Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 11
Avec
Tengrim Copperplate, Le nain qui communie
avec la citadelle
Kri Shanu, Le moine qui
cueille les démons en plein vol
Balak Charon Taâl dit le Crinti, Le demi-drow
qui fait une cible mortellement dangereuse
Ildur Main d’Airain, Le ranger qui plonge dans le cœur des démons
Faerdhallarlasar
"Rka" Muulkennirrhialiandeth, le drakéide à la lame de flammes
vertes
Le navire du capitaine Gideos quitte les rives écarlates du Styx pour s’enfoncer dans un marais sanglant qui s’évase autour d’une colline boursoufflée d’où suintent des cascades de pus. La chaudière secouée de tremblements de plus en plus intenses finit par rendre l’âme à quelque distance du Furoncle. Les dômes immaculés de la forteresse céleste affleurent encore au sommet du bubon titanesque qui l’avale peu à peu en déployant ses filaments de chair tel un lierre rosâtre le long des murailles marmoréennes.
Ses
pentes enkystées trempent dans un mélange immonde de sang caillé et de pus dans
lequel on s’enfonce jusqu’aux genoux. Pour compléter ce répugnant tableau, un
véritable charnier recouvre les moindres parcelles de terres émergées. Les têtes
arrachées de diables en tout genre sont plantées sur des piques gravées des
symboles impies de Yeenoghu, le prince démon vénéré par les gnolls les plus
sauvages. Entre les flaques d’ichor démoniaque iridescentes, des meutes de
hyènes hilares se repaissent des charognes, enfouissant leurs museaux
ensanglantés dans les plastrons déchiquetés des légionnaires infernaux qui
étaient chargés de défendre l’accès à la citadelle purulente. Dabo le quasit
apparait pour saluer le massacre d’un sifflement admiratif. Il confirme que c’est
bien la horde de Yeenoghu qui a surgit du Styx pour accomplir ce carnage. Le mélange
immonde dans lequel il faut patauger pour arriver jusqu’à la colline a des
effets délétères évidents, l’ichor démoniaque et les humeurs infernales se
combinant pour corrompre tant le corps et que l’esprit de ceux qui les
traversent. Plutôt que de courir ce risque, les héros choisissent d’utiliser
les chaloupes des Bloodreavers pour arriver jusqu’au pied du Furoncle en
voguant à la surface du marais. Le trajet se fait rapidement sous le regard
indifférent des troupes de gnolls qui finissent de dépouiller leurs victimes dans
les décombres du champ de bataille. La colline semble faite de chair de plus en
plus enkystée à mesure qu’on se rapproche du marais, si bien que le bas de ses
pentes est presque aussi dur que la pierre. Les aventuriers laissent leurs
chaloupes derrière eux et entament l’ascension à pied en essayant de ne pas se
faire repérer par les adorateurs de Yeenoghu dont les incantations impies leurs
parviennent du sommet. Tengrim tente désespérément de trouver une entrée par
les toits de la forteresse mais tous les passages possibles sont verrouillés. Le
nain en appelle alors à la sagesse de Clanggdedin pour comprendre pourquoi la
citadelle refuse ainsi de s’ouvrir pour eux. Par cette intercession divine, il
découvre que l’âme qui soutient les murailles célestes est à bout de force. Une
profonde tristesse l’envahit à l’idée de faillir à la mission qu’elle s’est
confiée de préserver l’épée de Zariel des griffes démoniaques qui l’assiègent. La
citadelle s’est donc recroquevillée sur elle-même pour tenter de prolonger
encore un peu sa résistance et il ne reste plus qu’une seule entrée sur
laquelle elle concentre ses dernières défenses, la grande porte qui se trouve
enfouie sous les tonnes de chair immonde que l’Avernus a dressé contre la forteresse
et que les démons sont en train d’essayer d’excaver. Pendant que Tengrim
communie avec la citadelle, le Crinti s’essaie aussi à l’exercice en se collant
à un vitrail pour discerner ce qui se cache derrière l’éblouissante lumière qui
en émane, mais au lieu du rassérénant sentiment de compassion qu’éprouve son
compagnon, le demi-drow n’en retire qu’une sévère réaction allergique là où ses
paumes se sont appuyées contre le verre indestructible. Il efface rapidement le
rictus de douleur qui l’a saisi avant que les autres aventuriers ne s’aperçoivent
de son inconfort et il reprend sa place parmi eux pour écouter le nain rendre
ses conclusions. Ils n’ont d’autre choix que de s’enfoncer dans les tunnels
creusés par les griffes et les crocs des démons pour tenter de retrouver dans
ce dédale un accès à la porte de de la forteresse. Mais le seul point d’entrée est
justement le lieu où se réunissent les gnolls pour vénérer la grotesque idole
de Yeenoghu qu’ils ont érigée au sommet du Furoncle. Les aventuriers n’ont plus
les ressources magiques qui leur permettraient de passer inaperçus au milieu de
la foule et ils doivent se résoudre à recourir à la force pour gagner les
souterrains.
