vendredi 24 juin 2022

Mortelle procession



Session Star Wars #56


Date : 13-Jun-2022


Avec :

Le Commandant Hyabu, toujours plus audacieux dans ses choix vestimentaires

Meera, cible de toutes les attentions d’une imprévisible adversaire

Piy Zagzoad, prêt à reprendre du service

Aqualto Fudah (‘Alto’), submergée par une vague dévastatrice

Zayne Bentaroo, accablé par la tournure des évènements


Lieu(x) :

Planète-prison du Pacha Yunkaï et planète Kletsia de la Communauté de Tseun

Colonies, vers les Confins, Secteur Kadraan



Tandis que le vaisseau de l’Archonte arrive en vue l’énorme géante gazeuse verte autour de laquelle gravite la planète-prison du Pacha Yunkaï, Meera ne peut s’empêcher de déambuler sur les ponts et larges salles décorées au goût de son ancien maître, prise d’une nostalgie qu’elle ne s’explique pas elle-même. Bientôt, le navire est placé en orbite autour de l’atroce planète-prison où tout semble rouiller sous l’effet d’une brume corrosive permanente – sauf aux alentours de deux paradis tropicaux qui semblent réservés à une élite triée sur le volet.


L’équipe a rapidement fait le ménage dans la chambre de Lord Xen, qui semble s’être mystérieusement suicidé dans son intimité. Zayne a toutefois subtilisé un ordre de mission à son nom, ainsi que son sceau électronique – sait-on jamais… Aidé de ce qui ressemble à sa copilote Alto, le Commandant Hyabu a jeté son dévolu sur un vaisseau de transport du Premier Ordre stocké dans les soutes de l’Excelsior, que Zayne inspecte le plus finement possible. Le traceur qu’il découvre est habilement transféré vers un autre navire pour brouiller les pistes… Un rendez-vous a été pris avec le Gouverneur Marinsky d’ici deux jours, et une visite de la planète-prison est évidemment possible pour l’Archonte – que pourrait-on lui refuser, après tout ? Une bonne escorte accompagnera l’Archonte pour éviter tout désagrément à la surface.




Encore une journée comme les autres sur la planète-décharge du Pacha. Se lever, constater que ce corps subit encore et toujours les agressions permanentes du climat détestable de ce caillou. Avaler une pitance infâme sous la tente rude et pauvre qui lui sert de logis, à lui et sa quinzaine d’ouvriers encore plus décatis. Puis gratter, dépecer les carcasses agonisantes de vaisseaux antiques, avec les autres mécanos, pour en retirer tout ce qui peut être recyclé. Toutefois, Intelligence Suprême lui a laissé un message bien sibyllin il y a quelques temps, le prévenant d’une visite insolite qui devrait lui faire remonter de vieux souvenirs, et peut-être lui offrir une porte de sortie. Faut-il vraiment y croire ? Ou est-ce encore un de ces plans hypothétique de ce vieux droïde, qui doit finir par devenir aussi fou que les autres après toutes ces années… Il se passe la main sur son corps amaigri, constatant la perte progressive de son pelage Aquale. Une de ses grandes dents frontales est ébréchée, ultime témoin de la déchéance physique de Piy Zagzoad. 


Et pourtant, voilà un vaisseau qui apparaît à l’horizon, et qui semble se diriger droit vers le secteur, attirant hors de la tente toute sa troupe suante et accablée par des heures de travail ininterrompu. Le Mythomane Suprême aurait donc dit vrai ? C’est bien ici que l’atterrissage a lieu, et la rampe d’accès du vaisseau s’abaisse de manière mélodramatique, la fumée masquant les visiteurs qui descendent l’un après l’autre.


C’est d’abord Alto qui se présente, vêtue d’une veste de cuir seyante noire et rehaussée de bandes jaunes. Ses traits se sont durcis depuis la dernière fois, ses cheveux longs retenus en chignon, son regard affermi. Une carabine blaster sur l’épaule, elle scrute les environs et avance lentement. Elle est suivie par Zayne, vêtu comme on l’attendrait d’un dignitaire du Pacha, uniforme sombre, coiffure sobre. Il contraste totalement avec l’accoutrement délirant du Commandant Hyabu : pantalon baggy blanc, manteau de fourrure rappelant éventuellement un vieux chien pelé et long bonnet violet, il se déplace en empruntant la démarche saccadée de ces stars des vieilles vidéos de musique slamée. Puis, telle une apparition divine qui finit de saisir Piy à la gorge, Meera apparaît dans toute sa majesté. Enveloppée dans la grande tenue qu’elle affectionnait particulièrement au bord du Rokh, elle descend d’un pas assuré la rampe, fixant l’Aquale dans les yeux, telle qu’il l’a toujours connue. Ils sont donc revenus…


