mercredi 24 juillet 2019

A la poursuite de Skyreach Castle



Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 9

Avec


Tengrim Copperplate, Le nain tueur de géants 

Finnlay Galindan, Le druide aux mille questions 

Ildur Main d’Airain, Le ranger dresseur de wyvernes 




Le lourd battement des ailes de cuir des wyvernes emporte les héros par-dessus les sommets des Pics Gris. Leurs montures sont loin d'être des plus commodes et malgré les efforts d'Ildur pour les amadouer, ils redoutent chaque matin au moment de sauter en selle que leurs aiguillons empoisonnés ne les embrochent. Après deux jours de vol plein Est, une étrange formation nuageuse apparaît à l'horizon. Noires comme à l'imminence d'une tempête, les nuées roulent les unes sur les autres comme poussées des quatre points cardinaux par des vents contradictoires. A l'approche du curieux phénomène, les wyvernes s'agitent, leurs cris stridents semblant répondre à de lointains appels inaudibles pour l'oreille humaine. Les montagnes font peu à peu place à un désert de rocailles couturé de ravins où plus rien ne pousse depuis la chute de l'empire du Netheril. De l'abri de la crevasse où ils se sont posé les aventuriers inquiets scrutent le ciel à la recherche de la forteresse qui s'y cache. Aucun mouvement ne trahit sa présence. Ce n'est qu'à la nuit tombée qu'ils discernent enfin un signe qu'ils ont suivi la bonne piste. Deux silhouettes ailées de taille humaine se découpent dans le rideau de rayons de lune qui tombent à la frontière des nuages. Sans hésiter elles s'y engouffrent et y disparaissent, puis tout reste immobile jusqu'au matin. Dans la pale lueur de l'aube, les obscurs cumulus s'écartent, repoussés par la lente descente d'un rocher colossal suspendu par magie dans les airs. 


Ses flancs sont constellés de cavernes reliées par un maillage de passerelles et d'escaliers accrochés sur le vide. A son sommet les parois de granit noir se muent en murailles vertigineuses renforcées de tours de guet aux proportions gargantuesques. Les pointes acérées de grandes balistes dépassent entre leurs créneaux et même la stature des sentinelles qui arpentent le chemin de ronde semble démesurée. L'impossible vaisseau de pierre s'arrête à quelques mètres du sol et son flanc s'ouvre pour dérouler une longue passerelle de marbre sur laquelle s'engage une sinistre délégation. A sa tête les héros reconnaissent l'aspect immanquable de Rezmir, flanquée de deux étranges formes un peu bossues couvertes de la tête aux pieds de grandes capes grises. Derrière eux une vingtaine de kobolds brandissant l'étendard de la quintuple griffe tirent un chariot soigneusement bâché sous supervision de quelques dragonclaws. L'escorte de la wyrmspeaker est enfin complétée par quatre monstrueux demi-dragons dont les écailles d'obsidienne se confondent avec les lourdes armures noires qui les recouvrent. Les aventuriers hésitent un instant à les suivre mais ils estiment finalement que leurs chances de sortir vainqueur d'une embuscade contre cette troupe sont trop minces pour tenter leur chance. Ils laissent donc Rezmir s'éloigner suffisamment pour qu'elle ne puisse pas les surprendre au sortir de leur cachette, puis ils remontent en selle pour pousser leurs wyvernes vers les nuages dans lesquels Skyreach Castle s'est à nouveau enfoncé. Préférant éviter la large passerelle qui semble dédiée à accueillir les montures volantes, ils choisissent plutôt de se glisser dans l'une des larges cavernes qui s'ouvrent sur la face inférieure de la forteresse. Les wyvernes rechignent cependant à pénétrer plus loin dans les entrailles du rocher et à peine ont-ils mis pied à terre qu’elles repartent avec enthousiasme vers les écuries qui les attendent au niveau supérieur. Les boyaux dans lesquels s'enfoncent désormais les héros sont plongés dans une profonde obscurité. Tengrim est certain que le dédale est d'origine naturelle et qu'il était déjà présent avant que le roc ne soit arraché à la terre par une magie extrêmement puissante. Ces réflexions sont soudainement interrompues par un cri déchirant dont l'écho se répercute à travers les galeries qui les entourent. Presque humain le hurlement fait naître un sentiment de pitié irrépressible dans le cœur des aventuriers. En remontant vers la source de ces gémissements de douleur, ils croisent des signes de plus en plus nets que les grottes qui parsèment les sous-sols ne sont pas toutes abandonnées. Ce sont d'abord des glapissements caractéristiques de kobolds qui leur parviennent aux oreilles, puis Tengrim découvrent d'inquiétantes traces de griffes qui ont mordu la pierre des souterrains les plus larges. C'est enfin une odeur volcanique insistante, étrangement mêlée d'un léger parfum de violette, qui assaille leurs narines. Le rugissement pathétique s'élève à nouveau devant eux au moment même où la lumière ardente d'une explosion de flammes illumine le dernier couloir qu'ils empruntent. Avec une extrême prudence, ils approchent pour espionner la voix caverneuse qui ricane des tortures auxquelles elle s'adonne. Dans les reflets rougeoyants de la pierre calcinée, ils découvrent la forme bestiale d'un dragon rouge. 

