Une aventure de Donjons &
Dragons de niveau 11
Avec
Finnlay Galindan, Le druide qui
fait une poussée de croissance
Kri Shanu, Le moine qui
développe un lien avec sa lance
Balak Charon Taâl dit le Crinti, Le demi-drow
qui a de moins en moins d’états d’âme
Ildur Main d’Airain, Le ranger qui rend les coups qu’il ne prend pas
L’implacable cavalcade du lourd cavalier noir se répercute entre les branches acérées des arbres de métal et le cœur des héros se serait serré de peur si le Crinti n’avait su trouver les mots justes pour apaiser leurs émotions. Les striges se figent un instant à l’approche du maître des lieux avant de prendre leur envol à sa suite. Kri agite sa baguette de l’hiver pour leur barrer la route par une tempête glaciale. L’impact des grêlons déchire les ailes des créatures boursouflées qui s’écrasent au sol comme des fruits trop murs, mais la glace se sublime avant même de toucher Haruman et sa monture à la crinière enflammée. L’essaim de striges qui tourmentait Sunstar s’élance aussi vers les héros. Même Ildur ne peut décocher ses flèches assez vite pour leur éviter d’être submergés mais Finnlay invoque alors une nuée de chauve-souris vampires géantes qui fondent sur les striges gorgées de sang dont elles s’abreuvent goulûment.
Du blizzard surgit alors le cavalier diabolique
dont la lourde épée vient arracher le morceau carlingue derrière lequel Ildur a
plongé pour esquiver son attaque. Les arbres bruissent à l’unisson de sa
frustration face à ces mécréants qui se soustraient ainsi au châtiment qu’ils
méritent. Sa chevauchée se poursuit dans une traînée de flammes jusqu’au-dessus
du Styx qu’il survole en une large boucle avant de reprendre sa charge,
ignorant les javelines de Kri qui vont se perdre dans les eaux rouges en
contrebas. L’orbe de foudre de Finnlay n’a pas plus de succès mais le sursaut
d’énergie magique qu’il provoque est tel que le corps du jeune demi-elfe se
dilate et se déforme jusqu’à lui donner la stature d’un prince barbare de deux
mètres de haut dont les biceps proéminents ne conservent pourtant que la force
d’enfant des frêles bras qu’ils ont remplacés. La fureur d’Haruman n’est en
rien diminuée par ce prodige et elle ne fait que grandir quand à nouveau son
coup s’abat dans le vide, les feintes du Crinti l’ayant une fois de plus
frustré de sa vengeance. A nouveau le lieutenant de Zariel passe au large
au-dessus du Styx mais quand il revient à la charge, il est cette fois
accueilli par un barrage bien plus mortel que la fois précédente. Ildur sort de
la cachette où il avait disparu pour planter profondément l’une de ses flèches
sous l’épaulière du narzugon, puis le Crinti vide d’un seul coup toute
l’énergie de sa baguette de projectiles magiques dont les billes de force
étincelantes viennent mitrailler le poitrail du cavalier avant que le ranger ne
l’achève d’un trait mortellement fiché en travers de son heaume. Désarçonné par
la violence des impacts, Haruman s’écrase au sol dans un fracas de métal, son
destrier infernal se dissipant dans un hennissement furieux. Le diable gît aux
pieds des héros tel un pantin désarticulé. Finnlay s’approche pour le piquer de
son bâton. Haruman ne réagit pas, il ne bouge plus. Le druide finit par
soulever la visière du heaume du chevalier déchu, son visage anguleux a le
teint cendreux d’un cadavre. Finnlay tend la main vers la grande épée d’acier
infernal qui a glissé un peu plus loin, mais avant qu’il puisse l’atteindre,
l’arme se met à vibrer et s’envole vers la main de son propriétaire qui vient
d’ouvrir deux yeux noirs de rage. Alors qu’il se relève, son armure cabossée se
redresse d’elle-même, les trous que les projectiles magiques ont percés dans le
plastron se referment comme les plaies que les flèches d’Ildur ont causées. Avant
que sa régénération soit achevée, Kri et Ildur sont déjà sur lui. Ils le
lardent de coups tandis que Finnlay tente de le retenir en l’enserrant dans un
étau magique et que le Crinti l’entoure de lueurs féeriques pour guider les
assauts de ses compagnons. Les héros ne relâchent pas un instant la pression de
leur assaut et force le narzugon à céder du terrain. Acculé au bord du
précipice qui surplombe le Styx, Haruman finit par succomber aux coups
étourdissants de Kri et Ildur l’achève en le renversant dans le vide. Sans un
cri il bascule dans les flots sanglants qui l’engloutissent inexorablement dans
les profondeurs de l’oubli. Les héros ont vaincu et derrière eux, clouées au
sommet des arbres qui leur étaient dédiés, les pancartes qui portent leur nom
les accuse désormais du pire des crimes : « Meurtriers ! ».
