vendredi 22 mai 2020

A l'Ombre du Compagnon




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec

Finnlay Galindan, Le druide qui met trop de temps à s’expliquer

Tengrim Copperplate, Le nain qui allège considérablement sa bourse

Kri Shanu, Le moine qui sent la tension en ville

Icham Andeth Alammar, Le barde qui a sûrement encore un plan



Après quelques heures de repos, les héros ont pu lire les terribles révélations contenues dans le testament de Jander Sunstar. Désormais convaincus que le Grand Observateur a bel et bien renoncé à ses vœux de fidèle de Torm, ils craignent qu’il ourdisse un plan encore plus terrible quand la nouvelle de la défaite de Sythilis lui parviendra. Les héros décident donc de précéder Ulder Ravengard dont le retour à Elturel devrait décider de la reprise du grand conseil mis en suspens en attendant d’être fixé sur le sort de Berdusk. Ils font donc rédiger un rapport circonstancié de la bataille, détaillant leur rôle décisif et la trahison des Compagnons, qu’ils font signer par Lord Jarmaath, Tredora Godenbrow, Lady Verasa Kaal et le duc de Baldur’s Gate en personne pour que leur version des faits soit ainsi corroborée par des témoins au-dessus de tout soupçon. Icham profite aussi des écritoires fournis du temple de Déneïr pour créer une contrefaçon parfaite de la missive que le Grand Observateur avait envoyé au Culte du Dragon. Les héros enfourchent sans plus attendre le roc convoqué par Finnlay qui remarque que l’une des plumes de son colifichet magique s’est brisée en faisant apparaître le gigantesque oiseau. Dépassant la colonne des paladins félons qui remontent à marche forcée vers Elturel, ils arrivent donc les premiers devant la ville. Renonçant à toute discrétion ils atterrissent au pied des murailles alors que la lumière du Don d’Amaunathor prend le relais sur celle du soleil couchant. Alarmés par cette arrivée spectaculaire, les Hellriders qui défendent les murailles sortent en force pour les repousser, mais Icham les interpelle d’une voix forte et se fait reconnaître comme un général d’Iriaebor venu donner des nouvelles de Berdusk. Son aplomb est tel que les soldats préfèrent appeler leur commandant pour traiter l’affaire plutôt que de prendre eux-même l’initiative de saisir les séditieux héros du nord qu’ils reconnaissent derrière le barde. Les aventuriers sont donc menés jusqu’à Reya Mantlemorn, la femme qui porte aujourd’hui le titre de Haut Chevaucheur d’Elturel. 

Reya Mantlemorn

Elle accueille avec soulagement les nouvelles de la victoire du poing Enflammé et choisit de ne pas traiter comme des criminels les héros dont le Général Alammar se porte de plus personnellement garant. Elle est d’ailleurs convaincue que les accusations qui portent sur eux ne sont qu’un malentendu et elle est certaine que le Grand Observateur qu’elle a fait prévenir de leur présence ne tardera à les réhabiliter. A la demande des héros, elle fait également transmettre à tous les délégués de l’Elturgard présents en ville la nouvelle de leur arrivée pour qu’ils appuient leur demande de réunir dès maintenant le grand conseil car si la menace s’éloigne de Berdusk, elle est loin d’être définitivement vaincue. Finnlay prévient aussi Daardendrien Medrash de leur retour avec un messager animal et lui demande de se tenir prêt à agir car les Compagnons sont sur le point de le trahir.
Les aventuriers ont une autre affaire urgente à traiter, le rappel à la vie d’Onthar Frume. Escortés par Reya Mantlemorn et ses Hellriders, ils obtiennent donc l’autorisation d’aller porter la dépouille de leur ami jusqu’au temple d’Ilmater. Malgré l’heure tardive, le Vénérable Endurant accepte de les recevoir. Derrière son air revêche, on peut deviner qu’il semble sincèrement peiné d’apprendre la mort du membre de l’Ordre du Gantelet car malgré son style de vie un peu trop dissolu qu’il désapprouvait, le prêtre d’Ilmater estimait Onthar Frume et le considérait comme un véritable homme de bien. Il essaiera donc d’intercéder auprès de sa divinité pour rappeler l’âme du défunt, mais la demande devra être faite par les héros en personne et leur présence sera donc requise à l’aube suivante pour que la cérémonie puisse être couronnée de succès. Tengrim se sépare difficilement de l’extravagante somme de 10 000 pièces d’or qui permettra aux prêtres du dieu des martyrs de financer les préparatifs du rituel, puis les aventuriers repartent.