Glazhael le Rouge

Aussi grand qu'un chariot, ses larges ailes repliées dans le dos et sa longue queue fouettant le sol, il arpente souplement le sol d'une vaste caverne en cherchant quel nouveau tourment infliger à sa victime. Crucifié contre la paroi par de grands pieux métalliques, un petit dragon aux écailles cuivrées lutte au seuil de la conscience pour préserver les dernières forces de son corps brisé. Entre deux questions, Glazhael, le dragon rouge, se régale à imaginer les ravages que lui offrira sa déesse quand les plans du culte auront abouti. Il sent déjà craquer sous ses crocs les os délicats des elfes et les panses rebondies des nains, mais ce qui le réjouit encore plus que tout le reste, c'est la perspective de voir enfin les dragons métalliques vaincus par la rage de Tiamat face à laquelle même le roi de justice et toute son arrogance devront courber l'échine. Felgolos, le jeune dragon de cuivre, soupire devant ces élucubrations car de son point de vue la rage destructrice de la reine du chaos ne fera pas le tri dans ses victimes et le culte sera anéanti comme les autres par la folie de son projet. 
Ses mises en garde sont bien sûr ignorées par Glazhael qui redouble de violence pour lui arracher le secret des coffres d'Elturgard que Felgolos semble bien décidé à emporter dans la tombe. Mais le dragon rouge ne compte pas le laisser s'en tirer aussi facilement et il ordonne à ses lieutenants kobolds de piocher dans son trésor personnel les potions nécessaires à maintenir le dragon de cuivre au seuil de la mort, là où la souffrance est la plus intense et le désespoir le plus noir.  
Comptant sur la cruauté de son tortionnaire pour assurer sa survie encore un moment, les aventuriers renoncent à porter secours au malheureux dragon métallique et continuent leur exploration de la forteresse. Leurs pas les conduisent toujours plus haut, jusqu'à enfin déboucher à l'air libre. La galerie dont ils émergent donne sur la cour intérieure du château gigantesque dont ils ont aperçu les murailles un peu plus tôt. Entièrement taillée dans un marbre blanc façonné par magie, elle n'a de toute évidence pas été conçue à l'échelle humaine. Tout y est beaucoup trop grand, en particulier les fantastiques machines de guerre encore en construction autour desquelles veillent de massifs ogres engoncés dans de somptueuses livrées supplantées de rutilants casques à plumes qui ne font qu'accentuer le grotesque de leur faciès. Au-dessus d'eux s'élève la titanesque tour centrale du château, ses façades marmoréennes percées de vitraux magnifiques où d'héroïques figures couronnées de lauriers d'or étranglent des bêtes serpentines de leurs mains nues. En face d'eux une puissante herse interdit l'accès au grand escalier qui descend vers le niveau inférieur. 


De l'autre côté de la cour, une tour secondaire semble elle aussi habitée car de sa grande fenêtre entrouverte s'échappe un filet de fumée bleuâtre. Quelques mètres plus loin, une vaste serre s'accroche au rempart et une ombre colossale s'y affaire au milieu de la végétation. Le jardin exotique semble malgré tout être le point d'entrée le plus aisé vers l'intérieur du château. Ildur repère avec précision le rythme des rondes ses sentinelles et à son signal lorsqu'il est sûr que les regards ne seront pas tournés vers eux, il s'élance à travers la cour, suivi de ses compagnons couverts par la magie de Finnlay qui a fait dériver un banc de nuages sur le trajet qu'ils empruntent. En passant devant la fenêtre de la tour secondaire, ils aperçoivent l'origine des fumeroles qui s'en dégagent. Deux géants de pierre à la peau grise sont penchés au-dessus d'un chaudron bouillonnant dans lequel ils plongent leurs regards interrogateurs tout en psalmodiant un rituel primitif. Tout absorbés par leur méditation, ils ne remarquent pas les héros qui se faufilent au-dessus d'eux jusqu'à la haute porte de verre qui permet d'entrer dans la serre. Le paysage qu'il découvrent derrière est tout bonnement fantastique. Une collection incroyable d'essences rares s'y épanouit dans une atmosphère tropicale. Des perroquets multicolores de Maztica nichent dans les arbres inconnus de la jungle de Chult à côté desquels pendent les lourdes grappes des étranges fruits de Kara Tur. Les parfums extraordinaires qui envahissent l'air tournent la tête des aventuriers qui se tapissent sous les buissons taillés de la lointaine Durpar qui bordent les allées. Derrière les feuilles rouges qui les cachent, le colossal jardinier est tout à son œuvre, sifflotant joyeusement tout en faisant claquer les lames énormes de son sécateur. Un feulement méfiant se fait soudain entendre au pied de la haie. Une grande panthère de Zakhara aux rayures fauves a senti l'odeur des aventuriers et se tient prête à bondir à quelques pas d'eux. Ses grondements ont attiré l'attention de son maître qui interrompt la taille de ses arbres pour venir la disputer comme on le ferait avec un quelconque matou. Se sachant près d'être découvert, Finnlay préfère se révéler. Face à lui se tient un vieux géant des nuages, sa fine barbe blanche tombant de son visage parcheminé sur le tablier de cuir qu'il a passé sur sa robe d'azur et d'or. 

Zephyros

Le vieillard interloqué n'a pas le temps de se remettre de sa surprise que déjà le druide l'assaille de questions à un rythme effréné qui le décontenance encore plus. Leur hôte ne semblant pas hostile, Ildur et Tengrim s'avancent à leur tour. Le géant profite alors de la diversion pour enfin lancer l'avertissement qu'il essayait en vain de placer depuis plusieurs minutes ; les héros sont en grand danger et doivent au plus vite quitter les lieux avant d'être découverts. Zephyros, tel qu'il se présente, les prend initialement pour des cultistes égarés qui ont enfreint sans le savoir l'interdiction absolu faite aux humains de quitter la basse cour que son neveu Blagothkus, le seigneur de Skyreach Castle, a édictée. Sentant que le vieux géant est inoffensif, les héros prennent le risque de lui révéler leurs véritables intentions de contrecarrer les plans du culte. En réponse, Zephyros fait taire ses inquiétudes et accepte leur proposition de libérer le château des adorateurs de Tiamat. Il leur explique que Blagothkus a conclu cette alliance improbable sous l'influence de sa cousine. Sansuri, la fille de Zephyros, est en effet aussi pleine de rancœur et de jalousie que son père est doux et compassionné. Elle refuse de se plier à l'ordre ancestral d'Annam que le dieu des géants a imposé à ses enfants et ses paroles fielleuses ont réussi, on ne sait comment, à convaincre son cousin qu'il est digne de renverser Hekaton, le roi des géants des tempêtes, pour mener ses semblables vers un ordre nouveau dont il sera le maître incontesté. Pour accomplir ce projet fou il lui faut bien sûr de puissants alliés et Sansuri lui a alors suggéré d'obtenir l'appui de Rezmir et des légendaires grands vers qu'elle peut rallier à sa cause au nom de sa déesse, car qui est mieux à même   d'abattre le règne fantoche d'Hekaton si ce n’est les ennemis héréditaires de l'ancienne Ostoria? 
Les héros se cachent donc dans la grande besace de Zephyros qui les introduit clandestinement dans le grand hall du château au nez et à la barbe des gardes ogres qui flanquent la monumentale porte ornementée de la tour principale. 

