai de station météo ou bloc de commande servomoteur de machines. Arrivée à la périphérie de la base, au fond d’un hangar de reconditionnement de matériel, Meera finit par poster le droïde devant une unité de contrôle appariteur. Contre toute attente, cette unité se montre hostile vis-à-vis du groupe, prétextant avoir détecté la présence de matériel illicite pour affirmer devoir en référer à qui de droit, tout en effectuant un scan de l’équipe, et ce malgré l’affirmation sans appel du statut de Hyabu comme Commandant de la base par interim. Comme dans une mécanique bien huilée, Hyabu pose rapidement un bouchon d’entrave sur l’unité tandis qu’Alto arrache un panneau frontal, permettant à Meera de se connecter au plus vite à la console de contrôle. Elle détecte alors une émission vers l’extérieur de la base – en direction des cascades scintillantes et sa base « désaffectée »…

Dans le hangar.

La pluie reprend, comme un préambule à l’orage magnétique dont les grondements se font entendre au loin. Assis à l’abri du hangar, les membres de l’équipe d’investigation s'octroient un moment de réflexion. La mise en place d’un tel réseau de droïdes relève sans aucun doute d’un travail de titan, et accessible uniquement à un expert. Peu de personnes sur la base seraient capables d’une telle chose, requérant des compétences de roboticien, mécanicien et/ou d’expert en communications. Une rapide liste est établie : le lieutenant logisticien Evans (qui avait accueilli l’équipage à son atterrissage), un droïde Astromech nommé 6-TH déjà aperçu sur le tarmac de la base, le Capitaine Henri (l’officier mécanicien Gran à l’aspect effacé croisé lors du cocktail d’arrivée), Kern Allegreï (le Bothan assigné aux communications) – sans compter d’autres anonymes restés discrets ces derniers jours.

Cherchant à compléter au mieux cette liste de suspects, Meera soulève le cas de la Duros Mez : tout est allée très vite entre elle et Cornell. Voilà qui est bien louche. D’ailleurs, Alto – légèrement perfide – trouve que le jeune âge de la mécanicienne ne s’accorde guère à celui plus prononcé de Cornell, et elle ne peut être que d’accord avec Meera sur le flou des intentions réelles de Mez dans cette histoire. Cornell est certes un vrai séducteur dans l’âme, mais voilà qui pourrait lui jouer des tours… Est-ce la chaleur ambiante, l’heure avancée… ? Meera a dû sentir un ton de reproche dans la voix d’Alto au sujet des « activités » Cornell, et elle aiguille la jeune padawan sur le chemin des confessions intimes. Toujours est-il que Meera ne peut s’empêcher de questionner Alto sur sa véritable relation avec Zayne, la Mirialan réaffirmant sans ambiguïté considérer son compagnon comme un véritable frère et son plus fidèle ami. La question des interdits Jedi intrigue particulièrement Meera, mais Alto ne peut guère la renseigner à ce sujet, le peu d’enseignement qu’elle a reçu n’ayant pas été fait au Temple Jedi. A vrai dire, Alto n’a appris l’existence de ces interdits que lorsque Nir les avaient mentionnés au détour d’une lointaine discussion – à son grand désarroi d’ailleurs. Meera ne peut que compatir avec la jeune padawan, dont le regard se trouble un instant à l’évocation de Nir Octavion.

 
Carte de la région de la base Fortitude.

L’averse terminée, une fenêtre semble s’ouvrir pour le groupe pour agir rapidement. Hyabu laisse une note à leurs compagnons assoupis, indiquant lancer une inspection informelle vers le site du crash du lieutenant Burns repéré près des cascades scintillantes – en espérant qu’ils seront lire entre ces mots fallacieux. Puis le groupe se dirige d’un pas décidé vers le Quand Jumper de Mez. Ce dernier est placé sous la garde du droïde Astromech 6-TH, qui ne cache pas son antipathie envers Hyabu et dont les bips furieux expriment sa totale opposition à l’emprunt du vaisseau. Tandis que Meera et Alto commencent à tourner autour de l’appareil pour en défaire la bâche de protection, Hyabu laisse un message holographique à 6-TH à destination de Mez pour annoncer la réquisition du véhicule dans un but purement humanitaire – à savoir le sauvetage fictif de Burns et de son équipe. Le droïde quitte précipitamment les lieux en lançant des appels désespérés à Mez pendant que Meera shunte le dispositif de sécurité sommaire bloquant l’accès au cockpit.

