Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 10
Avec
Finnlay Galindan, Le druide qui
rencontre la mort
Tengrim Copperplate, Le nain qui sous-estime
les malédictions
Kri Shanu, Le moine qui
se reprend au moment crucial
Icham Andeth Alammar, Le barde qui
négocie avec les anges
Guerne Rabène, Le mage qui
n'oublie pas qui est l'ennemi
Thormund
Sombracier, Le barbare qui s'endort en un clin d'œil
Ildur
Main d’Airain, Le ranger qui retourne ses lames contre son ami
Tengrim et Finnlay se jettent au bas des escaliers qui
mènent à la crypte de la cathédrale alors que derrière eux déferlent déjà la
troupe des paladins qui les talonnent. Mais la course des Compagnons vient se briser
sur la lame noire de Thormund qui leur barre l’accès aux souterrains. Guerne
peut alors faire place nette dans l’escalier avec une puissante boule de feu,
donnant ainsi à Finnlay le temps de verrouiller la grille de métal qu’ils
viennent de passer.
En contrebas, Ildur continue sur sa lancée, toujours porté
par le sort de hâte du demi-orc, et il parvient à rejoindre le Grand
Observateur qui dévale toujours les escaliers à un train d’enfer. Le ranger
bouscule le vieil homme de toute la force de son élan mais le spectacle
pathétique de ce malheureux prêtre se relevant difficilement sur ses jambes
frêles en refrénant à grand peine un sanglot de douleur précipite soudain Ildur
dans des abîmes de perplexité et de honte. Tandis qu’il se retrouve ainsi paralysé
par le doute, le Grand Observateur repart et malgré leur course effrénée Icham
et Kri n’arrivent pas à l’intercepter avant que les sentinelles en poste dans
les catacombes ne se portent à son secours. Ses sbires ne font pas le poids
face aux héros mais ils les retiennent suffisamment longtemps pour que Thavius
Kreeg passe une nouvelle porte. Haute et massive, toute en pierre, celle-ci est
de plus couverte de glyphes de protection apposées par des générations de
serviteurs des dieux du bien. Alors que l’on entend déjà la grille qui défend
l’étage supérieur qui se tord sous les assauts des paladins, les héros
mobilisent toutes leurs connaissances arcaniques pour déterminer par quel biais
Icham peut entamer le crochetage du complexe mécanisme qui préside à l’ouverture
de la porte. La sévérité des défenses est vertigineuse mais le barde semble
finalement en trouver la faille en s’appuyant sur une intuition d’Ildur. Les
rouages se déclenchent et les lourds battants s’ouvrent enfin mais non sans
activer l’un des puissants glyphes que le ranger avait maculé du sang des
défenseurs de la citadelle. Alors que le symbole de Heaume, le dieu des
gardiens, s’illumine, une voix divine tonne une terrible malédiction sur les
aventuriers à laquelle Tengrim, Finnlay et Kri ne peuvent échapper. Frappé d’un
interdit sans appel, ils doivent mobiliser toute leur volonté pour continuer à
avancer à la suite de leurs compagnons qui se sont déjà engouffré dans la pièce
suivante.
Le sol y est décoré d’une fantastique mosaïque représentant tout
l’agencement des plans extérieurs.
L’astrolabe cosmique est aussi reproduit dans un puzzle de bas-reliefs
métalliques incrustés sur la surface de la colossale porte basaltique qui
s’ouvre maintenant devant eux. Au-delà reposent les tombeaux silencieux des
plus saints serviteurs de Torm dont les gisants héroïques se dressent impavides
autour d’eux. Le contraste avec le fracas des combats qui les poursuivaient un
instant avant est saisissant, même l’écho de leurs pas semble observer un
recueillement respectueux sous ces voûtes bénies. Guerne a pénétré le premier
dans l’obscurité en s’y téléportant d’un claquement de doigts. Quand il réapparaît, une douce lumière l’enveloppe soudain et devant lui s’avance la
haute silhouette d’un ange androgyne aux ailles scintillantes qui lui signifie
que ce serait commettre un grand sacrilège que de vouloir aller plus loin.
Icham écarte doucement le demi-orc alors que trois anges supplémentaires
apparaissent pour bloquer l’accès aux couloirs qui partent du vestibule. Il
s’agenouille tel le pénitent le plus sincère et implore les célestes gardiens
de l’écouter. Il explique alors qu’ils n’osent fouler ce sol interdit que parce
qu’un terrible péril menace les fidèles de Torm dont le plus haut représentant
à trahi tous ses vœux pour épouser la cause du mal. Sa supplique est d’une
authenticité telle que même les anges en sont troublés et Finnlay les entend
échanger quelques mots inquiets où le nom de Tiamat les fait trembler. Celui
qui avait barré le chemin de Guerne rengaine sa grande épée flamboyante et
s’approche pour toucher le front d’Icham. Ses doigts graciles se mêlent à sa
chevelure et sa paume fraîche se pose sur sa tête pour aller caresser comme une
douce brise d’été les pensées du barde. Au bout de quelques instants, il se
recule et adresse un signe à ses semblables pour leur confirmer que les héros
disent vrai. Il acquiesce d’un signe de tête à la demande d’Icham de les
laisser poursuivre leur quête et les quatre anges s’éclipsent dans un éclair de
lumière blanche.