Fidèle à elle-même et à son rôle, Meera demande d’un ton sec qui est « le maître de ce cloaque », et précise comme une évidence qu’un certain Piy Zagzoad y est connu pour sa capacité à dénicher des artefacts antiques des carcasses de vaisseaux abandonnés ici. D’un ton ne souffrant aucune réplique, voici donc « l’Archonte » et sa suite prenant à l’écart ce ferrailleur Aquale pour discuter en privé. Les retrouvailles sont chargées d’émotion, d’autant plus que le temps a bien plus filé pour Piy que pour le reste de l’équipage. Assailli de toute part, Piy se lance dans un récit décousu, devant sauter d’une question à une autre. Il confirme avoir été le pilote en chef du Pacha pendant une vingtaine d’année, suite à une boucle temporelle causée par l’Holocron dérobé par Anthé Katova, d’ailleurs le Pacha a récupéré l’objet et mis en sécurité dans ses collections privées… La nouvelle déconcertant de l’atomisation de leur vieille adversaire assombri un instant le visage d’Alto et Zayne, plus qu’eux-mêmes voudrait bien l’admettre, car le récit de Piy fait apparaître qu’elle servait finalement une cause pas si éloignée que la leur en cherchant la destruction de l’Empereur.


Décision est rapidement prise d’exfiltrer leur vieux compagnon, et Piy est placé dans un container creux pour pouvoir être discrètement chargé sur le vaisseau de l’équipage, puis ramené à bord de l’Excelsior. Désormais intégré à l’entourage de l’Archonte, Piy peut savourer quelques heures de repos dans une ambiance de calme, luxe et volupté, même si la vision de Nir dans son piège de carbonite le laisse très mal à l’aise. Le groupe envisage désormais les options pour rejoindre la station du Premier Ordre. Mais il faut rapidement déchanter, car même avec le pilote adéquate, ce n’est pas si simple : un code à usage unique est nécessaire pour accéder à la zone de construction de la station orbitale. DD-13 peut sans problème dupliquer un code grâce à un algorithme sur lequel il travaille et qui devrait être prêt d’ici quelques années – ou bien utiliser sans attendre des codes en alpha-test de sa composition, mais cette simple évocation suffit à braquer l’ensemble de l’équipage. Sinon, il faudrait peut-être envisager de simplement dérober la clef de cryptage conservée par le Pacha dans le coffre de ses appartements privés. Tout semble tellement simple lorsqu’on discute avec DD-13… mais même le Commandant Hyabu semble gagné par cette suggestion, pour laquelle l’aide de leur désormais vieux compagnon Wookie Okam pourrait se révéler précieuse. 


Comme souvent lorsque les idées et suppositions fusent, Alto se détend à l’écoute de chacun, et soudainement se raidit, prise d’une vision fugace dont seul Zayne peut deviner l’existence. Cette voix ancienne, chevrotante, presque douce et apaisante… une voix différente des précédentes visions ? Doucement, elle incite Alto à retrouver le Pacha, un être malfaisant, vil et corrompu, qui doit être affronté. Mais cela lui sera possible, Alto est pleine de courage et est entourée de compagnons pleins de ressources. Sa méfiance première face à ces suggestions s’estompe, Alto est intimement convaincue qu’il faut se rendre au palais du Pacha à tout prix et s’applique à convaincre ses compagnons qu’il s’agit de la voie à suivre, sous le regard intrigué de Zayne qui devine ce qui vient de se jouer.