Quelques rues plus loin, ils se retrouvent bloqués par un chariot qui se renverse devant eux. Les Hellriders qui les escortent ont fort à faire pour dégager le passage mais ce n’est qu’une fois cette opportune diversion passée que Finnlay remarque un homme qui essaie désespérément d’attirer son attention depuis une ruelle en retrait. Roulant les yeux au ciel, il réitère son geste incitant les héros à le rejoindre avant de replonger à l’abri des ombres. Mais le jeune druide a bien du mal à prévenir ses camarades de ce qu’il vient de voir et ils reprennent donc leur route, à nouveau encerclés par les Hellriders, sans comprendre un traitre mot des explications confuses de Finnlay. La tentative de mise en garde de l’inconnu devient plus claire quelques instants plus tard quand le claquement de lourds sabots sur les pavés vient à leur rencontre. Une escouade d’une douzaine de paladins leur barre le passage. Un officier des Compagnons à l’air inflexible s’avance et exige qu’on lui remette les prisonniers que le Grand Observateur a exigé de faire enfermer à la citadelle. Reya Mantlemorn hésite un moment sur ce qu’elle doit faire, écartelée entre la fermeté des ordres du paladin et les protestations des aventuriers. La patience des Compagnons s’épuise et la tension monte rapidement entre les deux groupes. Alors que la rencontre est sur le point de basculer en bataille rangée, Icham surprend tout le monde en concédant la reddition sans condition des héros. Estomaqués par ce rebondissement, Tengrim, Finnlay et Kri se laissent emmener. L’agressivité manifeste des Compagnons à l’égard des Hellriders a cependant mis la puce à l’oreille d’Icham qui profite des derniers mots de remerciement qu’il peut échanger avec Reya Mantlemorn pour lui confier secrètement les documents révélant la vérité sur le siège de Berdusk.

C’est donc en tant que captifs que les héros font leur entrée dans la forteresse du Grand Observateur. La foule des paladins qui s’y presse confirme bien leurs soupçons que c’est toute l’ost des Compagnons qui a été rappelée à Elturel. Les aventuriers sont délestés de tout leur équipement et un frisson leur parcoure le dos quand ils voient la besace contenant le masque du dragon noir passer aux mains de l’ennemi. Icham parvient tout de même à conserver ses outils de voleur cachés sur lui et Finnlay garde également le colifichet qui lui sert de focalisateur de sort dont l’aspect est si primitif que ses geôliers ne l’ont pas identifié. Toujours sous bonne garde, ils sont ensuite emmenés vers la prison dont ils avaient fait évader Leosin quelques jours auparavant. Azbara Jos qui s’y trouve toujours ouvre des yeux ronds de surprise en les voyant passer aussi paisiblement devant sa cellule.
Les lourdes portes de fer se referment enfin sur eux et dans la solitude qui est désormais la leur, les héros sont soudain assaillis par un affreux doute : et si cette fois-ci Icham n’avait en fait pas de plan ?

samedi 16 mai 2020

La Malcroisade


Au fin fond des bibliothèques du temple de Déneïr existe un passage connu de la seule Tredora Goldenbrow. Derrière les barrières magiques sanctifiées qui le protègent reposent les archives oubliées des Ménestrels des Halls du Crépuscule. Les récits qu’elles contiennent sont uniques et recèlent des secrets que même les moines de Candlekeep ignorent, et parmi ceux-ci le dernier témoignage authentique sur la croisade des Hellriders de Zariel.



Extraits du testament de Jander Sunstar, Berdusk 1098 DR

…Les hordes de Yeenoghu ravageaient le territoire de la route d’Idyll jusqu’aux contreforts du Val du Soleil Couchant, les chevaucheurs d’Elturel acculés à leurs propres murailles, le désespoir rampant, les dieux sourds aux prières… les pauvres gens cherchaient les héros, la faim qui me ronge les entrailles plus pardonnable que celle qui alimente la voracité des démons, le sang des gnolls, la violence de la nuit, mes compagnons enterrés, le rêve de la fraternité des armes…le salut enfin, l’ost céleste nous a envoyé un général, auréolée de lumière glorieuse, Zariel nous guide de son épée…


…sous les scories des frondaisons du Bois Scintillant, au milieu des flammes et de la charogne, jusqu’au fond des enfers enfin nous les jetons, Olanthius l’inflexible, Haruman le taciturne, Yael la téméraire, nous galopons à ses côtés et la chevauchée sera la matière des légendes…pour elle nous engageons nos serments, notre gratitude portera sa croisade plus loin que jamais, à travers le portail nous poursuivons, l’armée des braves chante son nom…


