Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 12
Avec
Arias Letho Mortegueule, Le chasseur
de mage qui écume de rage et de frustration
Faerdhallarlasar
"Rka" Muulkennirrhialiandeth, le drakéide qui se trouve aux portes
de la mort
Kri Shanu, Le moine qui
s’embusque sous un pont
Ildur Main d’Airain, Le ranger qui résiste seul face au dragon
Les rangers de Loudwater tendent nerveusement les cordes de
leurs arcs alors que les troupes du culte se déploient de l’autre côté du pont.
Les tirailleurs gobelins ont déjà pris position dans les fourrés qui bordent le
ravin, prêts à couvrir l’avancée des ogres chargés de déblayer les barricades
montées à la hâte. Les masques noirs des dragonclaws arrivent ensuite, leur
démarche nonchalante offrant un contraste étrange avec le pas cadencé du
régiment hobgobelin qui progresse derrière le mur de ses hauts boucliers. Le
silence tendu est brisé par un cri strident qui fend les nuages alors qu’un
massif dragon vert vient se poser devant le pont en quelques battements de ses
ailes de cuir. Le sorcier au masque de fer saute prestement à bas de la selle
fixée au cou de la bête. Sa voix déformée par le métal pose à nouveau la
terrible question aux gens de Loudwater, livreront-ils leurs amis demi-elfes
pour sauver leurs vies ? Anathlor Greysword lui répond sans ambages qu’il
n’en est pas question.
Mais avant que le sorcier puisse prendre acte de ce refus,
Arias surgit de derrière la barricade et se rue sur lui en brandissant un
cristal luisant devant lui. Une explosion soudaine de lumière aveugle le
sorcier et une partie de son escorte. Aussitôt il bat en retraite derrière les
rangs hobgobelins qui se reforment en une barrière étanche face à d’éventuels
poursuivants. C’est sans compter sur la célérité de Kri qui bondit hors de sa
cachette sous les piliers du pont et contourne à toute allure les sythilisens
pour cueillir le sorcier d’un violent coup de sa lance qui le laisse étourdi.
La bataille s’engage alors. Les flèches partent des deux
côtés de la rivière alors que les ogres foncent pour emboutir les barricades
qui bloquent le pont. L’un d’entre eux, encore aveuglé par le cristal d’Arias,
se rue malgré tout à la suite de ses congénères mais guidé uniquement par leurs
éructations, il manque l’entrée du pont et bascule dans le vide pour aller se
fracasser sur les rochers en contrebas. Les
dragonclaws quant à eux n’ont pas à attendre que les lourdauds aient mené à
bien leur besogne car leurs capes enchantées leur permettent de s’envoler d’un
bond au-dessus des rapides pour prendre les rangers à revers, bientôt rejoint
par les éclaireurs gobelours qui se cachaient déjà sur la rive tenue par les
défenseurs. Rka essaie de briser l’avancée des hobgobelins en déchaînant une
boule de feu sur eux, mais leurs mages de guerre dans leurs rangs ont tôt fait
de contrer le sort du drakéide. Ce faisant le paladin a révélé sa position et
celle d’Ildur et le dragon se jette sur eux, les engloutissant de son souffle
empoisonné. Les miasmes sont si corrosifs que Rka s’effondre en serrant sa
gorge en feu. Ildur résiste mieux grâce à la magie antidote dont l’avait pourvu
le paladin avant le début de la bataille. La menace du dragon le contraint
pourtant à abandonner les barrages de flèches qui tenaient les dragonclaws à
distance pour pouvoir bénéficier de la protection de son bouclier contre les
griffes acérées qui cherchent à le déchirer.