Plusieurs options s’offrent au groupe, suivant en cela les indications de DD-13 et Piy d’une part, et les propositions du reste de l’équipage. Hyabu, paré d’un titre de commandant du Premier Ordre, aurait bien ramené Meera au Pacha en gage de bonne foi afin d’accéder facilement au lieu, mais les dangers inhérents à cette approche frontale font rejeter ce plan. Par contre, l’information selon laquelle une secte locale de Keldors participe à chaque anniversaire du Pacha retient l’attention de l’équipage. Cette communauté de Tseun, qui réside sur la petite planète Kletsia, organise en effet une sorte de procession mystique en l’honneur du Pacha, qui semble s’y être mystérieusement attachée. Kletsia… n’était-ce pas cet endroit censé renfermé un piège pour le groupe des « indépendants menés par un Toydarien fantasque »… ? Le flasque visiteur de l’Archonte avait également mentionné un « chien » pouvant pister les Adeptes – voilà qui intrigue un peu Alto et Zayne.


Délaissant à nouveau l’Excelsior, sans doute au grand désarroi de la horde de courtisans de l’Archonte, l’équipage prend à bord de son vaisseau cargo HWK290 le chemin de Kletsia, planète enneigée en orbite autour d’une naine rouge mourante. Selendé, Kletsia… Pourquoi donc ces communautés Keldor s’enferment-elles donc à chaque fois sur des cailloux glacés dans des coins perdus de la Galaxie ? Le cadavre de Lord Xen et le corps de Nir en carbonite ont été transportés à bord du vaisseau – mais seul Nir fera le voyage complet, car Lord Xen reçoit les honneurs de la marine après le début du voyage… 


Deux vaisseaux stationnent au-dessus de Kletsia, un très ancien, monolithique, et un second bien plus moderne qui y est accroché. Des messages demandant la raison de l’irruption du transport se font entendre, sur un ton certes enjoué mais suggérant de vieux réflexes impériaux. Mobilisant sa concentration, Zayne étant son esprit vers ces navires, scrutant les sensations environnantes : tout d’abord une présence filante dans l’ombre – le « Chien » se demande-t-il intuitivement ? – et un grand calme à bord de massif vaisseau antique, contrastant avec une grande nervosité à bord du petit aéronef moderne. Malgré les propos se voulant rassurants de Hyabu, les armements sont déployés et la situation peut dégénérer à tout instant. Alors qu’une manoeuvre d’abordage est initiée par Hyabu, la voix familière de Taléo se fait entendre dans l’intercom, se présentant toutefois sous l’identité d’un officier impérial. Jouant patte de velours, Meera indique avoir un code d’identification impérial (H-Y-A-B-U) pour la rejoindre à la surface au plus vite avec des informations importantes. Après une hésitation, l’équipage est invité à descendre à la surface, dans la colonie sous glace. 


Le sas d’accès s’ouvre sur un humanoïde massif à la face lézardine. Un homme chauve au crâne veiné l’accompagne, les yeux enchâssés dans des verres soudés à son visage. Tous deux portent de longues robes noires et un sabre laser au côté. L’air pincé, une main sur son holster porté dans son dos, Taléo se tient en retrait, engoncée dans son uniforme impérial – une nouvelle couverture, a priori. Elle est toujours aussi belle, même si Hyabu lui tient toujours rancune de cette vieille dette jamais remboursée. Une nervosité palpable saisit Taléo lorsque surgit parmi le groupe une jeune femme agitée aux yeux rouges et au visage tatoué à la mode de Dathomir, et qui semble être la chef des porteurs de robe noire. Elle tient un sabre laser dans sa main et un Keldor vêtu d’un large robe jaune par l’épaule – on ne sait s’il la soutient ou s’il attend sa fin avec philosophie… Comme asphyxiés, Alto et Zayne ressentent à quel point ces trois individus sont rongés par le côté obscur, pourtant la détection ne semble pas réciproque, et les deux compagnons se sentent étrangement masqués, comme si leur connexion à la Force était camouflée de manière inexpliquée. 


La Sœur noire congédie l’homme de la secte puis questionne les nouveaux arrivants. Elle semble très instable, prompte à un geste de colère soudain, passant d’un sujet à l’autre sans logique – et surtout excessivement paranoïaque. Prenant les devants, Meera développe une explication de laquelle il ressort que l’infiltration en cours par le BRI aurait été éventée par le Pacha, et qu’il fut donc agir rapidement. Cette nouvelle – qui aurait dû précipiter les évènements – déclenche de manière inattendue une rage folle chez la Sœur, qui insulte Taléo avant de l’abattre sans sommation sous les yeux écarquillés de l’équipage. Laisse-les prendre la Lumière, ils ne pourront échapper au Pacha ! Laissant retomber sa tension, Alto relâche son étreinte sur la garde de son sabre camouflé dans son dos…


