lundi 6 juillet 2020

Les enfants de Laerakond




Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 10

Avec

Finnlay Galindan, Le druide qui rencontre la mort 

Tengrim Copperplate, Le nain qui sous-estime les malédictions  

Kri Shanu, Le moine qui se reprend au moment crucial 

Icham Andeth Alammar, Le barde qui négocie avec les anges 

Guerne Rabène, Le mage qui n'oublie pas qui est l'ennemi  

Thormund Sombracier, Le barbare qui s'endort en un clin d'œil 

Ildur Main d’Airain, Le ranger qui retourne ses lames contre son ami 




Tengrim et Finnlay se jettent au bas des escaliers qui mènent à la crypte de la cathédrale alors que derrière eux déferlent déjà la troupe des paladins qui les talonnent. Mais la course des Compagnons vient se briser sur la lame noire de Thormund qui leur barre l’accès aux souterrains. Guerne peut alors faire place nette dans l’escalier avec une puissante boule de feu, donnant ainsi à Finnlay le temps de verrouiller la grille de métal qu’ils viennent de passer.
En contrebas, Ildur continue sur sa lancée, toujours porté par le sort de hâte du demi-orc, et il parvient à rejoindre le Grand Observateur qui dévale toujours les escaliers à un train d’enfer. Le ranger bouscule le vieil homme de toute la force de son élan mais le spectacle pathétique de ce malheureux prêtre se relevant difficilement sur ses jambes frêles en refrénant à grand peine un sanglot de douleur précipite soudain Ildur dans des abîmes de perplexité et de honte. Tandis qu’il se retrouve ainsi paralysé par le doute, le Grand Observateur repart et malgré leur course effrénée Icham et Kri n’arrivent pas à l’intercepter avant que les sentinelles en poste dans les catacombes ne se portent à son secours. Ses sbires ne font pas le poids face aux héros mais ils les retiennent suffisamment longtemps pour que Thavius Kreeg passe une nouvelle porte. Haute et massive, toute en pierre, celle-ci est de plus couverte de glyphes de protection apposées par des générations de serviteurs des dieux du bien. Alors que l’on entend déjà la grille qui défend l’étage supérieur qui se tord sous les assauts des paladins, les héros mobilisent toutes leurs connaissances arcaniques pour déterminer par quel biais Icham peut entamer le crochetage du complexe mécanisme qui préside à l’ouverture de la porte. La sévérité des défenses est vertigineuse mais le barde semble finalement en trouver la faille en s’appuyant sur une intuition d’Ildur. Les rouages se déclenchent et les lourds battants s’ouvrent enfin mais non sans activer l’un des puissants glyphes que le ranger avait maculé du sang des défenseurs de la citadelle. Alors que le symbole de Heaume, le dieu des gardiens, s’illumine, une voix divine tonne une terrible malédiction sur les aventuriers à laquelle Tengrim, Finnlay et Kri ne peuvent échapper. Frappé d’un interdit sans appel, ils doivent mobiliser toute leur volonté pour continuer à avancer à la suite de leurs compagnons qui se sont déjà engouffré dans la pièce suivante. 


Le sol y est décoré d’une fantastique mosaïque représentant tout l’agencement des plans extérieurs.  L’astrolabe cosmique est aussi reproduit dans un puzzle de bas-reliefs métalliques incrustés sur la surface de la colossale porte basaltique qui s’ouvre maintenant devant eux. Au-delà reposent les tombeaux silencieux des plus saints serviteurs de Torm dont les gisants héroïques se dressent impavides autour d’eux. Le contraste avec le fracas des combats qui les poursuivaient un instant avant est saisissant, même l’écho de leurs pas semble observer un recueillement respectueux sous ces voûtes bénies. Guerne a pénétré le premier dans l’obscurité en s’y téléportant d’un claquement de doigts. Quand il réapparaît, une douce lumière l’enveloppe soudain et devant lui s’avance la haute silhouette d’un ange androgyne aux ailles scintillantes qui lui signifie que ce serait commettre un grand sacrilège que de vouloir aller plus loin. Icham écarte doucement le demi-orc alors que trois anges supplémentaires apparaissent pour bloquer l’accès aux couloirs qui partent du vestibule. Il s’agenouille tel le pénitent le plus sincère et implore les célestes gardiens de l’écouter. Il explique alors qu’ils n’osent fouler ce sol interdit que parce qu’un terrible péril menace les fidèles de Torm dont le plus haut représentant à trahi tous ses vœux pour épouser la cause du mal. Sa supplique est d’une authenticité telle que même les anges en sont troublés et Finnlay les entend échanger quelques mots inquiets où le nom de Tiamat les fait trembler. Celui qui avait barré le chemin de Guerne rengaine sa grande épée flamboyante et s’approche pour toucher le front d’Icham. Ses doigts graciles se mêlent à sa chevelure et sa paume fraîche se pose sur sa tête pour aller caresser comme une douce brise d’été les pensées du barde. Au bout de quelques instants, il se recule et adresse un signe à ses semblables pour leur confirmer que les héros disent vrai. Il acquiesce d’un signe de tête à la demande d’Icham de les laisser poursuivre leur quête et les quatre anges s’éclipsent dans un éclair de lumière blanche.