…Avernus, désolation, désastre, la guerre du sang nous dépasse, innombrables les démons, les diables crient pour nos âmes, les anges eux-mêmes ont renoncé, nos promesses sont des chaînes…la catastrophe comme un raz-de-marée, notre honneur est emporté, je fuis et tant d’autre autour de moi, nous retournons nous cacher, nous mentons à nos foyers, nous les laissons nous célébrer, autour de moi les brumes encore se sont resserrées…jusqu’à la fin elle a lutté, mais quand ils ont cessé elle a plié, face à elle en majesté il a paru, Asmodée…



vendredi 15 mai 2020

L’humiliation de Sythilis




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec

Finnlay Galindan, Le druide qui retrouve un faux ami

Ildur Main d’Airain, Le ranger qui met en déroute les gobelins

Tengrim Copperplate, Le nain qui donne satisfaction à sa hache

Thormund Sombracier, Le barbare qui a un gros coup de barre

Kri Shanu, Le moine qui joue les funambules

Icham Andeth Alammar, Le barde qui se fait passer pour le Duc



Fermement tenus entre les doigts gigantesques de leurs compagnons encore sous l’effet des métamorphoses des pixies, Kri, Thormund, Tengrim et Finnlay voient défiler sous leurs yeux les rues envahies de combats acharnés, éclairées par les globes de lumière magique accrochés sur les toits par les clercs du Poing Enflammé et les flammes des barricades incendiées par les sorciers sythilisiens. Portés par la poussière de fée les singes géants survolent la mêlée pour prendre l’ennemi à revers au niveau de la porte Est. 


Leur arrivée impromptue redonne espoir aux derniers survivants de la Garde du Crépuscule qui y vendent chèrement leur peau, encerclés par les hobgobelins. Sans même attendre que l’atterrissage soit complet, Kri saute de la main d’Icham et en une roulade il est sur le mage de guerre de l’unité de commandement ennemie. Un déluge de coups fait chanceler le sorcier et le prive de ses sens suffisamment longtemps pour que Thormund se porte à son niveau et l’achève avant qu’il puisse lancer le moindre sort. Les pixies utilisent alors le reste de leur magie pour redonner à Kri sa titanesque forme simiesque qui se trouve aussitôt assaillies de toutes parts par les phalanges hobgobelines. Percé sans relâche par un mur de piques, le moine est vite contraint à retrouver sa forme humaine. Pour ne pas risquer de succomber sous la masse qui se referme sur lui, il plonge au cœur du globe de ténèbres que Thormund a invoqué et sous lequel il se livre à un massacre en règle des hobgobelins. Tengrim a de son côté été déposé sur la tour qui flanque la porte au nord. Il s’y précipite à la rescousse du Capitaine Ulverth qui s’y trouve encerclé par des gobelours et une manticore. Le nain se charge d’occire la bête en écrasant son étrange visage humain sous les coups de Jotunbane. Mais la hache irradie de mécontentement, elle en a assez de devoir se contenter d’affronter ces monstres insignifiants alors qu’un géant la nargue à l’autre bout du champ de bataille. Implorant l’aide des pixies, Tengrim décide de donner satisfaction à son arme et il s’envole droit vers le géant des collines qu’il renverse en le percutant de toute la colère de Jotunbane. L’artefact peut enfin assouvir sa rancune et chaque coup qui touche son porteur est aussitôt rendu au centuple à ses agresseurs. 


