Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 14
Avec
Icham
Andeth Alamnar, Le barde qui aurait fait un merveilleux
consort de dragonne
Kri Shanu, Le moine qui n’aurait
pas dû toucher au trésor
Faerdhallarlasar
"Rka" Muulkennirrhialiandeth, le drakéide qui s’interroge sur les
croyances de ses compagnons de voyage
Grâce à l’ingénieux navire des glaces, il ne faut que trois
jours pour rejoindre la côte au large de laquelle dérive Oyaviggaton au lieu
des trois semaines prévues à l’origine. L’embarcation est remarquablement
facile à manier, à condition de connaître les rudiments de la science arcanique
qui permettent de se lier aux enchantements qui activent le gouvernail et
tendent la voile triangulaire dans le vent. Ces quelques jours sont mis à
profit pour faire plus ample connaissance avec l’équipage
halruaan. Quoique les matelots semblent issus de milieux modestes, ils
sont tous instruits tant dans les lettres que dans le maniement de la magie.
Rka est également choqué de découvrir qu’ils ne sont absolument pas religieux.
Leur vision très prosaïque de la place des dieux dans l’univers et leur absence
totale de crainte du courroux divin sont presque ressenties comme une insulte à
la relation directe que le paladin entretient avec son dieu. Le regard
réprobateur qu’il porte sur les étrangers rejoint désormais le point de vue de
Kinnuki. Le drakéide profite de ce rapprochement pour tenter d’en apprendre
plus sur leur guide. Celui-ci est un fervent disciple de Valkur, obscur
demi-dieu nordique qui n’a de cesse de défier les dieux destructeurs des
tempêtes comme Umberlee, Talos et surtout Auril. Cette dévotion semble lui
donner la force d’affronter les rigueurs de sa vie mais n’est pourtant pas
l’origine de sa longévité exceptionnelle qui réside encore dans un autre secret
qu’il se refuse à révéler.
Pour rejoindre l’iceberg qui cache le repaire d’Arauthator,
Kinnuki propose d’attendre d’apercevoir le kayak d’un groupe de chasseurs
appartenant au clan d’ulutius que le dragon a asservi pour assurer le
ravitaillement de son antre. Le reghed a déjà fait un peu de troc avec eux et
pense pouvoir les convaincre de mener les héros jusqu’à Oyaviggaton. Le regard
vissé sur le large, Kri annonce qu’il n’a besoin de personne pour retrouver le
meurtrier de sa famille. Sa vigilance primitive lui suffit pour débusquer son
ennemi juré. Rka et Icham joignent leurs talents pour rendre leurs compagnons
invisibles avant de s’envoler au-dessus de la Mer des Glaces Mouvantes. Kinnuki
reste en arrière car il ne souhaite pas se joindre à la vendetta du moine.
L’apprenti de Radhael ne manque pas de remorquer cette scission du groupe
d’aventuriers qui n’a pas l’air de correspondre au tableau dépeint par Icham
qui faisait du vieil homme un membre du groupe à part entière. Il est trop tard
pour que le barde apaise les soupçons de l’halruaan et c’est avec une pointe de
regret qu’il lance son pégase dans la direction indiquée par Kri.
Un soleil éblouissant se reflète sur les morceaux de banquise
brisés de toutes tailles qui s’entrechoquent dans les vagues en-dessous d’eux
mais grâce à leur magie ils ne projettent aucune ombre sur la glace immaculée,
contrairement au grand dragon blanc qui fend les cieux droit vers eux.
Quoiqu’il soit de la même taille, il ne s’agit pas d’Arauthator mais d’une
étrange femelle harnachée d’une haute selle où trône le cadavre momifié du mage
qui la chevauchait autrefois et avec qui elle entretient encore une
conversation animée. Icham profite du délire de la dragonne pour amener son
pégase juste derrière elle et par un habile tour de ventriloquie se faire
passer pour son cavalier décédé. Trop contente d’entendre à nouveau la voix de
son compagnon, Arveiaturace ignore volontairement qu’elle n’a rien à voir avec
celle qu’elle entend dans sa tête depuis des années. Icham la fait parler de sa
visite à Oyaviggaton où Arauthator lui a offert Maccath l’écarlate pour
cimenter leur union, en espérant que l’érudite remplace le cadavre ridicule que
sa compagne s’acharne à conserver sur son dos. La dragonne hésite pourtant à
dire adieu à son compagnon de toujours, même si c’est le prix à payer pour
s’assurer une place de choix dans le nouvel ordre qui adviendra quand le retour
de Tiamat anéantira les royaumes des mortels pour offrir le monde aux seuls
dragons chromatiques. Distillant son fiel avec habileté, Icham accentue les
doutes d’Arveiaturace sur les bénéfices de cette alliance et quand l’humeur de
la dragonne a suffisamment viré à l’amertume pour qu’elle se réfugie dans un
silence boudeur, il la laisse partir en priant pour que sa trajectoire ne
l’amène pas à passer ses nerfs sur le navire halruaan qui les attend.
