jeudi 16 janvier 2020

Le Piège de l'Ambassadeur




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec



Finnlay Galindan, Le druide qui échafaude des plans d’évasion

Frère Démétrius Salazar, Le pèlerin à la voix tonnante

Tengrim Copperplate, Le nain supporte mal les atermoiements des politiciens

Ildur Main d’Airain, Le ranger a de la peine à oublier le masque du dragon




Après quelques hésitations, les héros décident de se rendre à l'invitation de Lord Krieger. Le modeste hôtel particulier de l'ambassadeur est en fait un somptueux palais caché au cœur de la ville. Son dédale de patios et de jardins occupe un pâté de maison entier où s'affaire une armée de serviteurs zélés. Le richissime marchand a fait dresser un fastueux festin à l'attention des héros où les mets les plus rares et les vins les plus capiteux sont autant de marques de la fortune de leur hôte. Peu impressionnés par cette débauche de vaisselle d'or et de soieries précieuses, les héros subissent poliment les flatteries de Lord Krieger entre lesquelles ils essaient de discerner ses véritables intentions. Leurs exploits dans le Valbise sont parvenus jusqu'à lui et il veut savoir ce que la présence de héros de leur trempe indique sur la sévérité de la menace qui pèse sur la région. Il les invite à venir témoigner devant le conseil qui se tiendra le lendemain, mais les aventuriers déclinent sa proposition en arguant qu'ils n'ont pas à prendre parti dans une controverse qui ne les concerne pas ; ils viendront assister aux débats mais ils ne prendront en aucun cas la parole. 

Lord Krieger

Les aventuriers quittent le palais et montent vers la cathédrale où ils veulent retrouver Azbara Jos pour l'interroger au sujet des créatures qui les ont attaqués la veille. Mais les portes de la citadelle leur sont fermées car ils s'y présentent sans aucune invitation officielle. Les compagnons qui surveillent l'entrée se montrent inflexibles devant leurs supplications. Il faut toute la force de conviction de Frère Salazar pour obtenir d'eux qu'ils fassent au moins prévenir Maître Medrash que d'étranges hybrides draconiques rodent dans la ville et qu'il est impératif qu'ils puissent conférer avec lui sur la meilleure façon de les pourchasser. 

Au soir, alors que la tombée de la nuit est une fois encore annihilée par la présence rayonnante du compagnon, un visiteur encapuchonné se glisse en rasant les murs jusqu'aux Trois Deniers. Sa capeline dissimule difficilement sa haute stature et les héros reconnaissent aussitôt le grand maître de l'Ordre de Platine. Sa visite doit rester secrète mais il est venu en personne car le récit des événements de la veille qu'ont fait les aventuriers le préoccupe au plus haut point. En effet, la mention des écailles d'argent qui couvraient les draconiens lui semble une impossible aberration, la simple idée qu'on ait pu ainsi abâtardir les enfants de Bahamut relève pour lui du plus révoltant des sacrilèges. La théorie de Finnlay selon laquelle les monstres seraient descendus des abords de la cathédrale lui semble hautement improbable vu la concentration de fidèles des dieux du bien qu’on y trouve. Lui-même a inspecté les moindres recoins des cryptes à la recherche du traître dénoncé par Felgolos et il s'est assuré avec le grand Observateur en personne que le contenu des coffres est intact. Il n'en reste pas moins convaincu que quelque chose se trame effectivement autour d'Elturel et que les héros sont les seuls à être au-dessus de tout soupçon puisqu'ils ont été les premiers à dénoncer le complot. Medrash les fera rentrer dans la citadelle mais il n'a pas l'autorité pour leur donner accès aux geôles. S'ils veulent interroger Azbara Jos, il faudra donc le faire clandestinement. Il leur propose d'agir dès le lendemain au sortir du grand conseil. Quand tous les regards seront encore tournés vers les débats, ils auront plus de chance de monter jusqu'à la cathédrale sans attirer l'attention. Le dragonborn s'éclipsera juste avant eux pour arranger les formalités de leur entrée et un de ses amis viendra les guider jusqu'à lui. 

Quand les aventuriers se présente devant l'immense salle du conseil le lendemain matin, ils sont immédiatement accueillis par l'un des secrétaires de Lord Krieger qui souhaite les accompagner aux places que l'ambassadeur leur a réservé à ses côtés. L'homme devient livide lorsque les héros refusent tout net de le suivre et lui annoncent qu'ils se contenteront de suivre les discussions depuis les gradins des communs.  

