mardi 17 novembre 2020

La Crypte des Hellriders

 


Une aventure de Donjons & Dragons de niveau 11

 

Avec

 

Finnlay Galindan, Le druide qui détecte les portes secrètes


Tengrim Copperplate, Le nain qui repousse les morts-vivants

 

Kri Shanu, Le moine qui sculpte des boules de glaces

 

Balak Charon Taâl dit le Crinti, Le demi-drow qui frôle l’anéantissement


Ildur Main d’Airain, Le ranger qui a une légère absence

 

Thormund Sombracier, Le barbare qui trouve un objet plus inamovible que sa force irrésistible

 

Au-delà des marécages de goudron et des plaines de cendres, la titanesque Arche d’Ulloch se dresse à l’horizon. Dans son ombre s’étend un sinistre champ d’armures immobiles. Leurs heaumes reposent sur le pommeau de leurs épées plantées dans le sol, un genou en terre comme en prière, toutes tournées vers le froid mausolée où reposent les âmes de leurs propriétaires. Les héros avancent vers la crypte des Hellriders, leurs pas crissent sur la terre pulvérulente que cache la brume basse qui recouvre tout l’endroit de son froid linceul. Les hurlements des âmes damnées qui se consument dans leur machine de guerre se sont tues et désormais ils sont assaillis par un insoutenable silence. La lourde dalle de pierre qui condamne l’entrée de la crypte semble absolument inamovible, même la force herculéenne de Thormund ne l’ébranle pas. Tengrim a beau inspecter le mausolée de tous les côtés, il n’y a pas trace de porte secrète ou d’entrée dérobée. Les investigations magiques du Crinti ne font que confirmer que seul le mot de passe adéquat saura leur ouvrir la voie des souterrains. Encore faut-il le deviner. Dabo leur conseille d’aller trouver le sibriex que Bel a capturé, le démon omniscient connait à coup sûr la réponse à leur question, mais les héros sont réticents à l’idée de repartir dans une nouvelle quête à l’issue incertaine. Ils essaient donc d’interpeller Olanthius, de commander à la porte de s’ouvrir dans toutes les langues qu’ils connaissent, ils obligent même Dabo à lire le serment à Zariel que contient le crédo résolu, mais rien n’y fait. Pourtant le tome maudit contient bel et bien la solution et une soudaine illumination la leur apporte : les Hellriders ont un cri de ralliement qui revient sans cesse dans les récits de leurs vies qui remplissent les pages de l’artefact : « Pour la gloire ! »

Les héros prononcent ces mots en chœur et aussitôt la porte tremble et s’enfonce dans le sol pour dévoiler un large escalier qui descend sous terre. Une faible lumière coulant de lanternes noircies de suie se reflète sur les murs des couloirs. La tombe des Hellriders qui ont péri à la suite de Zariel est remplie de leurs âmes, précautionneusement entreposées dans des centaines d’urnes dorées entassées dans chaque pièce que les héros traversent. Des offrandes d’épices et de bijoux ont été déposées un peu partout et les armes que les croisés portaient sont précieusement conservées à leurs côtés. Lorsque Thormund s’empare d’un des boucliers, décoré du blason familier d’une famille noble d’Elturel, il sent un frisson lui parcourir l’échine. Il se retourne et tombe nez à nez avec le fantôme de son défunt porteur. Le visage translucide de Sire Talbot est empreint de tristesse et d’une grande lassitude. 

Sire Talbot


Reconnaissant le symbole de la croisade sur son tabard, les héros se présentent comme des défenseurs d’Elturel en mission pour arracher les innocents habitants de la ville aux griffes de l’Enfer. La loyauté de Sire Talbot pour la cité est intacte et il accepte de les aider du mieux qu’il peut. Malheureusement ses compagnons et lui ne peuvent pas faire grand-chose car leur serment les emprisonne toujours auprès de Zariel qui refuse de les laisser rejoindre le royaume de Torm. Elle a enchainé Olanthius dans une malédiction encore plus terrible, son amour pour lui s’étant mué en un terrible dépit quand son général préféra se donner la mort plutôt que de s’engager dans la nouvelle guerre de l’archange au service d’Asmodée. Depuis, le chevalier connait les affres de la non-mort, contraint de veiller sur la prison de ses frères d’armes dans une parodie d’hommage qui lui brise le cœur. Car Olanthius n’est pas vil et la droiture de l’homme qu’il était survit encore en dépit de sa nouvelle nature. Sire Talbot confirme également qu’Olanthius s’était aménagé une étude quelque part au fond de la crypte mais il doute qu’il y soit car ses visites s’espacent de plus en plus. Les héros remercient le chevalier défunt et s’enfoncent jusqu’au cœur du complexe en prenant bien soin d’éviter de déranger les roses qui reposent sur les urnes contenant les âmes des malheureux rendus fous par leur effroyable sort.

Tengrim arrive le premier dans le grand hall dont les colonnes qui se reflètent dans le bassin central sont décorées d’une longue frise retraçant toutes les victoires de Zariel contre la horde de démon qu’elle poursuivait avant de se retourner contre les diables qui les avaient chassés des Enfers vers Faerun. Un léger bruit d’ossements qui s’entrechoquent attire l’attention du nain au fond de la pièce. Du fond d’une large fosse remplie de squelettes émerge tout un groupe de momies, vestiges desséchés des sorciers qui ont bâti le mausolée en échange des faveurs de Zariel. Tengrim brandit sans trembler vers eux le symbole de Clanggedin qui orne sa hache et la puissance du père des batailles renvoie les morts-vivants au fond de leur tanière. 



