jeudi 24 septembre 2020

Livraison manquée


Session Star Wars #47


Date : 14-Sep-2020


Avec :

Meera, qui la première déclare ses réticences sur la mission en cours

Cornell Quantarus, qui préfère une sénatrice déchue à une Reine autoproclamée

Aqualto Fudah (‘Alto’), qui veut pouvoir encore sauver un père qui n’est pas le sien

Zayne Bentaroo, qui espère pouvoir sauver la flotte rebelle des errements de sa chef


Lieu(x) :

Système Alioren, secteur de Bormea, sur la route Hydienne



Tandis que le croiseur Vindicator, avec cette présence terrifiante qui a statufié Alto et Zayne, poursuit sa route pour se camoufler entre les deux lunes d’Alioren, l’équipage sort doucement de sa torpeur. Il y a une mission à accomplir avant que la flotte de la Reine Pirate ne se présente sur les lieux d’ici moins de 24h, mais sans se rendre compte du terrible guet-apens qui lui est tendu. Pour autant, cela justifie-t-il le massacre de centaines de personnes autour du Moff Sienar ? 


Mis bout à bout, tous ces éléments poussent le groupe à débattre vivement sur la finalité de la mission en cours. A vrai dire, comme l’assène Meera, à quoi bon vouloir remplir cette tâche ingrate confiée par cette Reine autoproclamée et détestable à bien des égards ? Cornell affirme qu’il n’a pas l’intention de tuer « des industriels » et rappelle aux jeunes padawans qu’une autre mission bien plus importante leur a été confiée par Mon Mothma, personnalité autrement plus fréquentable. Alto a beau rappeler qu’il s’agit également de garder un canal d’accès à Suljo Warde, le père de Zayne, Cornell ne veut rien entendre. La volonté des deux orphelins de sauver un jour le vieux Jedi semble toutefois inébranlable. Zayne a de plus beau jeu de rappeler que d’une part de nombreuses personnes moralement « bonnes » mènent un combat valide autour de la Reine Pirate, et que d’autre part Mon Mothma a été emprisonnée et ne pourra donc mener aucune croisade au sein d’un Sénat de plus en plus bâillonné. 


A l’arrière du vaisseau, Fenwep Vedj et Clark Dass débattent également de leur côté, et une clameur interrompt les échanges du groupe, rassemblé pour sa part dans le cockpit. Visiblement, les deux vétérans connaissent également des états d’âmes. Petit à petit, les deux parties du groupe finissent par se rassembler. Clark Dass tente mollement de remotiver les troupes, mais lâchent des allusions sur la présence de familles et d’enfants sur la base d’Alioren. Cornell s’engouffre dans la brèche, affirmant comprendre les scrupules du vieux Stromtrooper repenti. Fenwep et Clark se détendent, on a évité un massacre mutuel… et on admet de part et d’autre que les objectifs de la mission doivent sans doute évoluer vers plus de mesure. D’ailleurs, Fenwep admet que leur objectif actuel est d’exfiltrer de la planète un certain Colonel Artem Vendix, chef du bureau de la propagande impériale COM-PORN du secteur. Il a été retourné par l’agente Folcrom et a déjà fourni bien des informations de valeur à la Rébellion. Toutefois, la tâche ne sera pas simple, car le Colonel ne partira pas sans assurer une bonne couverture vis-à-vis de sa famille, par exemple en le faisant passer pour mort.


Les deux combattants expliquent qu’il existe bien des remous dans l’entourage de la Reine Pirate. Sa stratégie et sa personnalité pour le moins clivante suscitent de plus en plus de critiques de moins en moins voilées. Zayne n’admet toutefois de laisser la flotte rebelle tomber dans un traquenard qui pourrait réduire à néant la lutte contre l’Empire. Il faudra donc chercher au plus vite un moyen de contacter la flotte rebelle et la prévenir du comité d’accueil nettement plus conséquent qu’anticipé autour d’Alioren. Entre temps, le groupe finit par admettre qu’il faudra semer un minimum de trouble parmi les convives rassemblés autour du Moff Sienar, tout en cherchant un moyen d’extraction hors du secteur. Pour cela, Clark Dass semble avoir une idée : l’agente Folcrom est sur la base, elle pourra sans doute fournir un moyen de fuite, mais elle ne révèlera qu’une fois la diversion explosive mise en œuvre... car nul ne sait à quoi elle ressemble. Par contre, Clark Dass a servi dans le passé dans l’entourage d’Artem Vendix, il saura le reconnaitre. Bref, tout cela va requérir une grosse part d’improvisation, ce à quoi Cornell réplique que ce n’est pas le style de l’équipage.


Arrivée sur Alioren.



Alto a mené la navette Tydirium Lambda reconditionnée au travers les anneaux rocheux gravitant autour d’Alioren. Bientôt, la surface d’Alioren se révèle de plus près, confirmant la prouesse industrielle menée sur cette planète dont la croûte est quasiment grignotée dans son ensemble. La base d’Alioren est posée à la surface du noyau planétaire exposé, et la faible carlingue grince sous l’effort de la pression en traversant une atmosphère épaisse et jaunâtre. Autour du tarmac, de gigantesques pistons géants et magnétisés pilonnent sans relâche les restes de la planète dans un vacarme insupportable. Avec des masques respiratoires, l’équipage traverse la zone d’atterrissage dans une odeur soufrée. Le groupe est mené par Zayne et Cornell, respectivement grimés sous les traits du lieutenant Bentaar et du lieutenant Bengo de l’escadron Phoenix. Meera et Alto cachent leurs traits xeno sous des armures un peu datées de Stormtroopers. Fenwep et Clark portent des uniformes quelconques de manutentionnaires, tandis que Hyabu a activé son dispositif holographique lui permettant de passer pour un sous-officier de la logistique. 


On pénètre enfin dans la base par un couloir lumineux, à l’odeur typique et réglementaire de tout couloir de base impériale. Un caporal à l’accueil subit les remontrances des deux « lieutenants » pour que la cargaison d’aliments bio du Moff soit mise en sécurité au plus vite, et il s’exécute en rabrouant à son tour les deux « Stormtroopers » de l’escorte. Alto ne résiste pas à son tour en demandant d’un ton cassant aux « logisticiens » de ranger au plus vite les caisses dans l’entrepôt dédié à la cargaison. Le caporal remet des passes pour les « lieutenants » - qui ont entre-temps regagnés le mess des officiers – et indique que l’enseigne du Moff Sienar, le Capitaine Tanen, est souffrant depuis quelques jours et ne peut pour l’instant pas réceptionner la cargaison. 