Les âmes qui se consument dans la chaudière de leur machine de guerre infernale ont encore juste assez d’énergie pour les ramener jusqu’à Fort Knucklebone avant de disparaître à tout jamais dans le néant. Les derniers soubresauts de leur tourmenteur leur font passer le portail en attirant sur eux l’attention de toute la troupe de madcaps qui ricanent encore dans toutes les anfractuosités du domaine de Mad Maggie. Barnabas le crâne enflammé vient les accueillir mais ses balbutiements polis se heurtent à l’agacement du Crinti qui le contraint par la menace à les emmener immédiatement auprès de sa maîtresse. Ils arrivent devant sa tente alors que la guenaude, toujours flanquée de son golem de chair démoniaque, conclue ses affaires avec une femme gracile qui abrite sa peau délicate sous une ombrelle faite de mains humaines en putréfaction.
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Feonor la Nécromancienne |
La nécromancienne ne leur accorde pas un regard et remonte dans
sa colossale machine de guerre au blindage doré, portée par son équipage de
goules serviles. Au contraire le regard de Mad Maggie pétille d’excitation
quand elle voit le narguilé que les aventuriers lui rapportent. Elle trépigne
d’impatience en les faisant entrer dans ses appartements où un tapis de
moelleux coussins les attend sous une constellation de colifichets étranges, de
cages en osiers pleines de vermines et autres chapelets de têtes réduites qui
pendent et s’entassent dans tous les coins. Après une rapide négociation, Mad
Maggie accepte de répondre aux questions des aventuriers dont elle trouvera les
réponses en se délectant de la tragique désespérance de Sunstar. A chaque
bouffée qu’elle tire de son narguilé, le visage de l’elfe se tord de détresse
dans les volutes qui tourbillonnent dans sa prison de verre, mais en
contrepartie la guenaude reçoit les visions de son tourment qui contiennent les
indices qui pourraient mener à la rédemption de Zariel.
Elle voit ainsi Sunstar qui reste le dernier sur le seuil de la porte des enfers, prêt à la refermer alors que Zariel est au bord de la défaite. Haruman retient ses entrailles qui s’échappe de son ventre déchiré tout en continuant à parer les coups des diables qui l’entourent, Olanthius lui est déjà mort et son regard éteint se perd dans les nuages rouges sous lesquels il a expiré. En contrebas de la montagne de dépouilles infernales, sur laquelle l’archange lutte contre le colossal diantrefosse qu’Asmodée a lancé sur elle, une femme tente de rallier les derniers survivants autour d’elle pour porter secours à Zariel dont la main d’arme saute soudain, tranchée nette par la lame de l’archidiable qui lui fait face.
Mad Maggie s’effondre de plaisir, perdue dans le paradis
artificiel du désespoir narcotique, et révèle avec une diction pâteuse qu’il
existe un voyageur extraplanaire qui connait le moyen de quitter les enfers, un
archimage du nom de Mordenkainen, qui sera bientôt là si les héros parviennent
à trouver la Tour d’Urm dans laquelle il réside.
Voyant la guenaude dans un tel état second, le Crinti décide
de profiter de sa faiblesse pour en tirer parti. Il fait mine de se retirer
mais revient aussitôt, invisible cette fois-ci, et entreprend de fouiller la
tente à la recherche du magot de la vieille folle. Son intuition le guide
rapidement vers un coffret pourtant bien caché qui renferme une fortune
extravagante d’une soixantaine de deniers d’âmes. Serrant les dents pour
supporter les gémissements insupportables de son trésor, il file le cacher dans
un recoin de la machine de guerre infernale avant de houspiller ses camarades
pour qu’ils se pressent de remonter à bord et quittent au plus vite Fort
Knucklebone, un départ sans doute précipité par le souvenir que bien mal acquis
ne profite jamais.
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