Les héros reprennent leur exploration du sanctuaire dont
l’atmosphère étrange convainc Guerne qu’il est bel et bien situé dans un
demi-plan secret niché sur les rives de la mer astrale aux abords des plans
supérieurs. En dehors des cénotaphes de Tormites éminents les longs couloirs
paraissent vides mais un timide écho de clapotis humides leur parvient pourtant
des tréfonds des catacombes. Ils accélèrent le pas et ne s’arrêtent qu’un bref
instant devant l’original du Crédo Résolu dont les milliers de pages enluminées
compactées par magie entre sa couverture contiennent l’histoire complète de
chacun de ceux qui ont un jour prêté serment devant lui. Une franche lumière
dorée inonde le couloir depuis la pièce suivante où une réplique miniature du
Compagnon, le second soleil qui s’accroche au-dessus d’Elturel, est entourée
des statues des divinités tutélaires de la ville. Pourtant les effigies
d’Ilmater, Torm, Tyr, Lathandre et Heaume paraissent minuscules en comparaison
de celle de l’archange Zariel qui soutient l’orbe rayonnant de ses ailes
majestueuses.
Les bruits mouillés qui s’amplifient au fur et à mesure
qu’ils s’approchent s’accompagnent désormais de craquèlements et de petits cris
rauques. Tout au fond du complexe funéraire, ils finissent par découvrir l’odieux
spectacle qui génère ces sons répugnants. Juché au sommet d’une énorme gelée
noire dont les convulsions obscènes font éclater des yeux rouge sang à sa
surface visqueuse, Thavius Kreeg semble vomir de sa bouche démesurément ouverte
la matière révoltante qui compose la masse obscure qui étend ses pseudopodes à
travers toute l’immense pièce.
Les excroissances plongent au fond de deux
bassins dégoulinants d’où ils extraient de gros œufs aux reflets métalliques
qui tapissent par milliers le sol autour du Grand Observateur. La vase
démoniaque s’insinue à travers les coquilles brillantes pour en corrompre
l’essence de la progéniture des dragons disparus de Laerakond, transformant les
enfants de Bahamut en d’ignobles caricatures d’eux même. Ces draconiens contrefaits
grossissent à vue d’œil et à peine arrivés à maturité se lancent à l’attaque
des héros. Thormund les incinèrent aussitôt d’un déchaînement de feu des
abysses qui détruit aussi indistinctement les viles créatures que les
légendaires œufs qui leur donnent naissance. Icham n’hésite pourtant pas à
poursuivre le bombardement en vidant toute la puissance de sa baguette
d’éclairs sur les monstruosités qui s’agglutinent autour du Grand Observateur
avant de s’évanouir dans l’ombre d’une des hautes colonnes. Finnlay s’arc-boute contre l’interdit de
Heaume pour appeler la lumière vengeresse de Séluné contre l’abomination qui
rampe face à lui. Le rayon de lune fait bouillir la masse noire qui se
contorsionne pour y échapper, laissant Thavius Kreeg seul sous les cuisantes émanations.
Le vieil homme s’enfuit aussitôt, talonné par Icham qui le lacère d’une rude
volée de projectiles magiques issus de sa seconde baguette. Mais quand Kri le
rejoint pour donner le coup de grâce, les deux hommes sont soudain pris d’un terrible
remords en constatant que le vieux prêtre est de toute évidence lui aussi une
victime de l’horrible créature qui s’étale derrière eux et dont il faut le
protéger à tout prix. Guerne franchit à ce moment la barrière des draconiens
d’un pas brumeux et découvre avec stupeur ses camarades en train de s’apitoyer
sur le sort du misérable traître qui était prêt à sacrifier la vie des
innocents de Berdusk sur l’autel de son pacte impie avec le Culte du Dragon.
Sans aucune pitié, il le punit donc d’une invisible vague d’énergie nécrotique.
La vision de la flétrissure qui s’abat sur Thavius Kreeg sort Kri de son
égarement et en mobilisant toute sa concentration pour surmonter la malédiction
qui l’entrave, il parvient à porter un coup fatal au Grand Observateur dont le
crâne vient se fendre comme un melon trop mûr sur le coin d’une alcôve. Alors
que son corps n’est déjà plus qu’une charogne puante, il éructe une dernière
menace en promettant à ses bourreaux qu’ils le reverront très bientôt et à ses
mots on croirait que les murs ont légèrement tremblé. Le trépas du vieillard
n’a pas pour autant mis fin à la vile besogne de la gelée qu’il a convoqué.
Mise à mal par les traits de lumière divine que Tengrim lui lance, elle réussit
à corrompre l’esprit d’Ildur à qui elle insuffle une rage sanguinaire qui se
retourne contre Thormund qui combattait à ses côtés. Cette soudaine distraction
ouvre la voie aux draconiens pour faire s’effondrer le cercle défensif des
héros autour de Finnlay qui périt déchiqueté par les griffes des créatures, son
corps martyrisé explosant dans un ultime sursaut de magie sauvage. Mais Icham
et Guerne concentrent alors le reste de leurs sorts destructeurs contre la
masse noire qui finit par se liquéfier sous leurs pieds. Les draconiens
survivants rompent le combat et fuient aussi vite que possible vers la sortie
d’où provient désormais un sourd grondement. Les héros pansent leurs plaies
avant de leur emboîter le pas, le chagrin causé par la mort tragique de Finnlay allégé
par le fait que le druide se tienne inexplicablement à leurs côtés, aussi intact qu’au
premier jour de leur rencontre. Mais ils n’ont pas le temps de s’appesantir sur
ce prodige car les tremblements s’intensifient autour d’eux. La chaude lumière
de la réplique du Compagnon est devenue noire et inonde les alentours en
négatif, transfigurant la statue de Zariel en un terrible ange de vengeance aux
ailes de feu et aux yeux de cendres. A l’entrée les anges leur adressent un
dernier regard réprobateur avant de rejoindre leurs cieux divins dans un dernier
éclair éblouissant, car derrière la rumeur du cataclysme enfle à mesure que les
murs se lézardent et qu’une vague de maléficence à l’état brut déferle autour
des aventuriers abasourdis.
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