L’ensemble du groupe et une sélection des membres de la communauté reprend le chemin de l’antique navire en orbite, auquel on amarre le transport de l’équipage de Hyabu. Puis chacun se voit remettre une grande cape jaune à capuche, en vue de la procession qui sera organisée en l’honneur du Pacha d’ici quelques jours – à la suite d’un trajet qui s’annonce nerveusement éprouvant. Avant d’entamer le trajet, la Sœur impose à chaque passager l’épreuve de son regard terrible, comme pour imposer un conditionnement à chacun. Je protégerai tes amis ! Confiante, Alto subit le regard sans sourciller, ni déclencher la moindre interrogation de la part de la Sœur. Puis c’est le tour de chaque membre de l’équipage de Hyabu, sans conséquence notable, alors que les Keldors semblent s’enfoncer dans une sorte d’apathie malsaine.


Pour s’occuper, on se repose un peu, et on prépare des grands chariots de processionnaires, sous lesquels du matériel est disposé par l’équipage, au cas où. Mais tout cela est perturbé par les interruptions incessantes imposées par la Sœur noire, rongée par ses craintes et sa paranoïa aigue, et qui sans cesse questionne les membres de l’équipage sur leur passé, leur passage sur telle planète, sur l’organisation des processions passées – n’y a-t-il pas trop de Keldors à bord, d’ailleurs ? Ces séances de questions concernent surtout Meera et Piy, souvent avec son sabre laser certes déposé nonchalamment sur une table, mais tout de même allumé… Allant de long en large au travers du mess où sont regroupés les trois adeptes, elle revient sans cesse à la charge, et ses deux acolytes sont également de plus en plus nerveux face à leur incontrôlable supérieure. Elle finit par cracher sa haine des toydariens à la face de Hyabu, cette engeance qu’elle ne peut contrôler comme elle le souhaiterait… Très nerveuse par rapport au bras cyborg de Meera, elle lui impose de le déboiter sous la menace de son sabre flottant à quelques centimètres de son visage…Il faut toute la persuasion de Zayne pour la persuader qu’elle doit conserver intactes toutes les capacités du groupe pour assurer le succès de la mission du BRI vis-à-vis du Pacha. 


Chaque évènement ne fait que rehausser le niveau de stress du groupe, et seule Alto semble vouloir temporiser, confiante dans le voile de protection qui semble accompagner l’équipage de Hyabu. Pourtant, elle aussi sent bien ce filet de sueur glacée qui l’envahit à chaque convocation de la Sœur. D’ailleurs, de nouveaux cris se font entendre, et c’est à nouveau Piy qui doit répondre aux interrogations de l’Inquisitrice, au milieu du mess envahi par les processionnaires Keldor en pleine prière collective. Depuis quand Piy connait-il cette Chiss rafistolée et ce Toydarien ? N’a-t-il pas eu à faire au Soleil Noir dans le passé ? A-t-il été sur Saleucami récemment ? Devant les réponses interloquées et monosyllabiques de l’Aqualé, la Sœur retourne sa colère contre Meera, à son tour convoquée. La tension est à son comble, tout l’équipage est désormais rassemblé dans le mess. A l’acmé de sa nervosité, la Sœur finit par agripper Meera par la nuque dans une ultime tentative d’imposer sa pression psychologique sur sa proie – mais c’est le dérapage de trop. 


D’un geste leste, Meera dégage son bras cyber et embroche la Sœur avec, semblant lui injecter un produit qui la fait sombrer immédiatement. Dans le même mouvement d’une rapidité inouïe, Alto s’élance dans les airs et retombe dans le dos des deux acolytes de la Sœur, dans la lumière de son sabre blanchâtre. Entamant une danse hypnotique, Alto commence par littéralement découper en deux le Saurien pris au dépourvu et, après une roulade acrobatique, remonte son sabre au travers de l’Aveugle en finissant son geste dans le groupe de Keldors, en abattant un membre sans même s’en rendre compte, comme submergée par une puissance enivrante. Semblant se plaindre de son bras en répétant « pas maintenant, pas maintenant ! », Meera abat à bout portant la Sœur, malgré la tentative de Zayne de détourner son geste par la Force. Accablé par la scène, Zayne ne peut que tenter de calmer les processionnaires qui semblent libérés de leur conditionnement, puis déplacer le corps de leur comparse abattu par la fureur aveugle d’Alto. Le visage dans les mains, cette dernière semble se lamenter sur les évènements – ou bien ne fait-elle qu’essuyer la sueur sur son visage éclairci par un léger sourire de satisfaction ?