Au sommet de la tour Icham finit d’écrabouiller les gobelours pendant que les archers gobelins qui s’apprêtaient à les soutenir sont envoyées dans les bras de morphée par les petites fées qui leurs murmurent des berceuses à l’oreille.  D’une onde de choc magique, Finnlay s’ouvre un chemin sur la barbacane au milieu des hobgobelins qui s’y pressent. A grands coups de ses pattes de gorille, Ildur finit de lui dégager le passage vers la tour sud en mettant en déroute les gobelins qui la tenaient avant de tourner son attention vers les ogres qui surgissent des rues adjacentes pour s’en prendre à lui. Le druide remarque alors que quelqu’un se cache sous la trappe d’accès au sommet de la tour. Prêt à rôtir d’un trait de feu un éventuel gobelin embusqué, il soulève brusquement le volet de bois. Mais au lieu de la face cruelle qu’il s’attendait à découvrir, il est abasourdi de trouver son ami Onthar Frume agrippé difficilement à l’échelle. Le prêtre de Torm a le flanc couvert de sang et Finnlay doit le hisser à ses côtés avant qu’il ne s’écroule. Cramponné au jeune demi-elfe pour ne pas tomber, Onthar Frume le supplie d’appeler ses pixies pour aller aider ses compagnons qui tiennent encore le bas de la tour. Mais quelque chose dans les paroles du prêtre ne sonne pas juste et Finnlay comprend alors qu’il tente de le soumettre à un charme magique. Il essaie de se dégager de son emprise mais Frume le maintient fermement, un éclat cruel dans le regard. Il aboie alors un ordre en langage gobelin et de la trappe émerge une troupe d’élite de hobgobelins qui se saisissent du druide. Deux brutes gobelours se jettent aussi sur Ildur, grimpant sur son large dos en le lardant de coups de poignards, tandis qu’un sorcier bardé de parchemins commence à incanter entre les créneaux. Ce dernier n’a pas le temps de conclure son mot de pouvoir avant de devoir plonger pour éviter la violente riposte du singe qui fait voler en éclat la pierre derrière laquelle il s’abritait. Finnlay le cueille alors d’un déluge de rayons ardents qui le transforme en torche avant de l’envoyer basculer dans le vide. Icham qui a lamentablement échoué dans sa tentative d’attraper au vol une manticore décide de renoncer à sa métamorphose gargantuesque pour voler au secours du druide qui parvient tout juste à se libérer de ses adversaires grâce aux illusions des pixies qui les persuadent que leurs mains s’enflamment à son contact. Kri répond aussi à l’appel en traversant le vide entre les toits comme un équilibriste sur une corde et en bondissant aussi vite que le vent jusqu’au rempart.  Ildur les rejoint à son tour en reprenant forme humaine après avoir grimpé la muraille, un des gobelours encore accroché à lui alors que les autres se retrouvent enchevêtrés par les racines que les pixies ont fait jaillir pour bloquer l’entrée de la tour. Thormund interrompt alors sa sanglante besogne pour grimper à la seule force des bras vers le sommet où l’attendent enfin des adversaires à sa mesure car Onthar Frume met fin à la mascarade et se révèle dans toute la splendeur de sa véritable identité. La carrure monstrueuse d’ogre-mage de Sythilis apparaît drapée d’une somptueuse cape portant les insignes du wyrmspeaker blanc passée sur une impressionnante armure d’écailles de dragon rouge. Il brandit une fantastique lame d’acier de Kara-Tur au fil si acéré qu’elle traverse même les boucliers magiques de Finnlay, laissant une cuisante balafre sur le ventre du druide alors que le barbare prend pied à ses côtés, abandonnant ses ténèbres magiques en laissant libre cours à sa rage. Tengrim reste donc seul au milieu des lambeaux de la Garde du Crépuscule qui se rallient dos à dos autour de lui. Comme emporté dans une transe guerrière, le nain fauche les ogres les uns après les autres pour la plus grande joie de Jotunbane dont le fanal semble attirer les géants à la mort comme des papillons vers la flamme.