Les hommes-hyènes se gorgent des lambeaux des diables vaincus au rythme des rires sauvages des charognards dont ils sont l’image et qui se pressent entre leurs jambes. Au pied de la statue grossière qui figure leur prince démon tutélaire, un gnoll colossal crache ses incantations sous le regard vicieux d’une bête immonde, croisement d’hyène géante et de manticore au pelage malade.
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le shoosuva |
C’est sur elle qu’Ildur aligne ses
premières flèches tandis que le Crinti libère une boule de feu d’un de ses
parchemins pour carboniser une bonne partie de l’assistance et que le motif
hypnotique de Rka paralyse les quelques survivants dans une hébétude forcée. Kri
et Tengrim chargent alors pour éliminer au plus vite tous ceux qui tiennent
encore debout avant que le massif Croc de Yeenoghu qui menait la cérémonie et
son dévoué Shoosuva ne puissent contre-attaquer. Mais leur assaut n’est pas
totalement passé inaperçu et un des Vrocks qui tournoient dans le ciel au-dessus
du champ de bataille plonge vers eux en poussant un cri suraigu qui manque de
les étourdir. Kri réagit aussitôt et d’un bond prodigieux il va agripper l’aile
du démon avant qu’il ne puisse reprendre son envol et le force à atterrir devant
Tengrim qui abat aussitôt Jotunbane en travers de son bec crochu. Mais avant qu’il
l’achève, un deuxième Vrock se joint à la mêlée, puis un troisième et les
flèches d’Ildur et de Rka ne les dissuade pas de hurler à nouveau. S’en est
trop pour le Crinti qui s’écroule sous la douleur, devenant une proie facile
pour le shoosuva qui se glisse jusqu’à lui pour le transpercer de son dard. Mais
c’était sans compter sur l’instinct de survie hors norme du demi-drow qui du
fond de son évanouissement parvient miraculeusement à esquiver les crocs acérés
qui allaient le déchirer, gagnant ainsi assez de temps pour que ses compagnons
se portent à son secours. Rka interpose sa rapière nimbée de flammes vertes
entre le barde et la bête tandis qu’Ildur a dégainé ses poignards pour égorger
le Croc de Yeenoghu avant qu’il puisse sortir de l’emprise hypnotique qui le
tient encore. Kri de son côté perfectionne sa technique de capture de Vrocks
dont il parvient à bloquer les ailes dans une clé de son invention qui lui
permet de les forcer à s’écraser la tête la première devant Tengrim qui,
faisant fi des spores méphitiques que les démons à tête de vautour crachent des
glandes qui enflent leurs longs cous, les maintient au sol de sa poigne ferme.
Ildur le rejoint et prenant son élan plonge les lames en avant dans le torse d’un
vrock pour l’occire. Kri termine le travail en brisant la nuque du dernier
démon entre ses jambes. Seul le shoosuva est encore aux prises avec Rka qui le tient
hors de portée du Crinti en plongeant son épée profondément dans son flanc. Le demi-drow
a cependant eu le temps de reprendre ses esprits et une lueur de malice cruelle
éclaire son œil quand lui vient une idée particulièrement humiliante d’en finir
avec la bête. A nouveau il se présente comme s’il était totalement sans défense
et la tentation pour le monstre d’accomplir au moins un meurtre avant d’expirer
est irrésistible. Il s’ébroue pour relâcher l’étreinte du drakéide et abattre
son dard suintant de venin sur le torse de sa victime, mais le Crinti, par une
feinte dont il a le secret, exploite le trouble de la créature agonisante qui s’enfonce
son propre aiguillon dans le crâne, payant ainsi d’une mort ridicule son audace
d’avoir voulu s’en prendre au demi-drow.
La voie est libre pour accéder
aux tunnels et les héros s’y précipitent avant que d’autres démons ne flairent
l’odeur du carnage, disparaissant dans l’obscurité poisseuse des galeries
taillées dans la chair sanguinolente de la colline.