Blagothkus

Blagothkus accueille son oncle en le tançant d'une voix tonnante pour son retard à venir prendre place au banquet en cours. Zephyros murmure quelques timides excuses qui lui valent une volée d'insultes acerbes de la part de sa fille. Affublée d'un masque de porcelaine qui lui couvre les yeux, la géante couverte de bijoux sans prix est pendue à l'épaule de son cousin et lui susurre un chapelet de médisances enrobées d'une flagornerie éhontée à laquelle il acquiesce d'un air satisfait. Seul un jeune géant semble attristé par le traitement sévère que reçoit Zephyros. Thullen, le fils de Blagothkus, tend ainsi à son grand-oncle une assiette d'or débordant de victuailles en lui posant une main compatissante sur l'épaule. Le regard peiné qu'il lance à son père semble le déstabiliser un instant, mais aussitôt Sansuri reprend son persifflage en lui caressant la joue et sa figure se durcit à nouveau en une expression de mépris pour le vieillard. Finnlay a bien observé tout l'échange depuis un trou de la besace dans laquelle les héros sont cachés. Il n'a aucun doute que le seigneur des lieux est sous l'emprise d'un charme qu'il s'attelle immédiatement à défaire. A peine sa dissipation de la magie a-t-elle fait effet que ses compagnons se révèlent au grand jour, jetant les géants dans un émoi comparable à celui que l'irruption d'une armée de cafards au milieu de leur festin aurait provoqué. Alors que Cressaro, le puissant sénéchal du château, se jette devant son maître pour le protéger de sa mirifique armure d'argent embossée de complexes motifs végétaux, Tengrim se lance dans une violente diatribe dénonçant la duplicité de Sansuri. Soutenu par l'approbation de Zephyros, le discours semble faire mouche et Blagothkus échappe enfin à l'influence néfaste de sa cousine. Folle de rage, celle-ci fait taire son père en le terrassant d'un terrible éclair magique. Tengrim sort sa hache pour répondre à cette agression mais Blagothkus se méprend sur ses intentions. Il abat son énorme étoile du matin devant lui faisant voler en éclats la table et envoyant bouler le nain sur le sol. Le cri de Thullen au chevet de son grand -oncle à la poitrine encore fumante retient son bras avant le coup suivant. Le géant est d'autant plus décontenancé que son fils semble implorer l'aide des humains qui ont surgi derrière le nain, Finnlay se précipitant pour soigner le vieux géant de sa magie apaisante. Cressaro parvient à tirer son seigneur en arrière pour le mettre à l'abri du combat et Tengrim et Ildur en profitent pour attaquer Sansuri. 

Sansuri

Le nain entame son assaut par un sort de silence qui prive la géante de sa magie, permettant à Ildur de n'avoir à passer que les anneaux d'or de son armure pour pouvoir la blesser. Sansuri lance un cercle de métal acéré sur Tengrim qui le frappe violemment avant de rejoindre la main de sa propriétaire. La concentration du nain est brisée par l'impact et la géante débarrassée de la bulle de silence qui l'entravait en profite aussitôt pour activer ses défenses magiques. Les dagues du ranger se retrouvent déviée de leur trajectoire par un bouclier de force impénétrable tandis que les sorts de Finnlay sont dévorés en plein vol par un essaim de miroitements qui emplit l'air autour de la géante. La riposte de cette dernière est dévastatrice alors qu'un flot d'éclairs frappe les humains présomptueux qui osent la défier. Tengrim se relève alors et entonne le chant de bataille de Clanggedin. Jotunbane frémit d'impatience dans sa main alors qu'il charge. Chacun de ses coups semble plus fantastique que le précédent alors que les protections magiques de Sansuri volent en éclat. Vaincue par la violence de l'assaut, elle interpose en vain son arme que Tengrim lui arrache avant de l'abattre dans un râle victorieux.  
Les héros resserrent leurs rangs alors que les gardes ogres les encerclent mais contre toute attente l'ordre qu'ils reçoivent n'est pas d'en finir avec les aventuriers mais au contraire de mettre Sansuri aux arrêts. 
La géante inconsciente est emmenée, restreinte et bâillonnée par des entraves d'or. Blagothkus est prêt à se montrer magnanime et à oublier l'intrusion des héros dans son palais, à condition que les raisons de leur présence ne rallument pas son courroux. Leurs tentatives pour le convaincre de renoncer à son alliance avec le culte restent sans effet. Le géant n'a que faire des malheurs des royaumes humains qui souffriront de la destruction qu'apporterait la victoire des adorateurs de Tiamat. En revanche les allusions à la perte d'influence de Rezmir au sein du culte semblent l'inquiéter davantage. Les aventuriers s'engouffrent dans cette brèche et brossent un portrait calamiteux de la wyrmspeaker, racontant avec quelle facilité ils l'ont vaincue et discréditant complètement sa capacité à rallier les grands dragons à la cause de Blagothkus. La déception du géant en apprenant qu'il a été berné n'a d'égale que sa colère. Il ne veut plus entendre parler du culte, des humains ou des dragons, et son amertume ne sera adoucie que quand tous auront été chassés de sa forteresse. Il charge donc Cressaro d'organiser l'expulsion des cultistes et les héros sont libres de se joindre à l'entreprise dont la garnison ogre se chargera. Thullen remercie chaleureusement les héros d'avoir mis fin aux manigances de Sansuri. Il va désormais essayer d'apaiser la fureur de son père mais si à l'avenir les aventuriers ont besoin de son aide ils n'auront qu'à souffler dans la conche qu'il leur confie pour que les géants répondent à l’appel.  

Après quelques heures de repos, les aventuriers sont prêts à reprendre le combat, mais cette fois-ci c'est entourés d'une forte troupe d'ogres qu'ils attendent que la grande herse qui les séparent de leurs nouveaux adversaires se relève. 

mercredi 17 juillet 2019

Proies et prédateurs


Session Star Wars #34

Date : 02-Jul-2019

Avec :
Le Capitaine Hyabu, au talent tactique indéniable
Meera, avec qui « tout va bien se passer »
Aqualto Fudah (‘Alto’), qui passe un mauvais quart d’heure
Zayne Bentaroo, prompt à éliminer les menaces aériennes

Lieu(x) :
Station orbitale de Kwenn


Les yeux de chacun se sont maintenant acclimatés à la luminosité normale qui règne dans le hangar. Derrière la porte métallique le séparant de la salle de vente, on devine encore des cris d’horreur, tandis qu’à l’autre bout de la pièce se tient un truck-speeder, en attente sur le quai de déchargement. Entre les deux, des manutentionnaires statufiés semblent totalement désorientés par l’irruption inattendue de l’équipée hyabuesque. Au pas de course, Alto se dirige vers le truck-speeder, tout en hurlant aux ouvrier descendant un escalier en colimaçon que « la créature s’est échappée », déclenchant surtout un mouvement d’incompréhension. Armée du blaster de Nir, Meera détruit la console de contrôle de la porte métallique en espérant que cela permettra de retenir l’horreur cosmique quelques temps, tandis que Zayne pousse de lourdes caisses pour barricader l’accès.

Dans le hangar souterrain de Gracchus le Hutt.