Dans les méandres de la base impériale.



Dans le mess, les « lieutenants » ont pris leurs quartiers dans de petites niches avec couchettes. Dans une ambiance à mi-chemin entre la cantine et le club-house, de nombreux officiers sont organisés telle la Galaxie autour d’une grande table où se joue une partie de sabac. Au centre, le Capitaine, Noyau de toutes les attentions. A la périphérie, les anonymes et xénos. Cornell – ou le lieutenant Bengo – s’invite à la table, sous l’œil intrigué du Capitaine, qui invite un certain Flint à sortir un accordéon rustique. Cornell commence par remporter les premières manches, tout en subissant les questions innocentes de son adversaire. Ainsi, la cargaison provient de Chandrila… y-a-t-il un peu de ce fameux thé dans la cargaison… ? Du thé, non… c’est plutôt le café qui y est réputé, n’est-ce pas ? Voilà qui ferait une mise intéressante… mais hélas, il faut décliner, la cargaison est pour le Moff Sienar… Une connaissance proche, le Moff… ? Cornell en profite pour recentrer la discussion sur l’enseigne du Moff, tout en perdant quelques mises pour amadouer le Capitaine. Ce dernier affirme bien vite que Tanen met son nez là où il ne devrait pas, il a fâché des plus puissants que lui, et le voilà du coup souffrant d’une maladie « méditative » qui lui est imposée pour son propre bien, sans aucun doute… D’ailleurs, le Capitaine Skiff, l’enseigne du Commodore Ozel, s’est proposé pour remplacer Tanen le temps qu’il faudra. 


Zayne a profité de cet intermède pour prendre le large. Son uniforme comme ultime passeport, le voilà qui explore les couloirs de service, passant de cuisines à des zones de manutention. Il rejoint le salon Corulag, où une grande réception semble se préparer dans le cadre d’un grand salon professionnel des industriels du secteur. Il ne pousse pas jusque dans la zone d’exploitation minière, mais il note toutefois la présence de nombreux vaisseaux civils parqués à l’extérieur de la base. Peut-être une solution pour échapper à la planète lorsque cela s’avèrera nécessaire… ? 


Vers les secteurs miniers...



Le groupe se retrouve dans les environs du mess des officiers, après une dernière séance d’humiliation pour nos deux « Stormtroopers », forcés de remettre à leur « lieutenant » le pass pour l’entrepôts, sous les remarques acides du Capitaine joueur de sabac. Rien ne va, entre la tenue, l’absence de rigueur dans le suivi des procédures, l’absence de prise d’initiative pour la livraison des caisses à leur destinataire final… Le groupe finit par se rassembler dans l’entrepôt. Prenant prétexte de l’absence de nouvelles de la part de Tanen, le groupe décide de se rendre au Salon, laissant derrière les manutentionnaires – autrement dit Hyabu, Fenwep Vedj et Clark Dass. Il s’agit d’aller prendre la température au « bal impérial » annuel d’Alioren, visiblement très couru par l’ensemble du secteur. A la base du dôme, Zayne doit faire preuve d’autorité pour forcer le passage auprès du garde-chiourme de faction devant les ascenseurs, et réclamant une invitation que le « lieutenant Bentaar » ne peut pas produire.


La montée dans le dôme permet à chacun de réajuster son uniforme. Dès l’ouverture de la porte de l’ascenseur, l’ambiance animée d’un gigantesque salon professionnel saisit le groupe. Disposés autour d’un gigantesque bar central, de multiples stands présentant les produits et services des corporations majeures du secteur. Dans une zone à l’écart, sur une large estrade et devant un public trié sur le volet, un xéno bleu déroule un discours lénifiant tout en effectuant une démonstration avec une machine à l’utilité floue. Arrivé à sa conclusion, il lance quelques phrases de transition puis applaudit la montée sur scène du Moff Sienar, tout en excusant l’absence d’Alpiet Gredge, représenté par un sbire quelconque. 


Le groupe ne sait quelle attitude tenir, ni vers qui se tourner pour livrer la maudite caisse alimentaire. Lancés dans des messes basses, personne ne remarque l’approche d’un sergent Stormtrooper, qui reproche à Meera et Alto leur uniforme « ancienne génération » qui n’est pas conforme avec les règles dans le dôme. Zayne et Cornell ont beau maugréer et sur-jouer la complainte des soldats en mission prioritaire mais abandonnés sans instruction claire depuis leur arrivée, le sergent ne veut rien entendre. Le groupe se voit donc convoyé vers le stand COMPORN, qui présente tous les éléments de langage de la propagande impériale, et accessoirement pour y rencontrer le Capitaine Skiff – ou plutôt la Capitaine. Raide dans son uniforme, cette dernière se fait tancer par un Colonel – sans doute Vendix ? – qui déverse sur sa subordonnée un tombereau d’ordres secs et méprisants. La Capitaine Skiff encaisse avec froideur avant de se tourner vers le groupe mené par le « Lieutenant Bentaar ». Visiblement, il y a maintenant un problème avec le code d’identification utilisé pour pénétrer sur la base, et le ton monte entre tous les protagonistes. Le Colonel s’en mêle, avec pragmatisme : après tout, l’important n’est-il pas que les victuailles du Moff Sienar soient livrées en temps et en heures ?


Public très select en haut du dôme.



La Capitaine Skiff, accompagnée par une escouade de Stormtroopers, décide donc d’accompagner le groupe jusqu’au hangar, et prendre possession de la fameuse caisse. Un affreux doute saisit l’ensemble du groupe : Clark Dass n’a-t-il pas mentionné que le stock d’explosifs du commando se trouve au fond de la caisse… ? Le plus discrètement possible, Meera tente de prévenir Hyabu par le comlink de son casque, mais son marmonnement amplifié par le micro déclenche une vague d’incompréhension parmi l’escouade, et la Capitaine Skiff doit réprimander le « Lieutenant Bentaar » pour le peu de tenue de ses « soldats ». Il faut désormais s’y résoudre : l’ensemble de la troupe se retrouve devant le hangar, sous l’œil aiguisé d’une caméra de surveillance, puis pénètre dans la pièce – sans caméra – sous le regard étonné des comparses resté en arrière. Lentement, et malgré les sarcasmes répétés de Cornell, les Stormtroopers commencent à vider méthodiquement le contenu de la caisse. 


