mercredi 22 janvier 2020

Fortitude


Session Star Wars #40

Date : 03-Dec-2019

Avec :
Le Commandant Hyabu, dont les talents de tribun ne sont plus à démontrer
Meera, qui change de visage après une découverte inattendue
Cornell Quantarus, toujours apte à tirer les vers du nez de ses interlocuteurs
Aqualto Fudah (‘Alto’), saisie par une vision effrayante
Zayne Bentaroo, particulièrement sensible à la Force émanant de la jungle de Jagomir

Lieu(x) :
Jagomir, secteur Esstran


La Base Fortitude, sa jungle, ses contreforts montagneux, et ses préfabriqués « empruntés » au 74ème régiment d’infanterie impériale… Comment apprécier l’idée même de rester à attendre dans ce qui ressemble de plus en plus à une souricière, de l’avis d’Alto… L’ensemble de la troupe rebelle cantonnée ici est recluse derrière une barrière énergétique, sous bonne garde de tourelles de défenses dont on entend fréquemment la canonnade. Car toute la jungle environnante respire l’hostilité sauvage, et la moiteur ambiante ne fait que renforcer le poisseux malaise qui enveloppe les membres de l’équipage.

Le Commodore Tyleth de la base, un Trandoshan au goût prononcé pour les chasses dangereuses, a disparu dans cette jungle, suivi de près par son second, le lieutenant Burns, et l’escouade qui accompagnait ce dernier. La base est un site de repli logistique, il s’y trouve peu de combattants, et la base serait assez démunie en cas d’attaque surprise. Seule l’arrivée du Commodore Hamild, espérée d’ici quelques jours, pourrait remettre un peu d’ordre dans l’organisation locale.

Le regretté Commodore Tyleth, de la base Fortitude.

Particulièrement mal à l’aise, Meera désespère de trouver un endroit où s’isoler et prendre une douche salvatrice, après la tournée des vaisseaux opérée avec Alto. Quant à la jeune Mirialan, elle revient assez dépitée du tarmac : a priori, seul le Quad Jumper sur lequel elle avait jeté son dévolu pourrait permettre un départ de la planète, mais il est pour le moment dépourvu d’un hyperdrive fonctionnel. Le module de la quasi-épave de « la Jumelle » pourrait-il être facilement transféré… ?

Mais avant de pouvoir songer à de tels aspects techniques, Hyabu et son équipage sont invités à un pot d’accueil sous l’aile du Quad Jumper initié par quelques sous-officiers locaux : le lieutenant Evans, bien entendu ; le lieutenant Rossman, un Gran utilisant un club de golf en guise de canne ; le Docteur Pierce, dont les vêtements dégagent une odeur forte de fermentation ; et le caporal Henri, un autre Gran. A Meera qui fait une remarque sur l’humidité, on répond avec un air attristé que ce sera pire lorsque la saison froide débarquera – sous peu, semble-t-il. La boisson rance qui sert de cocktail de bienvenue ne fait rien pour améliorer l’ambiance. Chacun y va de son anecdote sur les horreurs qui rôdent dans la jungle, a priori peuplées d’espèces animales et végétales toutes plus dangereuses les unes que les autres. Seuls les yeux de Hyabu, pris par la nostalgie de son projet de « chasses surprises », expriment une joie sincère face à ses descriptions…

Le lieutenant Rossman.

Alto fait part de son désarroi face à la faiblesse de la flotte présente dans la base, qui ne pourrait pas être évacuée si cela s’avérait nécessaire… Le lieutenant Rossman balaie les appréhensions de la jeune padawan d’un mouvement de son club de golf, et de toute façon la navette Nebulon du Commodore Hamild arrivera sous peu. A vrai dire, la Reine Pirate a subi quelques revers récemment, et il faut donc redoubler de prudence dans les allers et venues entre les bases de l’Alliance. Il faut d’ailleurs noter à cet égard que l’arrivée de l’équipage a été plutôt non orthodoxe, et arrive le moment gênant où l’on questionne Hyabu sur ses antécédents. Le Capitaine – ou Commandant, c’est selon – se lance alors dans un récit relativement imprécis des exploits du groupe au service de la « cause ». Peut-être effrayé par la variété des lieux récemment traversés par le groupe, le Docteur Pierce souhaite pouvoir effectuer au plus tôt un diagnostic de routine sur chacun – demain, peut-être… ?