Attrapant un ouvrier au vol, Hyabu demande ce qu’il est advenu du chasseur Jedi et apprend que l’appareil a été emporté il y a 10 minutes environ, mais la discussion est vite interrompue par des chocs lourds contre la porte, qui se déforme sous la force des coups. Finissant sa course, Alto distingue Cornell qui entrouvre l’accès arrière du véhicule. Elle se retourne vers ses compagnons et s’époumone comme elle peut pour hurler un ordre de retraite immédiate, puis grimpe dans la zone de stockage du véhicule, où se tient déjà DD-13. Récupérant les sabres-lasers camouflés, Alto constate avec soulagement que tout l’équipage la suit de près. Ayant pris le poste de pilotage, Hyabu effectue un démarrage en trombe, alors que l’araignée stellaire écarte les deux battants de la porte métallique et projette un appendice pour tenter de retenir un des fuyards dans sa toile d’ombre.

Le Capitaine Hyabu prend le parti de fuir au plus vite le lieu – tant pis pour les armes de collection que DD-13 n’a pu récupérer. Après avoir rapidement rejoint les larges artères des Hauts de Myrstil, il ne peut que pester face au flux de véhicules ralentissant sa progression vers un accès menant vers le Central. Un peu nerveuse, Alto utilise son comlink pour évaluer la situation du côté du Rokh, mais Piy ne donne aucun signe de vie – comme si le Rokh avait quitté la station. Toujours à l’affut, Meera repère alors un véhicule se dirigeant rapidement vers le lent truck-speeder, avec deux personnages ouvertement armés à l’intérieur. Entrouvrant une des portes arrières du truck, Alto réceptionne le blaster de Zayne et entame un tir de barrage contre le véhicule des poursuivants, dont l’attirail et l’allure suggèrent une appartenance au Kang Rang Power.

Sur les larges artères des Hauts de Myrstil.

Hyabu réagit à l’alerte lancée par Meera, et il effectue une dangereuse embardée pour monter sur le trottoir, chassant les piétons en klaxonnant comme un diable, mais en appréciant la route désormais libre devant lui. Cela ne déstabilise les mercenaires que quelques instants, et le véhicule reprend bien vite sa chasse. Le mercenaire posté sur le siège passager arme alors un lourd fusil blaster à l’apparence menaçante. Sans difficulté aucune malgré la course-poursuite, il prend Alto pour cible et la touche violemment, son tir perçant sans effort la tôle de la porte du truck-speeder dont la jeune Mirialan se servait comme maigre protection. Voyant sa co-équipière marquer le coup, Meera se précipite pour prendre sa place comme tireur, alors qu’Alto passe à l’avant du véhicule, à l’affut d’un poste d’observation vers l’extérieur. Elle voit alors avec effroi qu’une sorte de méga-drone a également pris en chasse l’équipe du Capitaine Hyabu par la voie aérienne. Dans un réflexe défensif, Alto avise une large statue métallique trônant dans un petit parc, puis mobilise un flux de la Force pour la projeter vers le véhicule volant, le manquant de peu.

Zayne a ouvert une porte latérale et constate que la statue a manqué sa cible. Interdit, il semble redouter d’agir, et il faut les ordres tranchants du Capitaine Hyabu pour le remobiliser. Reprenant le pas sur son stress et sur l’influence néfaste de la coalescence approchante (H-14:30), Zayne se projette alors dans les airs pour atterrir, le sabre-laser déployé, sur la plateforme extérieure du méga-drone. Il se retrouve face à un artilleur du Kang Rang Power prêt à lancer un missile sur le truck-speeder, et cette apparition subite provoque l’effroi à l’intérieur du drone. Reculant de façon décousue, les mercenaires présents lâchent quelques salves de blaster de manière désordonnée. Ne voulant pas mettre Zayne inutilement en danger, Alto redirige ses pouvoirs vers le véhicule terrestre qui se rapproche dangereusement du truck-speeder, mais le gros droïde qu’elle projette vers l’arrière ricoche sur le toit de sa cible sans entraver sa marche.

L'impressionnant véhicule volant du Kang Rang Power.

Hyabu décide alors de tenter le tout pour le tout. Dans une manœuvre audacieuse, il s’engage brutalement dans une voie latérale relativement étroite, prenant de court les mercenaires du Kang Rang Power, qui perdent un peu de temps pour reprendre leur chasse. Particulièrement concentrée depuis de longues secondes, Meera en profite alors et ajuste un tir parfait qui abat le tireur du véhicule terrestre, sous le regard médusé du conducteur, qui semble chercher à l’aveugle son arme de poing quelque part au sol. De plus en plus irritée et frustrée par l’influence néfaste de la coalescence, Alto repère un bloc de climatisation fixé sur un mur en hauteur et l’arrache par la Force pour le lancer sur le speeder du Kang Rang Power, mais à nouveau elle rate sa cible. Maudissant son manque de sang-froid, et sentant une vague de colère monter en elle, la jeune padawan ferme les yeux un instant et dégaine son sabre-laser, laissant passer le flux de Force obscure.

A une vingtaine de mètres au-dessus des toits, Zayne plante son regard dans ses vis-à-vis, qui reculent, sur la défensive. Seul un droïde CB-8 de cortosis ne semble pas redouter la présence du combattant. Mais, prenant tous ses adversaires au dépourvu, Zayne plante son sabre-laser dans la paroi le séparant du pilote. Immédiatement, le méga-drone pique du nez vers le sommet des immeubles, alors que Zayne s’extrait d’un saut magistral pour retomber lestement sur le toit. Un lourd bruit se fait entendre dans son dos, tandis que le droïde, assisté par un module de jet-pack, se pose à quelques mètres de son adversaire. Zayne engage immédiatement un saut périlleux et se retrouve dans la rue étroite, suivi de près par le droïde de cortosis, qui arme son bras multi-blaster et touche le padawan. Ayant tout vu, Meera lance une alerte à Hyabu, qui réagit immédiatement pour imprimer un demi-tour violent à son véhicule, tandis que le speeder du Kang Rang Power passe à vive allure au niveau de Zayne. Sous une pluie de débris dus au crash du méga-droïde, Hyabu reprend de la vitesse et passe du statut de proie à celui de prédateur pour venir percuter le speeder, qui finit sa course en s’encastrant dans un mur.

Fin de course pour le speeder du Kang Rang Power.