Chacun se déplace dans la pièce pour trouver la position qui lui semble la plus adéquate pour ce qui s’annonce. Zayne se penche nonchalamment vers l’intérieur de la caisse… Cornell réajuste sa veste après avoir lancé une dernière pique à Skiff, qui l’ignore ostensiblement en pianotant sur sa tablette digitale… Meera se place dans un coin de la pièce, tout en suivant les mimiques quasiment burlesques de Clark Dass, dont la suée frontale devient de plus en plus évidente à mesure que la caisse se vide. Alto s’ouvre aux flux de la Force, et vit la scène au ralenti, enregistrant les moindres mouvements de chacun et transmettant ses intentions à son « frère ». Un Stormtrooper extrait enfin la lourde boite introduite dans la caisse par Clark Dass… Tout le monde est prêt.

Raggadragga ! Raggadragga ! Raggadragga !

 


Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 11

 

Avec

 

Finnlay Galindan, Le druide qui pond des flumphs


Tengrim Copperplate, Le nain qui convoque les esprits de ses ancêtres


Kri Shanu, Le moine qui renvoie les harpons


Icham Andeth Alammar, Le barde qui fait grise mine

 

 

 

La marche à travers la désolation de l’Avernus est aussi éprouvante que dans les pires craintes des aventuriers. A chaque pas ils risquent de se rompre le cou en dérapant sur une roche traîtresse, leurs poitrines brûlent des gaz empoisonnés qu’exhalent les fosses emplies de lave qui ponctuent le paysage et leurs yeux ne sont plus que des globes injectés de sang qui souffrent à chaque bourrasque chargée d’escarbilles qui vient frapper leurs visages creusés. Icham semble supporter encore plus difficilement ces rigueurs et son regard vitreux cerné de noir se perd dans le lointain alors qu’il trébuche à la traîne de ses compagnons. Les heures passent ainsi, indifférenciables les unes des autres sous le ciel rouge des enfers. Les héros s’engagent alors machinalement dans une portion plus étroite de la route qui se mue brutalement en un défilé coincé entre un lac de magma et une pente abrupte au sommet de laquelle se dessinent soudain les silhouettes agressives de trois tourmenteurs, ces machines guerre infernales qui sillonnent les ruines de la première strate des enfers. Sur les crânes de triceratops peints de couleurs criardes qui ornent la proue des véhicules, se dressent une bande de sangliers-garous brandissant de lourds maillets de pierre en scandant tel un cri de guerre le nom de leur chef : « Raggadragga ! Raggadragga ! Raggadragga !!! ».

Raggadragga
Raggadragga


Celui-ci apparaît alors, plus lourd et plus brutal que ses sbires. Un splendide diadème incrusté de pierreries vissé grotesquement sur son crâne hirsute, il rugit son propre nom avant de désigner les héros de son arme. Les machines hurlent alors que leurs chaudières consument les âmes damnées qui les alimentent et s’engagent à toute allure dans la pente pour couper le chemin des héros de chaque côté du défilé.

L’un des tourmenteurs se met en travers de la route en faisant tournoyer de façon menaçante un énorme boulet suspendu à un bras articulé. Son flanc est aussi équipé d'un gros lance-harpon qui fait feu aussitôt sur Kri. Mais le moine intercepte le projectile au vol et le retourne à l'envoyeur, obligeant l'homme sanglier qui le manœuvrait à se jeter au sol pour ne pas être écrasé par son arme renversée par l'impact. La brute se relève avec un grognement, prêt à charger l'humain qui l'a mis à terre mais il se fige avec un air stupéfait quand celui-ci le survole littéralement d'un bond magistral pour atterrir juste derrière le pilote de la machine. Tandis que le combat s'engage entre le virevoltant Kri et les deux lycanthropes, le deuxième tourmenteur pénètre dans le défilé à pleine vitesse. Ses roues crantées comme des lames de scie circulaire creusent de profonds sillons dans le sol noir en projetant une grêle d'éclats basaltiques derrière elle. Icham a déjà réussi à grimper suffisamment haut le long de la falaise pour disparaître dans un creux quand Tengrim se rend compte qu'il ne parviendra pas à échapper au rouleau compresseur hérissé de lames qui fonce droit sur lui ignorant le rempart de champions nains fantomatiques qu'il a appelé à son secours. Plutôt que de se laisser rattraper, il fait brusquement volte-face et profite d'un rebond dans la course furieuse de la machine pour plonger dessous et glisser vers le bas de la pente en esquivant de justesse le lourd châssis qui laboure le sol à quelques centimètres de sa tête. Emportée par son élan la machine pivote pour foncer désormais vers Finnlay. Acculé au bord d'une coulée de lave, le druide invoque la foudre sur les sangliers-garous, mais ce n'est pas suffisant pour les arrêter. Dans une pluie d'étincelles, la machine racle la paroi contre laquelle se plaque le druide. Paralysé par la terreur que lui inspire l'équipage hurlant aux poils hérissés par l'électricité statique, Finnlay ne se jette qu'à la dernière seconde hors de la trajectoire du bolide. Alors qu'il gît, sonné, dans la poussière noire, la machine fait demi-tour dans un dérapage contrôlé, prête à refaire un passage dévastateur sur les aventuriers. Les hommes sangliers agrippés sur ses flancs se jettent sur le druide pour se saisir de lui mais au moment où ils le plaquent violemment, deux flumphs surgissent du sol enfoncé sous leur poids. 

Un flumph


Les étranges créatures s'enfuient aussitôt en poussant des glougloutements effarouchés alors que la vague de magie sauvage qui les a convoqués reflue vers le druide. Avant que celui-ci ne soit encerclé, Tengrim et ses esprits gardiens de Mithril Hall se portent à son secours. Comme la machine de guerre s'apprête à repartir pour les percuter, Finnlay canalise l'énergie magique ambiante en une vague de métamorphose qui transforme le pilote du tourmenteur en grenouille et lui-même en gorille géant. Ses membres gigantesques balaient les sangliers-garous qui l'entourent, offrant à Icham la diversion nécessaire pour adopter l'apparence des pillards et se glisser aux commandes de la machine vrombissante. Furieux de voir ses sbires ainsi malmenés, Raggadragga se lance dans la bataille. La chaudière hurlante de son véhicule au blindage mordoré le propulse dans la pente, droit vers la mêlée. Cinq rayons de lumière partent alors de son diadème pour calciner la fourrure du grand singe Juste avant que la machine ne le renverse, laissant de profondes blessures sur son dos musculeux. Mais le seigneur de guerre ne peut profiter de son avantage car le murmure dissonant du barde le jette dans une abjecte terreur. Abandonnant tout jugement à sa peur irrationnelle, il s'empare des commandes et lance sa machine vers la sortie du défilé. Icham appuie sur les leviers de commande pour le prendre en chasse et il emboutit violemment l'arrière du véhicule dont la direction se fausse sous le choc. Le tourmenteur part dans un tonneau qui l'envoie finir sa course dans une mare de lave après avoir éjecté sans ménagement ses passagers. Raggadragga et son pilote se relèvent difficilement. Icham n'hésite pas un instant à leur rouler dessus, passant et repassant sur eux jusqu'à ce que les lames de faux tournoyantes qui garnissent sa machine les aient réduits en charpie. 