Enfin, chacun doit retourner à ses occupations, et l’équipage a tout loisir d’explorer la zone de la base en profitant d’une relative accalmie des intempéries. Le groupe repère sur un monticule une activité autour d’une batterie de défense a priori endommagée. Effectivement, un soldat révèle qu’un de ses collègues a été blessé par une surcharge sur la tourelle, et un coup d’œil aiguisé de Meera révèle à quel point le matériel semble usé et fatigué – et donc sujet à des incidents de ce genre. Questionné sur les dangers repoussés par les défenses, le soldat (un certain Ted) explique que les problèmes principaux résident dans des primates à cornes, appelés « chasseurs », ainsi que des plantes-animales capables de projeter des spores toxiques et semblant irrésistiblement attirées par l’énergie de la barrière de défense – sur laquelle elles viennent irrémédiablement se consumer. Hyabu, Meera et Alto échangent un regard de connivence, tant ces plantes évoquent les mystérieuses recherches du Premier Ordre dévoilées dans les archives découvertes sur la colonie de Gandanta. Mais la galaxie est vaste, et ses dangers sont multiples.

Tandis que Meera et Cornell cuisinent un peu plus le soldat Ted sur les lieux d’intérêt de la région, Zayne s’éloigne un peu pour observer la jungle. Elle semble certes pleine de dangers, mais ne dégage pas la noirceur corrompue et statique de la jungle des NomNom. Tout semble ici au contraire particulière vivant, comme irrigué par une sève primale source d’une vitalité accrue. Et alors qu’il se concentre sur les remous de la Force, Zayne perçoit comme une étrangeté dans l’environnement de cette jungle – sans pouvoir toutefois en expliquer la teneur exacte à Alto. Pendant ce temps, soumis à ce qui ressemble de plus en plus à un interrogatoire en règle, Ted révèle l’existence d’une « rumeur » au sujet d’une base de contrebandiers quelque part dans la jungle et finit par bredouiller des excuses lorsque Meera réclame sèchement des faits plutôt que de vagues « on-dit ».

La jungle de Jagomir et ses inhabituels remous dans la Force...

L’équipage se disperse alors dans l’enceinte de Fortitude. Zayne poursuit son chemin vers une zone de casse de vaisseaux, où s’entassent de multiples fragments d’appareils, à la recherche de pièces détachées qui pourraient lui servir. Quelques membres de la base, ouvertement sous l’influence relaxante de quelque produit stupéfiant, se prélassent sous un solarium improvisé avec des réacteurs encore en état de marche. Tout respire ici l’ennui et c’est à peine si on accorde un regard au padawan. Zayne peut donc à loisir fouiller la casse, jusqu’à mettre la main d’un air satisfait sur plusieurs pièces cylindriques – la base d’un futur sabre personnel ?

Cornell, Alto et Hyabu ont poursuivi pour leur part leur chemin jusqu’à ce qui ressemble une tour de contrôle – sans doute le siège des transmissions de la base. Un technicien bothan nommé Kern Allegreï, à l’allure nonchalante, tue l’ennui dans un hamac et confirme l’histoire des rotations de la frégate Nebulon du Commodore Hamild. C’est toutefois silence radio total, et impossible de dire avec certitude quand la frégate sera de retour. Avec son vieux droïde de sécurité, il passe son temps à analyser quelques cartes spatiales, à contrôler l’activité des sondes lancées par la base de temps à autre, et à fumer des substances psychotropes– cette dernière activité apparaissant comme la plus chronophage. Questionné sur l’issue funeste du précédent Commodore, le bothan explique que Oyon l’Odigaï pense que Burns et son escorte se sont sans doute fait attraper par des « créatures ». De plus, il estime que le Commandant Hyabu gagnerait à parler aux deux survivants de l’expédition du Commodore, à savoir Starz dit « le blond » et « Pikouze » l’infirmier.