De la garde de son sabre-laser, Alto fait exploser le pare-brise du truck-speeder et se lance contre toute logique aux côtés de Zayne. Frappant le droïde de sa lame de lumière, elle constate à quel point le cortosis est réfractaire aux armes énergétiques. Alors que la surface du droïde s’électrise une fraction de seconde, Zayne crie à sa sœur d’arme de fuir au plus vite, puis se porte à son tour en avant pour empoigner les bras du droïde. Détournant les armes du droïdes, il parvient même dans un effort surhumain à le faire tomber au sol. L’unité CB-8 déclenche alors son second bras et libère un filet magnétique, mais, dans sa posture incommode, il échoue à entraver Zayne.

De son côté, Meera a sauté du truck-speeder et se rapproche vivement du véhicule inerte des poursuivants. Au milieu de la fumée et des cendres, Meera récupère le lourd fusil, puis jette un regard perçant vers les deux extrémités de la rue. Par le point d’entrée de la poursuite, de nombreux gyrophares se font voir, alors que de l’autre côté, elle distingue ce qui ressemble à un gigantesque stadium, avec une foule relativement dense. Armant alors sa nouvelle arme pour couvrir la fuite des deux padawans, Meera touche de plein fouet le droïde CB-8 de cortosis, qui ne semble pourtant pas perturbé, se relevant sans effort apparent puis émettant une série de sons à laquelle répondent visiblement deux autres droïdes CB-8 postés du côté des gyrophares.

Un droïde de cortosis.

Suivant les injonctions de Hyabu à se fondre dans la foule autour du stade, Zayne et Alto se replient au plus vite vers les véhicules abandonnés dans la rue, dans le couvert fourni par les fumées de l’accrochage. Alors que la situation semble désormais plus favorable au groupe, l’unité CB-8 lève son bras, ajuste son tire et abat Alto, qui roule au sol, inconsciente. Meera surgit de derrière son abri et tire Alto vers une position protégée. Ouvrant son bras cyber, elle lui injecte son dernier stimpack, marmonnant que « le bras n’allume pas que des soleils ». A peine ranimée et handicapée par une blessure sérieuse, Alto ne peut que prendre appui sur l’épaule de Meera, qui la conduit hâtivement auprès de ses compagnons, à la sortie de la rue. Là, c’est un sacré vacarme qui cueille le groupe, les hurlements de milliers de gorges déployées célébrant un ‘touchdown’ de l’équipe locale. Ce bruit a totalement couvert celui de la fusillade et du crash du méga-drone, mais quelques badauds aux abords du stade ont compris qu’un « accident » a eu lieu. Suivant les injonctions de Hyabu d’aller porter assistance aux blessés – et surtout de ralentir la progression des forces de l’ordre – une troupe de témoins armés de leurs enregistreurs vidéo s’engouffre dans la rue, prête à tout pour saisir des images aussi choquantes que potentiellement lucratives.

Autour du stade, de larges portes d’accès concentrent des chapelets de spectateurs, rendant l’effacement du groupe relativement aisé. Se précipitant près d’un étal de marchandises aux couleurs des équipes en lice, Meera se saisit d’un ensemble de maillots rouge et orange siglés de l’écusson impérial – a priori l’équipe en train de souffrir sur le terrain, considérant la remise immédiatement consentie. Toujours à l’affut d’un élément pour améliorer sa garde-robe, Hyabu fait également l’acquisition d’un large chapeau grotesque, portant des mains mécanisées et une sorte de trompette irritante, puis il intime l’ordre à son équipage de progresser le long du stade, tandis que deux unités CB-8 sont maintenant occupées à traverser la foule à leur recherche, alors que les stadiers tentent de canaliser une foule désormais anxieuse.

Aux alentours du grand stadium des Hauts de Myrstil.

Avisant l’entrée d’un parking souterrain, Meera fait s’engouffrer la troupe vers le bas, puis repère un véhicule familial qui y pénètre. Le groupe n’inspire guère confiance, les combats ayant laissé des traces nettes sur les visages et vêtements de Zayne et Alto. Tendant sa main vers le bon père de famille occupé à fermer son véhicule, Meera déclare avec son meilleur sourire carnassier que « tout va bien se passer… », annonce renforcée par Hyabu, qui salue la « gentille petite fille » qui le regarde avec des yeux inquiets. Avant que l’homme ne déclenche une alarme murale, Zayne se précipite sur lui et lui dérobe les clés du véhicule, puis Meera l’étourdit au rayon paralysant, semant la panique parmi les membres résiduels de la famille. Puis, démarrant comme à son habitude de manière tonique, Hyabu hurle à l’adresse de la petite fille que son papa « est un héros » – ponctuant ainsi à sa manière cette brève rencontre…

Fouillant rapidement les réceptacles divers du poste de conduite, Meera déniche facilement un badge pour 4 personnes (deux adultes et deux enfants), qui pourrait être utilisé pour accéder au Central par un checkpoint. Tous admettent que repasser par l’accès du Qualifax est sans doute bien trop dangereux. Harassés, Alto et Zayne profitent d’une dizaine de minutes de repos, avant que Hyabu ne gare le véhicule emprunté au parking du checkpoint le plus proche. Il ne semble pas y avoir d’attente dans le sens de la descente, d’autant plus que les deux gardes mollement attentifs semblent surtout concentrés sur le résultat du match de smashball en cours. Alors que Zayne et Alto se lancent dans une discussion factice sur le match en cours, Meera scanne le pass, sans même susciter un seul regard de la part des gardes, puis fait entrer toute l’équipe d’un air décontracte dans le turbolift. Soufflant un grand coup, l’équipage entame sa descente vers le bas du Central et les cales sèches, espérant en apprendre plus sur la situation du Rokh, tandis que Cornell, Nir et DD-13 filent récupérer les quelques affaires laissées à l’hôtel ‘Gardens’.

C’est aussi un retour vers la foule dense et l’ambiance de moiteur rance pour le groupe. Etouffant un râle de dégoût, Meera dirige la troupe vers la zone de stockage du Rokh, pour constater que le navire n’est effectivement plus à quai. De petits exo à l’apparence porcine – si ce n’était leurs longues oreilles pendantes – s’activent sur le pont et apprennent à l’équipage que le Gozanti est parti à peine deux heures après son arrivée. Pour en savoir plus, il faut graisser la patte au responsable de la sécurité du hangar concerné. Ce dernier apprend à Hyabu que des « mercenaires de la haute » sont déjà venu poser des questions au sujet du Rokh. A vrai dire, un Aquale particulièrement excité – description a priori assez fidèle de Piy – commençait à semer le trouble dans le hangar, et le responsable admet qu’il a été plutôt content quand le navire a filé sans demander son reste.