 

Une machine de guerre infernale

A l'autre bout du défilé, Kri transperce enfin son adversaire de la lame d'argent de la lance de Bjornhild. Le dernier sanglier-garou qui lui fait face, voyant ses complices massacrés jusqu'au dernier et constatant que tous ses furieux coups de masse n'ont fait que saccager l'habitacle de la machine sans même effleurer le moine, préfère ne pas demander son reste et prend la tangente sans un regard en arrière. Encerclés par les aventuriers enivrés de violence, le malheureux pilote transformé en grenouille se recroqueville en attendant son châtiment final. Ce pathétique spectacle ramène pourtant les héros à la raison et ils décident de l'épargner pour pouvoir l'interroger. Rendu à sa forme originelle, le sanglier-garou se montre tout à fait coopératif. Son nom est Oozywog et la mort de ses complices dont son propre frère faisait partie ne semble pas l'émouvoir outre mesure. Il ne supplie pas pour qu'on l'épargne mais se montre surtout intéressé par la perspective de trouver un nouvel employeur. Si les aventuriers ne comptent pas le prendre dans leur bande, il voudrait rejoindre celle de FumeMurmure, un diable cornu déchu qui recrute toujours dans sa troupe. Aussi indifférent qu'il soit à l'idée de mourir, il ne peut réprimer un frisson quand on lui parle d'Haruman. La réputation de l'ancien général de la croisade de Zariel est si terrible qu'Oozywog refuse catégoriquement d'approcher la colline qui porte son nom. Des autres compagnons de Zariel il connait moins de choses, Olanthius est dit-on la mort incarnée mais personne ne l'a vu depuis longtemps, tandis que de Yaël il n'a tout simplement jamais entendu parler.  En revanche il n’hésite pas à partager sa compréhension des arcanes de la hiérarchie infernale qu’il résume de manière assez simple et verticale : Asmodée est maître de tout, de Zariel et ses légions, de Bel son prédécesseur qui ronge son frein dans ses forges, de Tiamat qui bloque l’accès aux niveaux inférieurs et de manière générale de tout ce qui se passe en Avernus dont Oozywog ne se soucie pas tant que le seigneur de guerre qu’il suit est là pour s’en occuper.

Le trésor de guerre de Raggadragga était presque épuisé et les aventuriers ne retrouvent que trois deniers d'âme dans le tas de pulpe sanguinolente qui reste de sa dépouille. Les gourmandes chaudières des machines de guerre en viendront à bout rapidement et il faudra trouver un moyen de s'en procurer de nouveau sous peine de redevenir de pitoyable piétons. Oozywog leur indique alors qu'il existe un endroit où l'on peut faire commerce et peut-être obtenir d'autres deniers, un marché indépendant connu sous le nom d'Emporium itinérant. En prononçant ces mots devant leur carte enchantée, la position actuelle de la caravane se dessine entre les méandres du Styx. 

Les paysages de l'Avernus


Aussitôt les héros font hurler les moteurs de leurs tourmenteurs et s'élancent à travers les paysages dévastés de l'Avernus. Bientôt les crevasses volcaniques font place à une gigantesque forêt pétrifiée puis à des champs d'ossements infinis que les roues de métal réduisent en poussière. Ensuite vient une mer de dunes rouge sang où sombrent les maillons brisés d'une chaîne colossale qui ressemble à celles qui retiennent Elturel dans le ciel infernal. C'est au milieu de ce désert sanglant que l'Emporium a fait halte. Ses énormes machines se sont agencées en cercle et ont déployé des mâts et des chaines en tous sens. Des tentures multicolores et des lampions festifs ont été accrochés au-dessus de la place ainsi dessinée et une foule bigarrée s'y presse. Des rires se mêle à la musique exotique qui est jouée à l'intérieur et une odeur incroyablement alléchante de rôtis épicés vient taquiner les narines des héros. Ceux-ci arrêtent leurs machines devant l'entrée du marché où un homme aux apparences de suderon calishite prend congé d'un géant du feu à l'air hautain pour venir les accueillir. Mahadi, tel est son nom, leur adresse un large sourire et leur souhaite la bienvenue dans le dernier endroit où le plaisir existe encore en Avernus. Icham s'avance pour répondre à ses chaleureuses salutations mais à la surprise générale ce n'est plus le barde qui prend la parole mais son prétendu partenaire d'affaires, le demi-drow qu'on appelle le Crinti!

 


mardi 15 septembre 2020

La guenaude de Fort Knucklebone

 


Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 11

 

Avec

 

Finnlay Galindan, Le druide qui vole dans les cieux de l’Avernus


Tengrim Copperplate, Le nain qui se trouve criblé d’épines infernales


Kri Shanu, Le moine qui étourdit même les diables


Icham Andeth Alammar, Le barde dont l’image se trouble


Ildur Main d’Airain, Le ranger qui possède une étrange bougie


Guerne Rabène, Le mage qui retient ses sorts pour plus tard


Thormund Sombracier, Le barbare qui s’essaie à la chute libre



Les petits diables ailés s’approchent en formation serrée sous les ordres du diable cornu qui les pousse de son fouet barbelé. Leur expression est indécelable sous les masques de fer noir qui sont rivetés sur leurs visages, mais le frétillement des épines qui se dressent sur leurs dos violets trahit l’excitation qui monte à mesure qu’ils approchent du combat. Soudain l’escadrille se divise, une moitié des diables épineux fond en piqué vers Tengrim et le bombarde de piquants qui se plantent dans sa cotte de maille. Les autres accélèrent pour barrer la route des héros et les rabattre vers le sol. Finnlay pousse un cri strident du fond de sa gorge de faucon géant et ses vautours redoublent d’effort pour se mettre à distance. Profitant de leur vitesse supérieure ils sont sur le point de réussir quand une langue de flammes dévastatrice jaillit de la grande fourche du diable cornu et réduit en cendre la monture de Thormund et Ildur. Les deux compagnons tombent en chute libre vers le champ de bataille infernal qui s’étend à perte de vue le long des berges du Styx qu’ils survolent. 



