mardi 7 février 2023

Montalban la rose

 

 


 

Cher voyageurs, me voici, Vaihere, à votre service comme chansonnière ou tout ce qui pourrait vous plaire. Montalban n’est qu’une nuit sur votre route, mais contre un simple godet ou quelque généreuse menue monnaie, laissez moi vous raconter le temps d’un galopin ce qui fait notre plaisant pain quotidien.

Si vous aviez remonté le Tarn plutôt que pris la route, vous auriez d’abord vu les immenses briqueteries, dont les hautes cheminées ne soufflent plus que la moitié des belles fumées d’antan depuis que leurs maîtres doivent payer les anciens esclaves qui y travaillent et y vivent.

Puis vous seriez passés, rive droite, devant le quartier des quais où l’on dit que tout s’achète et tout se trouve, surtout les plaisirs, les ivresses, les ennuis. Vous auriez jalousé, j’en suis sûre, la rive gauche, les jardins, les belles demeures et collèges clinquants de dame Acron, Messire Amour et leurs congénères. Vous seriez tombés sur les fesses en passant sous notre pont de l’Antik dont on dit ici que le pont d’Argent n'est qu'une pâle copie. Puis après un coude du Tarn, vous auriez eu la meilleure vue sur notre fière cité fortifiée de Montalban, toute rose de ses briques pimpantes.

Éternelle rivale de Tolosa la grisetta, comme on la nomme ici, notre Montalban est à nouveau une ville prospère après les années grises qui ont suivi l’interdiction des esclaves par l’ancien comte de Toulouse, il y a 30 ans.

Sa prospérité est bâtie sur la renommée de ses briqueteries et de ses marchands d’esclaves. Ces derniers ont continué leur activité après que la possession personnelle et industrielle d’esclaves ait été interdite par le décret ducal. Grâce à de savants mécanismes juridiques dit de “portage d’esclave”, ils ont réussi à contourner la loi pour perpétuer leur commerce dans les régions et pays qui continuent à autoriser la propriété d’hommes et de femmes.

A présent, une grande partie de l’activité des vendeurs de chair de Montalban a lieu hors de la région. Mais les célèbres collèges à entraves de la ville gardent une solide réputation pour éduquer les esclaves les plus prisés.

Depuis peu, ce commerce a repris un essor vertigineux, et les marchands d’esclaves croulent plus que jamais sous l’or. De nouveaux clients avides et riches achètent à prix d’or les meilleurs articles du continent et d’ailleurs : les Granbretons.

Par ailleurs, une nouvelle industrie a pris pied en ville durant les années grises, elle a une réputation sulfureuse, on dit qu’elle fraie avec des sorciers. Elle forme même des jeunes de basse extraction dans des écoles dites écoles REP de mauvaise réputation. Elle fabrique du papier par centaines de pages et le papier de Montalban commence même à se faire une réputation en France et en Europe.

L’année dernière, suite à l’activité de séditieux en ville, le bon baron de Montalban a été affreusement assassiné. Face à l’incurie du comte de Toulouse, le conseil du peuple et notre très cher lider Maximo ont demandé l’aide du grand ami de Montalban, le consul de Granbretanne Garrick. Ce dernier a fait venir une compagnie de rats granbretons pour soutenir la milice et appliquer les mesures de sécurité nécessaire.

A présent un couvre-feu provisoire s’applique en ville après minuit et la possession d’armes “lourdes” est soumise à autorisation municipale.

Mais ne croyez pas qu’on s’ennuie à Montalban, loin de là, nous sommes à la pointe des amuseurs dans le comté. Ce n’est pas à Tolosa que vous pourrez chanter et danser chaque soir dans un estaminet différent. Deux vraies troupes de théâtre sont même actuellement en ville et je ne compte plus mes confères, ménestrels, troubadours, conteurs et chanteurs.

Nous avons même droit depuis peu à une gazette hebdomadaire, et oui messieurs dames, à part à Parye ou à Montalban, on n’en trouve nulle part ailleurs. Si vous profitez encore deux jours de notre proverbiale hospitalité, vous aurez la chance de voir l’effervescence que provoque en ville, la parution de ces Divines et Savantes Pages, bons mots, chroniques drôles ou palpitantes, mais surtout tous les derniers potins en ville, vous saurez tout ce qui croustille à Montalban.

Qui édite cette merveille, nul ne sait, mais il fait bien de se cacher, car ici tout le monde l’adore et beaucoup adoreraient le trouver.



L’histoire de vos personnages commencent donc à Montalban. Vous êtes une bande hétéroclite d’individus qui travaillaient (ponctuellement ou régulièrement) pour un des marchands d’esclaves de Montalban, Ray de Boca ou pour son homme de main et chef de bande, Patxi Montagna.

Un soir funeste ou heureux, suivant l’interprétation de chacun, vous étiez tous présents lors de l’assassinat de Ray de Boca et Patxi Montagna. Certains ont activement participé, d’autres n’étaient que témoins, mais vous seuls êtes au courant et vous avez collectivement monté un complot pour cacher ce méfait.

Depuis, vous faites croire que Ray de Boca est parti en voyage d’affaires (ce qui peu durer de longs mois voire des années), et vous créez de fausses lettres sur son voyage, à destination de sa famille et de son sourcilleux intendant, maître Sigismond. En effet, votre situation vous a donné le contrôle complet de l’entrepôt De Boca sur les quais ainsi que l’accès au coffre et aux comptes officiels et officieux du marchand. Mais sa belle demeure et son collège d’entraves, où le travail d’éducation des esclaves se fait, est sous le contrôle de la famille et de son intendant.

Votre situation est assez précaire, quelque peu stressante, mais elle vous offre une liberté et des moyens financiers que peu voire aucun d’entre vous n’a jamais connus.

Vous êtes une cellule clandestine et vous avez déjà vécu une première aventure périlleuse (la partie test avec des personnages de test).

Cette aventure vous a mis en relation avec la cellule résistante qui édite les Divines et Savantes Pages, même si votre seul contact, M. Pujol, s’est fait capturer avec l’imprimerie de la gazette. Vous avez aussi rencontré un célèbre aventurier français Huillam D’Averc, traître au service des granbretons, mais que vous avez sauvé d’une situation peu enviable. Vous avez eu un fugace aperçu des particularismes insulaires granbretons dans les sous sols de leur nouveau consulat. Et enfin a été annoncé une nouvelle qui met en émoi la ville : un candidat inattendu se présente à l’élection du bourgmestre de la ville (dont le titre officiel est Lider Maximo de Montalban), le Râs Bellay, un papetier. Son programme est sulfureux, il veut interdire le commerce d’esclaves à Montalban.


Cette mini campagne débute dans l’atmosphère effervescente d’une élection qui pourrait bien tout changer, et où vous pourriez avoir votre mot à dire.