Le trio regagne alors les quartiers de la base. Abandonnant Hyabu devant sa chambre, Alto poursuit son chemin vers le tarmac, tandis que Cornell, attablé sous un auvent, la suit des yeux en attendant son heure. Active sur le Quad Jumper, la mécanicienne responsable du vaisseau – une Duros nommée Mez – se montre très protectrice avec son engin et ne fait aucun effort pour se montrer amicale avec la Mirialan. Alto arrive tout de même à obtenir confirmation de l’absence d’un hyperdrive sur le navire. D’un air revêche, Mez maugrée que « même Monsieur X ne pourra rien n’y faire », avant de demander à Alto de songer effectivement au transfert de l’hyperdrive de « la Jumelle » vers le Quad Jumper… Alto tourne alors les talons et laisse la place libre à Cornell, comme dans un ballet bien rôdé. Le séducteur aguerri se montre le plus charmant possible avec Mez, qui finit par lui donner rendez-vous le soir même au mess pour le repas… et plus si affinité.

Le Bothan Kern Allegreï, aux transmissions.

Retournée à « la Jumelle » avec un air dépité sur le visage, Alto use de ses maigres connaissances mécaniques pour tenter d’évaluer la tâche que représenterait le transfert de l’hyperdrive vers le Quad Jumper. Mais il faut bien admettre qu’il s’agit surtout d’une façon de s’occuper l’esprit plutôt que la mise en œuvre de compétences réelles… Encore stressée par le sentiment de cloisonnement, Alto laisse son esprit divaguer quand elle est soudainement prise par une vision qui la happe dans un autre lieu.

Nue dans la jungle, Alto sent une sueur glacée lui inonder le front tandis qu’un filet de sang poisseux s’échappe de son flanc. Un cri brusque la glace brutalement et une sorte de serpent visqueux surgit de l’épaisseur végétale, se précipitant vers son visage. Alto se recule dans un mouvement de réflexe, tombant au sol – rompant alors cette vision qui n’a rien pour la rassurer.

Terrifiante vision d'Alto. 

De son côté, Meera poursuit sa quête éperdue d’une douche salutaire. Mais les questions qu’elle posent à ce sujet restent sans réponses – après tout, personne ici ne prend de douche régulière. Meera bat donc en retraite vers les quartiers du Commodore. Un soldat en faction ne résiste pas aux ordres d’ouverture, la mention du nom du « Commandant Hyabu » faisant son effet. Dès son entrée dans l’antre, Meera reprend ses réflexes de professionnelle de la sécurité – la douche attendra. Le précédent Commodore était ouvertement un chasseur émérite, à en croire le nombre de trophées accrochés dans la pièce. Dans une odeur de mâle en sueur qu’elle qualifierait de fétide, Meera se lance dans une fouille méticuleuse de l’appartement. Elle découvre de nombreuses caches qui ont ouvertement déjà été visitées et soigneusement vidées. L’une contient les traces d’un data-pad qui devait s’y trouver, si on se fie aux marques imprimées dans le fin duvet de poussière. Meera finit par découvrir une dernière cache sous une pile de trophées, dans laquelle se trouve une bouteille de parfum féminin raffiné. Originaire du Noyau, le flacon a été rehaussé d’un nœud en ruban rouge, signe d’un présent de grand prix. Satisfaite, Meera peut désormais se translater vers la cabine de douche du Commodore et profiter d’une heure de détente. Mais le goût de rouille de l’eau qui lui coule dans la bouche achève d’entrée de jeu le plaisir du moment, et c’est avec une certaine aigreur que la Chiss se glisse au plus vite dans une serviette rêche. Seule une goutte du parfum du Noyau glissée dans son cou parvient enfin à lui tirer un sourire de satisfaction.

Tout l’équipage se retrouve le soir venu au mess pour le repas collectif des membres de la base. Un effort évident a été fourni en l’honneur de l’arrivée du Commandant Hyabu et de ses équipiers, à en croire les effusions d’amitié qui s’expriment à chaque arrivée. Après Hyabu et Zayne, c’est Alto qui rejoint la table réservée à l’équipage. L’air soucieux, elle transmet dans un murmure ses craintes renforcées vis-à-vis de la jungle environnante. Puis c’est au tour de Cornell, suivi de près par Mez – le rouge à leurs joues ne laissant que peu de doutes sur leur récente activité commune. Enfin, Meera fait comme à son habitude une entrée remarquée dans une nouvelle tenue d’apparat, mais surtout avec une nouvelle coupe de cheveux audacieuse. Enflammé par cette vision, Hyabu se redresse et se lance dans un discours plus que vague, pour remercier la base Fortitude pour son accueil et donner un semblant d’autorité à sa position.