Rattrapés par le passé



Session Star Wars #55


Date : 04-Apr-2022


Avec :

Le Commandant Hyabu, qui réfléchit à un plan audacieux

Meera, la cible de toutes les attentions de DD-13

Cornell Quantarus, qui en apprend plus sur son fils

Aqualto Fudah (‘Alto’), attristée par le destin de Nir Octavion

Zayne Bentaroo, qui ne quitte pas l’objectif fixé par Mon Mothma


Lieu(x) :

Vers la planète-prison du Pacha Yunkaï

Colonies, vers les Confins, Secteur Kadraan



Le dialogue s’installe entre DD-13 et Meera – tout d’abord sur un ton formellement informatique, comme attendu de la part de Lord Xen. Meera commence par dresser la liste des 10 meilleurs pilotes présents sur la planète-prison. Il s’avère – nouvelle révélation – que le nom de Piy Zagzoad y apparaît… et qu’il est listé depuis 30 ans, confirmant l’étrange sentiment d’un évènement spatio-temporel qui aurait frappé les fuyards du Rokh pendant la Coalescence. Piy semble désormais affecté à une décharge industrielle. DD-13 peut même fournir des archives d’un journal tenu par Piy depuis de longues années, et débutant par une litanie de regrets et d’amertume. Les dernières entrées laissent toutefois deviner une nouvelle personnalité de Piy – très organisé, très calme, et préparant un coup obscur. Entre les lignes, on devine que Piy et DD-13 organisent depuis plusieurs semaines une rébellion des droïdes de Cona.


Les questions de Meera dérivent petit à petit vers DD-13, sa localisation, ses activités. Le dialogue se raidit et DD-13 demande à nouveau l’identification de son interlocuteur. Cette fois-ci, Meera s’annonce clairement, et une communication vocale s’établit immédiatement. La voie pincée de DD-13 se fait entendre dans le comlink, et il explique rapidement que bien entendu, il se fait « passer pour une Intelligence Suprême » en guise de couverture, et il explique les évènements qui ont frappés Piy, Nir et leurs compagnons d’infortune, les projetant dans un passé inattendu. Quelle chance qu’il ait pu scanner à ce point en détail l’anatomie et la structure interne de Meera lorsqu’ils se côtoyaient encore, cela lui a permis de fournir les plans précis au Pacha Yunkaï – sujet propice à un paradoxe temporel qui fige un instant Meera. Son propre corps de droïde est rangé dans les collections privées du Pacha, : DD-13 est désormais à la fois nulle part et partout, esprit désincarné parfaitement adapté à sa nouvelle identité.


Certes, il tente avec Piy d’organiser de petits soulèvements acquis à la cause droïde – n’est-ce pas normal quand on voit comment « certains » – l’intonation était-elle dirigée contre son ancien Capitaine ? – traitent leurs droïdes comme du petit personnel sans valeur… Sur la planète-prison, plus de 90% des prisonniers sont de fait des ouvriers-esclaves et des « agitateurs » - notamment des religieux Keldor rappelant la communauté entrevue sur la planète glacée Sélendé – là où tous les ennuis de l’équipage ont débuté... Toujours est-il que Piy se dessèche sur cette planète-prison, dont les conditions environnementales arides ne sont pas adaptées pour un Aquale. Après avoir servi le Pacha comme un de ses pilotes personnels, il a finalement été jeté ici, sans doute victime de son caractère imprévisible et de son impulsivité potentiellement dangereuse aux commandes d’un appareil trop rapide pour être laissé dans ses mains ad vitam.


Questionné par Zayne au sujet de l’arme secrète mentionnée par Mon Mothma il y a bien longtemps, DD-13 confirme que cette base sidérale aux proportions inconcevables – sauf pour l’Intelligence Suprême bien entendu – se trouve dans les régions profondes, derrière les jumeaux de Kor. Il n’y a pas de carte disponible pour quiconque ne sert pas directement le Pacha. A vrai dire, la route a été créée par Piy lui-même… L’ensemble est placé sous la garde d’un détachement impérial dirigé par le Colonel Quantarus, précise DD-13 d’une voix suave en détachant bien chaque syllabe, tandis que Cornell se raidit et ne prononce pas un mot pour commenter les joyeuses retrouvailles père-fils qui pointent à l’horizon.


