mercredi 18 mai 2022

Delaan Winterhound est de Retour

 


Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 12

 

Avec

 

 

 

Arias Letho Mortegueule, Le chasseur de mage qui ne peut pas surmonter sa paranoïa

 

Faerdhallarlasar "Rka" Muulkennirrhialiandeth, le drakéide qui voit l’absurdité du combat

 

Tengrim Copperplate, Le nain qui gagne la rancune d’un sylvanien

 

Kri Shanu, Le moine qui parlemente en homme de bien


Ildur Main d’Airain, Le ranger qui sait enfin qui il est

 

 

Grâce à l’un de leurs plus précieux parchemins, les héros ont ramené Anathlor Greysword à la vie. Ce retour miraculeux n’est cependant qu’une bien maigre consolation face aux pertes terribles que les défenseurs de Loudwater ont subies. Le village ne survivra pas à une nouvelle attaque et il n’y a plus d’autres choix que de fuir. Heureusement la victoire a au moins contraint le culte à battre en retraite pour panser ses plaies et la route de Secomber devrait rester ouverte pour quelques jours. Les aventuriers confient donc le destin des réfugiés à Anathlor tandis qu’eux même vont s’enfoncer dans la forêt pour continuer à mettre la pression sur le wyrmspeaker vert et ses sbires. L’un des rangers de Loudwater accepte de les guider jusqu’à Nordhaeril où ils espèrent trouver l’ami d’Alagarthas qui pourra les aider à localiser le repaire de Chuthaumglaroth.

La grande forêt reste incroyablement sauvage et il y est particulièrement difficile de s’y orienter car nul chemin ne saurait y subsister plus de quelques jours et même les marques de pistes des forestiers s’effacent d’une saison à l’autre. Cet environnement semble tout à fait familier à Ildur. Il a l’impression d’être enfin de retour chez lui, mais au lieu d’être réconfortant, ce sentiment est au contraire absolument angoissant pour lui. Arias n’est pas à son aise non plus. Il dort mal, un rêve récurrent le poursuit sans qu’il n’arrive à en garder une image nette au matin. Seules quelques bribes du cauchemar survivent à l’aube. Un horizon infini, une atmosphère poisseuse, presque visqueuse, la sensation de suffoquer, comme si un étau se resserrait sur son cœur et ce rire grinçant qui chaque nuit se rapproche.

Plus les aventuriers s’enfoncent dans la forêt plus elle parait inextricable, même leur guide semble avoir du mal à trouver son chemin maintenant. C’est donc avec surprise qu’ils débouchent soudain dans une clairière totalement découverte. Entourée d’un véritable mur de ronces infranchissable, elle est de plus enfoncée dans une cuvette de deux ou trois mètres de profondeurs. Le ranger de Loudwater parait décontenancé par l’endroit qu’il ne reconnait absolument pas. Alors qu’il rebrousse chemin en pensant s’être égaré, les ronces s’animent et l’enserrent pour le faire disparaître dans le mur végétal. Rka est lui aussi saisi par les plantes dont les épines se plantent dans sa chair pour le maintenir en place. Pour échapper aux racines qui les pourchassent, ses compagnons sont obligés de s’avancer au centre de la clairière d’où ils découvrent qu’ils sont encerclés par une inquiétante troupe. Des hommes encapuchonnés se dissimulent derrière les arbres en les visant de leurs arcs tandis qu’une meute de loups aux yeux brillants se mêle à leur nombre avec des grognements menaçants.

Ashenford Torinbow


Un très vieil homme vêtu de haillons et couvert de colifichets s’avance alors du haut du promontoire. Il ordonne qu’on lui livre Ildur qu’il accuse d’être un adorateur de Tiamat. Kri tente de plaider sa cause en jurant que le ranger est autant un homme de bien que le reste des héros. Le vieillard répond par un reniflement méprisant qui signifie ce qu’il pense des partisans du Bien. Ildur confesse alors son trouble et avoue qu’il ne sait plus lui-même qui il est réellement et qu’il est justement venu jusqu’au cœur de la forêt pour retrouver ses souvenirs perdus. Le vieux druide accepte de croire le ranger, mais si celui-ci veut des réponses, il va d’abord devoir se rendre. Arias, plus méfiant que jamais sort alors une de ses baguettes magiques. Aussitôt les arbres autour d’eux prennent vie, leurs racines s’arrachant à la terre meuble pour révéler leur véritable nature de sylvanien. Le tertre au-dessus duquel se tient le druide se met lui aussi en mouvement tel un grotesque bossu couvert de mousse. Ses membres s’allongent comme des tentacules végétaux qui enserrent Ildur et l’attirent sans que celui-ci ne résiste vers une bouche béante qui s’ouvre dans le torse de la créature où il disparait en un instant. Satisfait, le vieil homme s’apprête à partir mais Kri le retient à nouveau par un discours déterminé à lui prouver qu’ils se battent contre les mêmes ennemis et que les héros refusent d’abandonner ainsi leur camarade à un destin inconnu. Malgré son air renfrogné, le druide est touché par la sincérité du moine et il accepte que les aventuriers le suivent. Il leur demande néanmoins de déposer les armes avant de les laisser sortir de la nasse dans laquelle il les a piégés. A ces mots, Arias se trouve convaincu que tout ceci est un traquenard et que le vieillard est en fait un mage retors dédié à leur perte. D’un geste il déchaine les éclairs de sa baguette vers le druide qui accepte la tournure des évènements avec un haussement d’épaule résigné. La foudre magique est interceptée par le sylvanien qui se tient devant lui et il s’en tire sans autre désagrément que de voir ses cheveux se dresser sur sa tête sous l’effet de l’électricité qui le frôle. Kri bondit à la poursuite du tertre errant qu’il étourdit d’un coup de sa lance, tandis que la hache de Tengrim fait sauter l’écorce du tronc du sylvanien comme la cognée d’un bucheron. Le nain doit pourtant reculer pour encaisser la pluie de flèches que les archers embusqués font pleuvoir sur lui. La meute dévale alors la pente en hurlant, un raz-de-marée de crocs renversant les héros pour les trainer au sol jusque dans des postures périlleuses. Kri parvient à s’extirper de la mêlée et d’un acrobatique saut périlleux, il bondit sur le vieux druide. Mais au lieu d’un frêle vieillard c’est un colossal ours des cavernes qui l’attend en haut de la pente. Arias est encore plus malchanceux car les loups le laissent à la merci des sylvaniens dont les lourdes branches le battent à mort avant qu’il puisse se relever. Pourtant ce n’est pas le corps inanimé du chasseur de mage qui reste au sol mais celui d’un jeune homme à la peau diaphane et aux cheveux blancs qui ressemble trait pour trait à celui que sa vision angélique avait révélé à Rka lorsqu’il avait observé Arias en Avernus. Voyant que la situation leur échappe complètement le paladin lance un appel désespéré à cesser ce combat absurde et avec l’assentiment de ses compagnons il offre sa reddition au druide. L’ours massif considère les héros un moment puis tous les loups se taisent et reculent d’un même mouvement. Les aventuriers lâchent leurs armes et des racines jaillissent du sol pour les recouvrir d’un cocon dans lequel ils sombrent tous dans l’inconscience.