Meera "new look".

Le repas qui suit ne reste pas dans les annales, mais il fournit l’occasion à l’équipage d’approcher Starz – une grosse brute dont les bases de discussions se limitent à des « ah ouai ? » ou « et ben ? » – et l’infirmier Pikouze, dont le nez pointu colle parfaitement à son surnom. Hyabu tient absolument à s’organiser une partie de chasse, pourraient-ils les renseigner… ? Pikouze comprend où le Commandant Hyabu veut en venir, et tous se dirigent vers une chambrée plus discrète pour y échanger des informations. L’ancien Commodore a effectivement perdu la vie au cours d’une virée vers les cascades scintillantes, à la poursuite d’une tête de rodeur de marais. Au détour d’un virage serré en airspeeder, le Commodore est semble-t-il tombé raide mort, la tête la première dans un ravin. Un malaise fatal, sans doute ? Cornell et Hyabu mettent en doute la sincérité de ce récit, puis passent à un acte d’accusation plus vif, plongeant brutalement leurs interlocuteurs dans un profond malaise.

Plus conciliateur, Zayne suggère alors que la troupe du Commodore a peut-être croisé la route de quelque chose de plus dangereux, de plus ancien… Saisissant la perche tendue, Pikouze explique qu’il y a effectivement une ancienne base délabrée qui se cache dans la jungle au niveau des cascades scintillantes. Un vaisseau s’y trouve, et la base sert de point de rendez-vous pour des activités de contrebande organisées par Burns, le second du Commodore, pour le compte du mystérieux « Monsieur X ». Voilà qui plonge l’équipage dans une profonde cogitation. Burns a sans doute organisé son « expédition de sauvetage » à la hâte pour empêcher le Commodore de lever le lièvre sur le trafic en cours. Ce « Monsieur X » et son réseau de droïdes de livraison semble de plus en plus être le vrai donneur d’ordre sur Fortitude – mais à quel prix ? Mettant Starz et Pikouze sous clef dans une cellule, l’équipage de Hyabu se prépare à une action immédiate avant que « Monsieur X » ne puisse réagir. Peut-être à la poursuite d’un des droïdes de « Monsieur X » afin de remonter sa piste ? Ou bien vers cette base dans la jungle, mais cela serait-il une initiative judicieuse de nuit… ? Une perspective qui déclenche un frisson d’horreur dans l’échine d’Alto.

jeudi 16 janvier 2020

Le Piège de l'Ambassadeur




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec



Finnlay Galindan, Le druide qui échafaude des plans d’évasion

Frère Démétrius Salazar, Le pèlerin à la voix tonnante

Tengrim Copperplate, Le nain supporte mal les atermoiements des politiciens

Ildur Main d’Airain, Le ranger a de la peine à oublier le masque du dragon




Après quelques hésitations, les héros décident de se rendre à l'invitation de Lord Krieger. Le modeste hôtel particulier de l'ambassadeur est en fait un somptueux palais caché au cœur de la ville. Son dédale de patios et de jardins occupe un pâté de maison entier où s'affaire une armée de serviteurs zélés. Le richissime marchand a fait dresser un fastueux festin à l'attention des héros où les mets les plus rares et les vins les plus capiteux sont autant de marques de la fortune de leur hôte. Peu impressionnés par cette débauche de vaisselle d'or et de soieries précieuses, les héros subissent poliment les flatteries de Lord Krieger entre lesquelles ils essaient de discerner ses véritables intentions. Leurs exploits dans le Valbise sont parvenus jusqu'à lui et il veut savoir ce que la présence de héros de leur trempe indique sur la sévérité de la menace qui pèse sur la région. Il les invite à venir témoigner devant le conseil qui se tiendra le lendemain, mais les aventuriers déclinent sa proposition en arguant qu'ils n'ont pas à prendre parti dans une controverse qui ne les concerne pas ; ils viendront assister aux débats mais ils ne prendront en aucun cas la parole. 