Sythilis face à l'Ordre du Gantelet

Renforcée de la manticore qui poursuivait Icham, l’escorte de Sythilis se déploie autour de lui. Les hobgobelins offrent un rempart infranchissable devant leur maître pendant que celui-ci va défier en combat singulier Ulder Ravengard qui vient de faire son apparition. Mais L’ogre-mage s’est fait berner car celui qu’il prend pour le commandant en chef des Poings Enflammés n’est autre qu’Icham, excellemment déguisé sous l’authentique tabard du Duc de Baldur’s Gate. Le barde répond aux provocations de Sythilis avec une voix aux inflexions indiscernables de celles de son modèle et ses talents d’imitateur sont si parfaits qu’il parvient même à duper l’épée de l’ogre-mage qui ne frappe que le vide alors que sa cible se déplace avec une célérité que le harnois du mercenaire devrait lui interdire. Icham gagne un temps précieux grâce à ses esquives qui permet à ses camarades de venir à bout des sbires de Sythilis. Renonçant à ses assauts contre le Duc, celui-ci manque de renverser le cours du combat quand il enchaîne une série de coups dévastateurs à la suite d’un mortel cône de froid qui terrassent Kri et Finnlay. Mais Thormund et Ildur achèvent enfin les derniers officiers hobgobelins qui leur barrait le chemin et l’ogre-mage dont la volonté est déjà affaiblie par le barrage d’illusions et de manipulations mentales dont Icham et les pixies l’ont harcelé, finit par succomber à l’ultime murmure dissonant du barde. Pris d’une irrésistible envie de fuir, il ravale son orgueil et préfère s’évanouir dans la nuit sous forme gazeuse plutôt que d’affronter le barbare et le ranger face auxquels il ne survivrait pas.
La défaite humiliante de leur maître en haut des murs achève de démoraliser l’armée gobelinoïde déjà ébranlée par les sonneries de la contre-offensive du Poing Enflammé qui arrive enfin. La débâcle trouve un comble ironique lorsque les Compagnons réapparaissent à point nommé pour piétiner les fuyards sous les sabots de leurs destriers dans une tentative maladroite de prouver leur participation à la défense de Berdusk qui a cependant le mérite de limiter le nombre de témoins gênants qui pourrait dénoncer leur duplicité. Les excuses pataudes du commandant des paladins sont accueillies avec mépris par le Duc Icham depuis les murailles. Profitant de l’autorité qu’il a usurpée, il fait interdire l’entrée de la ville aux Compagnons en les accusant publiquement de trahison. Percés à jour, les félons ne demandent pas leur reste et repartent vers Elturel au grand galop pour aller rendre compte de leur échec.
Célébré comme un sauveur par le Capitaine Ulverth et ses hommes, Tengrim descend de la montagne de cadavres d’ogres qu’il laisse derrière lui pour rejoindre ses compagnons. Malgré la victoire, ils ont la mine sombre en découvrant le corps sans vie d’Onthar Frume que l’ogre-mage a empalé par traîtrise sur sa cruelle épée. Mais leur amertume n’est rien comparée à celle des quelques survivants de l’Ordre du Gantelet qui ne peuvent s’empêcher d’en vouloir aux aventuriers de ne pas avoir choisi de voler au secours de leur chef quand ils en ont eu l’occasion. Pour apaiser leur rancœur, Tengrim enveloppe le prêtre de Torm d’un halo divin qui le préservera de la corruption pendant quelques jours et il fait le serment de faire tout ce qui est en son pouvoir pour trouver un moyen de ramener à la vie son camarade tombé au champ d’honneur.

mardi 5 mai 2020

L'Attaque des Singes Géants




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec

Finnlay Galindan, Le druide aux surprenantes métamorphoses

Ildur Main d’Airain, Le ranger qui défie les capitaines hobgobelins

Tengrim Copperplate, Le nain qui prive Jotunbane de géants

Thormund Sombracier, Le barbare qui est plus terrible sous forme humaine

Kri Shanu, Le moine qui doit encore s’occuper des gobelours

Icham Andeth Alammar, Le barde qui a des plans même pour les singes



Bercé par le rougeoiement qui embrasse le ciel derrière les collines au sud de leur position, la sentinelle du Zhentarim se réjouit d’avoir été cette fois-ci laissée en retrait loin des combats. Le sommeil englue lentement son regard quand soudain un appel le ramène brutalement au présent. Il se passe quelque chose d’anormal. A l’Est l’horizon se pare déjà des couleurs de l’aube alors que nous sommes encore au milieu de la nuit. Une rumeur d’inquiétude se répand dans le camp qui s’éveille dans un certain désordre. Les duergars dont la vue perce sans mal la nuit sont les premiers à comprendre ce que signifie ce prodige et sans perdre un instant ils redeviennent invisibles pour déserter aussitôt. Leur défection lance un mouvement de panique à travers les rangs et l’alerte est enfin clairement sonnée. Les centaures se redressent et réajustent leurs lourds casques de bronze avant de se mettre en formation. Les archers tuigans sellent prestement leurs chevaux au milieu du chaos de la piétaille qui les encombrent. L’étrange lumière se rapproche encore, de plus en plus vite, finalement rattrapée par le vacarme d’une puissante cavalcade. Les mâchoires serrées, les prêtres de Talos se tournent vers les nuages pour y faire grossir les éclairs de l’ultime invocation de leur dieu destructeur. La foudre craque au moment même où la charge lumineuse des Compagnons vient percuter les premiers rangs des mercenaires qu’elle disloque en un odieux carnage.