 


Lorsqu’ils se réveillent, ils se trouvent complètement nus sur un tapis de mousse. Au-dessus d’eux un dôme végétal opaque leur donne l’impression qu’ils sont au fond d’une grotte obscure. En son centre brille d’une lueur orangée une étrange forme ovoïde à l’intérieur de laquelle on discerne la silhouette d’un homme. Ildur se tient devant cet œuf luminescent aux côtés du vieux druide qui examine la bougie que le ranger garde précieusement depuis toujours quoiqu’il n’ait jamais réussi à l’allumer. Ce dernier se présente comme Ashenford Torinbow, hiérophante de l’Enclave d’Emeraude, une confédération de druides, de rangers et de créatures féériques diverses et variées qui se consacre à la préservation de l’équilibre naturel du monde. Ils ont été parmi les premiers à comprendre que les adorateurs de Tiamat allaient devenir une terrible menace. Mais l’espionnage ne fait pas partie des domaines dans lesquels ils excellent et pour découvrir les plans des cultistes, Ashenford élabora un stratagème qui s’avéra particulièrement mal avisé. Il mit au point un rituel qui devait permettre à l’esprit de son ami Delaan Winterhound de prendre le contrôle du corps et des souvenirs d’un tiamatiste du nom de Davren qu’ils avaient capturé à son arrivée dans la forêt, faisant de lui un agent indétectable capable de s’infiltrer au cœur des complots du culte afin de les déjouer. Malheureusement la magie de Sylvanus est bien mal appropriée à ce genre d’exercice et le rituel tourna au fiasco. Les esprits des deux hommes se trouvèrent entremêlés dans le corps de Davren et leurs âmes restèrent engluées dans la bougie qui devait servir de réceptacle temporaire pendant le transfert, laissant ainsi le corps de Delaan comme un pantin sans vie prisonnier de son cocon. Privée de son âme et rendu fou par la fusion forcée des souvenirs des deux hommes, l’aberration qui prendrait le nom d’Ildur parvint à s’enfuir en emportant la bougie cruciale à l’accomplissement du rituel avec lui. Depuis l’Enclave espère qu’il finira par revenir dans la Grande Forêt pour avoir une chance de réparer son erreur. Pourtant la confiance d’Ashenford en ses capacités magiques a été ébranlée par son échec et il ne peut pas garantir que le sacrifice d’Ildur pourra ramener son ami Delaan. Quoiqu’il considère le ranger comme une chimère dangereuse, il ne peut que constater qu’il pourrait aussi être un puissant allié dans la lutte contre le culte et qu’il serait peut-être plus sage d’attendre que la guerre soit terminée avant de procéder à l’inversion du transfert. Ildur lui facilite la tâche en prenant la décision pour lui. Il ne supporte plus la souffrance mentale perpétuelle que lui inflige sa condition et il se porte donc volontaire pour subir à nouveau le rituel.

Ildur pose sa main sur la surface de l’œuf tandis qu’Ashenford commence ses incantations en brandissant la bougie au-dessus de lui. La forme prisonnière de l’œuf vient plaquer sa paume sur celle d’Ildur et la substance luminescente remonte le long du bras du ranger jusqu’à recouvrir tout son corps. Il est soudain pris de spasmes et la bougie s’enflamme d’un seul coup pour se consumer entièrement en quelques instants. La flamme s’éteint tout aussi subitement et Ildur s’écroule. L’œuf cesse aussi de luire et s’affaisse sur lui-même lorsque sa membrane se rompt pour laisser glisser le cadavre de Davren. Les héros ne peuvent réprimer un frisson quand ils constatent que le visage du mort est celui d’Ildur. Mais l’esprit de celui-ci n’est plus dans ce corps mais dans celui qui se relève péniblement de l’autre côté, celui de Delaan Winterhound.