Dubitatif, l’équipage se met à l’écart quelques instants pour définir un plan d’action. Particulièrement éprouvés par l’accrochage avec les mercenaires du Kang Rang Power, Zayne et Alto doivent en plus résister à l’approche de la coalescence (H-12:00), qui se révèle de plus en plus pénible à supporter. Activant le mouchard de DD-13, Meera détecte à nouveau clairement le signal de la sonde droïde, au niveau du Central profond. Le signal amène le groupe dans une zone de hangars désaffectés, à peine occupés par quelques pauvres hères n’ayant pas d’autre endroit pour se mettre à l’abri. C’est d’ailleurs l’un deux qui leur indique le hangar vers lequel il y a eu plus tôt une certaine agitation. Trois filles se sont présentés sur le lieu, et l’une d’elle était ouvertement blessée, puis une troupe d’impériaux pas commodes ont également pénétré dans le lieu. A priori, tout le monde s’y trouve encore. Hyabu indique la position du lieu à Cornell, pour rassembler au plus vite l’équipage.

Le retour de Zaharid.

Ne souhaitant pas tergiverser outre mesure, Meera ouvre sans attendre la porte du hangar. Dans un froid glaçant – sans doute lié à la présence du vide spatial de l’autre côté de la paroi d’accès extérieur du hangar – l’équipage découvre là un VCX-100 particulièrement amoché. Progressant discrètement, le groupe constate que la rampe d’accès du vaisseau est ouverte, et que le corps de Silas y git. Des bruits de pas de bottes se font entendre dans le corps du vaisseau, puis la luminosité caractéristique d’un sabre-laser vert se devine graduellement en haut de la rampe. Soudain, la silhouette d'une autre femme apparaît de dos en haut de la rampe d’accès, puis s’effondre, transpercée par le sabre-laser. Un sourire aux lèvres, Zaharid reporte alors son regard sur l’équipage du Capitaine Hyabu… Qui désormais sera la proie, qui sera le prédateur...?

mercredi 3 juillet 2019

Dans le piège du Hutt


Session Star Wars #33

Date : 24-Jun-2019

Avec :
Le Capitaine Hyabu, qui revêt un déguisement imparable
Meera, prête à sacrifier un trésor inestimable
Nir Stone, qui joue sa survie dans un face-à-face tendu
Aqualto Fudah (‘Alto’), déçue par un collier pourtant prometteur
Zayne Bentaroo, toujours apte aux acrobaties les plus surprenantes

Lieu(x) :
Station orbitale de Kwenn


Toujours dubitatifs quant aux moyens d’accéder à la vente « privée » se déroulant au sous-sol, Alto, Meera et Nir profitent d’un verre d’une boisson pétillante et alcoolisée en attendant l’arrivée de renforts. Emy, qui semble être la responsable des hôtesses d’accueil du palais de la vente propose également un catalogue, qui ne contient évidemment que les objets exposés dans les grandes salles attenantes.

Dans le Palais des ventes de Gracchus.

Le Capitaine Hyabu fait irruption sur la coursive dans un accoutrement pour le moins inhabituel. Affublé d’une longue robe violette et d’une crosse dorée – dans laquelle il dissimule son fusil de chasse favori – le Toydarien a pris le temps de poser cinq faux cheveux en spirale sur le sommet de son crâne. Son odeur habituelle de cannelle a été remplacée pour l’occasion par un parfum citronné. Après un clin d’œil, Hyabu annonce qu’il est véritablement méconnaissable dans son habit de prêtre du Cœur-Dieu Hutt. Il est escorté par Zayne qui a revêtu une combinaison typique de garde du corps. Sous le regard particulièrement circonspect d’Alto, les membres du groupe se félicitent les uns les autres pour leurs nouvelles apparences.

Zayne a trouvé son nouveau style.

Soudain, l’homme aux tempes grisonnantes et balafré – Josef Zaal en personne ? – quitte sa balustrade en boitant, s’appuyant sur une canne luxueuse. Accompagné par deux hommes en noir, il rejoint directement le turbolift menant vers le sous-sol. Il semble suffisamment connu ici pour se passer de la moindre invitation – toutefois pas assez pour que ses hommes de main puissent conserver leurs armes. Zaal ne subit toutefois pas d’humiliante fouille au corps complète, menée par un énorme xéno à quatre bras. Scrutant en détail la scène, Nir est envahi par un sentiment vaguement désagréable à la vue du visage de Zaal, mais n’arrive pas à mettre le doigt sur le souvenir qu’il pourrait lui évoquer. Qui sait ce que la prochaine nuit pourra lui susurrer à l’oreille ?

Alors que le groupe remet sur le tapis l’idée de se présenter avec le sabre-laser de Nir pour le proposer à la vente privée, Taleo vient à la rencontre de ses « vieux amis » de Saleucami. Les effusions d’amitié restent toutefois unidirectionnelles, le Capitaine Hyabu ayant toujours sur l’estomac les 30kC manquant dans son escarcelle. Toutefois, c’est Taleo qui attaque la première, reprochant au Capitaine d’avoir « filé à la sullustéenne » lors de leur dernière rencontre. Elle assure avoir attendu au point de rendez-vous comme convenu, puis, de guerre lasse, d'avoir ouvert un compte au nom du Capitaine à Taleucema. L’argent l’y attend sagement, comme de bien entendu, mais Taleo indique se sentir toujours redevable et propose donc d’aider le groupe – d’autant plus qu’elle est elle-même très intéressée par cette vente privée se déroulant au sous-sol. Elle souhaite faire l’acquisition d’un des objets proposés, et, comme les choses sont bien faites, Taleo dispose d’une invitation nominative pour y accéder. Toutefois, elle ne peut l’utiliser directement, car cette invitation est établie pour un homme, le Commodore Mik Milikir. Ce dernier est encore dans sa cabine, à bord d’un des croiseurs appontés à la station… et pas en état de participer aux enchères.

Un portrait récent du Commodore Mik Milikir.

Toujours gentleman, Nir propose de faire office d’acheteur. Il se trouve que Taleo connaît un excellent tailleur qui sera à même de fournir très rapidement un semblant d’uniforme de la Marine impériale à Nir. Grâce à ce même tailleur aux activités a priori interlopes, Zayne pourra même faire office d’aide de camp. Dans l’heure qui suit, les deux padawans ont passé un uniforme qui fait parfaitement illusion. Soucieuse du sort des sabres-lasers de l’équipe, Alto suggère de les stocker à l’intérieur de DD-13, ce que ce dernier s’empresse de faire avec gourmandise.