Sur l’autre rive, Arias creuse un sillon à travers les rangs
sythilisiens avec sa baguette d’éclairs pour se rapprocher de Kri qui a fini
par se retrouver encerclé avant de pouvoir capturer le sorcier. Heureusement ce
dernier a pris la précaution d’avaler une potion de force des géants avant de
se jeter dans la mêlée et les soldats du culte se montrent bien incapables de
retenir le moine qui les rudoient sans ménagements pour se frayer un chemin
jusqu’à sa cible. Arias, dont la liberté de mouvement est elle aussi garantie
par magie, renonce donc à soutenir son camarade et rebrousse chemin pour aider
Rka, non sans occire les mages hobgobelins au passage. Ildur est en effet bien
seul face au dragon alors que le drakéide gît toujours au sol au milieu des
rangers qui tombent inexorablement face à la supériorité numérique du culte. La
magie bardique du chasseur de mage ramène le paladin à la conscience alors que
Kri arrive enfin à la hauteur du sorcier après avoir dispersé ses protecteurs en enchaînant les gongs du sommet et les tempêtes de grêle. Mais alors qu’il
s’apprête à se saisir de lui, un mot de pouvoir terrible vient lui vriller le
crâne. Le moine titube, goûtant pour une fois à l’étourdissement dont il punit
d’habitude ses ennemis. Face à lui vient d’apparaître un elfe dont la
ressemblance avec Finnlay est incroyable. Mais la dureté de son expression n’a
rien à voir avec la candeur du druide, alors qu’il adresse au sorcier gisant à
ses pieds une phrase en elfique que Kri ne comprend pas. Arias écarquille les
yeux en voyant que c’est Neronvain lui-même qui vient d’apparaître pour les
frustrer à nouveau de leur victoire sur le sorcier au masque de fer. Il abandonne
subitement le combat pour se ruer vers le wyrmspeaker, désormais mu par sa seule
obsession de débarrasser Toril de ces mages honnis qui le narguent sans cesse.
Sa défection soudaine est fatale à Anathlor qui voit la nasse des assassins
gobelours se refermer sur lui sans le soutien d’Arias. Ce rebondissement
s’avère d’autant plus tragique que la tentative du chasseur de mage se montrera
vaine. Son sort de silence vient se briser sur les remparts du globe
d’invulnérabilité de Neronvain qui peut dès lors se téléporter à l’abri avec
son sous-fifre en adressant un dernier sourire moqueur aux héros avant de
disparaître. Kri reprend ses esprits au moment où Arias hurle sa frustration
vers le ciel de voir sa proie lui échapper à nouveau de justesse. Il ne reste
plus aux deux compères qu’à aller passer leurs nerfs sur le dragon qu’Ildur a tenu
en respect seul depuis le début du combat. Le moine commence par le frapper de
sa javeline de foudre dont le tracé électrique carbonise ogres et dragonclaws au
passage. Arias choisit lui aussi d’abattre ses éclairs magiques sur le dragon,
donnant enfin à Ildur l’opportunité de prendre du champ pour larder la créature
d’une grêle d’épines qui lui déchire les ailes. Assailli de toutes parts, le
dragon décontenancé tente de prendre son envol mais d’un bond prodigieux, Kri tombe
sur lui de toute sa force de géant pour le rabattre au sol. Sonnée par le coup,
la bête s’affaisse dans la poussière et avant qu’elle ne parvienne à se
rétablir, Kri l’achève en lui enfonçant profondément sa lance dans l’œil.
Privés de leur principale force de frappe, les troupes du culte
battent en retraite à la suite de leur chef qui est déjà loin, ne laissant
derrière eux que mort et dévastation. Loudwater a peut-être remporté une
bataille aujourd’hui, mais le prix de la victoire est terrible car ses
vaillants défenseurs ont été décimés par leur ennemi bien supérieur en nombre.
Alors qu’ils contemplent l’étendue des dégâts avec un goût
amer dans la bouche, Kri répète à ses compagnons la phrase que Neronvain a
adressé à son sbire. Arias la leur traduit d’une voix agacée :
« Est-ce que tu sais faire autre chose que me décevoir,
mon fils ? »
Ses mots plongent les
héros dans un abîme de perplexité car ils ne peuvent avoir qu’une seule
signification : le sorcier au masque de fer n’est autre que leur compagnon
disparu, Finnlay Galindan !