Finnlay rabat ses ailes et plonge à leur secours. Il les rattrape in extremis et reprend rapidement de l’altitude en les tenant fermement dans ses puissantes serres. Ainsi suspendus les héros font de leur mieux pour repousser les assauts des diables ailés mais ils ne doivent leur salut qu’au retour du reste du groupe qui renonce à fuir face au pouvoir du diable cornu. Celui-ci carbonise aussitôt le vautour que chevauchent Icham et Guerne mais cette fois-ci le barde avait anticipé le danger et plutôt que d’être entrainés dans une chute vertigineuse, le mage et lui flottent comme des feuilles mortes dans le ciel rouge. Les héros contre-attaquent alors. Kri déchaine une tempête de grêle qui éparpille les diables épineux qu’Ildur abat les uns après les autres de ses flèches. Guerne invoque un flot d’énergie nécrotique destructrice sur le dialble cornu et Tengrim le marque d’un éclair divin ouvrant la voie à la charge de Kri qui l’étourdit d’un coup décisif de la grande lance de Bjornhild. Tengrim et Thormund profitent de l’ouverture pour fondre sur le diable et le tailler en pièce à l’aide de leurs puissantes armes magiques. Les héros repartent à tire d’ailes sans attendre que des renforts soient dépêchés depuis les lignes infernales et Finnlay sent le pesant regard du diantrefosse qui les suit derrière son heaume de métal aveugle.



Quelques heures plus tard, à moins que ce ne soit des jours tant il est impossible de mesurer le temps qui passe en enfer, les aventuriers arrivent en vue de Fort Knucklebone. Une palissade de débris métalliques tordus entourent une colline creusée de profonds canyons qui lui donnent l’aspect d’une gigantesque main griffue prête à se refermer sur la terre ocre sur laquelle elle repose. Finnlay fait atterrir ses vautours directement à l’intérieur de l’enceinte encombrée des carcasses désossées de machines étranges hérissées de piques et de lames déchirées aux roues coupantes comme des rasoirs. Du fond d’un des canyons leur parvient les échos des chocs répétés de lourds marteaux sur des plaques de métal alors que deux kenkus s’y emploient à remettre en état l’un des infernaux chariots de guerre qui y sont stockés. Tout autour d’eux commencent à apparaitre de petites créatures au regard fou, leurs têtes disproportionnés sous des bonnets rouges suintant d’un ichor nauséabond émergent des moindres recoins du camp, du haut de la colline, des trous de la palissades, de l’ombre des machines de guerre infernales démantelées. 



A mesure qu’ils se rapprochent, leurs épaules se secouent d’un ricanement surexcité et leurs bonds résonnent du fracas métallique de leurs bottes d’acier. Alors que les héros sont sur le point de sortir leurs armes pour répondre à cet accueil menaçant, la voix éraillée d’une vieille femme émerge de la grande tente située près de l’entrée du fort. Elle houspille les madcaps qui s’égaillent en poussant des cris d’orfraies. Mad Maggie rejoint les aventuriers en claudiquant et leur adresse un large sourire édenté en leur souhaitant la bienvenue. Derrière la guenaude se traîne une grotesque créature, assemblage hétéroclite de restes démoniaques, gémissant et boitant derrière sa maîtresse en endurant avec un air triste les moqueries des madcaps qui singent sa démarche et lui jettent des ordures en reprenant en chœur la chanson injurieuse qu’ils ont inventée en son honneur. Mad Maggie est ravie de recevoir des amis d’Errtu car Fort Knucklebone est un terrain neutre où tout le monde peut s’arrêter, y compris des démons égarés, en vertu d’un accord que la guenaude a passé avec Zariel qui tolère la présence des seigneurs de guerre qui y font commerce des débris de la Guerre de Sang. Icham s’avance pour entamer la négociation, mais son image se trouble soudain, laissant apparaitre une mèche blanche du Crinti, l’écho métallique de la voix de Salazar et les tatouages exotiques d’un autre personnage inconnu. Le barde ne semble pourtant pas s’apercevoir du phénomène mais se retrouve déstabilisé par les hoquets de surprise de ses compagnons. Délicieusement amusée par ce tour, Mad Maggie reprend ses explications. Elle peut fournir aux aventuriers tout ce qu’il faut pour voyager en Avernus, des vivres, des indications de direction ou même un véhicule s’ils sont prêts à mettre le prix. La monnaie d’échange principale qu’elle peut accepter sont les deniers d’âme. Ces grosses pièces de fer noir sont frappées par Mammon dans ses ateliers de Minauros et renferment des âmes damnées que les possesseurs des deniers peuvent ainsi transporter et échanger facilement. Ces âmes ont bien des usages, on peut les interroger pour s’approprier leurs connaissances, les torturer pour se distraire, mais surtout les utiliser pour alimenter les fourneaux qui propulsent les machines de guerre infernales. La guenaude s’étonne que les héros n’en aient jamais entendu parler, d’autant plus qu’elle sent la présence d’un de ses deniers dans la poche d’Ildur. Estomaqué, le ranger fouille parmi ses possessions et retrouve l’objet que Mad Maggie a confondu avec un denier, l’étrange bougie qu’il a toujours gardé bien qu’il n’ait jamais réussi à l’allumer. Le mystère de la nature de cet objet s’épaissit encore un peu plus mais ce qui est certain, c’est qu’il renferme une âme engluée dans la cire qui le compose. 