Lord Krieger

Les aventuriers quittent le palais et montent vers la cathédrale où ils veulent retrouver Azbara Jos pour l'interroger au sujet des créatures qui les ont attaqués la veille. Mais les portes de la citadelle leur sont fermées car ils s'y présentent sans aucune invitation officielle. Les compagnons qui surveillent l'entrée se montrent inflexibles devant leurs supplications. Il faut toute la force de conviction de Frère Salazar pour obtenir d'eux qu'ils fassent au moins prévenir Maître Medrash que d'étranges hybrides draconiques rodent dans la ville et qu'il est impératif qu'ils puissent conférer avec lui sur la meilleure façon de les pourchasser. 

Au soir, alors que la tombée de la nuit est une fois encore annihilée par la présence rayonnante du compagnon, un visiteur encapuchonné se glisse en rasant les murs jusqu'aux Trois Deniers. Sa capeline dissimule difficilement sa haute stature et les héros reconnaissent aussitôt le grand maître de l'Ordre de Platine. Sa visite doit rester secrète mais il est venu en personne car le récit des événements de la veille qu'ont fait les aventuriers le préoccupe au plus haut point. En effet, la mention des écailles d'argent qui couvraient les draconiens lui semble une impossible aberration, la simple idée qu'on ait pu ainsi abâtardir les enfants de Bahamut relève pour lui du plus révoltant des sacrilèges. La théorie de Finnlay selon laquelle les monstres seraient descendus des abords de la cathédrale lui semble hautement improbable vu la concentration de fidèles des dieux du bien qu’on y trouve. Lui-même a inspecté les moindres recoins des cryptes à la recherche du traître dénoncé par Felgolos et il s'est assuré avec le grand Observateur en personne que le contenu des coffres est intact. Il n'en reste pas moins convaincu que quelque chose se trame effectivement autour d'Elturel et que les héros sont les seuls à être au-dessus de tout soupçon puisqu'ils ont été les premiers à dénoncer le complot. Medrash les fera rentrer dans la citadelle mais il n'a pas l'autorité pour leur donner accès aux geôles. S'ils veulent interroger Azbara Jos, il faudra donc le faire clandestinement. Il leur propose d'agir dès le lendemain au sortir du grand conseil. Quand tous les regards seront encore tournés vers les débats, ils auront plus de chance de monter jusqu'à la cathédrale sans attirer l'attention. Le dragonborn s'éclipsera juste avant eux pour arranger les formalités de leur entrée et un de ses amis viendra les guider jusqu'à lui. 

Quand les aventuriers se présente devant l'immense salle du conseil le lendemain matin, ils sont immédiatement accueillis par l'un des secrétaires de Lord Krieger qui souhaite les accompagner aux places que l'ambassadeur leur a réservé à ses côtés. L'homme devient livide lorsque les héros refusent tout net de le suivre et lui annoncent qu'ils se contenteront de suivre les discussions depuis les gradins des communs.  