Ce détour a raccourci le temps qu’il reste aux héros pour approcher du repaire d’Arauthator en étant protégés par leur invisibilité. Il va leur falloir agir vite quand ils le découvriront. Peu de temps après, ils arrivent à destination. L’iceberg est une véritable montagne de glace flottante aux parois à pic. Son sommet plat est occupé par un minuscule village de quelques tentes assemblées de peaux de phoque tendues sur des os de baleine.
Un escalier taillé dans la glace rejoint une étroite plateforme où sont amarrés quelques kayaks. Des chasseurs de retour d’expédition hèlent le village pour qu’on les aide à remonter leurs prises. Des gens sortent des tentes, hommes, femmes et enfants, tous vêtus des mêmes peaux fourrées de la tête aux pieds. Ils retirent les bâches qui protègent de la neige un treuil en bois qui a de toute évidence été amené ici depuis les terres civilisées du sud. En quelques minutes, les carcasses sont hissées et les chasseurs s’accroupissent autour pour les dépecer. Les héros font alors une entrée remarquée. A grand renfort de pyrotechnie magique, ils dessinent les contours d’un prétendu portail de téléportation. Ils en émergent en abandonnant leur invisibilité pour la remplacer par une apparence trompeuse concoctée par Icham leur donnant l’allure d’une délégation de dragonclaws en visite officielle auprès de leur allié draconique. Sous le regard immobile des chasseurs, ils pénètrent dans la plus grande des tentes du village. A l’intérieur ils sont accueillis par un silence pétrifié d’angoisse. Les femmes serrent leurs enfants contre elles pour se coller contre le fond de la tente tandis qu’un vieil homme s’avance avec déférence à leur rencontre. Il baragouine quelques mots de commun, juste assez pour comprendre que les héros veulent voir le dragon. Convaincu par la suggestion de Rka, il écarte alors les peaux qui jonchent le sol pour révéler une trappe enchâssée dans la glace. De là un étroit escalier descend dans les profondeurs obscures de l’iceberg. A pas feutrés les héros explorent le complexe creusé dans la glace en prenant bien garde de toujours rester hors de vue de ses habitants. Non loin de l’entrée on peut déjà entendre des kobolds qui se chamaillent tandis qu’à l’autre bout du couloir, derrière un épais rideau, d’étranges coassements leur parviennent étouffés derrière un épais rideau, évoquant à Kri le langage des crapauds des glaces qui vivraient dans les cavernes gelées de l’épine dorsale du monde. Icham inspecte un puits qui plonge encore plus profondément sous leurs pieds mais son serpent ailé dont il a emprunté les sens doit renoncer à ses investigations avant d’avoir touché le fond tant le froid devient mortellement intense à mesure qu’il descend. Un peu plus loin, d’autres kobolds soufflent et soupirent en accomplissant une tâche qui leur semble particulièrement rébarbative qu’un certain Marfulb leur a assignée. Suivant un couloir de traverse, Icham détecte une discrète lueur filtrant entre les pans d’une tente de peaux nichée dans une petite grotte. Le froid y est moins mordant qu’ailleurs et les deux trolls à la fourrure bleu sombre qui y montent la garde suent à grosses gouttes.
Cependant
c’est une autre pièce qui attire l’attention des héros. Aussi large que toutes
les autres cavernes réunies, un énorme hall bordé de piliers cyclopéens sert de
lieu d’exposition aux plus impressionnants trophées d’Arauthator. D’un côté,
une pieuvre géante étend encore ses tentacules vers une troupe d’abominables
yétis dont les hurlements hypnotiques sont eux aussi à jamais figés dans la
glace. Au cœur d’une des massive colonne, un trio de remorhazs se dresse
jusqu’au plafond dans une élégante triple hélice. Les murs regorgent d’œuvres
d’art rarissimes dont l’éclat rivalise avec les auras magiques qui émanent des
bijoux et des armures prisonnières de l’iceberg. Le clou de cette collection
est sans contexte un antique navire elfique capturé sans doute même bien avant
qu’Arauthator ne s’empare d’Oyavigatton car son équipage encore parfaitement
préservé par le froid est constitué d’avariels, ces mythiques elfes ailés qui
disparurent il y a des milliers d’années en se sacrifiant pour briser l’empire
des dragons sur le monde et permettre à leurs frères de fonder leurs royaumes. Un
large tunnel a été creusé dans le mur jusqu’à la coque du navire. La cale a été
éventrée pour en sortir sa gigantesque cargaison qui pourrait bien être la
fabuleuse Draakhorn grâce à laquelle le culte de Tiamat est en passe d’assurer
son hégémonie sur le genre draconique. Kri concentre son ki pour se frayer un
passage jusqu’au pont du bateau mais ce faisant il libère le gantelet d’un des
avariel qui glisse d’à peine quelques millimètres, mais cet infime mouvement
suffit à réveiller le maître des lieux dont le déplaisir suffit à faire
trembler toute son antre signifiant aux indélicats qui ont osé toucher à son
trésor que leur châtiment sera terrible.
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