La charge des Compagnons


A Berdusk, la décision ne tardera plus. Les Poings Enflammés sont au bord de la rupture et leurs lignes seront débordées par la poussée des géants d’un instant à l’autre. Les héros se précipitent donc à la rescousse, dissimulant leur approche sous le couvert luxuriant d’un parc qui borde la ligne de front. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir voulu profiter de l’abri de la végétation, les bosquets grouillent de gobelins. Finnlay rappelle ses pixies encore tremblantes de leur rencontre avec le dragon, mais la proposition qu’il a à leur faire est si désopilante qu’elles oublient aussitôt leur traumatisme pour strier le parc de traînées hilares de poussière de fée. Les gobelins s’écroulent soudain assaillis d’une irrésistible envie de dormir. Seuls les gobelours y résistent, époussetant de leur fourrure la poudre dorée qui a révélé leur cachette. Avec des grognements contrariés, ils se jettent à l’attaque mais leurs massues cloutées, au lieu de s’abattre sur le petit groupe d’humains qu’ils pensaient avoir embusqués, se heurtent à l’improbable mur d’une meute de singes géants. A l’exception de Finnlay, tous les autres aventuriers se mettent à grandir démesurément, leurs bras s’allongent et se couvrent d’une fourrure drue et noire, quand leurs visages dépassent la cime des arbres ils ont pris une allure simiesque d’où émergent des crocs jaunis sous de larges narines ourlées de cuir épais. 


Ainsi métamorphosé Kri s’interpose devant les gobelours qui s’accrochent à ses poils comme de la vermine. Tengrim se rue sur un géant qu’il peut désormais dévisager d’égal à égal et le renverse d’une bourrade sauvage. Le géant effaré parvient à peine à se relever qu’un autre singe enragé vient lui tambouriner le dos, Thormund ayant lui aussi achevé sa métamorphose. Icham et Ildur sautent au-dessus des arbres pour contourner la mêlée et prendre à revers un autre géant qu’ils maintiennent au sol pour le battre à mort de leurs gigantesques poings. L’irruption sidérante de cette brigade de gorilles titanesques soulève une vague de confusion dans les rangs ennemis que les pixies s’empressent d’amplifier grâce à leurs sortilèges. L’étau qui enserrait les Poings Enflammés s’assouplit alors que les hobgobelins se mettent à agir de manière erratique, les uns restant hébétés tandis que les autres errent sans but au milieu des combats jusqu’à ce qu’un ogre les aplatisse en les confondant avec un humain. 
L’excitation des pixies est à son comble et finit par les pousser à l’imprudence. Alors qu’elles rivalisent de grimaces pour narguer les officiers hobgobelins juste devant leurs nez, elles ne se rendent pas compte qu’ils ont brisé la magie qui leur embuait l’esprit. En trois coups d’estoc c’est autant de petites fées qui périssent. Les cris d’horreur de leurs compagnes sortent les gobelinoides de leur confusion alors que Thormund reprend forme humaine soudain privé de la magie qui soutenait sa forme colossale. Le barbare en profite pour assouvir une mauvaise pulsion qui le tiraillait depuis le début de l’affrontement et son patron démoniaque embrasse le parc d’un déchaînement de feu d’enfer qui carbonise tous les gobelins encore assoupis sous les arbres. 


Après s’être débarrassé des gobelours, Kri se tourne vers les ogres dont il casse les crânes par une approximation de ses arts martiaux appliquée à ses grosses pattes de singe. Tengrim se jette du toit où il était perché sur le dernier géant qu’il encastre dans le mur de pierre auquel il était adossé. Ildur s’emploie à mettre en déroute les officiers hobgobelins mais leur capitaine lui offre une belle résistance, continuant à se battre malgré son bras de bouclier brisé, il parvient à planter son épée dans le ventre du ranger. La vue du sang éclaboussant l’abdomen de cuir noir du grand singe lui donne une dernière satisfaction avant que Kri ne l’écrase sous son poids en terminant ses acrobaties bondissantes sur lui.
L’élan sythilisien est définitivement renversé par la contre-attaque improbable des héros et les derniers hobgobelins doivent renoncer à réveiller leurs compatriotes encore emprisonnés par le sommeil des pixies pour ne pas finir sous les coups implacables de Thormund qui laisse sa rage l’emporter jusqu’aux limites de la bataille.

Les Poings Enflammés se regroupent au son des sifflets des sergents mais les aventuriers n’attendent pas que les renforts s’organisent autour d’eux. Ne sachant combien de temps encore les pixies accepteront de leur prêter leurs métamorphoses gigantesques, ils décident de se porter seuls au secours de la porte Est où la Garde du Crépuscule du Capitaine Ulverth et l’Ordre du Gantelet d’Onthar Frume sont en bien fâcheuse posture.