Au bras de Taleo, le Commodore, accompagné de son aide de camps et d’un groupe d’amis xénos, se présente enfin à l’hôtesse d’accueil postée devant le turbolift. Nir et Zayne peuvent garder leurs blasters, alors que le reste du groupe doit subir bien des palpations et déposer toute l’armurerie sur place. Profitant d’une vague diversion menée par Hyabu avec sa crosse, Meera peut se pencher vers DD-13 – interdit d’accès vers le sous-sol – pour y récupérer son cristal de Coruscant. La descente mène vers une grande salle dont les gradins, occupés par des acheteurs fortunés, sont plongés dans la pénombre. On y disserte autour d’un verre en chuchotant, dans cette atmosphère feutrée des gens de bon goût, mais une légère excitation générale se fait ressentir, chacun ayant conscience de participer à un événement exceptionnel. Deux officiers impériaux de haut rang saluent Nir, qui leur adresse un léger signe de tête avant de s’assoir. Les Jedis du groupe sont pour leur part saisis par un sentiment de malaise particulièrement tenace, et se redressent pour en trouver l’origine.

Au milieu de la pièce, sous des spots lumineux parfaitement disposés, trônent quelques objets d’une valeur apparemment incommensurable. Parcourant la liste remise à l’entrée, Nir y devine les Soldats d’Axum (sortes de droïdes antiques), les archives de Phanteen (conservées précieusement derrière une vitrine de plexacier), la Statue de Xim (représentant le tyran disparu il y a 30 millénaires), de mystérieux Glyphes d’une autre galaxie (sorte de disque d’or recouvert de dessins naïfs), le Phare de Belcoth (dont on dit qu’il peut briller comme un soleil), les Splendeurs du Noyau des origines (collections de formes mouvantes et de sons indescriptibles), l’Aiguille de Shanten (dont la fonction n’est pas précisée), un joyau d’une exceptionnelle grosseur et beauté, et surtout un ancien chasseur Jedi !

Aucune trace évidente de la sonde droïde n’est remarquée, même si chacun conserve dans sa mémoire les derniers relevés de DD-13 indiquant sa position dans les environs. Se pourrait-il que la sonde ait été camouflée dans l’un des objets ici exposés… ? Enfin, dans le coin de la pièce, contrainte dans une cage électromagnétique de cristal, et entourée par quatre droïdes de cortosis, se trouve une créature horrible – sorte d’araignée cosmique géante, dont la taille changeante semble comme répondre à la luminosité émise. Cette araignée dégage une aura désagréable, et elle est ouvertement la source de la quasi-nausée qui envahi petit à petit  Alto, Nir et Zayne.

L'horreur cosmique scrute ses proies à travers la paroi incassable...

Tout cela est déjà difficile à assimiler pour le groupe, mais il faut évidemment finir par porter son regard vers le fond de la salle. Là, avachi sur une plateforme, l’énorme Gracchus le Hutt trône sur l’assemblée. Sa couleur rose pâle lui donne un air maladif, ce que ne vient pas contredire la moitié manquante de son visage. Une horde de mignons, lovés contre son corps indolent, semblent avoir comme mission première de lui procurer un peu de chaleur. La main plongée dans un énorme saladier, le Hutt dévore des yeux confits d’on ne sait quelle origine, puis, satisfait, il tripote les deux sabres-lasers accrochés à la chaîne lui faisant office de collier – « du meilleur goût ! », comment Hyabu, sans qu’on sache vraiment s’il s’agit de premier ou de second degré. Devant lui, raide comme la justice, un homme-lézard nommé Pos Podura fait office de porte-voix du maître des lieux, tandis que Maze, la Twi’lek à la peau noire du Kang Rang Power, est assise au pied de ce trône. Elle semble avoir pris du galon, à en juger par ses vêtements particulièrement bling-bling et les quelques kilos supplémentaires depuis la dernière passe d’arme avec l’équipage du Capitaine Hyabu.

Confiants dans la relative protection conférée par l’obscurité et les déguisements, chacun se tasse dans son siège en attendant le début des enchères. Le premier lot est constitué de la statue de Xim, et un Toydarien l’emporte pour la modique somme de 575kC. Puis vient le tour des glyphes extragalactiques. D’une légère pression sur son bras, Taelo indique à Nir qu’il doit désormais enchérir. La compétition ne se montre pas féroce, et Nir emporte l’objet pour 400kC, à la grande joie de Taleo, qui s’empresse de ranger le disque dans un étui de protection. Les officiers impériaux montrent un intérêt marqué pour les Splendeurs du Noyau… Malgré le malaise qui l’imprègne, Alto fait au mieux pour analyser les moindres réactions de Zaal, qui n’a encore manifesté aucun intérêt pour les lots proposés. Elle note néanmoins qu’il se raidit lorsque deux droïdes de cortosis supplémentaires émergent d’une entrée de service et viennent se poster dans le dos des convives – cela dit, la nervosité d’Alto augmente aussi à cet instant. Meera jette alors un regard vers la Twi’lek, subodorant un quelconque piège, mais cette dernière continue de suivre la vente avec intérêt.

L'étrange artefact acquis par Taleo.

Le chasseur Jedi est à son tour mise aux enchères avec un prix de départ de 200kC, et il n’est rien de dire que ce lot suscite un enthousiasme général. Après quelques tours, il ne reste que trois acheteurs sérieux en lice, à savoir Zaal, une grosse femme et un Changrien. Zayne a comme une intuition concernant la grosse femme, qui dégage un air bizarre. Lorsqu’il émet l’hypothèse d’un déguisement habile, Nir acquiesce à son tour. Mais déjà la femme surenchérit sur Zaal avec un montant de 1.6MC, et ce dernier perd ses nerfs, se redressant furieusement en frappant du plat de sa main sur une rambarde. L’assistance se fige, et c’est Gracchus lui-même qui rappelle les règles de la bienséance. De plus, au-delà de 2MC, les acheteurs potentiels devront effectuer un dépôt immédiat de 1MC en gage. Cela ne tempère en rien la suite de l’enchère, et c’est la femme – visiblement ravie – qui emporte le vaisseau pour 2.5MC, avant de s’éclipser rapidement, tandis que les objets déjà vendus sont emportés à l’arrière de la salle vers une sorte de hangar de stockage. Furieux, Zaal et son escorte quittent la salle, et le groupe lui emboîte immédiatement le pas.

Un authentique Intercepteur Jedi Actis Eta-2.