Quelles sont les nouvelles des autres compagnons du groupe ? Toujours affligée par la vue de Nir Octavion agonisant dans son bloc de carbonite, Alto questionne DD-13 à son sujet. Le droïde explique que Nir a été abattu par le Pacha lui-même, pour le statufier dans cette pose, entre la vie et la mort. Alto ne peut que serrer le poing en écoutant ce récit, visiblement résolue à y répondre un jour ou l’autre. Quant au Wookie Okam, il a rejoint la cour du Pacha et occupe désormais un poste dans la garde rapprochée du Pacha, après semble-t-il bien des intrigues. Une petite inquiétude traverse le regard de l’équipage, mais le Capitaine Hyabu semble toujours convaincu qu’une simple parole de sa part ramènera le fils du sénateur de Kashyyyk dans son giron…


L’équipage discute désormais ouvertement d’un plan qui leur permettrait d’extraire habilement Piy Zagzoad de la planète prison, peut-être sous le couvert de l’organisation d’une audition de chanteurs, puisque le cadeau initialement prévu pour la fête d’anniversaire du Pacha n’a pas pu être embarqué par « l’Archonte » comme prévu. DD-13 indique qu’il peut fournir des accréditations et organiser une prise de rendez-vous avec Klaas Marinsky, le gouverneur du lieu et un des plus anciens et fidèles compagnons du Pacha. Lord Xen n’a jamais mis les pieds sur la planète-prison, voilà qui facilitera les affaires du groupe.


Avant de couper la communication, Alto demande à DD-13 à quand remonte les premières archives concernant le Pacha Yunkaï – peut-être le vieil homme de ses visions récurrentes des dernières semaines ? Un frisson irrépressible la parcourt lorsque l’Intelligence Suprême lui indique froidement que les premières données remontent à plus de 400 ans.


samedi 11 juin 2022

L'Enclave d'Emeraude

 


Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 12

 

Avec

 

 

 

Delaan Winterhound, Le ranger dont le retour est célébré

 

Faerdhallarlasar "Rka" Muulkennirrhialiandeth, le drakéide qui veut une preuve de l’identité de son compagnon

 

Kri Shanu, Le moine qui voudrait fouiller la tente du wyrmspeaker

 

 

 

L’homme qui se redresse devant eux est un étranger pour les héros. Sa chevelure blonde, son teint halé et son franc sourire sont à l’opposé de l’apparence de leur ami Ildur. Pourtant Delaan dégage quelque chose de familier, peut-être est-ce sa démarche souple, les cals sur ses doigts usés par la corde de son arc ou encore cette manière de plisser les yeux quand il remarque quelque chose.



A l’inverse le visage du ranger est celui d’une célébrité pour les habitants de la grande forêt. Une foule bigarrée de druides, d’elfes et de créatures féeriques se presse à la sortie du dôme végétal quand les héros en émergent et acclame avec vigueur le retour de Delaan. Les aventuriers se retrouvent submergés par une déferlante d’accolades, les mêmes hommes qui les ont capturés deux jours plus tôt leur tapent dans le dos amicalement tandis que des gnomes des forêts leur tendent des outres d’hydromel et que les pixies leur adressent des baisers en voletant autour d’eux. Des guerriers elfes viennent aussi saluer le retour de leur frère d’armes et un énorme centaure fend rudement la foule pour soulever Delaan dans ses bras en riant bruyamment. Même les animaux semblent être de la fête, des ours, des hiboux, des renards, tous se réjouissent en ce jour.

Les festivités ne sont cependant pas encore du goût de Rka qui craint que cette miraculeuse résurrection ne soit à nouveau qu’un plan sinistre des adorateurs de Tiamat. Il joue des coudes pour se retrouver face au ranger à qui il ordonne de le frapper avec les terribles poignards maudits que seul Ildur savait manier. Avec un sourire indulgent, Delaan s’exécute et au grand soulagement du paladin les couteaux ne sont plus entre ses mains que deux bouts d’os inoffensifs. Leur méfiance enfin apaisée les aventuriers peuvent enfin se laisser aller dans l’atmosphère joyeuse qui les entoure et prendre une soirée de repos bien méritée.