Les héros reprennent leur exploration du sanctuaire dont l’atmosphère étrange convainc Guerne qu’il est bel et bien situé dans un demi-plan secret niché sur les rives de la mer astrale aux abords des plans supérieurs. En dehors des cénotaphes de Tormites éminents les longs couloirs paraissent vides mais un timide écho de clapotis humides leur parvient pourtant des tréfonds des catacombes. Ils accélèrent le pas et ne s’arrêtent qu’un bref instant devant l’original du Crédo Résolu dont les milliers de pages enluminées compactées par magie entre sa couverture contiennent l’histoire complète de chacun de ceux qui ont un jour prêté serment devant lui. Une franche lumière dorée inonde le couloir depuis la pièce suivante où une réplique miniature du Compagnon, le second soleil qui s’accroche au-dessus d’Elturel, est entourée des statues des divinités tutélaires de la ville. Pourtant les effigies d’Ilmater, Torm, Tyr, Lathandre et Heaume paraissent minuscules en comparaison de celle de l’archange Zariel qui soutient l’orbe rayonnant de ses ailes majestueuses.
Les bruits mouillés qui s’amplifient au fur et à mesure qu’ils s’approchent s’accompagnent désormais de craquèlements et de petits cris rauques. Tout au fond du complexe funéraire, ils finissent par découvrir l’odieux spectacle qui génère ces sons répugnants. Juché au sommet d’une énorme gelée noire dont les convulsions obscènes font éclater des yeux rouge sang à sa surface visqueuse, Thavius Kreeg semble vomir de sa bouche démesurément ouverte la matière révoltante qui compose la masse obscure qui étend ses pseudopodes à travers toute l’immense pièce. 


Les excroissances plongent au fond de deux bassins dégoulinants d’où ils extraient de gros œufs aux reflets métalliques qui tapissent par milliers le sol autour du Grand Observateur. La vase démoniaque s’insinue à travers les coquilles brillantes pour en corrompre l’essence de la progéniture des dragons disparus de Laerakond, transformant les enfants de Bahamut en d’ignobles caricatures d’eux même. Ces draconiens contrefaits grossissent à vue d’œil et à peine arrivés à maturité se lancent à l’attaque des héros. Thormund les incinèrent aussitôt d’un déchaînement de feu des abysses qui détruit aussi indistinctement les viles créatures que les légendaires œufs qui leur donnent naissance. Icham n’hésite pourtant pas à poursuivre le bombardement en vidant toute la puissance de sa baguette d’éclairs sur les monstruosités qui s’agglutinent autour du Grand Observateur avant de s’évanouir dans l’ombre d’une des hautes colonnes.  Finnlay s’arc-boute contre l’interdit de Heaume pour appeler la lumière vengeresse de Séluné contre l’abomination qui rampe face à lui. Le rayon de lune fait bouillir la masse noire qui se contorsionne pour y échapper, laissant Thavius Kreeg seul sous les cuisantes émanations. Le vieil homme s’enfuit aussitôt, talonné par Icham qui le lacère d’une rude volée de projectiles magiques issus de sa seconde baguette. Mais quand Kri le rejoint pour donner le coup de grâce, les deux hommes sont soudain pris d’un terrible remords en constatant que le vieux prêtre est de toute évidence lui aussi une victime de l’horrible créature qui s’étale derrière eux et dont il faut le protéger à tout prix. Guerne franchit à ce moment la barrière des draconiens d’un pas brumeux et découvre avec stupeur ses camarades en train de s’apitoyer sur le sort du misérable traître qui était prêt à sacrifier la vie des innocents de Berdusk sur l’autel de son pacte impie avec le Culte du Dragon. Sans aucune pitié, il le punit donc d’une invisible vague d’énergie nécrotique. La vision de la flétrissure qui s’abat sur Thavius Kreeg sort Kri de son égarement et en mobilisant toute sa concentration pour surmonter la malédiction qui l’entrave, il parvient à porter un coup fatal au Grand Observateur dont le crâne vient se fendre comme un melon trop mûr sur le coin d’une alcôve. Alors que son corps n’est déjà plus qu’une charogne puante, il éructe une dernière menace en promettant à ses bourreaux qu’ils le reverront très bientôt et à ses mots on croirait que les murs ont légèrement tremblé. Le trépas du vieillard n’a pas pour autant mis fin à la vile besogne de la gelée qu’il a convoqué. Mise à mal par les traits de lumière divine que Tengrim lui lance, elle réussit à corrompre l’esprit d’Ildur à qui elle insuffle une rage sanguinaire qui se retourne contre Thormund qui combattait à ses côtés. Cette soudaine distraction ouvre la voie aux draconiens pour faire s’effondrer le cercle défensif des héros autour de Finnlay qui périt déchiqueté par les griffes des créatures, son corps martyrisé explosant dans un ultime sursaut de magie sauvage. Mais Icham et Guerne concentrent alors le reste de leurs sorts destructeurs contre la masse noire qui finit par se liquéfier sous leurs pieds. Les draconiens survivants rompent le combat et fuient aussi vite que possible vers la sortie d’où provient désormais un sourd grondement. Les héros pansent leurs plaies avant de leur emboîter le pas, le chagrin causé par la mort tragique de Finnlay allégé par le fait que  le druide se tienne inexplicablement à leurs côtés, aussi intact qu’au premier jour de leur rencontre. Mais ils n’ont pas le temps de s’appesantir sur ce prodige car les tremblements s’intensifient autour d’eux. La chaude lumière de la réplique du Compagnon est devenue noire et inonde les alentours en négatif, transfigurant la statue de Zariel en un terrible ange de vengeance aux ailes de feu et aux yeux de cendres. A l’entrée les anges leur adressent un dernier regard réprobateur avant de rejoindre leurs cieux divins dans un dernier éclair éblouissant, car derrière la rumeur du cataclysme enfle à mesure que les murs se lézardent et qu’une vague de maléficence à l’état brut déferle autour des aventuriers abasourdis.

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