Même s’ils sont désargentés, les héros peuvent encore traiter de manière différente avec Mad Maggie. Elle peut négocier son aide contre des objets magiques suffisamment rares et elle est même prête à envisager certains services en guise de paiement. Icham lui fait alors miroiter la possibilité de lui amener l’âme d’un noble chevalier en quête de rédemption, pensant pouvoir convaincre un paladin des Boucliers de Kilgrave de se sacrifier pour la cause. Les yeux de la guenaude brillent de convoitise à l’idée de s’emparer d’une âme aussi délicieusement torturée, mais celle à laquelle elle pense n’appartient pas à l’un des courageux défenseurs d’Elturel d’aujourd’hui mais à l’un de ses anciens héros qui n’est autre que Jander Sunstar, l’elfe dont le testament a révélé la vérité sur la croisade de Zariel. Si les héros parviennent à la lui ramener, elle leur promet de les mettre en contact avec un puissant voyageur interplanaire qui pourrait évacuer les habitants d’Elturel hors des Enfers. Elle pourrait même être capable de sonder la mémoire de Sunstar afin d’y trouver un moyen d’apaiser le courroux de Zariel et de lui rappeler que sa lutte acharnée contre les Abysses ne nécessite peut-être pas le sacrifice de tant d’innocents. Les héros prennent un moment pour considérer les alternatives à cette proposition et elles ne sont pas des plus engageantes. Ils se résignent donc à accepter les conditions de Mad Maggie mais refusent de lui acheter quoique ce soit de plus pour faciliter leur périple. La guenaude leur confie un narguilé enchanté dans lequel ils pourront emprisonner l’âme de Sunstar en murmurant le nom de sa propriétaire. Elle s’empare ensuite de leur carte d’Avernus et leur montre comment elle fonctionne en y faisant apparaitre l’endroit où ils pourront trouver l’objet de leur quête, la sinistre Colline d’Haruman.

Les héros repartent aussitôt et laissent derrière eux le grand portail de Fort Knucklebone d’où Barnabas le crâne enflammé et Miki le golem de chair démoniaque les regardent partir en se demandant combien de temps ils survivront en arpentant à pied les routes sauvages d’Avernus.

jeudi 3 septembre 2020

De vieilles connaissances



Session Star Wars #46

 

Date : 30-Jun-2020

 

Avec :

Le Commandant Hyabu, toujours ravi de retrouver une belle rousse intrépide

Meera, qui questionne, apaise et répare

Aqualto Fudah (‘Alto’), qui redoute une très ancienne présence

Zayne Bentaroo, qui ne sait comment gérer les dernières révélations sur son origine

 

Lieu(x) :

Système Alioren, secteur de Bormea, sur la route Hydienne

 

 

C’est une période fatidique pour la toute jeune Alliance Rebelle.

 

Ils viennent de tous les bords : des pirates endurcis, des citoyens de systèmes opprimés et des racailles sans scrupules se mêlent aux idéalistes et aux Séparatistes déçus, écrasés par le terrible Empire Galactique.

 

L’incarcération de l’une des figures les plus emblématiques du Sénat, Mon Mothma, a jeté l’effroi parmi les systèmes les plus ouvertement opposés au pouvoir de Coruscant. L’Empereur défait, un à un, les derniers verrous démocratiques de l’Ancienne République.

 

De vastes flottes de destroyers interstellaires sont envoyées aux quatre coins de la galaxie, prêts à débusquer, puis à écraser toute forme de sédition.

 

Dans cette heure désespérée, l’Alliance Rebelle a besoin de matériels, d’équipements… d’armes. Afin de mener à bien la mission qu’elle s’est confiée : libérer la galaxie du joug impérial, la sinistre Reine Pirate a émis des lettres de marques et de représailles qu’elle a confiées à ses équipages les plus valeureux, ou au contraire en ceux en lesquels elle croit le moins.

 

L’équipage Commandant Hyabu est l’un d’entre eux.

 

 

C’est l’effervescence sur le croiseur-amiral de la Reine Pirate : l’équipage du Commandant Hyabu a été semble-t-il désigné pour une mission suicide qui devrait porter un coup fatal à l’Empire… mais a-t-il vraiment eu le choix ? Le capitaine a reçu de la part de la terrible souveraine une lettre de marque lui octroyant le droit (le devoir ?) de s’attaquer à une longue liste de groupes, corporation, communautés servant les intérêts impériaux, ou ayant d’une façon ou d’une autre offensés la Reine, au nom du « Commandant Illiabu ». Ici et là, on regarde l’équipage avec dans le regard un mélange de gêne et d’admiration, se demandant comment ce groupe, dont les actions héroïques récentes ont fait le tour du croiseur, ont pu se retrouver dans cette situation pour le moins inconfortable.

 

Un vaisseau a été alloué au groupe et l’équipage peut inspecter à loisir la navette Tydirium Lambda « L’Orbite 2020-2022 » aux couleurs impériales, qui a visiblement connu le feu d’un combat spatial récent. La navette a été allégée au maximum par des mains expertes qui ont prélevé ici du blindage, là des générateurs de bouclier énergétiques, et a été chargée avec suffisamment de carburant pour un aller simple... Heureusement, le capitaine constate qu’il subsiste un navordinateur très performant rempli de destinations impériales, mais l’équipage doute que cela suffira pour compenser la relative fragilité de la navette qui ne supportera pas un nouveau combat.


Une bonne vieille navette Tydirium Lambda.



Du matériel a été livré à bord de la navette suivant la liste préparée par Hyabu, et un ensemble de grenades, stimpacks, grappins magnétiques et autres systèmes fumigènes a pu rejoindre l’équipage malgré les restrictions matérielles évidentes de l’Alliance Rebelle. De plus, un ensemble d’uniformes impériaux plus ou moins endommagés a également été remis à l’équipage : un uniforme de lieutenant de la Flotte au nom de Bentar, deux armures noircies de Stormtrooper, une tenue de pilote TIE de l’escadron Phoenix, et une tenue étriquée de mécanicien qui conviendra parfaitement au Toydarien.

 

La vieille Mary rejoint le hangar à l’arrière d’un petit véhicule logistique, accompagnée d’un droïde rappelant le regretté BU-4RD, et qu’elle confie au groupe avant de donner des précisions sur la suite des opérations. Hyabu et son équipage sont attendus par un contact sur la station-relai de la guilde Meuveunk située non loin de la planète Alioren. Cette mystérieuse personne se présentera d’elle-même à l’équipage à son arrivée dans le spatioport. Mary peut maintenant prendre congé du groupe, et salue particulièrement Zayne dont elle a dû ressentir le trouble vis-à-vis de Suljo Warde.