Les deux droïdes de cortosis se dressent immédiatement et bloquent le passage à Nir. D’un pas leste, Pos Podura monte rapidement au travers des gradins et invite le Commodore à se rendre auprès de Gracchus pendant la pause de la vente. Inquiet, le groupe descend les marches menant auprès du seigneur du Soleil Noir, alors que les invités suivent le chemin inverse pour aller prendre des rafraîchissements à l’étage. Taleo a visiblement déjà quitté la pièce dès qu’elle a senti le vent tourner… Plaçant tous ses espoirs dans sa couverture, Nir joue le jeu et demande à son hôte si d’autres objets intéressants pourraient être proposés à la vente ce soir – des objets pouvant intéresser tout particulièrement l’Empire. De son rire gras et profond, Gracchus fait table rase de cette vaine tentative, glissant même distinctivement un « carbonite » dans un monologue cinglant. Pointant un doigt rageur dans sa direction, Nir met en garde Gracchus, indiquant même qu’il pourrait lui venir l’envie de « tâter sa vénérable splendeur » de son pied. Beau joueur, Gracchus continue de rire à gorge déployée, tandis que Maze se lève, révélant une collection d’armes lourdes à ses côtés. L’atmosphère se tend ostensiblement.

Toujours traduit par Pos Podura, Gracchus indique avoir particulièrement apprécié le coup d’éclat de l’équipage du Capitaine Hyabu auprès de la Banque du Soleil Levant, mais il souhaite désormais récupérer son bien – un doigt pointé vers Nir – et élargir sa collection – c’est maintenant Zayne qui est clairement désigné. Les enregistrements vidéos effectués dans la suite de Marekh Sol lui ont été bien utiles… Hyabu refuse de céder des membres de son équipage, et Zayne prend la parole pour évoquer des alliés puissants dans le secteur de Moradan pour lequel le groupe travaillerait. La colère de Gracchus monte graduellement, et il ne peut s’empêcher d’écraser le pauvre mignon pris dans son appendice caudal. Les droïdes de cortosis activent leurs armes énergétiques et s’avancent vers le groupe, une confrontation semble inévitable. Alto effectue instinctivement une roulade vers l’arrière, puis tend la main vers le cou de Gracchus. Un déclic se fait entendre sur un des sabres-lasers de son collier, mais l’arme ne se déclenche pas, révélant que la poignée n’est qu’un coquille vide. Une grimace de déception se dessine sur le visage d'Alto...

Rare image de Gracchus le Hutt lorsque son visage était encore intact.

Avant même que le reste du groupe ne puisse réagir, Meera a déjà exhibé la pierre de Coruscant et menace de la broyer de sa main cyber si Gracchus ne rappelle pas ses droïdes. Une telle monnaie d’échange se révèle très tentante pour le Hutt, qui accepte de reprendre la discussion si cette pierre lui est remise. En position particulièrement désavantageuse, Meera ne peut négocier plus en avant, et, d’un geste las, dépose son trésor dans la main de Pos Podura. Gracchus prend quelques secondes pour observer la pierre sous toutes ses coutures, l’œil gourmand. Voilà qui rajoute un motif de satisfaction au piège qu’il a patiemment tendu à l’équipage depuis qu’il a pu obtenu les vidéos du « casse » du Soleil Noir. Un sourire mauvais aux lèvres, Maze ne peut s’empêcher d’ajouter à l’adresse de Hyabu : « On fait moins les malins, maintenant… ».

Entre deux rires devenus féroces, Gracchus exige désormais la restitution complète de l’ensemble des biens dérobés au Soleil Noir. Le Hutt pense que l’équipage n’est qu’un ramassis de voyous dirigé par un Capitaine qui n’a jamais honoré correctement un contrat. De plus, l’équipage devra lui ramener un artefact ancien pour rembourser sa dette – un Holocron, objet dont la rareté fait qu’il pense que seule une bande de Jedi pourrait mettre la main dessus. Meera insiste sur la nécessité de la sonde droïde pour pouvoir trouver ce que Gracchus désire le plus… un maître Jedi ! « Skywalker ? », demande Gracchus, un instant interdit ? Meera explique que le groupe est sur les traces du maître Suljo Warde, faisant retomber l’excitation palpable du Hutt, qui ignore tout de ce maître. Dans une dernière supplique désespérée, Nir demande si la sonde droïde était camouflée à bord du chasseur Jedi, mais Gracchus reste mutique à ce sujet. D’un geste péremptoire, le Hutt ordonne maintenant que le groupe soit cloisonné sur le Rokh en attendant son sort, et ce après avoir officiellement intégré sa propriété. Il fait un geste vers son contremaître qui s’approche avec un tison rougeoyant afin d’apposer la marque de l’esclavage sur ses proies. Tendue, Alto recule rapidement vers Zayne, cherchant instinctivement sa protection.

La Twi'lek Maze du Kang Rang Power.

D’une voie haute et claire, Meera se porte en avant, indiquant sa volonté de vivre malgré la pose d’une marque aussi infamante sur sa peau. Gracchus esquisse un sourire de satisfaction face à la beauté de sa première prise du jour. Prenant alors tout le monde au dépourvu, Meera se jette littéralement sur le Phare de Belcoth et y pose son bras cyber, qui semble déborder d’électricité statique. Immédiatement, une luminosité aveuglante envahit l’espace. Les mains devant les yeux, Hyabu a déjà hurlé une suite d’ordres vifs, et l’équipage se porte d’un seul mouvement vers le hangar situé au fond de la salle. Suivant ses sens instinctifs, Zayne se propulse vers le plafond et atterri lourdement sur un gigantesque lustre de cristal se tenant au-dessus de Gracchus le Hutt, le choc et le mouvement de balancier conduisant subitement à la chute de l’objet. D’un dernier saut, Zayne s’est déjà extrait et rejoint ses compagnons, au milieu des tirs imprécis des droïdes également gênés par la lumière environnante.

Après ces quelques secondes de confusion, le bruit d’une explosion de verre se fait entendre dans un coin de la pièce, et un frisson d’horreur parcourt l’échine des utilisateurs de la Force présents, car la présence horrifique de l’araignée de ténèbres se fait subitement plus tangible. Touché par un tir, Nir contourne aussi vite que possible la paroi et, ayant reçu confirmation vocale de l’entrée des tous ses compagnons dans le hangar, il actionne la fermeture rapide de la porte blindée. L’obscurité qui suit semble aussi violente que le déclenchement du Phare, et il faut quelques secondes à Alto pour noter l’absence du chasseur Jedi, qui a dû être déjà convoyé ailleurs. De l’autre côté de la porte, des cris abominables se font entendre, et le groupe reprend sa course, sentant confusément qu’il sera bientôt la proie d’une créature effrayante. A quelques dizaines de mètres, après des alignements de caisses, un cargo-speeder semble tendre les bras aux fuyards…