Mais la dernière des momies, dans un ultime geste de défi, arrache le collier de rubis rougeoyants qui pend à son cou et le jette contre Tengrim. Le bijou se fracasse contre une colonne derrière le nain, les pierres précieuses se brisent et libèrent un torrent de flammes dans une terrible explosion qui vient secouer tout l’édifice. Les héros s’en tirent avec quelques vilaines brulures tandis que la momie n’est plus qu’un tas de cendres. Kri s’en est même tiré indemne et se rétablit avec une vitesse fulgurante. Il concentre son ki dans ses mains pour façonner une énorme boule de glace à partir de l’eau limpide du bassin, puis Thormund la fait rouler jusqu’à la fosse qu’elle obstrue complètement, empêchant ainsi les momies de revenir à la charge après le départ de Tengrim.

Les héros empruntent un dernier couloir et arrivent face à un sinistre mémorial. Quatre hautes stèles de granit noir se dressent devant eux, leur surface gravée d’une litanie de noms de croisés, tous tombés au champ d’honneur pour respecter leur serment. Finnlay les contourne prudemment pour chercher une sortie dissimulée à ce qui semble être la dernière salle de la crypte. Son sens de l’observation sans pareil le guide rapidement vers la porte secrète qu’il cherchait. Derrière le panneau pivotant ne se trouve pourtant qu’un réduit exigu meublé d’une solide chaise et d’une simple table sur laquelle sont éparpillés des feuilles froissées et déchirées. L’endroit semble abandonné depuis des années mais les documents restent lisibles. Tous ont été rédigés de la main d’Olanthius. On y trouve pêle-mêle des fragments de journal intime dans lesquels il consigne ses regrets et son sentiment de culpabilité de n’avoir pas su voir que l’orgueil de Zariel les mènerait immanquablement à leur perte, une lettre jamais envoyée à l’archange où il la supplie de libérer ses hommes de l’éternité de servitude absurde à laquelle elle les condamne, un poème dédié à Yael pour qui il confesse son amour et son admiration d’avoir eu le courage de se sacrifier pour sauver le dernier vestige angélique de toute la croisade. Le Crinti empoche ces documents et se dirige vers la sortie en admonestant ses compagnons comme à son habitude mais à peine a-t-il franchi le seuil du mémorial qu’il tombe nez à nez avec Olanthius, son regard ardent aussi glacial que l’expression vengeresse qui s’est emparée du visage de Sire Talbot qui le suit à la tête d’une troupe de chevaliers fantomatiques. 

Olanthius le Chevalier de la Mort


Le Crinti déroule aussi vite qu’il le peut tous ses meilleurs arguments pour tenter de temporiser, mais pour toute réponse Olanthius pointe son épée vers lui, la lame crépitant d’une noire énergie. Heureusement avant que le chevalier de la mort puisse déchainer son feu d’enfer sur les héros, Tengrim et Kri surgissent en invoquant le nom de Jander Sunstar qui les a envoyés ici. L’évocation de son ancien compagnon d’arme ébranle la détermination d’Olanthius et les héros profitent de la brèche pour le supplier de les aider à retrouver Yael pour sauver Elturel de la damnation éternelle. Le bras tremblant d’Olanthius s’abaisse enfin quand Sire Talbot, revenu à la raison, pose sa main translucide sur son épaule et dans un souffle amical lui enjoint d’écouter ce que les aventuriers ont à dire.

Olanthius est toujours tourmenté par la chute de Zariel et se sent coupable de n’avoir pu l’empêcher. Il voit dans la présence des héros une occasion inespérée de pouvoir se racheter par une ultime tentative d’offrir la rédemption à Zariel. Il sait en effet où se trouve la citadelle purulente, enkystée de plus en plus profondément sous le sol de l’Avernus et sous laquelle repose l’épée de Zariel qui pourrait être l’étincelle qui ramènerait l’archange vers la lumière si elle acceptait de la brandir à nouveau. Quoiqu’aucun natif des plans inférieurs ne puisse pénétrer dans le lieu saint, Zariel conserve toujours un œil attentif sur la citadelle qui attise sans cesse la convoitise de ses ennemis. Si elle constatait l’approche de mortels tels que les héros pour qui les portes célestes risquent de s’ouvrir, elle lancerait ses légions sur eux pour leur barrer le chemin. Il faut donc créer une distraction suffisamment importante pour que Zariel oublie un instant que la citadelle existe. Olanthius a une idée qui pourrait convenir si les héros sont prêts à prendre le risque. Il peut activer l’Arche d’Ulloch qui les emportera jusqu’à la prison oubliée de Kostchtchie, le prince démon dont les ogres et les géants les plus sauvages invoquent les faveurs. Zariel l’a vaincu en combat singulier et s’est emparé de son légendaire marteau, Matolotok, avant de l’emprisonner dans la région la plus reculée de l’Avernus.

Kostchtchie brandissant Matolotok


Quelques heures plus tard, les aventuriers guident leur machine de guerre entre les piliers monumentaux de l’arche où l’air miroite comme un mirage de chaleur. Une étrange sensation les envahit et soudain ils sont ailleurs, au milieu d’une immense plaine désertique balafrée d’un canyon sans fin. Des profondeurs obscures du chasme leur parvient alors les terribles rugissements de rage de Kostchtchie : « Rends-moi mon marteau, Salope ! libère-moi que je te broie le crâne de mes mains nues ! libère-moi !!! »

 

 

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