 

Bientôt, deux nouveaux volontaires rejoignent le groupe. Fenwep Vedji est une femme à la peau noire d’un certain âge, aux cheveux grisonnants, dont l’attirail fixé à sa ceinture trahit une fonction technique. Son acolyte, Clark Dass, est un homme également entre deux âges, un peu bedonnant, et portant fièrement des rouflaquettes rousses comme ses cheveux. Clark Dass explique qu’il est un ancien Stromtrooper qui a ouvert les yeux sur ses anciens maîtres il y a bien des années. Lorsqu’ils ont appris que le Commandant Hyabu et son équipage devait mener une action à l’encontre du Moff Sienar, ils n’ont pas hésité une seconde. Ils ont sans doute tous les deux un compte personnel à régler avec lui, ce qui occulte totalement à leurs yeux l’aspect « mission suicide » de la tâche qui les attends…

 

Chacun prend maintenant position dans la navette, reproduisant certains automatismes quasiment ataviques. Les commandes du vaisseau sont peu adaptées à sa morphologie, et Hyabu apprécie de retrouver Alto au poste de co-pilote, les pieds nonchalamment posés sur le tableau de bord. De son côté, Zayne se change les idées en passant en revue la structure de la navette, inspectant les éventuelles zones de faiblesse. Meera le seconde dans cette tâche, ne serait-ce que pour essayer de contribuer à son apaisement. Alto a certes juré de tout faire pour sortir Suljo Warde de sa sordide condition, mais tout pour le moment les éloignent de sa prison cauchemardesque, et nul ne peut dire si l’équipage pourra revoir le père de Zayne dans le futur.

 

L’hyperpropulsion de « l’Orbite 2020-2022 » tient ses promesses, et le système d’Alioren est rejoint en quelques heures. L’équipage découvre comme prévu la station Meuveunk, ciglé du petit cheval rouge de sa guilde. Une antenne Holonet dépasse du petit astroport construit à même un astéroïde et ceint d’un nombre réduit de citernes et petits quartiers d’hébergement pour quelques voyageurs souhaitant s’octroyer une pause durant leur trajet. Devant la station, un destroyer impérial flambant neuf monte la garde et requiert immédiatement l’identité de la navette. Heureusement, le code d’accès fournit par les services de la Reine Pirate s’avère totalement valide, et la navette Lambda peut rejoindre un grand hangar d’accès de l’astroport, quasi-saturé du fait de sa taille modeste.


Le logo de la Guilde Meuveunk.



Chacun revêt son costume de circonstance. Meera et Alto font le choix de l’armure de Stromtrooper, tandis que Zayne jouera le rôle du lieutenant Bentar, accompagné par Hyabu grimé sous les traits d’un sous-officier mécanicien. La petite troupe joue bien son rôle en débarquant sur le tarmac, et peux à loisir naviguer entre quelques petits transports anonymes, navettes impériales de fret, et de rares vaisseaux de plaisance faisant briller les yeux de Hyabu. En tout cas, pas d’autre présence impériale évidente dans l’astroport, qui dégage l’ambiance morne de ces terminaux interchangeables disséminés dans toute la galaxie. Le groupe finit par se poser sur des sièges inconfortables à côté d’un débit de boisson quelconque, tout en suivant d’un œil peu attentif les grands écrans diffusant des nouvelles – sans doute rendu possible par l’accès local à l’Holonet galactique.

 

Meera engage un débat sur la finalité de l’opération en cours : ne faudrait-il pas mettre les voiles plutôt que de planifier un assassinat de masse… ? Alto rappelle qu’il faudra bien d’une façon ou d’une autre retrouver la confiance de la Reine si Zayne veut avoir un jour une chance de libérer son père des griffes de l’inquiétante dirigeante. De plus, Zayne pense que la mort du Moff Sienar serait tout à fait appréciable pour soulager les opprimés des secteurs environnants. Son assassinat ne sera pas une violence gratuite, mais un acte de guerre contre l’oppresseur impérial. Alto rappelle que le groupe lui-même a subi les actes belliqueux de Sienar lors de la destruction de la base rebelle d’Arda, qui a mené à la mort de tant de combattants de la liberté. Hyabu finit par trancher, voulant aller au bout de cette mission tout en gardant ses manières opportunistes : les circonstances guideront ses pas.

 

Sur les écrans géants, un reportage de propagande impérial éhontée rapporte un triomphe impérial sur la planète voisine de Brentall-4. Des quadripodes impériaux défilent sur de larges avenues décorées de tentures ciglées du sceau impérial, sous l’œil impassible du Moff Sienar. A la tête des troupes, juché sur un char blindé, celui qui est présenté comme le héros du jour : le vice-amiral Alpiett Gredge. C’est lui qui a « pacifié » le sous-secteur Esseles, un retour à l’ordre qui est évidemment passé par l’écrasement systématique des révoltes sporadiques des populations natives, sans aucun doute incitées par des « terroristes » et des « démocrates » infiltrés dans la zone. Un holoreportage suivant une escouade impériale sur le terrain vient clore le sujet, qui laisse un goût amer au groupe. Toutefois, Meera ne peut s’empêcher de remarquer que le visage de Gredge lui rappelle celui d’un officier aperçu sur le cliché des membres du Premier Ordre…


Le Vice-Amiral Alpiett Gredge.


Hyabu a des velléités de faire des achats dans ce terminal d’astroport. Usant de sa carte de crédit aux couleurs de la banque de Munilist utilisée pour effectuer le dépôt des sommes dérobées au Soleil Noir, il fait l’acquisition de quelques réserves de co-axium, au cas où… Puis il poursuit ses pérégrinations en remplissant méthodiquement un large sac de papier avec des victuailles diverses, des cigares, de la peinture blanche réclamée par Meera, des magazines de chasse ou encore des pieuvres odorantes pour la cabine de pilotage du vaisseau. Sur son chemin, Hyabu avise un vaisseau du conglomérat de Défense Drearian, connu pour ses productions de munitions pour le compte de l’Empire. Deux pilotes Gossam, Zak et Mzak, converses au bas de la coursive, et Hyabu lie connaissance, l’air de rien. De fil en aiguille, il apprend que le vaisseau convoie un responsable du conglomérat, un certain Srak Kamahassi, entre le secteur Esseles et la planète Alioren, où doit se tenir une importante réunion. Après avoir pris congé, Hyabu surprend furtivement la silhouette sombre d’un individu le scrutant à partir d’une fenêtre du vaisseau.