C'est donc parmi les citoyens d'Elturel et les soldats des différentes escortes qui se pressent autour du grand hall qu'ils écoutent Thavius Kreeg prendre la parole. Le vieil homme ouvre les débats en rappelant avec une pointe de tristesse dans la voix que si les marchands de Scornubel sont en droit d'exprimer leurs inquiétudes, ils ne doivent pas pour autant oublier que le rempart de la foi les a toujours protégés et que les Compagnons restent les plus dévoués des protecteurs qu'ils puissent espérer. 
C'est ensuite Alisha Pashdeen, la porte-parole de l'Antre du Lion qui s'avance sur l'estrade. Surmontant le malaise que les remontrances du Grand Observateur ont créé, elle dénonce l'incompétence des paladins qui a conduit à l'arrêt complet des échanges commerciaux le long de la Chiontar et réclame le droit de faire appel aux mercenaires des poings enflammés pour rétablir l'ordre dans la région. 
La salve d'applaudissements qui ponctue la fin de sa tirade se calme lorsqu'on appelle Garadesh Merandiol, le patriarche de l'église de Tyr à donner son point de vue. Avec la sévérité coutumière des fidèles du dieu de la justice, il renouvelle sa confiance aux compagnons et fustige l'ingratitude des marchands. 
C'est enfin Lord Krieger qui se lève au nom de la cité d'Iriaebor. Sa voix de stentor vibrante d'émotion, il se lance dans une harangue en faveur du recrutement massif de renforts quelle que soit la compagnie qui les fournisse, si les poings enflammés ne font pas l'affaire alors le Zhentarim pourra surement déployer une aide tout aussi prompte, comme ils l'ont fait au Valbise dont les sauveurs en personne sont déjà arrivés pour affronter la menace, preuve s'il en est de la gravité de celle-ci car ces vaillants héros  sont sans nul doute venus ici pour affronter rien de moins que des dragons comme ils l'ont déjà fait dans le nord. D'ailleurs il serait juste de s'inspirer de leur exemple car, malgré leur puissance, ils n'ont pas hésité à demander de l'aide, celle du Zhentarim en l'occurrence, lorsqu'ils ont constaté l'ampleur du danger qui planait sur les Dix-Cités. C'est de cette même admirable humilité dont devrait aujourd'hui faire preuve le Grand Observateur en se laissant pas aveugler par un orgueil mal placé et en admettant que les Compagnons, aussi vaillant soient-ils, ne peuvent plus assurer seuls la sécurité de l'Elturgard. 
Un tonnerre d'applaudissements salue la démonstration de Lord Krieger qui partage le mérite avec les héros qu'il désigne de la main alors qu'autour d'eux tous les quidams se sont écartés pour les rendre bien visibles de tous au moment où l'ambassadeur les a pris à témoin. 
Le frère Salazar avance alors d'un pas et d'une voix à la force surnaturelle brise net les vivats. Tremblant d'une juste colère il contre un par un les arguments fallacieux du politicien. Il affirme avec vigueur que la présence des héros à Elturel n'a aucun rapport avec les débats du jour et qu'en aucun cas ils ne sont légitimes pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, cette décision appartient uniquement au peuple de l'Elturgard et au Grand Observateur. Quant à leur relation au Zhentarim, les insinuations de Lord Krieger n'ont qu'un lointain rapport avec la réalité puisque la situation au Valbise n'a rien de commun avec celle qui doit préoccuper le conseil aujourd'hui. 

Un grand silence ponctué de murmures consternés accueille le discours de Salazar. Thavius Kreeg appelle donc à conclure la session du jour sur ces entrefaites mais le duc Ulder Ravengard se lève pour répondre. Très calmement il explique que les Poings Enflammés sont bien là par intérêt et non par bonté d'âme, mais que l'intérêt de Baldur's Gate est le même que celui d'Elturel, rétablir la paix et la prospérité sur la route de commerce dont les deux villes dépendent autant.



Les aventuriers profitent de la confusion pour s'éclipser discrètement par l'arrière. Ils y retrouvent Onthar Frume que Daardendrien Medrash a chargé de les conduire par des chemins dérobés jusqu'à son étude où il les retrouvera. 

Le temps presse. Le grand maître de l'Ordre de Platine a usé de son autorité pour faire admettre les héros dans l'enceinte de la cathédrale sous prétexte d'avoir un entretien privé avec eux. Mais l'influence du dragonborn est limitée et ils ne disposent que d'une demi-heure de tranquillité avant que des oreilles indiscrètes ne viennent vérifier que les aventuriers sont bien là où ils sont censés être. 
Onthar les amène jusqu'à l'entrée des geôles par une série de couloirs déserts. Le frère Salazar se charge de détourner l'attention de l'unique sentinelle tandis que les autres se glissent en silence vers les cellules. 
Ils y trouvent Azbara Jos assis contre la pierre froide, la mine sombre et l'air las. 
Il n'a aucune idée des plans du culte dans la région car il n'a collaboré que sur le projet final de dresser le temple de Tiamat pour y invoquer la reine des dragons. Il leur confirme seulement que les trésors qui sont amassés par les pillages serviront d'offrandes pour apaiser la déesse tandis que les gens qui disparaissent alimenteront le délirant sacrifice nécessaire à l'accomplissement du rituel d'invocation.  
Alors qu'il tente encore de les convaincre que la défaite de Szass Tam et la libération de Thay valent bien ce prix sanglant, une voix familière interpelle les héros depuis une autre cellule. Ils tournent la tête et découvrent le visage de Leosin Erlanthar qui leur adresse un sourire contrit de derrière ses barreaux. 


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