C'est donc parmi les citoyens d'Elturel et les soldats des différentes escortes qui se pressent autour du grand hall qu'ils écoutent Thavius Kreeg prendre la parole. Le vieil homme ouvre les débats en rappelant avec une pointe de tristesse dans la voix que si les marchands de Scornubel sont en droit d'exprimer leurs inquiétudes, ils ne doivent pas pour autant oublier que le rempart de la foi les a toujours protégés et que les Compagnons restent les plus dévoués des protecteurs qu'ils puissent espérer. 
C'est ensuite Alisha Pashdeen, la porte-parole de l'Antre du Lion qui s'avance sur l'estrade. Surmontant le malaise que les remontrances du Grand Observateur ont créé, elle dénonce l'incompétence des paladins qui a conduit à l'arrêt complet des échanges commerciaux le long de la Chiontar et réclame le droit de faire appel aux mercenaires des poings enflammés pour rétablir l'ordre dans la région. 
La salve d'applaudissements qui ponctue la fin de sa tirade se calme lorsqu'on appelle Garadesh Merandiol, le patriarche de l'église de Tyr à donner son point de vue. Avec la sévérité coutumière des fidèles du dieu de la justice, il renouvelle sa confiance aux compagnons et fustige l'ingratitude des marchands. 
C'est enfin Lord Krieger qui se lève au nom de la cité d'Iriaebor. Sa voix de stentor vibrante d'émotion, il se lance dans une harangue en faveur du recrutement massif de renforts quelle que soit la compagnie qui les fournisse, si les poings enflammés ne font pas l'affaire alors le Zhentarim pourra surement déployer une aide tout aussi prompte, comme ils l'ont fait au Valbise dont les sauveurs en personne sont déjà arrivés pour affronter la menace, preuve s'il en est de la gravité de celle-ci car ces vaillants héros  sont sans nul doute venus ici pour affronter rien de moins que des dragons comme ils l'ont déjà fait dans le nord. D'ailleurs il serait juste de s'inspirer de leur exemple car, malgré leur puissance, ils n'ont pas hésité à demander de l'aide, celle du Zhentarim en l'occurrence, lorsqu'ils ont constaté l'ampleur du danger qui planait sur les Dix-Cités. C'est de cette même admirable humilité dont devrait aujourd'hui faire preuve le Grand Observateur en se laissant pas aveugler par un orgueil mal placé et en admettant que les Compagnons, aussi vaillant soient-ils, ne peuvent plus assurer seuls la sécurité de l'Elturgard. 
Un tonnerre d'applaudissements salue la démonstration de Lord Krieger qui partage le mérite avec les héros qu'il désigne de la main alors qu'autour d'eux tous les quidams se sont écartés pour les rendre bien visibles de tous au moment où l'ambassadeur les a pris à témoin. 
Le frère Salazar avance alors d'un pas et d'une voix à la force surnaturelle brise net les vivats. Tremblant d'une juste colère il contre un par un les arguments fallacieux du politicien. Il affirme avec vigueur que la présence des héros à Elturel n'a aucun rapport avec les débats du jour et qu'en aucun cas ils ne sont légitimes pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, cette décision appartient uniquement au peuple de l'Elturgard et au Grand Observateur. Quant à leur relation au Zhentarim, les insinuations de Lord Krieger n'ont qu'un lointain rapport avec la réalité puisque la situation au Valbise n'a rien de commun avec celle qui doit préoccuper le conseil aujourd'hui. 

Un grand silence ponctué de murmures consternés accueille le discours de Salazar. Thavius Kreeg appelle donc à conclure la session du jour sur ces entrefaites mais le duc Ulder Ravengard se lève pour répondre. Très calmement il explique que les Poings Enflammés sont bien là par intérêt et non par bonté d'âme, mais que l'intérêt de Baldur's Gate est le même que celui d'Elturel, rétablir la paix et la prospérité sur la route de commerce dont les deux villes dépendent autant.



Les aventuriers profitent de la confusion pour s'éclipser discrètement par l'arrière. Ils y retrouvent Onthar Frume que Daardendrien Medrash a chargé de les conduire par des chemins dérobés jusqu'à son étude où il les retrouvera. 

Le temps presse. Le grand maître de l'Ordre de Platine a usé de son autorité pour faire admettre les héros dans l'enceinte de la cathédrale sous prétexte d'avoir un entretien privé avec eux. Mais l'influence du dragonborn est limitée et ils ne disposent que d'une demi-heure de tranquillité avant que des oreilles indiscrètes ne viennent vérifier que les aventuriers sont bien là où ils sont censés être. 
Onthar les amène jusqu'à l'entrée des geôles par une série de couloirs déserts. Le frère Salazar se charge de détourner l'attention de l'unique sentinelle tandis que les autres se glissent en silence vers les cellules. 
Ils y trouvent Azbara Jos assis contre la pierre froide, la mine sombre et l'air las. 
Il n'a aucune idée des plans du culte dans la région car il n'a collaboré que sur le projet final de dresser le temple de Tiamat pour y invoquer la reine des dragons. Il leur confirme seulement que les trésors qui sont amassés par les pillages serviront d'offrandes pour apaiser la déesse tandis que les gens qui disparaissent alimenteront le délirant sacrifice nécessaire à l'accomplissement du rituel d'invocation.  
Alors qu'il tente encore de les convaincre que la défaite de Szass Tam et la libération de Thay valent bien ce prix sanglant, une voix familière interpelle les héros depuis une autre cellule. Ils tournent la tête et découvrent le visage de Leosin Erlanthar qui leur adresse un sourire contrit de derrière ses barreaux. 