 

De retour auprès de ses compagnons, Hyabu avise une silhouette familière s’approchant du groupe. Ses courbes parfaitement soulignées par une tenue civile d’inspiration impériale, et sa troublante chevelure rousse sagement rangée sous une casquette noire, c’est bien Taleo qui se présente auprès du lieutenant Bentar – c’est-à-dire Zayne – pour le plus grand plaisir de Hyabu. Elle invite le lieutenant et son escorte à bien vouloir la conduire à leur navette pour qu’elle puisse y mener une inspection de routine. En effet, Taleo officie sur la station sous la couverture de la représentante locale des douanes impériales. A l’abri des oreilles indiscrètes – et notamment de celles de Fenwep et Clark, sait-on jamais –, elle explique que l’accès Holonet de la station a été piraté par les forces de l’Alliance, grâce à un code d’accès qu’elle fournit au groupe. En cas de besoin, il leur suffira de s’infiltrer dans le bureau des douanes de la station. De plus, elle a pu obtenir les codes d’accès les plus récents pour permettre d’accéder à Alioren, cette « planète-croûte » rongée par des siècles d’activité minière et dont la cité principale est littéralement posée sur le noyau. Du fait de son emplacement, la cité serait normalement invivable, soumise à des pressions énormes, mais c’est sans compter avec un dôme de protection qui permet de contrebalancer cet inconvénient. Toutefois, seuls des vaisseaux solides, en pratique capables de voyager en hyperpropulsion, peuvent accéder au sas d’entrée du dôme drastiquement protégé.

 

Que fait le Moff Sienar sur cette planète ? Taleo confirme les informations parcellaires déjà dispensées par la Reine Pirate. Sienar y organise le regroupement de ses fidèles soutiens des secteurs environnants, et elle fournit une liste complète des groupements prêts à le faire avec enthousiasme (documents en annexe). Le Moff prépare sans doute des actions d’éclat, mais il veut aussi sans doute contrecarrer l’ambition débordante de son concurrent immédiat, le vice-amiral Alpiett Gredge. Pour justifier la venue du lieutenant Bentar, Taleo a tout prévu. Il s’avère que le Moff Sienar est très à cheval sur l’origine des aliments qu’il accepte d’ingérer. Hyabu et son équipage se chargeront donc d’une livraison de nourriture de provenance « hors secteur » à destination exclusive du Moff. La réunion de ses soutiens se tiendra au somment d’un établissement hôtelier de luxe d’Alioren. Une soirée de gala, accessible uniquement sur invitation, s’y tiendra d’ici une journée. Le groupe a donc à peine 24 heures pour agir, après avoir rejoint la planète – trajet qui ne devrait pas prendre plus de deux heures.


La carte du secteur.


Taleo ne comprend pas ce qui a pu se passer pour que la Reine Pirate expédie Hyabu et son équipage dans ce traquenard. Elle-même a refusé cette mission, la considérant comme particulièrement dangereuse. Elle conjure le groupe d’en sortir vivant, et indique qu’elle attendra la 28ème heure avant de prendre le large – si possible avec eux. Toutefois, si cela s’avérait trop compliqué, Hyabu trouvera dans la mémoire de son droïde Astromech R2-XR45 – qu’elle lui confie dès à présent – les coordonnées d’un point de rendez-vous alternatif. Enfin, Taleo doit à regret quitter la navette, en lançant l’ancienne formule réconfortante de la République : « Que la Force soit avec vous ! ». Meera profite de son départ pour rafistoler les deux armures de Stormtroopers à l’aide de la peinture blanche – certes non-réglementaire – que Hyabu a pu récupérer {deux g supplémentaires pour donner le change}.

 

Les containers de nourriture annoncés par Taleo sont rapidement livrés et chargés à bord de la navette. Hyabu peut maintenant sonner le départ vers Alioren, et Meera insiste pour que chacun en profite pour se reposer au mieux avant ce qui attend le groupe sur place. Préposée au co-pilotage, Alto s’autorise une petite sieste, toutefois troublée par le saut vers l’inconnu que représente ce trajet. Comme souvent dans ce genre de situation, les flux de Force instille dans son esprit assoupi des images déplaisantes, à même de titiller la peur qui sommeille en elle… un gigantesque dôme, comme un énorme aquarium… un trou ? Alto est aspiré dans les airs, plaquée sur les parois, puis broyée à travers l’orifice… elle et ses compagnons… Son réveil en sursaut et en sueur attire les questions de Hyabu, qui sait à quel point les visions d’Alto peuvent – parfois – se révéler justes. Par acquis de conscience, Meera et Zayne vérifie une nouvelle fois la coque de la navette, à la recherche du moindre trou, mais Alto admet que ces images lui évoquent plutôt le dôme d’Alioren.

 

Ayant définitivement abandonnés toute velléité de repos, Meera et Zayne poursuivent leur inspection en s’intéressant au contenu des containers et des droïdes grâce au matériel sophistiqué de Fenwep. Les six caisses contiennent bien un ensemble d’aliments lyophilisés de qualité, et il serait facile de s’y cacher sous une couche de boîtes. De plus, la radiographie de R2-RX45 dévoile la présence d’un compartiment secret dans son dos, à même de cacher des armes ou tout autre objet compromettant. Ces investigations finissent par être interrompues par le bip familier prévenant de l’arrivée à destination.

 

Alioren est bien la planète « croquée » telle que décrite par Taleo. De larges disques d’accrétions minérales épaisses et de déchets artificiels enserrent la planète, lui donnant encore plus l’apparence d’un monde en fin de vie. Au lion, deux grosses lunes semblent avoir subi le même sort. Entre les lunes et Alioren, un comité d’accueil impérial ne laisse aucun doute sur l’importance du lieu : au moins cinq croiseurs interstellaires, dont un énorme croiseur de classe Vindicator, montent la garde. La navette arrive visiblement en plein exercice de la flotte, et un interlocuteur autoritaire demande à ce que tous les moteurs et senseurs soient coupés jusqu’à nouvel ordre – ce à quoi Hyabu obtempère immédiatement.


Un croiseur de classe Vindicator.



« L’orbite 2020-2022 » flotte désormais mollement dans l’espace, tandis que tout l’équipage agglutiné dans la cabine de pilotage observe les mouvements en cours. Soudain, Alto ressent un frisson lui parcourir l’échine, comme si une ancienne présence menaçante et ressurgie de son enfance, faisait son apparition devant elle. Sortant d’entre les deux lunes, un destroyer lourd de classe Interdictor progresse dans la zone. A son tour, Zayne ressent une présence à bord de ce croiseur, une présence qui lui évoque ce qu’Alto lui a raconté tant de fois au sujet de ce Seigneur à l’armure noire qui avait massacré leur orphelinat il a presque 20 années de cela… Leurs compagnons ne peuvent qu’observer les deux padawans statufiés, qui arrivent à peine à murmurer simultanément un « Vador… » amorphe.




ANNEXES - documents de Taléo