A la nuit tombée, alors que les convives s’éclipsent peu à peu, la conversation revient sur les graves événements qui les ont conduits jusqu’ici. L’Enclave d’Emeraude tente de faire échec au culte depuis des mois mais se retrouve toujours à la traîne des sbires de Neronvain dont la maîtrise du réseau foisonnant de portails qui constellent les innombrables ruines dans la Grande Forêt leur donne toujours une longueur d’avance. Avant de s’en prendre aux routes et aux villages qui la bordent, ils avaient déjà fait régner la terreur depuis longtemps au cœur même de la forêt. Les tribus de barbares Uthgardt qui y vivent recluses ont payé un lourd tribut à ces expéditions et la plupart d’entre eux ont été déjà emmenés en esclavage à l’autre bout du monde. Un certain nombre de ruines ont aussi été pillées et les antiques trésors qu’elles contenaient sont aller grossir le colossal butin que le culte compte offrir à sa déesse à son arrivée. Ashenford est particulièrement inquiet qu’un certain nombre de dangereux artefacts antiques datant du Netheril ou même d’avant soient ainsi tombés entre les mains des tiamatistes. S’ils n’ont pas réussi à arrêter les attaques du culte, les membres de l’Enclave d’Emeraude pensent tout de même avoir identifié à quel endroit ils ont établi leur camp de base. Malheureusement celui-ci se trouve juste en dehors de la Grande Forêt dans les contreforts des montagnes au nord-est, juste en bordure du vallon maudit d’Hellgate Dell. Les rapports des éclaireurs laissent à penser que les sythilisiens ont investi les ruines de Myth Glaurach, une antique cité elfique rasée par une horde d’orcs dont le mythal a été corrompu par la proximité de la bouche de l’enfer d’Hellgate Keep. Le puissant champ magique qui protégeait la ville altère aujourd’hui le fonctionnement de la magie et a de plus des effets étranges sur les animaux. Les druides et leurs alliés féeriques se méfient donc grandement de l’endroit et n’osent pas prendre le risque d’engager leurs forces contre le culte sur un terrain aussi défavorable.



Les héros eux n’ont pas une telle appréhension et ils se portent aussitôt volontaire pour aller se rendre compte par eux-mêmes de l’état des forces en présence. Accompagnés d’un acolyte de Sylvanus qui leur garantira un passage sans trace à travers la nature, ils traversent la forêt sur toute sa largeur d’est en ouest en seulement quelques heures. Ce miracle est permis par la coopération d’un clan de dryades qui les emportent à travers le réseau labyrinthique des racines des grands arbres vers leur destination, capacité qu’elles réservent d’habitude aux proies qu’elles capturent pour les traîner jusque dans leurs tanières. Aussi sauvages soient-elles, les fées les laissent pourtant à l’entrée d’Hellgate Dell car la souillure démoniaque que porte cette partie de la forêt les terrifie. Effectivement il y a quelque chose dans l’air qui rappelle aux héros leur séjour en enfer, ce qui rend les ombres mouvantes sous les branches tordues des arbres décharnés encore plus inquiétantes. Ils attendent donc l’aube pour traverser le vallon d’une seule traite et ne pas tomber nez à nez avec les horreurs qui y rodent peut-être encore.

Parvenus à la lisière de la forêt, ils découvrent un champ de coupe assez étendu. Des piles de troncs attendent encore près de la rivière d’être halés vers l’amont. Plutôt que de suivre les rives de la Delimbiyr, Delaan les entraîne à travers les chemins de montagne pour contourner Myth Glaurach par le nord. C’est donc depuis une position nettement surélevée qu’ils découvrent le nouveau visage des ruines. 



Le cœur de la cité est désormais occupé par un camp militaire bien ordonné qui se déploie en étoile autour d’un fort dont les solides palissades entourent les tentes des officiers hobgobelins et des dragonclaws. Un pavillon nettement plus luxueux que les autres attire l’attention de Kri qui en déduit qu’il s’agit là sans doute de celui de Neronvain. Delaan remarque aussi qu’un autre point du campement est beaucoup plus lourdement gardé que le reste. Sur un promontoire en bordure de la rivière est perchée une volée d’abishaïs qui entoure un musculeux géant des collines. Ils semblent monter la garde devant l’entrée d’un souterrain à travers lequel vont et viennent des détachements de gobelinoides ainsi qu’une paire de dragons verts.