jeudi 9 janvier 2020

L'éveil des Draconiens





Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec



Finnlay Galindan, Le druide dont les sens aiguisés nourrissent l'intuition  

Frère Démétrius Salazar, Le pèlerin qui donne une touche acerbe à la parole divine 

Ildur Main d’Airain, Le ranger aux poignards trop avides de sang pour leur bien  


L'étrange créature déchire l'air autour de Finnlay avec une vigueur frénétique tandis que la petite chambre se remplit d'une foule écailleuse crachant de rage autour des héros. Au fracas des volets brisés dans les chambres adjacentes répondent les cris de panique des hôtes terrifiés qui fuient l'étage à toutes jambes devant l'irruption des monstres. Le frère Démétrius arrache le jeune druide aux assauts furieux de son vis à vis en enserrant l'esprit de la chose dans une cruelle couronne d'épines dont le supplice l'oblige à se retourner contre ses congénères. Finnlay en profite pour appeler deux ours massifs pour bloquer le couloir et éviter que les aventuriers se retrouvent pris à revers. Ildur de son côté a dégainé ses dagues et fauchent les draconiens à une vitesse ahurissante. Sa célérité lui évite d'ailleurs de succomber au maléfice que déclenche la mort des créatures, car en trépassant elles se pétrifient et les plaies de leurs cadavres de pierre deviennent des pièges inextricables pour les lames qui n'en ressortent pas assez vite. L'exercice est d'autant plus périlleux pour le ranger que ses couteaux se délectent du carnage et demandent à chaque coup à s'enfoncer plus profondément dans les corps mutilés de leurs victimes. 

Un Draconien

Une dernière créature s'apprête à prendre son envol des toits d'en face pour fondre dans le dos des héros mais comme elle se jette dans le vide le frère Démétrius implore son dieu de nouer les muscles de ses ailes par un spasme d'agonie et le draconien, plutôt que de planer au-dessus de la rue, va s'écraser face la première contre les pavés. Finnlay tente encore de repousser la masse grouillante qui a déchiré ses ours en faisant claquer des explosions de tonnerre dans le couloir mais il est malgré tout submergé et l'un des monstres réussit à lui arracher la besace où est caché le précieux masque du dragon noir. D'un geste désespéré, Ildur transperce la créature avant qu'elle ne se jette au dehors mais cette fois-ci sa lame reste bloquée entre ses côtes pétrifiées. Le ranger doit consacrer toutes ses forces à l'effort nécessaire pour empêcher le cadavre de basculer par la fenêtre mais ceci le laisse à l'entière merci des derniers draconiens. Avant que ceux-ci puissent le lacérer de leurs griffes difformes, Finnlay les frappe d'une série particulièrement puissante de rayons ardents qui les incinère avant qu'ils puissent s'emparer de l'artefact. 
Lorsque la patrouille de Hellriders appelée à l'aide par les résidents de l'auberge arrive enfin, elle découvre les aventuriers reprenant péniblement leur souffle, enfoncés jusqu'aux genoux dans une mer de statues grotesques qui deviennent rapidement friables et tombent en poussière sous leurs semelles.  
Le frère Démétrius explique aussitôt aux gardes la situation et les convainc sans peine d'apporter leur concours aux héros qui ont de toute évidence le bien de la cité à cœur.  Usant de son autorité à leur profit, leur lieutenant fait ouvrir le temple par-dessus lequel les draconiens sont arrivés. L'inspection des toits ne livre malheureusement que peu d'indices mais Finnlay ne peut empêcher son regard de se porter vers le sommet de la colline et la cathédrale, suivant peut-être instinctivement d'imperceptibles traces de tuiles déplacées qui retraceraient le chemin emprunté par les monstres. 
A court de pistes, les héros doivent se résoudre à retourner à l'auberge en espérant qu'Onthar Frume reprenne contact avec eux. Mais quand ils reviennent aux Trois Deniers, ils ont la surprise de voir qu'un jeune page les y attend. Portant fièrement les couleurs de l'Antre du Lion, il a un message à leur délivrer en personne de la part de Lord Krieger, le richissime ambassadeur d'Iriaebor, qui souhaite les rencontrer et les invite donc dès le lendemain dans son hôtel particulier pour une discrète entrevue.