Le groupe peut enfin prendre place à bord du « Gereth ». Mez y a clairement passé bien du temps et des moyens conséquents, car tout respire le luxe dans ce vaisseau : les sièges en cuir sont comme des écrins au milieu des bois vernis. Les lambris de la cabine et les fines arrêtes métalliques des panneaux de contrôle donnent l’étrange sentiment de se trouver à bord d’un de ses vieux navires archéo. Passé le moment de stupeur, Hyabu prend place au poste de pilotage, Alto au co-pilotage et Meera aux senseurs. Le décollage est rondement mené, sous le regard désabusé de Mez qui a jailli aussi vite qu’elle l’a pu de ses quartiers. Interpellé par la tour de contrôle, Hyabu assure qu’il fournira le plan de vol aussi vite que possible – promesse aussi vite remisée au placard. Mal à l’aise au sujet de la jungle et sa faune, Alto propose de mettre le cap au plus vite vers l'ouest en direction l’île du grand fleuve, puis de remonter plein nord le cours d’eau vers les cascades scintillantes en rase-motte pour éviter de se faire repérer. Le vol vers l'île s’avère sans encombre, une éclaircie dans les nuages permettant même de révéler la cime des arbres et les reliefs environnants. Toutefois, Meera indique d’un ton laconique que l’orage magnétique se déplace lentement au-dessus des cascades scintillantes, présageant une approche à la fois difficile et discrète du site.

Vol de nuit.

Une fois atteinte, la grande île qui ne devait être qu’un point de reconnaissance topographique attire irrésistiblement l’attention de l’équipage. Autant qu’il est possible de le dire sous la lueur blafarde de la nuit jagomirienne, cette île ressemble à une grande étendue d’herbe rase entretenue, qui évoquerait presque un green de golf. De plus, des constructions se trouvent également sur l’île, avec notamment une antenne-relai et un container d’habitation – le club house du lieutenant Rossman, peut-être... ? Au milieu de ces éléments inattendus, des créatures trapues à l’allure bovine broutent paisiblement en levant la tête lorsque Hyabu décrit de lents cercles avec le « Gereth », dont les phares jettent une lumière crue sur les lieux. Toujours attentive, Meera utilise les maigres senseurs du vaisseau pour analyser la surface de l’île et intime subitement l’ordre à Hyabu de maintenir un vol stationnaire, le terrain semblant particulièrement meuble. Une fois posé, le « Gereth » risquerait de s’y enfoncer très profondément. Une visite d’inspection rapide du ‘club house’ s’impose toutefois. Hyabu stabilise le vaisseau à quelques mètres au-dessus du sol, et Alto se lance dans le vide, s’enfonçant sans dommage dans un sol particulièrement spongieux. Les bruits des réacteurs couvrent les sons environnants mais ne semblent pas effrayer le bétail, dont le petit troupeau s’avance doucement vers Alto, tandis que cette dernière réalise dans la lumière des phares que l’île est en fait constituée d’un tapis végétal relativement peu épais. A quelques mètres derrière elle, Alto distingue le container-habitation au toit plat, à côté duquel un ponton s’élance sur l’eau du fleuve, prêt à accueillir d’éventuelles embarcations dont on ne devine aucune trace. Bref, tout semble particulièrement calme et anodin ici.

Soudain, un frémissement dans le tapis végétal : comme pris d’une peur panique, l’ensemble du troupeau a tourné les talons et s’est littéralement projeté au travers du tapis végétal. Simultanément, Meera détecte aux senseurs une large forme fonçant droit sur le « Gereth », et elle intime l’ordre à Hyabu de cabrer l’appareil pour prendre de la vitesse et de la hauteur. Alto se retrouve brusquement dans le noir sans comprendre ce qu’il se passe, puis assiste médusée à l’émergence de ce qui ressemble à un serpent géant, se propulsant à grande vitesse hors du fleuve. Quasi-statufiée, elle ne peut que concentrer son regard sur la masse énorme – environ 15 mètres de diamètre – de l’horrible créature qui cherche ouvertement à saisir le « Gereth » dans sa gueule aux dents effilées. Confrontée à la créature de sa vision récente, Alto se retrouve au sol et recule comme elle peut vers le container, abasourdie par la taille de la créature – à vue de nez quelques centaines de mètres émergés à ce stade. Son regard s’attarde un instant sur les reflets et les contours incertains de la créature, qu’elle n’arrive pas à saisir complètement, comme si la bête n’était pas totalement matérielle. Ce sentiment fugace est renforcé par l’absence de remous à la surface du fleuve, alors qu’une telle masse aurait dû déclencher un quasi-tsunami sur l’île végétale. Tout aussi soudainement, le serpent stoppe sa course-poursuite et ré-intègre le fleuve à une vitesse stupéfiante, à nouveau sans vague.

Le Léviathan du fleuve.

Dans le ciel, Hyabu pousse un juron bien senti contre ce qui semble être un large mammifère volant qui est passé au raz du vaisseau, et dont la trace a disparue aussi vite qu’elle était apparue. Affairée aux senseurs, Meera a bien saisi au vol quelques mots hurlés par Alto, mais les comlinks sont maintenant silencieux, comme brouillés par de nombreuses interférences magnétiques. Craignant le pire, Hyabu fait replonger le Quad Jumper vers le sol, dont les phares révèlent vite la présence d’Alto, affairée à scruter au travers des ouvertures du container. Le contenu a priori anodin de la construction – mélange de matériel d’entretien et de meubles de jardin – ne retient pas longtemps son attention. A vrai dire, Alto ne souhaite qu’un chose : quitter au plus vite la zone. La voilà qui saute bien vite sur le toit du container et qui indique d’un signe de la main être prête à remonter sur le vaisseau. Un peu échaudé, Hyabu se lance dans un mouvement descendant rapide, tandis que Meera tend sa main dans le vide. Appréciant la courbe de freinage parfaite du Capitaine Hyabu, Alto s’élance sans effort apparent dans les airs et s’agrippe à la main amicale. Sans attendre, Hyabu reprend de l’altitude au plus vite, alors qu’un signal strident se fait à nouveau entendre sur le senseur.

Pâle comme un fantôme, Alto constate avec effarement que ses deux comparses n’ont pas vraiment saisi la même scène qu’elle. Avec un air sceptique, Meera et Hyabu expliquent avoir détecté aux instruments une rapide masse volante, certainement pas un serpent géant jaillissant de l’eau. Tout a été si soudain, et la lumière des phares n’a rien révélé de spécial sous la carlingue au moment de la remontée. Toutefois, il faut bien admettre que la vision qui avait saisie Alto le jour précédent correspond à cette créature serpentine. Meera suggère que la sensibilité à la Force de la jeune Mirialan pourrait être une piste pour expliquer qu’elle seule ait pu la voir ? L’absence de manifestations physiques normales à la sortie et entrée de la créature dans le fleuve pourrait corroborer cette hypothèse. Mais dans ce cas, pourquoi la créature ne s’est-elle pas tournée vers Alto ? Meera ne peut qu’écarter les mains d’un air désolé, en sachant quoi répondre sur ce point.

Les cascades scintillantes par beau temps.

D’un commun accord, l’équipage a décidé de ne pas remonter le fleuve en rase-motte. On ne sait jamais, d’autant que d’autres soucis attendent les pilotes. Comme annoncé précédemment par Meera, un orage particulièrement violent progresse au-dessus des cascades scintillantes, ce qui n’est pas pour rassurer Alto, qui jette des regards inquiets vers les eaux tumultueuses en contrebas. Pestant contre la qualité déplorable des instruments installés par Mez dans ce cockpit luxueux, Meera se concentre de longues minutes sur les relevés des faibles senseurs jusqu’à détecter une trace énergétique fugace sous un promontoire rocheux. Voilà qui ferait une excellente plateforme d’atterrissage, selon un Hyabu particulièrement optimiste qui oublie de mentionner les trous d’air et les secousses terribles de l’appareil… C’est dans un état second que l’équipage émerge du Quad Jumper, au milieu des éclairs et sous une pluie battante. Rassurée d’être arrivée en un seul morceau au sol, Alto a déjà sorti de son sac quelques câbles qu’elle fixe à la carlingue du vaisseau. Tout le monde s’attache avant une descente en rappel qui s’annonce périlleuse, tout en regardant silencieusement le « Gereth », miraculeusement intact après ces deux dernières heures.

La descente s’avère effectivement difficile, le long de parois rendues glissantes et dans un vacarme assourdissant. Lorsque Meera et Alto atteignent le rebord rocheux d’où il sera possible de progresser vers une hypothétique grotte, elles ne peuvent que constater les difficultés rencontrées par Hyabu, qui se balance en tournoyant au bout de son câble en lançant un appel à l’aide. Se concentrant sur la Force, Alto fait tout son possible pour stabiliser le Capitaine, qui s’est déjà violemment fracassé contre la paroi rocheuse à plusieurs reprises, à en croire les traces de contusion sur ses bras. Délaissant les câbles pour un éventuel retour au vaisseau, le groupe peut enfin progresser derrière le rideau de la cascade – qui couvre agréablement les grondements extérieurs – et enfin découvrir une base aménagée et ouvertement en activité.

La base de la cascade.

La musique d’une balade paisible se déverse à haut volume dans l’espace occupé par de nombreux véhicules. Tandis que Meera repère des détecteurs de mouvement disséminés aux alentours de leur position, Hyabu relève avec l’œil du professionnel la présence de trois landspeeders armés, un superbe vaisseau patrouilleur à la carlingue rouge – un Explorer E-9 de la Loronar Corp. –, ainsi qu’un transport cargo quelconque. Plus loin, Alto note des tentes et du stockage de matériel, d’où émergent les odeurs entêtantes d’un repas en cours de préparation. Dans cette ambiance respirant le calme et la sérénité nocturne, deux droïdes s’activent autour d’un étrange dispositif évoquant un ensemble d’alambics de chimie. Les robots manipulent en douceur des jarres, dans lesquelles flottent des créatures serpentines de petite taille, dont la seule vision suffit toutefois à déclencher un frisson dans l’échine d’Alto. Les droïdes semblent occuper à extraire des échantillons de liquide – du venin? un serum? – de ces créatures, puis à le distiller ensuite au travers des appareillages de verre.

Absorbée par cette scène, l’équipe ne saisit qu’au dernier moment les bruits de pas de la silhouette qui marche sur la carlingue du vaisseau cargo. Un sourire presque amical aux lèvres tandis qu’elle ajuste ses lunettes de vision nocturne, une jeune femme pointe sa carabine blaster dans la direction du groupe, et elle ne semble nullement surprise par l’irruption de la bande au sein de la base de la cascade…